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Les citoyens votent pour leurs curés

Election des curés constitutionnels en Isère (1791)

Le jeudi 10 juillet 2014, par Michel Guironnet

« Chaque électeur, avant de mettre son bulletin dans le vase du scrutin, fera le serment de ne nommer que celui qu’il aura choisi en son âme et conscience comme le plus digne, sans avoir été déterminé par dons, promesses, sollicitations ou menaces. Ce serment sera prêté pour l’élection des évêques comme pour celle des curés »

« L’élection des curés ne pourra se faire ou être commencée qu’un jour de dimanche, dans la principale église du chef-lieu du district, à l’issue de la messe paroissiale à laquelle tous les électeurs seront tenus d’assister ».

Pour bien comprendre le contexte

« Des premiers pas de la Constituante jusqu’à la Constitution civile du clergé se sont enchainées rapidement des mesures législatives susceptibles d’éveiller le soupçon que l’Assemblée est hostile à la religion catholique.
Dans la foulée du 4 août, elle a supprimé les dimes et, à la différence des autres droits, sans indemnités ; le 2 novembre, elle a mis les biens du clergé à la disposition de la Nation pour rembourser le déficit. Dans les deux cas, elle justifie la dépossession par l’argument que l’Eglise n’avait pas la propriété de ces biens, mais seulement l’usufruit pour remplir ses tâches traditionnelles d’éducation et d’assistance. En février, c’est le vote de la loi sur les vœux monastiques. Aucune de ces mesures n’ouvre toutefois un véritable conflit. L’Eglise, il est vrai, était accoutumée à subir la loi du pouvoir politique : on ne la contraint plus au nom de la couronne, mais au nom du peuple souverain.../...

Le conflit pourtant ne prend sa véritable forme qu’avec la difficile ratification de la Constitution civile du clergé. Dans le vide créé par la mauvaise grâce du pape (8 mois pour prendre sa décision, décision que les évêques attendent !), l’Assemblée se décide, le 26 novembre 1790, à exiger du prêtre un serment à la Constitution : ce serment à la Constitution civile du clergé doit se faire publiquement, à la sortie de la messe, devant l’assemblée des fidèles.

Les municipalités se mettent à organiser la cérémonie et sa validation : c’est l’occasion d’interminables contestations lorsque le serment, comme ce va être souvent le cas, a été enrichi de commentaires, détourné de son sens initial ou suivi de rétractations.
Au terme de ces opérations confuses, où la communauté laïque s’arroge le droit de juger de la validité des serments, il y a donc en France deux clergés, l’un jureur, l’autre réfractaire.
Il y en aura même trois, puisque le serment fait une catégorie inédite de prêtres : ceux qui ont bien prêté le serment, mais refuse toutes relations avec les prêtres élus en remplacement des réfractaires, que stigmatise la dénomination d’« intrus ».

.../... Quels prêtres juraient, et quels prêtres non ? Où jurait-on le plus volontiers ?

Dans l’écheveau des raisons qui pouvaient inciter un prêtre à prêter serment, on peut démêler des motifs économiques : l’Ouest, dont le clergé était relativement aisé, a refusé massivement le serment. Inversement le Bassin parisien, la Champagne, le Centre ont vu leurs prêtres pauvres s’y soumettre.

La densité de l’encadrement clérical a beaucoup joué aussi : les prêtres se sont dérobés au serment là où ils se sentaient soutenus par un groupe cohérent et dense, là aussi où ils étaient le moins personnellement exposés au jugement, dans les villes par exemple.../... Sans aller jusqu’à postuler que le choix du prêtre a été le simple miroir des sentiments de la communauté, il est remarquable que la géographie du serment, pour une large part, puisse dessiner à l’avance les cartes de la pratique religieuse des années 1960.../...

Malgré l’extrême bigarrure des situations locales et le caractère inédit de l’événement, on voit donc celui-ci partager durablement une France cléricale et une France anticléricale : ce qui relativise le choix personnel du prêtre et met en valeur l’attitude de la communauté des fidèles.

Quoi qu’il en soit, le bilan de cette première secousse révolutionnaire est très lourd ; s’il est relativement aisé de remplacer les 80 évêques défaillants, il l’est beaucoup moins de faire élire les prêtres des paroisses.
Ou bien les prêtres élus n’acceptent pas leurs postes, ou bien la population les boycotte, et la Constituante doit se résigner à laisser en fonction les réfractaires qui ne trouvent pas de remplaçant.

Dans cette situation d’impasse, y a-t-il une amorce de déchristianisation ? » [1]

L’assemblée électorale des citoyens actifs

Une "assemblée électorale des citoyens actifs" est réunie à huit heures au matin du dimanche 12 juin 1791, dans la chapelle des Pénitents du Confalon de la ville de Vienne, pour procéder au remplacement des cures dont le bénéfice est vacant... pour n’avoir pas voulu prêter le serment prescrit.

Les électeurs de chaque canton du district de Vienne assistent au Veni Creator et à la messe solennelle célébrée par le curé de Saint Georges.

Après avoir imploré les lumières du Saint Esprit, les quarante huit électeurs présents (dont Louis Boudin, Etienne Ramay, élus municipaux et Jean François Albert, curé, pour Les Roches/Saint-Clair) élisent d’abord un Président et un secrétaire, puis des scrutateurs au vote.

Le 12 juin, trois heures après midy, chaque membre de l’assemblée prête serment et appose sa signature au bas du serment. Les élections peuvent commencer.
Divers orateurs ont successivement parlé sur l’obligation qu’avaient les électeurs de faire un bon choix, ils ont éloquemment disserté sur le mode qu’il fallait prendre pour y parvenir. L’assemblée a applaudy à leur zèle.

Sont à pourvoir les cures suivantes : Feyzin, Estrablin, Pact, Vaulx-en-Velin, Bossieux, Arzay, Grenay, Saint-Pierre de Chandieu, Charpieux, Semons (en Isère), Jons, Toussieux, Jonage, Roche (à côté de Bourgoin), Chaumont et Pusignan. [2]

On procède, une par une, à l’élection aux cures du diocèse de Grenoble pour le district de Vienne.

Nomination à la cure de Jons

Le lendemain 13 juin 1791, le Président de l’Assemblée électorale fait lecture d’un extrait du registre de la municipalité de Pusignan, et d’un autre de celle de Jons [3] qui attestent que les curés de ces deux paroisses ont persisté dans leurs refus de prêter le serment exigé.
"L’assemblée a arrêtté... qu’on pourvoirait au remplacement de ces curés... "

L’élection se déroule au scrutin individuel et à la pluralité absolue.
A trois heures de l’après-midi quatre-vingt-onze électeurs ont écrit leurs bulletins sur le bureau ; après l’appel nominal ayant dit « Je le jure » le scrutin (est) ouvert.
Les suffrages comtés et dépouillés par MM. les scrutateurs, M. le Président a annoncé que M. l’abbé Valory, vicaire aux Roches, ayant obtenu la pluralité absolue, il était à la forme des décrets, élu curé de Jons.

L’assemblée a témoigné sa satisfaction par ses applaudissements. M. l’abbé Valory est entré dans la salle et a dit : « M.M. j’accepte avec reconnaissance les fonctions pénibles mais honorables auxquelles votre choix me dévoue. La religion et la patrie au service desquels j’ai consacré le printemps et l’été de ma vie, recevront le sacrifice de mes derniers jours.

M. le Président luy a répondu : Monsieur, l’Assemblée connaissant vos services passés, était sûre, en vous nommant, de donner un bon pasteur à l’église, et un soutien de plus à l’édifice de la Constitution.

Après l’abbé Roulet, obligé de partir des Roches en 1789, les Rochelois voient partir leur vicaire Vallory après deux ans passés au milieu d’eux.

Son dernier acte comme vicaire est du 3 juin 1791. Pourtant il ne semble pas qu’il quitte le village dès sa nomination à Jons.

Le 29 juin 1791, à Jons, c’est encore le curé Maisonhaute qui signe l’acte de mariage de Nicolas Matra avec Claudine Ravier [4]

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Maisonhaute est encore curé !
"...je soussigné, curé de Jons..."

Quelques jours plus tard, on relève cet acte du 10 juillet 1791 : « …je soussigné, en l’absence de Mr Valory, Curé Constitutionnel de Jons, ai baptisé dans l’eglise de ladite parroisse… » Pierre Brady. La signature est celle de Maisonhaute, mais il précise « Prêtre » et plus « curé de Jons »

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Transition pacifique entre les deux curés

Augustin Vallory doit encore être aux Roches, occupé à préparer son départ vers ses nouvelles fonctions. Il faut arriver au 24 septembre 1791 pour voir la signature de « Vallory, curé de Jons » sur l’acte de baptême de Nicolas Henry.

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La 1re signature de Vallory, curé de Jons

Il va être remplacé aux Roches par Nicolas Guillot. Celui-ci restera longtemps avec ses paroissiens rochelois et traversera toute la Révolution dans notre petite patrie.

Augustin Vallory va finir ses jours comme simple citoyen, après avoir été un temps ; comme son confrère Jean François Albert, l’ex-curé de Saint-Clair ; "officier municipal" de Jons.

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Acte de décès d’Augustin Vallory

« aujourd’hui sept juillet mil sept cent quatre vingt treize…par devant moi Jean Claude Burin, membre du conseil général de la commune de Jons…sont comparus » Guillaume Bressard ? et François Michel « lesquels m’ont déclarés que Augustin Vallory est mort hier ; âgé de quarante ans, à deux heures du matin en son domicile. »

Nomination à la cure de Tramolé

Un procès verbal de la municipalité de Culin [5] du 22 mai 1791 atteste qu’André Orjollet curé de Tramolé (Culin et Tramolé sont une seule commune) a rétracté son serment.

A la forme du décret du 27 novembre , il a donné par cet acte sa démission, ... Il convient donc de le remplacer. L’élection à la cure de Tramolé a lieu le mardi 14 juin 1791.

... M. l’abbé Roulet, ancien vicaire des Roches, ayant obtenu la majorité a été reconnu curé élu de Tramollé, avec acclamation générale.
A l’instant, il s’est présenté et a fait part de sa reconnaissance et de son acceptation. L’assemblée luy a témoigné sa satisfaction par l’organe de son Président et par ses applaudissements.

Les décrets de l’assemblée nationale exigent que la proclamation des pasteurs élus se fit dans l’église principale, en présence du corps électoral, du clergé et du peuple ; après laquelle on devait célébrer une messe solennelle.

Sont invités à ces festivités : la municipalité de Vienne, la garde nationale, les officiers de la troupe de ligne. Il convient de fournir des détachements et de la musique pour donner à cette auguste cérémonie, prévue pour le lendemain à 10 h et demie, la pompe la plus majestueuse...  [6]

Eglise et Etat font encore bon ménage ; du moins s’agit-il de l’église constitutionnelle. L’Eglise réfractaire,elle, est déjà en mission.

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Passation de pouvoir à Tramolé
Le 13 juin 1791, le curé Orjollet signe son dernier acte. Le 28 juillet, Fleury Roulet le remplace.

Nominations aux cures d’Agnin et de Reventin

Une élection de curés a lieu entre le 15 et le 18 septembre 1791 pour pourvoir, notamment, aux cures de Agnin et Reventin.

"Jeudi quinze septembre mille sept cent quatre vingt onze dans l’église des ci-devant Augustins de la ville de Vienne... se sont assemblés les électeurs du district de Vienne... à l’effet de procéder à la nomination aux cures de... Agnin, Reventin, Saint-Prim... (suivent de longues explications pour la nomination d’un président, d’un secrétaire, prestation de serment pour tous les membres de l’assemblée électorale...) [7]

Le dimanche dix huit septembre mil sept cent quatre vingt onze... Mr le Vice-président a donné connaissance à l’assemblée d’une lettre qui vient de luy être adressée par Mr Pioct, Maire de Vienne, contenant invitation à MM. les électeurs d’assister au Te Deum que la municipalité a (arrêté) de faire chanter dans l’église de St Maurice, aujourd’huy à six heures et demie du soir, à l’occasion de l’acceptation libre du Roy des français de notre sublime Constitution. »

« L’assemblée, à la lecture de cette lettre, a vivement partagé l’enthousiasme des bons français, des vrays amis de la Constitution, et arrêtté par acclamation qu’elle se rendrait en corps et assisterait au Te Deum à l’église indiquée... »

Auparavant, ils vont assister à la messe paroissiale à Saint-André-le-Bas « accompagnés d’un détachement de la Garde nationale, ayant à sa tête des citoyens musiciens. Mr Dubanchet, curé, a célébré la messe... après quoy, Mr le Vice-Président a annoncé à l’assemblée qu’elle devait s’occuper de l’élection des curés des parroisses de... Agnin, Reventin... seulement, attendu que Mr Gay, vice-procureur syndic avait annoncé... que le Directoire (du département) avait (sursis) à la nomination du curé de Saint-Prim jusqu’à la circonscription des paroisses... » La nouvelle administration cherche à regrouper les paroisses, à mieux les délimiter.

Le lundi 19 septembre 1791, pour l’élection du curé d’Agnin, 84 électeurs sont présents. Au premier tour, personne n’obtient la majorité. Au deuxième tour, sur 78 électeurs, « Mr Loriol, vicaire à Bougey (Bougé-Chambalud) a recueilli soixante trois suffrages, ce qui fait plus que la majorité absolue... en conséquence M. Loriol est élu curé de la paroisse d’Agnin. »

Pour Reventin, « M. Baulu, vicaire de Champier, ayant recueilli cinquante quatre suffrages... est élu curé de Reventin. M. Baulu s’est présenté et a accepté avec reconnaissance. »

On apprend par A. M. de Franclieu, dans « La persécution religieuse dans le département de l’Isère », que Tulpin, curé de Saint-Maurice-l’Exil est banni pour avoir rétracté son serment, avec beaucoup d’autres.

Le fossé va encore se creuser entre « Jureurs » et « Réfractaires ». Leurs partisans vont se déchirer. Les persécutions commencent contre les fidèles de Rome.
Le 29 novembre 1791, l’Assemblée législative décrète que tous les réfractaires seront tenus pour suspects. La déchristianisation va s’accélérer après le 10 août 1791, chute de la Royauté, et la Convention Girondine. La région de Vienne ne sera pas épargnée.

Conseils de l’évêque aux électeurs



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« Messieurs,

L’intérêt de la religion et de la patrie vous réunit dans ce moment pour élire vous-mêmes vos pasteurs. Avant de commencer vos travaux, permettez à mon zèle de vous présenter quelques réflexions utiles.

Vous voyez renaître cette discipline si sage, si antique, qui fait des ministres de la religion, des hommes de la confiance et de l’amour des peuples ; vous jouissez enfin de ces droits sacrés, que l’ignorance et l’oppression vous avaient ravis. Mais que les obligations que vous vous êtes imposées sont grandes et étendues !

C’est vous qui allez distribuer les lumières et les vertus aux fidèles ; c’est vous qui destinez aux infortunés un père, aux faibles un appui, aux malheureux un consolateur. Si vos fonctions intéressent ainsi la religion et l’humanité, que vous devez être prudents, circonspects, difficiles même dans vos choix !

Vous n’écouterez sans doute aucune considération humaine, aucun intérêt personnel. Vous le savez, Messieurs, c’est la vois du peuple qui doit appeler les pasteurs ; et la voix du sang, de l’égoïsme et de l’ambition, n’a jamais été la voix du peuple.

Vous qui, par des sollicitations intéressées détermineriez le suffrage des électeurs sur un candidat équivoque, je dois vous présenter une grande vérité, terrible aux yeux mêmes de la raison : c’est vous qui rendrez un compte rigoureux au souverain maître des âmes, des maux incalculables que vous préparez par votre influence.

Ne prêtez pas l’oreille à ces ecclésiastiques qui désirent, qui sollicitent eux-mêmes les fonctions du saint ministère. Hélas ! ils ignorent combien elles sont devenues difficiles et redoutables. Ceux qui les recherchent avec tant d’ardeur, n’en connaissent pas toute l’étendue : ne vous laissez pas entraîner par les mouvements importants de la cupidité ; le silence modeste de la vertu parle bien mieux à la confiance.

Mais si vous voulez rendre précieux à la religion les droits que vous exercez ; si vous voulez mieux couvrir encore l’ancien régime de tout l’odieux qu’il méritait, appelez surtout, dans la distribution des bénéfices, ceux que le temps, l’expérience, la longueur des services, rendent dignes de la confiance publique.

Plusieurs vicaires, recommandables par leur âge et leur zèle, gémissent encore, victimes du caprice des ci-devants collateurs ; c’est à vous à réparer les injures du despotisme ; les lois de l’égalité, de la conscience, de la justice distributive vous le commandent impérieusement.

Etendez même votre sollicitude sur ces curés estimables, qui ont cultivé dans des hameaux des dispositions peu ordinaires ; leurs talents et leurs vertus ne demandent que des postes plus importants, pour devenir plus utiles ; ne négligez pas cette considération ; en prolongeant de quelques instants vos assemblées électorales, vous pouvez procurer aux peuples des biens inappréciables.

Vous choisirez sans doute des ministres véritablement amis de la constitution ; ceux qui n’aiment pas la patrie et ses lois, ne connaissent pas l’esprit de la religion chrétienne ; elle contient le germe et le développement des droits précieux dont nous jouissons ; elle ne respire que l’égalité, l’union et la fraternité. Notre divin Législateur ne l’a point destinée à asservir les hommes ; c’est pour avoir secondé l’oppression et le despotisme qu’elle a dégénéré de son premier éclat ; aujourd’hui rendue à sa pureté originelle par la constitution civile du clergé, dégagée de ses liens terrestres qui la dégradaient, elle ne doit plus servir qu’à la félicité des peuples.

Non, un prêtre qui n’est pas au niveau de ces vérités saintes, n’est pas digne d’offrir à l’Eternel les prières et les hommages d’un peuple libre.
Eloignez encore ces ecclésiastiques, qui sous le voile du patriotisme cachent des mœurs dépravées. Ils ont cru trouver dans la constitution la sauvegarde de leur inconduite. Le vrai patriotisme suppose des vertus…Votre choix entraineraient des maux affreux, n’oubliez pas que vous contractez avec vos pasteurs des nœuds presque indissolubles.

Je vous en conjure, Messieurs, aujourd’hui que les ennemis de notre constitution appellent pour la détruire le religion à leur secours, rendez leurs efforts impuissants, par le choix épuré de ses ministres ; bientôt les querelles qui divisent le sacerdoce n’existeront plus ; elles cesseront avec les mouvements qui nous environnent et le triomphe de la constitution ramenera l’unité des principes et du culte religieux. Dans le siècle des lumières, le règne du fanatisme peut-il être durable ?

Que les circonstances augmentent votre sagesse et votre sévérité dans les élections ; nous vous préparons, avec les soins et le zèle de notre conseil, des ecclésiastiques vertueux, éclairés et bons citoyens ; nous verrons bientôt et les pasteurs et le troupeau unis du même amour et des mêmes sentiments ; bientôt la religion et la constitution brilleront ensemble du même éclat, et je sentirai alors s’adoucir le fardeau redoutable que vous m’avez imposé.

+ Pouchot, évêque du département de l’Isère

Joseph Pouchot a lui même été élu évêque "démocratiquement" quelques mois plus tôt. Voir le récit de son élection dans "l’histoire de Jean François Albert, curé révolutionnaire"


[1« Dictionnaire critique de la Révolution française » sous la direction de François Furet et Mona Ozouf (Flammarion 1992) article « Déchristianisation » rédigé par Mona Ozouf

[2A noter que beaucoup de ces villages à l’époque rattachés au nouveau département de l’Isère sont aujourd’hui dans celui du Rhône.

[3Jons est une petite commune au bord du Rhône, entre Jonage et Villette d’Anthon

[4registres en ligne des Archives du Rhône

[5village au sud de Bourgoin Jallieu, entre Les Eparres et Chatonnay

[6Procès verbal de l’assemblée électorale 1. L 639, Archives de l’Isère.

[7L 1143 - Procès-verbaux d’élections des administrateurs et curés du district de Vienne (1791-1792) - Archives de l’Isère.

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6 Messages

  • Les citoyens votent pour leurs curés 29 juillet 2022 09:36, par Sylvie Bonneau

    Ou peut-on trouver ces actes ? Dans l’état civil ou autre part ? Merci.

    Répondre à ce message

    • Les citoyens votent pour leurs curés 29 juillet 2022 10:18, par Michel Guironnet

      Bonjour,

      Comme indiqué dans les notes 6 et 7, ces compte rendus d’élection de curés se trouvent en série L, documents de l’époque révolutionnaire, aux archives de l’Isère.

      Cordialement.
      Michel Guironnet

      Répondre à ce message

  • Les citoyens votent pour leurs curés 10 septembre 2014 10:50, par François Roche

    J’ai trouvé cet article passionnant et rédigé très clairement. Bravo pour cette leçon d’histoire d’un épisode un peu oublié de la Révolution Française !!

    Répondre à ce message

  • un prêtre réfractaire 11 juillet 2014 18:03, par josie marie

    Merci de vos documents toujours passionnants. Pour alimenter ce qui est évoqué aller commune Saint Sorlin Isère où le 27 novembre 1791 page 273 le prêtre courageusement écrit ses convictions .. la réponse du maire est en bas de la lettre .
    Période terrible
    Je n’ai pas trouvé de lien pour envoyer le document en pièce jointe

    Répondre à ce message

    • un prêtre réfractaire 12 juillet 2014 09:00, par Jacques LEPINE

      Merci de me donner plus de précisions pour trouver le texte cité sur St Sorlin. Il n’y a que 57 pages sur l’état civil... donc c’est ailleurs
      Merci

      Répondre à ce message

      • un prêtre réfractaire 12 juillet 2014 10:51, par Michel Guironnet

        Bonjour,

        J’ai cherché dans les registres paroissiaux de Saint Sorlin de Morestel et Saint Sorlin de Vienne : rien à la date indiquée et aucune page ne correspond.

        Merci à Josie Marie de nous donner les références du registre en ligne et le numéro de la vue.

        Cordialement.
        Michel Guironnet

        Répondre à ce message

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