En décembre [1]. Vous continuerez, pendant les gelées, les charriages [2] de la marne [3] dans la terre, de la fiente de pigeon [4], de la cendre et de la suie [5] dans les prés. La fiente de pigeon répandue à champ couvert, détruit les roseaux et améliore le pré, en y répandant l’année suivante des curures de mares [6] ou d’autres terres neuves [7].
Bestiaux et volailles. On engraisse les volailles et vieilles poules qui ne peuvent plus pondre ni couver pour les vendre à Noël [8]. On réserve les jeunes poules qui pondront de bonne heure.
Il faut songer à boucher les soupiraux des caves avec de la litière avant les fortes gelées, pour les empêcher d’y pénétrer.
Dans les temps de neige et de fortes gelées, il est nécessaire de donner à manger aux pigeons.
Pour la nourriture des vaches, donnez-leur pendant l’hiver des navets coupés par morceaux, du regain ou foin des secondes coupes, de la paille d’avoine ou de sarrasin, des cossats [9] de pois, des choux d’hiver à la grosse côte, coupés et amortis dans l’eau sur le feu, avec un peu de son. Le trèfle et la luzerne font des fourrages très nourrissants, et dangereux même si l’on n’a pas soin de les leur ménager [10]. Quand une vache ne veut pas se laisser téter par son veau, on frotte les naseaux de la vache et tout le corps du veau avec de l’eau-de-vie.
On commence à la fin du mois à raffourer [11] les troupeaux de brebis, c’est-à-dire, à garnir leurs rateliers de paille ou feurre [12] de froment le matin, et de seigle le soir, si la première manque : on en donne deux bottes du poids de vingt-cinq livres chacune, pour 50 bêtes ; ce qu’il est bon de ne pas ignorer, parce que les bergers, qui croient que leurs bêtes n’en ont jamais allez, videraient la grange en peu de temps. Toutes les fois même que le troupeau peut sortir, on ne raffourre point le matin. A l’égard des mères qui élèvent des agneaux, au lieu de paille battue, on leur donne quelques gerbes de froment, de vesce ou de pois non battues ; ou émouchées [13] seulement de quelques coups de fléau, ou du regain, selon ce qu’on a en plus grande quantité. Une gerbe de blé suffit à 50 brebis, une fois par jour, en deux fois dans les mauvais temps, lorsqu’elles ne peuvent sortir. C’est toujours du moindre blé qu’on leur donne, comme celui qui est autour des murs de la grange, qui est toujours le plus endommagé par les souris, ou les charançons [14].
Ventes achats. Vendez le bétail le plus gras, que vous avez acheté à la saint Michel, et toutes sortes de volailles. Le beurre [15], les œufs [16] et les fromages [17] se vendent bien pendant qu’ils sont rares.
Le beurre se fait difficilement en hiver. La plupart des servantes n’y savent d’autre remède que de le battre auprès du feu, et quelquefois le font brûler. Il vaut mieux mettre le fond de la baratte dans de l’eau chaude et verser dedans un demi-septier de lait chaud. Il serait bon de battre le beurre à la cave, et d’y descendre même tout son lait, pendant les gelées, la crème y montrait mieux. En été, i1 s’y tient plus frais et meilleur.
Foires :
- Le premier, à Vitry-le-François, à Vinaçourt, près d’Amiens, et à Niort en Poitou, pour les poulains de lait,
- Le 2, à Bar-sur-Seine.
- Le mardi avant la Saint Nicolas, à Bonnétable, foire considérable de bestiaux,
- Le 6, à Bierre, près d’Issy, et à Châtillon-sur-Loing.
- Le 9, à Torcy en Brie.
- Le 13, à Châtillon-sur-Loire.
- Le 14, à Braines, près de Soissons, pour les bestiaux.
- Le 21, fête de Saint-Thomas, à Pont-Sur-Seine, à Mereville en Beauce, et à Longjumeau.
- Le 27, à Bourges, dure onze jours.