Le 28 mars 1884, « à deux heures du soir » à la mairie de Riotord, petite commune de la Haute-Loire vers Yssingeaux, Cyprien Guironnet, journalier de 50 ans, vient déclarer la naissance de Jean Cyprien, son fils. Son épouse, Marie Chabert, 38 ans, a accouché « à onze heures du matin, dans son domicile au dit lieu ». « Le père de l’enfant a déclaré ne savoir signer ». Etonnant lorsque vous aurez lu la suite de ce récit !
Vingt ans plus tard, Jean Cyprien tire « un mauvais numéro » au tirage au sort du canton de Montfaucon : le numéro 57. Il doit donc partir faire son service militaire. En vérité, ce n’est pas lui qui tire ce numéro car il est déclaré « Bon absent » au conseil de révision. C’est-à-dire qu’il ne s’est pas présenté !
Sa fiche matricule nous livre plein de détails [1] :
- Détail des services
- « Déclaré insoumis le 1er décembre 1905 »,
- « Rayé des contrôles de l’insoumission le 14 décembre 1908 en vertu d’une ordonnance de non-lieu rendue en sa faveur… Avait été déclaré insoumis avant l’expiration du délai de 30 jours fixé par l’article 73 de la loi du 15 juillet 1889 »,
- « Déclaré de nouveau insoumis le 8 mars 1909 »,
- « Rayé des contrôles de l’insoumission le 26 janvier 1915 (délai de prescription expiré) »,
- « N’a pas obéi à un nouvel ordre d’appel qui lui avait été adressé »,
- « N’a pas répondu à un nouvel ordre de route le convoquant le 12 mars 1915 »,
- « Déclaré insoumis le 15 mars 1915 »
Décidément, Jean Cyprien est « réfractaire » à servir sous les drapeaux ! Toutes les démarches entreprises pour « le faire rentrer dans le rang » n’ont abouti à rien….La raison tient en deux lignes sur sa fiche matricule :
- Deux lignes sur sa fiche matricule...
- « Rayé de l’insoumission le 29 août 1928 »
- « Décédé à Villars (Loire) le 16 avril 1887. Avis parvenu au recrutement le 28 août 1928 »
Le 16 avril 1887, « à quatre heures du soir », devant l’officier d’état-civil de la commune de Villars, dans la Loire aux portes de Saint Etienne, se présente « Guironnet Cyprien, voiturier, âgé de cinquante ans, père du décédé ». Accompagné de l’instituteur Jean-Claude Poyet, 29 ans, son voisin, il vient déclarer que « Guironnet Cyprien, célibataire âgé de trois ans, né à Riotord (Haute-Loire) » le 24 mars 1884, « fils du premier déclarant et de Chabert Marie son épouse, est décédé cejourd’hui à deux heures du soir, dans le domicile de ses parents au bourg de Villars ».
« Après nous être assuré du décès ci-dessus déclaré, nous avons rédigé le présent acte dont nous avons donné lecture aux comparants, et que nous avons signé avec eux ».
Cyprien Guironnet est revenu à Villars où il a vécu pendant plus dix ans, avant et après son mariage en 1869. Ses enfants, hormis Jean Cyprien, y sont nés. Il a repris son activité de « voiturier ».
Le 17 octobre 1869, à Saint Pierre des Macchabées, (Ardèche) Cyprien Guironnet épouse Marie Chabert :
« Guironnet Jean-Cyprien, profession de voiturier », né le 27 avril 1834 à St Pierre (des Macchabées) « domicilié à Villars, Loire » est le fils de « défunt Jean » et de « Freychet Rose défunte » [2]. « Chabert Marie-Victoire » est née le 29 juillet 1843 au « Sert St Pierre », fille de Régis Chabert, cultivateur, et de Marie Rouby.
Leur contrat de mariage est reçu par Maitre Bonnet, notaire à St Bonnet le Froid, le 29 septembre 1869. « Après lecture du présent acte (de mariage) les parties et les témoins ont signé avec nous, excepté la mère et la future qui ont dit ne savoir signer ». Jean Cyprien signe l’acte de façon bien malhabile [3] !
- Au bas de l’acte de mariage