6 - Les Claude prennent parti…
Avant de parler du mariage des Claude et de leur nouvelle orientation professionnelle, nous voulons continuer à évoquer ce premier temps de Lyon, où il fallait trouver son chemin, par le travail certes, mais aussi dans une vie sociale à inventer, en restant fidèle à la culture familiale et à ses convictions. Les nombreux documents que j’ai trouvés dans les archives familiales nous renseignent, mais n’auraient pas d’intérêt, si les faits rapportés n’étaient replacés dans le contexte de l’époque, ce qui m’a amenée à de nombreuses recherches, soutenues par mon époux très intéressé par cette histoire [1].
L’arrivée dans une période troublée
Quand les Claude débarquent à Lyon en ce milieu du XIXe siècle, la ville comme le pays, est en pleine effervescence. La Révolution de 1830 a permis l’instauration d’une monarchie constitutionnelle avec Louis Philippe d’Orléans, qui est au pouvoir depuis dix-huit ans [2]. Sous l’impulsion des Libéraux et Républicains, Paris s’est soulevé à nouveau en février 1848. La France connaît un malaise économique persistant, vie chère, crise industrielle, chômage. Le roi a refusé de lancer l’assaut contre la population et il a été contraint d’abdiquer. Le 25 février, c’est la proclamation de la République et l’établissement du suffrage universel (la France est le premier pays du monde à avoir instauré ce mode de suffrage). La nouvelle a été accueillie par la bourgeoisie lyonnaise avec une stupeur profonde, nous dit-on. Dans les mois qui suivent, les ouvriers - dont les conditions de travail sont très dures – ont demandé des augmentations de salaire, brisé les machines, incendié des maisons religieuses. En juin, l’ordre est rétabli par la force.
Les Claude sont donc arrivés à Lyon peu de temps après ces événements, alors que la ville est encore sous le choc. L’agitation a été la plus vive à la Croix-Rousse, où s’était déjà produite en 1830, puis en 1834, la révolte des Canuts ; c’est le quartier des Claude, mais bien qu’habitant « la colline qui travaille », ils sont, comme tous les leurs, du parti « de la colline qui prie », c’est-à-dire Fourvière. Non pas qu’ils ignorent la misère qui est grande, mais tout en cherchant à soulager le sort des plus démunis, ils pensent comme la plupart des catholiques lyonnais, soutenus en cela par une grande partie du clergé, qu’il faut rétablir la Monarchie. Beaucoup n’acceptent pas Louis Napoléon Bonaparte, neveu de l’Empereur, qui a été élu Président de la République en décembre de cette même année, le premier de l’histoire de France.
Les Claude derrière le Comte de Chambord
Trois ans plus tard, c’est le coup d’état du 2 décembre 1851, jour anniversaire de la victoire d’Austerlitz et du sacre de Napoléon Ier et les 20-21 décembre, le référendum qui plébiscite Louis Napoléon. Il obtient un nouveau projet de constitution, ratifié en janvier, qui lui assure un mandat de dix ans, avec pratiquement les pleins pouvoirs. Les tenants d’un retour à la royauté craignent le pire pour l’avenir. Le symbole du 2 décembre est clair. Ils savent que Louis Napoléon cherche à être proclamé empereur. Claude Jeune et son frère aîné, tous deux résolument royalistes, s’engagent alors activement en faveur du retour d’un monarque « légitime », en soutenant la prétention au trône du Comte de Chambord, né en l820 et petit-fils de Charles X. C’est ce que nous apprenons en découvrant dans les archives familiales deux copies de la déclaration de ce dernier adressée aux Français en date du 25 octobre l852, dont un exemplaire au moins est de la main du jeune Claude.
Distributions de « tracts » !
Les deux Claude doivent contribuer à sa diffusion, en recopiant de multiples fois le document et en le faisant circuler. Que de temps passé le soir, à la lueur de la bougie ou de la lampe à pétrole ! Nous donnons le texte ci-après. Comme tout cela est bien dit et dans un langage tout compte fait moderne : Français, on se trompe et l’on vous trompe… Le Comte de Chambord a trente-deux ans ; Claude jeune, vingt-six.
Les craintes des royalistes sont justifiées. Le 21 novembre 1852, à peine deux mois plus tard, le corps électoral proclame, à une très grande majorité, Louis-Napoléon Bonaparte, Empereur des Français sous le nom de Napoléon III. La tentative du comte de Chambord et des royalistes qui l’ont soutenu a échoué. Il est vraisemblable que le rôle actif joué par Claude dans cette affaire lui a fermé les portes de la fonction publique, quand il cherchait à s’y maintenir.
Transcription de la proclamation du comte de Chambord
En présence des épreuves de ma patrie, je me suis volontairement condamné à l’inaction et au silence. Je ne me pardonnerai pas d’avoir pu un seul moment aggraver ses embarras et ses périls. Séparé de la France, elle m’est chère et sacrée autant et plus encore que si je ne l’avais jamais quittée. J’ignore s’il me sera donné de servir un jour mon pays ; mais je suis bien sûr qu’il n’aura pas à me reprocher une parole, une démarche, qui puisse porter la moindre atteinte à sa prospérité et à son repos. C’est un honneur comme le mien, c’est le soin de son avenir, c’est mon devoir envers lui qui me décident à élever aujourd’hui la voix.
Français, vous voulez la Monarchie, vous avez reconnu qu’elle seule peut vous rendre, avec un gouvernement régulier et stable, cette sécurité de tous les droits, cette garantie de tous les intérêts, cet accord permanent d’une autorité forte et d’une sage liberté, qui fondent et assurent le bonheur des nations. Ne vous livrez pas à des illusions qui tôt ou tard vous seraient funestes, le nouvel empire qu’on vous propose ne saurait être cette monarchie tempérée et durable, dont vous attendez tous ces biens. On se trompe et l’on vous trompe, quand on vous les promet en son nom. La Monarchie véritable, la monarchie traditionnelle, appuyée sur le droit héréditaire et consacrée par le temps, peut seule vous remettre en possession de ces précieux avantages et vous en faire jouir à jamais. Le génie et la gloire de Napoléon n’ont pu suffire à fonder rien de stable ; son nom, son souvenir y suffiraient bien moins encore. On ne rétablit pas la sécurité en ébranlant le principe sur lequel repose le trône et l’on ne consolide pas tous les droits, en méconnaissant celui qui est parmi nous la base nécessaire de l’ordre monarchique. La monarchie en France, c’est la Maison Royale de France, indissolublement unie à la nation. Mes pères et les vôtres ont traversé les siècles, travaillant de concert, selon les mœurs et les besoins du temps, au développement de notre patrie. Pendant quatorze cents ans, seuls entre tous les peuples de l’Europe, les Français ont toujours eu à leur tête des princes de leur nation et de leur sang. L’histoire de mes ancêtres est l’histoire de la grandeur progressive de la France et c’est encore la monarchie qui l’a dotée de cette conquête d’Alger, si riche d’avenir, si riche déjà par les hautes renommées militaires qu’elle a créées et dont la gloire s’ajoute à toutes nos gloires.
Quels que soient sur vous et sur moi les desseins de Dieu, resté chef de l’antique race de nos rois, héritier de cette longue suite de monarques, qui durant tant de siècles ont incessamment accru et fait respecter la puissance et la fortune de la France, je me dois à moi-même, je dois à ma famille et à ma patrie de protester hautement contre les combinaisons mensongères et pleines de danger. Je maintiens donc mon droit, qui est le plus sûr garant des vôtres et, prenant Dieu à témoin, je déclare à la France et au monde que, fidèle au programme et aux traditions de mes aïeux, je conserverai religieusement, jusqu’à mon dernier soupir, le dépôt de la monarchie héréditaire, dont la providence m’a confié la garde et qui est l’unique port de salut, où après tant d’orages cette France, objet de tout notre amour, pourra retrouver enfin le repos et le bonheur.
Signé : Henri, Frohsdorf, le 25 octobre 1852
On sait ce qu’il advint à terme de ces tentatives de retour à la royauté… Après la défaite de 1870, malgré l’importance des royalistes dans les assemblées, c’est la République qui l’emporta peu à peu et définitivement en 1877, à une voix de majorité dit-on.
Célibataires et militants…
On peut s’étonner que les deux Claude, fraîchement arrivés de leur campagne, se soient si rapidement investis – le plus jeune davantage Il paraît - dans la vie politique de leur temps. Je pense que son passage au grand séminaire avait fortement enraciné ses convictions et lui avait donné aussi une culture solide, qui lui permettait de les assumer et de mener une sorte de vie « militante ». Il est possible aussi que l’influence de ses oncles et cousins, prêtres, dont beaucoup officiaient à Lyon, le portait à intervenir. Je pense en particulier à son cousin germain du côté maternel, Auguste Coudour, presque du même âge que lui, ordonné prêtre en 1845, devenu professeur de philosophie aux Minimes de Lyon en l85l, en l853 curé fondateur de l’Immaculée Conception et plus tard de Notre-Dame-St-Vincent. Les deux frères n’étaient pas isolés, ils étaient entourés par tout un monde de religieux.
Les Claude et Galerne, un « ami » bien encombrant !
L’engagement de Claude et de son frère ne s’arrête pas au soutien apporté au Comte de Chambord, comme me l’a appris un important dossier découvert dans le lot familial, concernant ce que j’appellerai « l’affaire Galerne », cinquante-huit documents… composés essentiellement de lettres et de pétitions. Un dossier, qui n’est pas sans évoquer les avatars beaucoup plus récents de la police lyonnaise et, plus près de nous encore, de la police marseillaise ! Le temps passe… mais les hommes restent ce qu’ils sont !
Policier dans un contexte mouvementé, une fonction risquée
Nous avons rencontré, une première fois, Constant Galerne, Commissaire central de police de Lyon, quand le jeune Claude, nouvellement arrivé de son Forez, entre dans ses bureaux, sans doute courant 1848, pour peu de temps toutefois. Galerne en effet est muté à Marseille au plus tard début 1851 [3] et notre arrière-grand-père doit quitter ses fonctions. Mais ce court passage connaît une suite inattendue, qui a occupé les Claude pendant des années et dont la fin se termine de façon brutale et sans doute douloureuse pour eux. Là aussi, il y a rupture dans leur vie. Que s’est-il passé ? Pourquoi Claude Jeune a-t-il gardé tous ces papiers, malgré une vie très remplie et de nombreux déménagements ? Pour comprendre le contexte, il a fallu retourner à l’histoire du coup d’état, mais aussi aux liens très étroits entre Église et Pouvoir, en ce mi-temps du XIXe siècle, face au danger « socialiste ».
Il faut mater socialistes et républicains
L’affaire Galerne intervient donc dans une période troublée. Galerne a maté l’insurrection de 1848 et aussi les journées de juin 1849, quand les ouvriers de Lyon, à l’appel des députés démocrates socialistes menés par Ledru-Rollin, avaient, après ceux de Paris, manifesté contre “l’expédition romaine”. En effet, le gouvernement français avait envoyé en Italie un corps expéditionnaire pour l’écrasement de la République et le rétablissement du pouvoir temporel du pape Pie IX. Le soulèvement fut violemment réprimé, en particulier à la Croix-Rousse, leur quartier. C’est après ces événements, pour services rendus à l’État, que Galerne est promu au rang de commissaire principal et décoré. Il fait depuis son arrivée un parcours sans faute.
Quand Louis Napoléon devient président pour dix ans, après le coup d’état de décembre 1851, quelques barricades s’élèvent à Paris, mais la résistance est plus sévère en province, notamment dans le Var et l’Hérault. On procède à des arrestations en masse. Les préfets reçoivent le droit de déporter quiconque a fait partie d’une société secrète. Trente-deux départements sont en état de siège. Le Gouvernement multiplie en même temps les félicitations et récompenses à l’armée et annonce de grandes entreprises d’utilité publique.
À Marseille, une situation sous contrôle
Dès les mois qui précèdent le coup d’état, le préfet des Bouches du Rhône s’est employé à assurer sa suprématie en matière de répression antirépublicaine dans son département : véritable bras droit du nouveau gouvernement, il espère pouvoir profiter du soutien inconditionnel du personnel judiciaire. Et c’est là qu’il rencontre des difficultés.
Avec le maire, il accuse le parquet de Marseille d’insuffisance et de laxisme. Les magistrats, qui n’emboîtent pas le pas, se voient contraints de démissionner ou bien sont tout simplement remplacés ! On envoie le procureur de la République en place en Corse, pour faire venir de Nantes en novembre 1851 un certain du Beux, jugé plus intransigeant. La mesure fait grand bruit. C’est le moment également où l’on déplace de Bordeaux un commissaire de police connu pour les services rendus en 1848 dans la répression anti-socialiste à Lyon, un homme sûr… un dénommé Galerne et on place à ses côtés un nouveau juge d’instruction, Darbon. Ainsi, une équipe est en place : les autorités administrative, policière et judiciaire se donnent la main, pour assurer la consolidation du régime de Louis Napoléon Bonaparte, dont des élections devaient un an après, le 21 novembre 1852, faire un empereur.
Galerne, acteur zélé de la répression
Galerne et les services de police qu’il gère procèdent à des arrestations avec beaucoup de zèle, nous en avons la preuve par les listes qu’il envoie quotidiennement au préfet. À titre d’exemple, nous apprenons par un rapport de du Beux que le juge Darbon, en deux mois et dix jours, a interrogé plus des quatre cents prévenus que Galerne lui a adressés, plus de cent cinquante témoins, qu’il a mis à découvert l’organisation des sociétés secrètes et déjoué les manœuvres du parti socialiste, tout ceci en assurant le service ordinaire et les affaires de droit commun ! De nombreux socialistes sont arrêtés, à tel point que les prisons sont trop pleines. Nous avons trouvé aux archives d’Aix deux notes écrites par Galerne à ce sujet.
Galerne à la une : accusation et procès
Nous sommes maintenant le 10 avril 1852, toujours à Marseille. Constant Galerne vient d’être inculpé. L’affaire ne traîne pas. On le trouve en août de la même année à la prison d’Aix. Il est désespéré et multiplie les démarches pour prouver qu’il est victime d’un complot socialiste et trouver des intercesseurs, suffisamment bien placés pour le sortir de là, particulièrement des sénateurs, des hommes politiques et surtout des prélats.
Que s’est-il passé ? Malgré le succès du plébiscite, la répression a continué, brutale et souvent aveugle. Les déportés sont nombreux. Galerne a-t-il redoublé de zèle, au point d’indisposer même son camp et de se faire de toute façon des ennemis ? Il est accusé de corruption. Les accusateurs sont nombreux, y compris M Darbon, le juge d’instruction ; On trouve aussi des greffiers, de hauts fonctionnaires, un colonel, un notaire… mais également d’anciens prisonniers, nouvellement libérés. Toutes ces personnes ne sont pas du même bord politique, beaucoup ne sont pas socialistes, ni toujours dignes de foi ; certaines se retrouvent même en prison quelques mois plus tard. Tout cela est bien embrouillé et prouverait – s’il était nécessaire – que la situation est mouvante, fonction d’alliances qui se font et se défont au gré de l’évolution politique, s’alimentant de l’ambition des différents acteurs, de leurs inimitiés, jalousies, vengeances… ou, a contrario, de leurs solidarités éphémères.
La déchéance
En attendant son procès, Galerne est d’abord en prison à Marseille. Un procès retentissant qui mobilise toute la presse locale. En fait, comme nous l’apprenons par les articles de la Gazette du Midi, en date des 27 et 28 août 1852 (qui résument les comptes-rendus du procès, parus dans le Sémaphore de Marseille et le Courrier), Galerne est accusé d’avoir libéré des prisonniers sous caution, après leur avoir fait peur, en leur présentant le juge Darbon, comme l’homme dur et sévère qui veut se faire bien voir et mériter la Croix, en punissant durement tous les accusés politiques. Payé en espèces, il aurait gardé l’argent par-devers lui. Il est aussi accusé d’avoir accompli des malversations quand il était huissier à Dreux et d’avoir reçu de l’argent en diverses circonstances, toujours en échange de services rendus à des prisonniers, alors qu’il était en fonction à Bordeaux et même à Marseille où il venait d’être nommé.
Le réquisitoire du procureur général : un homme avide…
D’après le procureur général du Beux, il faut distinguer deux hommes dans Galerne : l’officier public, homme adroit et intelligent qui à plusieurs reprises a reçu de l’administration supérieure des éloges mérités. Ensuite, l’homme avide et aux mœurs mauvaises qui a commis des actes de haute immoralité, actes qu’il faut punir sévèrement.
Le procureur général conclut : le corps des commissaires est nombreux. Il compte des hommes honorables et loyaux, auxquels on ne saurait trop accorder d’éloges pour leur conduite. Et si ces éloges sont nécessaires pour faire savoir à tous combien est estimable, combien est utile le corps honorable dont je vous parle, il est utile aussi pour lui conserver son honneur et sa dignité de punir et de punir sévèrement l’homme qui s’est montré indigne de ses fonctions, qui a forfait à son honneur et à sa dignité ; vous avez à vous prononcer entre l’honneur d’un homme et l’honneur d’un gouvernement.
La défense : un complot pour perdre Galerne
C’est Me Rigaud qui assure la défense de Galerne. Il commence en remontant dans le passé du prévenu : « né pauvre, c’est à lui seul qu’il a du son éducation et sa position sociale. Huissier à Dreux, il a été la victime d’intrigues qui l’ont compromis. Il a payé de ses économies la plupart de ses créanciers. Lui faire son procès, c’est le faire à M. Desmousseaux de Givré (sous-préfet orléaniste de Dreux), qui l’a toujours protégé. Revêtu des fonctions honorables de commissaire de police, il a bien mérité de ses chefs à Gap et à Toulouse. À Nismes, il a hasardé sa vie plus d’une fois dans l’intérêt de l’ordre, il a même été blessé. À Lyon, il mérite les félicitations du procureur général. Là, il y sauva, au péril de ses jours, un enfant prêt à périr dans un incendie ; dans une émeute, il est traîné dans les rues par les cheveux, il est foulé aux pieds. En 1848, il fait des sommations aux révoltés sur la place Bellecour, un homme est tué à ses côtés, il attaque les barricades à côté du général, il renverse les arbres de la liberté sous le feu des socialistes. À Marseille, il reçoit les félicitations par écrit du maire M de Chanterac, avant le départ de celui-ci pour Paris.
Quant aux faits qu’on lui reproche, à l’exception de ces témoins qui ne font que répéter ce qu’ils ont entendu dire, à l’exception de ces quelques hommes honorables que nous sommes tous, nous n’avons comme accusateurs que des hommes de la lie du peuple ; ce sont : Terrail, trois fois condamnés en police correctionnelle ; Colly, perdu de dettes et de réputation ; Calotti, qui tient une maison de prostitution ; Baucalari, expulsé de France comme de toutes les nations (…)”
Le défenseur, ajoute le journaliste, soutient qu’il y a eu complot pour perdre Galerne, en butte à de violentes inimitiés politiques ; il discute ensuite de faits particuliers et termine en disant aux jurés que s’ils rapportaient un verdict de culpabilité ils puniraient avec lui son frère, qui est aussi le fils de ses œuvres, qui, parti soldat, est maintenant officier ; ils puniraient aussi sa femme et ses filles.
Un verdict sévère ?
La plaidoirie de son avocat ne sauve pas Galerne. il est condamné en cour d’assises le 25 août l852 à dix ans de réclusion criminelle et à cinq cents francs d’amende. Il n’a pas réussi à prouver son innocence. C’est pour lui et sa famille une catastrophe. Nous n’avons pu retrouver les minutes du procès, mais simplement l’arrêt de condamnation.
Pour les Claude, Galerne, celui que le jeune Claude considérait comme un « second père », dans sa lettre au maire de Lyon, est innocent : il est victime des socialistes, comme le prisonnier n’a cessé de le répéter dans tous ses courriers. Les deux frères vont alors – avec leur sœur Jeanne-Marie qui cohabite avec eux - s’engager à fond, dépensant sans compter leur temps en de multiples démarches et sans doute leur argent, pour améliorer son sort en prison et aider sa famille, sa femme Mélanie et ses deux jeunes filles, Claire et Léontine.
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