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Une rumeur qui court dans Paris en janvier 1751...

Le jeudi 23 janvier 2014, par Thierry Sabot

Dans son Journal historique et anecdotique du règne de Louis XV, l’avocat Edmont-Jean-François Barbier évoque souvent les rumeurs qui se propagent à Paris. En voici une qui nous laisse deviner les mœurs et les pratiques dont s’arrangent les Grands du royaume.

« On dit que M. le comte de Langeron, lieutenant général des armées du roi, a épousé, ces jours-ci, une demoiselle Julie, fille de chambre de mademoiselle de Sens, princesse du sang, ce qui surprend tout le monde et fait beaucoup parler. Mais on pourrait trouver quelque dénouement secret à un pareil mariage : voici le fait.

M. le comte de Langeron est âgé de plus de cinquante ans, et est un homme très-raisonnable. Depuis plus de vingt ans, il est attaché à mademoiselle de Sans. On disait même qu’il était marié secrètement avec elle ; et l’on dit qu’ils ont trois ou quatre enfants à qui la princesse ne peut pas donner d’état. Non seulement il n’y a point mariage, mais quand il y en aurait, étant fait sans le consentement du roi, les enfants seraient toujours bâtards.

On veut donc faire entendre que pour donner un état à ces enfants, M. le comte de Langeron, qui est homme de condition, de concert avec la princesse, épouse une de ses femmes de chambre et sa confidente, laquelle consentira, au moyen du rang qu’elle acquerra, à reconnaître, en se mariant, ces enfants comme étant d’elle et de M. le comte de Langeron. Ces enfants, par ce moyen, auront un état de gens de condition et la princesse aura la liberté de leur faire le bien qu’elle voudra, par un testament.

Ce bruit s’est répandu sur des bans que l’on dit avoir été publiés tant à la paroisse de Saint-Sulpice, qu’à celle de la Madeleine Saint-Honoré, sur laquelle demeure le père de la fille de chambre, qui a été, dit-on, soldat aux gardes. On dit, d’un autre côté, que cela n’est pas possible, parce que, pour un pareil projet, M. le comte de Langeron, au lieu d’épouser une fille de rien, aurait trouvé dans les provinces quelque demoiselle sans biens, hors d’état même d’avoir des enfants, qui, pour sortir de la misère et avoir un rang, aurait accepté la proposition.

On dit, d’ailleurs, que cette femme de chambre Julie n’a guère plus de vingt-cinq ans, et que l’aîné des enfants qu’on dit la princesse avoir eu de M. de Langeron, en a dix-sept ou dix-huit, ce qui ne pourrait plus cadrer pour la reconnaissance par cette demoiselle Julie. Il y a apparence que cette nouvelle est fausse [1], quoique répandue dans toutes les maisons de qualité, et qu’elle a été fondée sur quelque équivoque de nom dans les bans. M. le comte de Langeron continue de loger toujours à l’hôtel de Sens, avec la princesse ; il paraît avec elle dans sa loge, à l’Opéra, et enfin, depuis huit jours, on ne parle plus de mariage. »


[1Barbier avait raison de se refuser à croire à la réalité de ce mariage, puisque ce même Louis-Théodore Andrault, comte de Langeron, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, épousa, le 2 août suivant, Augustine-Marie de Menou, quatrième fille de François-Charles, marquis de Menou.

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