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Une balade dans le village de Gagny : Marie-Victoire (4e partie)

Le jeudi 7 mars 2019, par Micheline Pasquet

Nous sommes en été 1891, après un hiver précoce et très froid (la Seine gelée permettait la traversée à pied sec….), le printemps très pluvieux a ralenti toutes les activités de la ferme. Marie-Victoire est devenue une très jolie petite fille et apporte joie et bonheur à ses parents.

Louise a repris ses activités auprès de la Châtelaine et Pierre à la ferme. Il prépare les moissons car nous sommes en juillet.

Gagny possède en plus de ses célèbres vignes, de nombreuses terres cultivables (choux de Bruxelles, fraises, etc.), des vergers de pruniers et des prairies. Pour emmener les animaux se régaler d’herbe verte, certains fermiers conduisent leurs vaches et leurs biquettes vers les talus, près de la nouvelle ligne de chemin de fer : Paris Strasbourg ouverte depuis 1850. Certains n’ont pas beaucoup de prairies avec leur métairie et il faut trouver des solutions de remplacement pour nourrir les bêtes.

Marie-Victoire

Marie-Victoire est particulièrement choyée par Madame Teusch qui lui a offert un portrait pour son anniversaire, cadeau royal pour la petite fille du fermier et de sa servante, chez un grand photographe de leur famille rue du faubourg Saint Antoine à Paris quartier où la famille Teusch à un très grand appartement.

Louise va travailler en emmenant sa petite fille au château qui est très heureuse de pouvoir jouer avec les enfants des Châtelains, principalement avec Sarah âgée de 2 ans, il y a bien Jacques 7 ans, mais lui est plus grand et reste avec sa gouvernante Mademoiselle Thomson Hanna sœur du cocher du château de Maison Rouge. Il doit commencer à s’instruire car il souhaite devenir banquier comme son Papa Monsieur Teusch.

La canicule

En ce dimanche du 23 juillet 1893 il fait un très beau soleil ce qui présage une journée torride comme les jours derniers. Dès le matin Pierre, Louise et Marie-Victoire, une fois leur travail quotidien exécuté, partent avec un panier pour leur repas, ils vont aller s’installer près de l’étang de Maison Blanche pour se reposer et prendre le frais. Pierre s’arme de sa canne à pêche pour pouvoir taquiner le goujon, mais ce n’est pas une certitude que le poisson viendra se faire prendre au piège…

L’étang

Les amis jardiniers du Château de Montguichet ; Gauthier Anatole, sa femme Antoinette et leur adorable petite Aurélie âgée de 5 ans ; viennent les rejoindre pour passer quelques moments avec eux et pouvoir admirer la petite Marie-Victoire qui grandit. Les femmes échangent des idées en bavardant à bâtons rompus, elles en ont des choses à se raconter sur leur travail, et même la politique du Village de Gagny qui évolue avec cette nouvelle mairie.

Quant à Louise, elle a du ravaudage en retard et elle va profiter de ce coin calme pour se mettre à jour et réparer les trous du pantalon de Pierre. Les vêtements sont rares et il faut bien souvent restaurer, retailler pour que cela dure longtemps. Pour cette journée de repos au bord de l’eau Louise a revêtu une petite jupe de toile fine et une petite chemise blanche afin d’être à l’aise. Sur sa tête elle porte un carré de cotonnade noué d’une certaine façon servant de coiffure quotidienne. Les jours de fête, elle porte soit la coiffe de Gagny ou celle de sa région de Franche- Comté. Mais pour être au bord de l’eau elle choisit la simplicité. Marie-Victoire a pris une petite poupée de chiffon que sa Maman lui a confectionné.

Marie-Victoire est vêtue d’une petite robe de toile, toutes les deux d’une grande élégance qui ravit Pierre fière de ses deux amours.

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Le Château du Chenet (Chenay)

D’autres amis, Georges Lallier le garde du château du Chenay, sa femme Aurélie et leur petite fille Amour âgée d’une année, le couple Jacob Hyacynthe, sa femme Léontine accompagnés de leurs progénitures Marie 10 ans, Léon 8 ans et Jules 6 ans, fermiers à la ferme du Chénet ; grosse ferme qui appartient au Château (propriété du Général Humann et conseiller municipal du Village de Gagny) viennent se joindre au groupe.
Ces jeunes fermiers chargés tous de famille aiment à se retrouver lorsque leur travail le permet.

Les enfants s’en donnent à cœur joie, roulade dans l’herbe, cache-cache autour des grands arbres qui entourent l’étang. De temps en temps ils vont voir si leur Père a réussit une pêche miraculeuse mais il semblerait que les poissons se sont donnés le mot et ils se méfient de ce petit asticot qui gigotte au bout de ce bout de ficelle…
Enfin vient l’heure du déjeuner, il est déjà plus de midi la Chapelle de Maison Blanche a fait retentir le son de sa petite cloche.

Les femmes étalent une grande toile sur l’herbe afin d’y disposer les victuailles, pain, cochonailles, petit fromage de chèvre, pâtisseries préparées avec soin, et pour les hommes le vin de Gagny. L’eau est au frais dans les bouteilles trempant dans l’étang après les avoir attachées par le goulot avec une ficelle. Tous affamés se précipitent pour profiter de cet instant agréable et ensuite, ils vont passer à une sieste bien méritée. La chaleur se fait sentir, le ventre rempli tout est propice au repos.
Après la sieste les hommes ont prévu pour ceux qui ne taquinent pas le goujon de faire une partie de cartes. La chaleur est lourde et tous transpirent.

Quant aux enfants eux, sont en pleine forme et préfèrent continuer d’en profiter ,à courir dans les grandes herbes, faire des roulades. Ils sont si contents de se retrouver ,ce n’est pas si souvent que l’occasion se présente car les parents sont toujours très occupés avec leur travail au Château ou à la ferme. Les plus jeunes font un petit somme et la journée se poursuit le mieux possible

Tout va pour le mieux les heures de l’après-midi défilent rapidement, et c’est alors qu’un bruit sourd retentit !!! Les enfants arrêtent brutalement leurs jeux. Ils se demandent ce qui se passe, hélas c’est l’orage.

Quelques gouttes se font sentir, puis une bonne averse arrose tout le monde .Ils replient leurs affaires, et partent dans tous les sens, la panique pour chercher à se mettre à l’abri. Les fermiers de Montguichet et du Chenay sont venus en charrette, les enfants et les mères se précipitent sous cette protection imprévue, malgré que les chevaux s’agitent par la peur du tonnerre. Les enfants sont pétrifiés par les éclairs et le tonnerre qui gronde. La fête est gâchée, l’herbe est mouillée…

Le temps se dégage, les éclats de rire fusent chacun se moquant de l’autre car ils sont trempés et certains ont des allures de poule mouillée.
Après un temps de réflexion, ils se séparent avec regret, déçus que leurs retrouvailles soient abrégées par le temps mais qu’importe, dès qu’ils le pourront ils renouvelleront cette petite fête bien chaleureuse, les enfants étaient tellement contents !!!
Chacun regagne sa maison en attendant la prochaine occasion de se réunir au bord de l’eau..

La semaine continue avec des orages mais il faut s’occuper des bêtes et des cultures, Louise va avec Marie-Victoire au Château faire son travail. Petit à petit la saison d’été avance et déjà les premiers signes de l’automne se font sentir.

Les années passent et tous les petits enfants grandissent . Maintenant la petite Marie-Victoire doit aller à l’école malgré la distance. L’école se situant au village, elle emmène son panier de frugal repas pour le midi. Elle retrouve les enfants des autres fermiers des environs et est très heureuse de faire voir à ses parents le soir ce qu’elle a appris dans la journée.

Elle devient une très belle jeune fille âgée de 19 ans elle apprend maintenant la couture chez une couturière Mademoiselle Simone installée dans un petit appartement de la Place du Baron Roger. Marie-Victoire est enchantée de ce qu’elle apprend dans ce métier, elle aime toucher les tissus et les ajuster sur les belles dames de Gagny qui viennent choisir des modèles, et avec les conseils précieux de Mlle Simone elle s’applique pour exécuter les modèles choisis dans de magnifiques catalogues « le petit écho de la mode » et « le Jardin des modes ».

Lors d’une fête dans le village elle fait connaissance avec un beau jeune homme, cultivateur comme son père, il se nomme Camille, il travaille à la ferme de la Maison Guyot avec ses parents. Les fiançailles sont en préparation, pour le dimanche 11 avril 1909, le mariage est prévu le 16 octobre de la même année. Ces deux grandes fêtes se préparent déjà par Louise et Pierre avec les parents du jeune homme Léopoldine et Jules Gauthier. La ferme du château de Maison Blanche mettra les petits plats dans les grands comme il se doit pour ces événements importants de la vie.

C’est ainsi que le cycle de la vie se perpétue…

Sources :
Source archives municipales de Gagny.
Documents personnels.

  • Tous les articles de Micheline Pasquet sont accessibles en suivant ce lien.

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