Je m’appelle Monique Gripon mais dans ma famille et ceci depuis la Révolution Française, il a toujours été dit que nous descendions des « Gripon de la Motte ».
J’avoue que je ne m’en souciais guère mais en prenant de l’âge, j’ai éprouvé le besoin de « transmettre » à mes enfants, transmettre quoi ? Sans doute l’histoire d’un nom à qui je voulais redonner vie car on avait essayé de l’effacer de ma mémoire.
Je me suis donc embarquée comme pour un voyage au long cours en espérant des rencontres pleines de surprises. J’ai donc fais au départ un véritable travail de généalogiste qui m’a conduite dans les villages de la Mayenne, dans la Sarthe et aussi à Poitiers. Je me suis même déplacée au lieu dit « Le Grippon » anciennement village « Le Grippon » près d’Avranches.
Toutes ces recherches ont pris de longues années.
Grâce aux registres paroissiaux de la Mayenne, ma filiation avec les Gripon de la Motte a été vite prouvée.
Aidée par la généalogie de la famille Gripon de la Motte établie par Monsieur de Magny, directeur des Archives de la noblesse en 1891, j’ai découvert le personnage de Henri François de Vassé.
D’après la correspondance de Monsieur de Magny, la famille Gripon de la Motte s’est liée aux Vassé au XVIIe siècle. Le fils aîné de mon ancêtre Perrine aurait même vécu avec Henri François avant son mariage. Et comme nous le savons tous, Internet peut faire des miracles, j’ai tout simplement tapé « Henri François de Vassé » sur la barre de Google. Et alors, miracle ! Le personnage en question avait été seigneur d’Azay le Rideau sous Louis XIV. Depuis, je ne l’ai plus lâché.
Je me suis déplacée au château d’Azay, j’ai rencontré la documentaliste, nous avons échangé des informations. Je venais de terminer la monographie familiale « Autour du Nom ». J’avais maintenant tout mon temps pour m’intéresser à « Son Impertinence » surnom donné à Henri-François à la cour.
- Le château d’Azay
Au fil du temps et de mes découvertes « Son Impertinence » m’est devenu sympathique. Ce n’était point un saint, loin s’en faut ! C’était un libertin, qui aimait faire la fête avec son cousin Henri de Sévigné, le mari de notre charmante marquise. Disons qu’ils étaient tous les deux, bien étourdis ! Cela s’est très mal terminé pour Henri de Sévigné qui fit très tôt de sa charmante épouse, une veuve éplorée... Pas trop longtemps !
Les deux cousins étaient issus de familles recomposées. Est-ce cela qui les prédestina au libertinage ? Ce n’est pas impossible. C’était une époque où les problèmes de l’enfance n’étaient guère pris en considération.
« Son Impertinence » aimait briller, certes ! Mais il savait reconnaître les talents de son maître d’hôtel. « Il écrit, comme Vincent Voiture » disait-il. Reconnaissons lui, une certaine humilité. Il était capable de s’émouvoir et de faire preuve de reconnaissance - Voir l’épisode de Rancé - Lorsque sa femme a essayé de l’empoisonner, il a étouffé l’affaire.
J’ai aimé « Son Impertinence » et j’ai voulu qu’il retrouve sa place de seigneur d’Azay. On l’avait complètement oublié ! C’est maintenant chose faite. Mon ouvrage « Son Impertinence » est maintenant en vente au comptoir du château d’Azay le Rideau.
Ce livre est d’abord l’aboutissement d’un vœu, rendre un hommage à mon père disparu. Nous portons tous un patronyme. Pour la majorité d’entre nous, ce patronyme vient du père. Il nous lie à lui. Durant notre vie, nous l’aurons entendu des milliers de fois. Nous le portons avec fierté ou quelques fois, hélas, malgré nous.
Un père et sa petite fille de deux ans ont été séparés à jamais par l’égoïsme des hommes. Ce père a quitté ce monde, désespéré de n’avoir pu embrasser une dernière fois, son unique enfant. Cette enfant, à l’automne de sa vie a voulu lui tendre la main, le remercier de ne jamais l’avoir abandonnée. Seul, un livre était capable d’accomplir ce miracle. « Son Impertinence », il y a plus de trois siècles, était loin de penser, qu’un jour, ses aventures permettraient à un père et à sa fille de se retrouver. Qui a dit que la généalogie n’était pas une aventure ?