A la fin d’octobre 1912, à Monpazier, l’amiral Tracou poursuit sa tournée des médailles. Comme à Belvès, on décore les rescapés de la dernière guerre, celle de 1870-1871. Ici, les anciens combattants étaient des Mobiles de la Dordogne, ceux qui, avec les francs-tireurs vendéens de Cathelineau, remportèrent à Coulmiers la seule victoire de l’armée française.
Sur ce cliché, on voit l’amiral Tracou remettre les médailles et son ami Zéphyrin est présent, bien qu’ayant déjà été décoré à Belvès. Lors de la Guerre de 1870, Zéphyrin habitait Aygueparse, dans le canton de Monpazier. Il veut être avec ses camarades de combat pour la remise, un peu tardive, des décorations. C’est avec eux qu’il a fait une guerre de buissons, de chasseurs et de braconniers où ils ont excellé.
C’est le défilé que nous voyons ici. En tête, les cuivres de la lyre de Monpazier ouvrent la marche aux vétérans porte-drapeaux. Derrière, les quatre jeunes filles dont l’écharpe de deuil tranche sur la robe blanche ; elles portent le deuil de l’Alsace et de la Lorraine arrachées à la patrie. L’Alsacienne a un bouquet et l’on a même trouvé une blonde dans le pays.
Derrière, viennent un officier, puis l’amiral Tracou et, derrière lui, toujours souriant, Zéphyrin suivi des notables.
Tout autour, la foule dont chaque visage accroche l’oeil. Sous la cornière il y a même un marin. Les canotiers sont remplacés par des feutres et des casquettes. S’il y a bien encore des coiffes du pays, on voit surtout des femmes chapeautées ou même tête nue. Les traditions commencent à se perdre et la cassure sera marquée en 1918.