Desaignes, le 6 mars 1859
Ce jour là à quatre heures du soir, Jean Toussaint BEAL, adjoint au maire de Désaignes procède à la célébration du mariage de Jean Victor GUIRONNET. Natif de Nozières, village à quelques kilomètres de là, le 11 mai 1835 au hameau de La Javelas, il a bientôt vingt quatre ans. Jean Victor, cultivateur domicilié avec ses parents au Bourg de l’Orme, épouse une ménagère de vingt et un ans, habitant elle aussi Désaignes : Jeanne SURE.
Pourtant, Jeanne SURE n’est pas native du pays. Elle n’est pas même ardéchoise. Elle est lyonnaise fille majeure de père non déclaré et de feue Jeanne SURE, élève de l’hospice. Jeanne, la future épouse de Jean Victor, est née à Lyon le 20 octobre 1837. Le lendemain de sa naissance Claude DIGONNEY employé à l’hôpital de la Charité la déclare en mairie : native de Lyon, Jeanne SURE, la mère, a vingt sept ans. Elle est repasseuse demeurant au 19 rue du Bat d’Argent, entre Terreaux et Cordeliers.
Deux ans plus tard, le 15 juillet 1839, elle mettra au monde un garçon, Jules, toujours à la Charité et de père inconnu. Elle est alors repasseuse aux Brotteaux prés Lyon et habite cours Bourbon n°28 .
Jeanne SURE, mère de la mariée, est elle-même une enfant naturelle, fille de Fleurie SURE. Née le 11 mars 1810, elle a une sœur jumelle : Antoinette. Les deux filles sont nées 86 rue Saint Georges à Lyon. Fleurie, vingt quatre ans, mère célibataire, est "raccommodeuse de bas ". Ses parents sont ardéchois ! Antoine SURE et Jeanne MOUTON viennent de Saint Marcel d’Ardèche. Fleurie y est née vers 1786.
- Réception de Jeanne Sure en 1810
- C’est la mère de la mariée.
Ainsi Jean Victor GUIRONNET épouse t’il une ardéchoise d’adoption, mais ayant des ancêtres originaires d’Ardèche du sud !
Baptisée " à l’hospice de la Charité " le lendemain de sa naissance, Jeanne SURE est confiée, sous le numéro 2867, à des parents nourriciers : Pierre CHANTRE et sa femme Marie Anne ROBERT à Lamastre dès le 28 octobre 1837.
En 1840 elle est élevée chez la veuve de Pierre CHANTRE au hameau de Reboulet au-dessus de Désaignes. L’inspecteur des enfants, envoyé par la Charité en Ardèche note : vue en bonne santé, très jolie, bien constituée, tenue proprement. Le 15 juin 1842, Jeanne Sure est confiée à Jacques ROUX, à Désaignes.
Il y a quatre vingt quinze enfants de la Charité placés à Désaignes. Tous les villages alentour accueillent aussi des enfants de Lyon Jeanne SURE est prise en charge par la Charité de Lyon jusqu’en octobre 1843, soit l’année de ses six ans. Elle reste en Ardèche à Désaignes, d’abord en nourrice puis placée dans des fermes ou comme domestique. Elle est "ménagère " en 1859.
Le père et la mère de Jean Victor GUIRONNET sont présents à son mariage : Jean Charles son père a presque cinquante huit ans. Il est natif de La Bâtie d’Andaure, à quelques heures de marche de Désaignes. Après Nozières, il habite depuis 1845 au hameau de Diau à Désaignes (tout à coté de Coution) puis l’âge venant, plus près du village. Il mourra âgé de soixante huit ans le 23 mars 1870, d’une attaque d’apoplexie "dans la maison appartenant à Charrier, au Bourg de l’Homme ".
Marie DELORS, cinquante et un ans au mariage de son fils, est la deuxième épouse de Jean Charles GUIRONNET. Veuf à trente deux ans de Marie GERVY (décédée à vingt cinq ans à Nozières le 28 mars 1833) il se remarie le 6 février 1834. Naîtront six enfants, Jean Victor étant aîné.
Les jeunes époux, Jean Victor GUIRONNET et Jeanne SURE, s’installent à coté des parents GUIRONNET, au Bourg de l’Orme, à l’entrée de Désaignes.