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L’année du laboureur : Juillet - Août

Le vendredi 1er juillet 2005, par Thierry Sabot

Moment fort dans l’année, le temps de la moisson, comme celui des vendanges et de la fenaison, était aussi celui de l’expression de la sociabilité villageoise et du travail collectif, notamment à travers l’entraide obligatoire. Dans ce texte, il est aussi question des vertus médicales du seigle, de la sensibilité des abeilles au coup de pistolet, et de la manière de compter les terres à la sole...

En juillet [1]. Le troisième labour à la vigne doit être donné avant la moisson.

Il est encore temps de planter du safran [2].

A la mi-juillet, on met la faucille dans les seigles [3].

On arrache le chanvre [4] et le lin [5] à la fin du mois par un temps sec. La tête du lin commence à baisser, c’est le signe de sa maturité.
Les pommes véreuses, qu’on ramasse sous les arbres dans les vergers, se donnent aux cochons. Tous les fruits [6] tombés ne sont pas perdus ; les poires étant cuites dans l’eau, réduites en sirop, sont sucrées et très mangeables. Tout se met à profit dans la maison rustique.

Il faut nettoyer et préparer les granges, et tenir prêt tout ce qui est nécessaire pour la moisson, donner de l’air aux greniers, et s’il y a du blé dedans, le remuer souvent.

On sème des navets [7] à la fin de Juillet dans les terres froides.

On garde encore les cerisaies pour les défendre des moineaux et des passants.

Bestiaux & volailles. Vous veillerez à la sûreté des abeilles [8] en les aidant à se défaire des bourdons, des guêpes & autres insectes qui leur font nuisibles. Il est facile de se défaire des guêpes dans leur retraite, quand on l’a trouvée, en les y enfumant avec quelques morceaux de toile soufrée.

Il n’y a pas de risque de tondre les agneaux présentement.

Vers la fin du mois, on achète des moutons, qu’on revend gras en Septembre : on fait ensuite un second engrais pour Noël ou pour le printemps suivant. On fera parquer les moutons sur les terres où l’on sèmera du blé en Octobre. Si l’on est dans un pays sain et sec, on pourra acheter des brebis au lieu de moutons, mais s’il est frais & humide, la brebis y périrait, pendant que le mouton s’y conservera [9].

Il ne faut pas manquer de donner de l’herbe tous les jours aux lapins privés [10].

Les truies mettent bas à la fin de Juin ou au commencement de Juillet, lorsqu’on leur a donné le verrat à la fin de Février. Il faut leur donner alors une ample nourriture, si l’on veut que les petits prospèrent ; les truies sont si voraces, qu’elles dévorent leurs petits quand on leur laisse désirer leur nourriture trop longtemps.

Il faut engraisser quelques cochons, pour les vendre à la fin de Juillet [11].

Il est trop tard pour élever des veaux.

Ventes et achats. Le bétail gras se vend toujours bien dans les foires.

Foires :

  • Le 4, à Nangis, pour les chevaux, et à Egreville, près de Nemours.
  • Le 5 et le 6, au Menil en France.
  • Le 18, l.a foire de sainte Claire à Caen.
  • Le 2o, à Angerville en Beauce.
  • Le 22, jour de la Magdelaine, à Auxerre, à Vitry-le-François , Chelles et le Puisay en Beauce.
  • Le 23, lendemain de la Magdelaine, à Montargis, grosse foire pour les moutons : on y va de 30 lieues à la ronde.
  • Le 25, la foire saint Laurent à Paris, jusqu’au 30 de Septembre.
  • Le même jour, à Valence, près de Montreau, et à Villenaux en Brie. Le 30, à Bleineau,
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En Août. On ne commencera le troisième labour des jachères [12] qu’à la fin du mois, après la moisson, pour y semer du blé en Octobre.

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Les moissons

On ne manquera pas aussi, d’abord après moisson, de labourer les vignes qui n’ont pas eu leur troisième labour avant l’Août.

On sèmera des navets vers la mi-Août dans les terres légères et sèches. Ils seront bons à manger en Octobre.

La moisson [13] ou récolte du froment se fait vers la mi-Août, et se termine ordinairement à la fin du mois. S’il y a du blé moucheté [14], on le met à part dans la grange, afin qu’il n’en tache pas d’autre : le blé germé se met aussi séparément, pour la semence. Voyez en Avril ce qu’on a dit des moissonneurs [15].

On recueille aussi les avoines, l’orge, le chanvre, le lin. Dans l’Isle-de-France, ou les avoines sont fortes, on les scie comme les blés.

On coupe les sainfoins [16] et la luzerne [17] pour la seconde fois ; ou bien on les laisse monter en graine si l’on veut, pour en semer d’autres. On conserve ces graines en les étendant fort mince dans le grenier, et les remuant de temps en temps.

Le blé sarrasin [18], le premier semé sera mûr à 1a fin du mois. Il faut le serrer bien sec.

Les mousserons [19] viennent à la mi-Août dans les friches, dans les prairies et les vieux sainfoins où les chevaux pâturent.

Quand on n’a pas pu fumer les terres aux premiers labours, il faut y charrier du fumier [20] pour les fumer au quatrième et dernier labour, ce qui vaudra toujours mieux que de n’y en point mettre du tout. Ce fumage même conviendra mieux dans les terres fraîches, en n’y mettant que des litières ou fumiers non consommés, qui soulageront ces terres, de forte que le blé s’y conservera plus sain, et y viendra mieux.

Il faut battre du seigle aussitôt qu’on l’a recueilli. On sait qu’on ne le bat point au fléau qui romprait la paille, mais par poignées sur un tonneau couché à terre, de sorte qu’il n’y a que l’épi qu’on frappe sur le tonneau pour l’égrener, et la paille reste entière dans les mains. On le bat dès à présent, non seulement pour avoir de la semence en Septembre, mais aussi pour avoir des liens pour lier le froment et les avoines que 1’on coupe ensuite, on en lie aussi les bottes de foin pour la maison : le reste sert pour faire des liens l’année suivante, et pour accoler la vigne. On en couvre aussi des bâtiments dans les basses-cour, et ces couvertures sont plus propres et durent plus longtemps que celles de chaume : on en fait encore de bons chapiteaux aux murs de clôture à la campagne, en l’employant par coussinets fort serrés de l’épaisseur de six à sept pouces, et qui déborde le mur de quatre pouces de chaque côté, formant ainsi une tablette assez favorable aux espaliers : on les recouvre de terre en bahut. La bruyère fait aussi de ces chapiteaux.

On fait les bottes de feure-long ou paille de seigle [21] très-grosses. On les lie par le bas d’un fort lien, et d’un second qui prend par dessous la botte pour empêcher le premier de glisser. On met ces bottes debout sur les poutres des granges pour les réserver des souris jusqu’à l’année suivante.

Quand on a beaucoup de prunes, on en fait sécher au four sur des clayons, quand le pain est tiré. Les pruneaux de prunes de Damas sont bons pour le commun ceux de sainte Catherine pour la table du maître.

On coupe pour la seconde fois à la mi-Août, les joncs et les roseaux entre deux eaux, pour les détruire.

On fait des trous d’abord après la moisson pour planter des arbres ; ils en valent mieux d’être faits de bonne heure.

On bat du froment après le seigle, pour les semences.

Il faut saçler et nettoyer d’herbes le safran, sans attendre le mois de Septembre.

Les chardons à foulons [22], qu’on cultive dans les pays où il y a des manufactures de laine, doivent être coupés par un beau temps, liés par paquets qu’on suspend à l’air & à l’abri de la pluie.

Bestiaux & volailles. On tend des quatre-de-chiffre [23] autour dés ruches, pour prendre les mulots qui mangent la cire : les abeilles dans tout autre temps s’en débarrassent elles-mêmes. Il se livre souvent dans ce temps-ci des combats avec des abeilles étrangères, il faut y prendre garde ; le bruit d’un coup ou deux de pistolet les arrête et les sépare : sans cela une des, deux colonies périrait.

On continue l’herbe aux lapins.

On engraisse des poulets dans l’épinette [24], comme nous l’avons dit en janvier.

Les oies et les dindons continuent d’a1ler aux champs. Ces derniers sont friands de vers d’hannetons, qu’on trouve en labourant. Les poules aiment beaucoup les limaçons qu’on leur donne en leur cassant un peu la coquille la première fois.

On châtre les agneaux qu’on veut élever.

Ventes et achats. Le bétail pour engraisser sera plus tôt en état de vente si on lui donne une pâture fraîche et abondante. On le mène dans les chaumes de blé.

Les veaux sont rares et chers.

La seconde volée des pigeonneaux [25] vient dans ce mois-ci ; c’est la meilleure, parce qu’ils trouvent à vivre abondamment ; c’est pourquoi il ne faut pas tout consommer ou vendre, mais en laisser aller une partie pour repeupler le colombier.

On vend les œufs [26] jusqu’au 15 du mois seulement ; ensuite on les amasse jusqu’à la mi-Septembre, pour les vendre à l’entrée de l’hiver, lorsque les poules ne pondent plus. On connaît que les œufs sont frais quand, en les mirant à la lumière, ils font clairs, et qu’on n’y voit point une multitude de petits points qui annoncent qu’ils sont vieux ; ou bien en les mettant dans l’eau, les frais vont au fond, et les vieux surnagent un peu, ou même tout-à-fait. Les gens de campagne mettent tremper les oeufs dans de l’eau fraîche pour les conserver frais pendant quelques jours.

Foires :

  • Le premier lundi du mois, à Mormant en Brie.
  • Le 6, à Donne-Marie-Moutois.
  • Le 10, â Guibray en Normandie, pour les chevaux. A la Ferté-Alais, idem.
  • Le 11, à Gien et à Nogent-sur-Seine.
  • Le 14, à Chartres.
  • Le 16, à Torcy en Brie.
  • Le 24, à Châteu-Renard, Arpajon, Vauxhallant près de Versailles, Gerfy en Brie, Pont-sur-Seine, la Fleche & Chartres, dure trois jours.

Source :

  • Louis Liger, La Nouvelle maison rustique, 11° édition, 2 volumes, Paris, 1790.

Bibliographie :

  • Marcel Lachiver, Dictionnaire du monde rural, les mots du passé, Paris, Fayard, 1997.
  • Georges Duby, Armand Wallon (sous la direction de), Histoire de la France rurale, Tome 2 : L’Age classique (1340-1789), 4 volumes, Paris, Editions du Seuil, 1975.
  • Benoît Garnot, Les campagnes en France aux XVI°, XVII° et XVIII° siècles, Paris, Ophrys, 1998.
  • Gabriel Audisio, Des paysans, XV°-XIX° siècle, Paris, Armand Colin, 1993.
  • Pierre Goubert, Les Paysans français au XVII° siècle, Paris, Hachette, 1982.
  • Jean-Marc Moriceau, Les Fermiers de l’Ile-de-France, Paris, Fayard, 1994.

[1Sur les représentations figurées du Moyen Age, Juillet coupe les épis à mi-hauteur avec une petite faucille. Le chaume haut, la tige creuse des graminées, servira plus tard à la pâture des animaux.

[2Sur le safran, voir la note 2 de l’article sur le mois de mai.

[3Selon Gabriel Audisio, « le seigle était certainement la seconde céréale en importance », après le froment. Les grains de seigles permettent de faire « un pain noirâtre et pesant qui n’est bon que pour les gens grossiers, ou pour tenir le ventre lâche : on en mêle avec le froment afin que le pain soit plus longtemps souple et frais. Le seigle vient avec facilité dans le sable et dans les mauvaises terres ; et quand l’année est sèche (ce qui fait manquer les fromens) on a des seigles en abondance. La farine du seigle est résolutive en cataplasme, et vaux mieux que le froment. L’eau panée de seigle est aussi meilleure que celle du plus beau pain de froment. La croûte du pain de seigle rôtie est propre pour nettoyer les dents. (...) La paille de seigle sert pour couvrir les granges, les maisons, à lier les gerbes et la vigne, à faire des paillassons, etc. On emploie encore la farine de seigle à faire du pain ou de la pâtée pour les chiens, toutes les autres bêtes, principalement les chevaux et les poules, ne veulent ni grain ni pain de seigle » (La Nouvelle maison rustique, pages 511-512).

[4Sur le chanvre, voir la note 4 de l’article du mois d’avril.

[5De culture plus coûteuse que le chanvre, le lin sert à faire de l’huile et du fil et de la toile très fine. Voir la note 4 de l’article sur le mois de juin.

[6Les pommes et les poires sont triées « pour en faire du pommé et du poiré (...) et l’on réserve quelques-uns des meilleurs de ces fruits pour en faire cuire ou les mettre en compote pour le ménage : on en fait aussi des pommes et des poires tapées. Les fruits au couteau, comme reinettes, calle-villes, pigeons, rousselets et autres poires, se gardent dans la fruiterie ou autre lieu bien clos, qui ne soit ni trop chaud, ni trop froid ; mais ceux de ces fruits qui sont crûs dans les vallées ou autres lieux humides, sont bien moins de garde que ceux des montagnes et des plaines : il faut aussi prendre garde s’ils ont été cueillis à la main. Il n’y a que les fruits à faire du cidre, qu’on abat à coups de gaules, ou en secouant les branches ; ou bien on les laisse mûrir aux arbres, jusqu’à ce qu’ils tombent d’eux-mêmes. On les laisse quelque huitaine sur l’herbe, où on les met en monceaux, pour qu’ils achèvent de se nourrir et de se perfectionner. Ceux qui tombent avant la fin d’août, et qu’on appelle en Normandie du grouin, se mettent à part pour en faire du cidre de primeur. Les fruits verts, gelés ou pourris ne sont bons que pour les cochons ». (La Nouvelle maison rustique, pages 671-672).

[7« On mêle la graine de navets avec un peu de terre, pour ne point semer si drue ; ils lèvent fort vite ; et alors, quand on voit qu’ils sont trop drus, il faut en arracher une partie et les donner aux bestiaux ». (La Nouvelle maison rustique, page 558).

[8Sur les abeilles, voir la note 30 de l’article sur le mois de janvier.

[9Le commerce des bêtes à laine « est très vivant et très lucratif, surtout dans les pays où il y a beaucoup de pâturages secs. Il consiste d’abord à avoir un troupeau qui donne des agneaux qu’on vend ou qu’on élève ; des toisons ou laines que fournissent principalement les moutons, du lait, de la graisse, des peaux, dont on fait un grand débit, et enfin des moutons et brebis qu’on engraisse pour vendre ou tuer quand on veut ». (La Nouvelle maison rustique, page 427).

[10Sur les lapins, voir la note 26 de l’article sur le mois de janvier et la note 26 de l’article sur le mois de février.

[11En général, le temps de vendre les cochons gras s’étend depuis le mois d’octobre jusqu’au Carême, et non depuis le mois de juillet.

[12« La manière presque générale de cultiver à propos un bien de quelqu’étendue, est d’en diviser les terres en trois parties égales, ou à fort peu près ; c’est ce qu’on appelle mettre les terres en soles. On en sème une partie en blé, l’autre en avoine, et autres menus grains, qu’on appelle ordinairement mars, parce qu’ils se sèment en Mars ; et la troisième partie reste en jachère, c’est-à-dire en repos et sans semence. L’année suivante la jachère se sème en blé ; on charge en avoine celle qui était en blé l’année précédente, et celle qui était alors en avoine demeure en jachère ; et ainsi successivement d’année en année, les unes après les autres ». (La Nouvelle maison rustique, page 500). Les terres étaient donc laissées en jachère une année complète, tous les trois ans, de la moisson de juin-août jusqu’au semailles des blés d’hiver, en octobre de l’année suivante. Mais la sole laissée en jachère n’était jamais complètement abandonnée car elle était régulièrement labourée. Dans bien des provinces on ne compte le nombre des terres que sur le pied du partage triennal, le compte à la sole (cf les documents d’archives) : « ainsi ils (les paysans) disent une ferme de cent arpents à la sole, pour marquer une ferme qui a trois cent arpents de terre en tout ; ma sole de blé est forte cette années ; c’est-à-dire, que la portion de mes terres qui est en blé est plus forte qu’aucune de deux autres, qui sont l’une en mars, et l’autre en jachère » (La Nouvelle maison rustique, page 501).

[13Le terme « moisson » désigne à la fois la récolte des grains et l’opération manuelle elle-même. Les deux mois de l’été sont ceux de la moisson (parfois dès la fin juin dans certaines régions). Moment fort dans l’année, le temps de la moisson, comme celui des vendanges et de la fenaison, était aussi celui de l’expression de la sociabilité villageoise et du travail collectif, notamment à travers l’entraide obligatoire. Selon La Nouvelle maison rustique « la moisson est la couronne de l’agriculture, la récompense des dépenses et des sueurs du laboureur, l’espérance de sa famille, la sûreté du maître, la vie et la richesse de tout l’Etat. (...) Quand le chef de famille voit que ses blés approchent de leur maturité, il doit donner ses ordres pour faire préparer ses granges et ses greniers, pour avoir le monde, l’argent, les vivres, les lieux et les ustensiles nécessaires pour toute la moisson ; et dès qu’il peut la faire, il faut qu’il s’y occupe tout entier au plus tôt et sans discontinuation, parce qu’on n’est assuré de ses grains que quand on les a dans sa grange. On ne doit point épargner le nombre des moissonneurs : il ne faut qu’un orage, un coup de vent ou de soleil pour tout perdre ; d’autant que les grains étant secs et chargés, sont également facile à verser, à brûler et à égrener. Dans quelques pays, on appelle les moissonneurs aoûteurs et calvaniers ceux qu’on loue pour engranger les grains. (...) Le meilleur temps pour moissonner est dès la pointe du jour, parce que la fraîche de la nuit et la rosée dont les épis sont alors imbibés, les conservent, enflent le grain et empêchent qu’il ne s’égrène autant qu’il serait, s’il était bien sec, et s’il faisait bien chaud quand on l’abat » (La Nouvelle maison rustique, page 529).

[14Le blé moucheté est un grain atteint de nielle ou de charbon. « La nielle ou miélat est une espèce de brouillard qui arrive dans le milieu de l’été, lorsque, par la chaleur de la saison, il s’élève avec les vapeurs beaucoup d’exhalaisons grasses et corrosives qui, tombant sur les plantes, et principalement sur les blés, lorsqu’ils sont en lait ou hors de fleurs, les gâtent et les brûlent, surtout quand le soleil parait ensuite et vient à darder sur ces plantes ; car la liqueur huileuse dont elles sont enduites, étant susceptible de beaucoup de chaleur, fait qu’elles se cuisent et se corrompent facilement. Le grain niellé (rouillé ou charbonné, c’est la même chose) n’a, pour ainsi dire, que l’écorce : il est noir et ne vaut rien à mange : et qui pis est, il noircit et mouchète le blé qui n’est point gâté, quand on bat l’un avec l’autre : un seul épi niellé est capable de noircir tout un septier de bon blé. Pour peu que le soleil ait donné par-dessus la nielle, le grain n’est plus que du charbon ; en sorte que la nielle est bien plus à craindre que l’ivraie, parce que du moins une partie de l’ivraie sert pour la volaille. La cherté de 1660, celle de 1693, qui fut presque générale en France, et celle de 1698, furent causées par la nielle. (...) On appelle la nielle en bien des endroits bruine ou brouine, pruina parce qu’elle brouit, (...) et en d’autres endroits verglas, parce que c’est effectivement un verglas d’été » (La Nouvelle maison rustique, page 528).

[15Sur les moissonneurs, voir la note 13 de l’article sur le mois d’avril.

[16Sur le sainfoin, voir la note 7 de l’article sur le mois de mars et la note 6 de l’article sur le mois de mai et la note 20 de l’article sur le mois d’avril.

[17Sur la luzerne, voir la note 11 de l’article sur le mois de février et la note 7 de l’article sur le mois de mars et la note 20 de l’article sur le mois d’avril.

[18Le blé sarrasin « ne sert qu’à nourrir les cochons, les pigeons et la volaille, principalement les faisans. (...) On fait pourtant avec le sarrasin de la bouillie et du pain, qui est noir et amer, à moins qu’on n’y mêle d’autre blé, mais il ne charge pas beaucoup l’estomac ; il est assez flatueux » (La Nouvelle maison rustique, page 514).

[19Sur les champignons et les mousserons, voir la note 8 de l’article sur le mois d’avril.

[20Sur le fumier, voir la note 9 de l’article sur le mois de janvier.

[21Le feurre-long est une paille longue utilisée pour couvrir les granges et autres lieux champêtres, pour faire des paillasses et des nattes, empailler des chaises, etc.

[22Le chardon à foulon est une plante dont les têtes sont utilisées pour carder la laine et le drap des bonnetiers et des drapiers drapans. Selon La Maison rustique, « on trouve du profit à en cultiver à la campagne » : vers 1790, une balle de têtes valait 24 à 25 livres. « Les bottes de chardons se vendent en gros paquets d’un millier de bottes ; chaque millier composé de quarante petits paquets, ou glanes de vingt-cinq bottes chacune, liées ensemble par la queue. La balle contient dix mille têtes. Les plus grosses têtes se vendent aux bonnetiers et aux couverturiers, les moyennes aux drapiers et aux laineurs, et les plus petites servent aux manufactures d’étoffes les plus communes » (La Nouvelle maison rustique, page 594).

[23Les quatre-de-chiffre sont des pièges formés de bûchettes disposées en forme de quatre.

[24Sur l’épinette, voir la note 20 de l’article sur le mois de janvier.

[25Sur les pigeons voir la note 19 de l’article sur le mois de février (Droit de colombier) et la note 21 de l’article sur le mois de février.

[26Sur les oeufs voir la note 32 de l’article sur le mois de janvier.

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