Tous les généalogistes ont maintes fois lu des actes de baptêmes d’enfants nés de père connu ou non. La société d’alors jetait l’opprobre sur ces enfants et leur mère.
Parfois le curé oubliait de mentionner le prénom de l’enfant :
« Le dix huit juillet mil sept cent soixante cinq a été baptisé un enfant de Marie Belon femme de Claude Chateau lequel enfant elle dit être des œuvres de Jean Charmillon suivant la déclaration qu’elle a faite à Bourbon (Bourbon-Lancy) lequel enfant a eu pour parrain Pierre Roux qui s’est soussigné avec moy et pour maraine Catherine Marion qui ne signe enquise. Gautard curé de Chalmoux ». (Archives Départementales de la Saône-et-Loire, Chalmoux, 1750-1769, E dépôt 81, vue 120/173).
Les fautifs pouvaient être chassés de leur paroisse :
« Le dix huit février 1694 est né une fille à Orbagnoux d’une fille nommé Loüise Sirode qui se dit estre du Plot parroisse de Groisey en Savoie, qu’elle a eut du fait d’un nommé Jean François Grandchamp dit Branleguais homme marié sa femme vivante dusti Plot meme parroisse qui ont demeuré tous deux en cette parroisse pendant environ trois ans sans estre connus comme concubinaires adultères iusqu’a maintenant qu’ils en ont esté chassés. Ladite fille a esté baptisé le dix huit fevrier et a esté nommé Clauda, parrain Claude Vrieux et marraine honneste veufve Loüise Goux dudit Orbagnioux illettrés enquis. Récamier curé. » (Archives Départementales de l’Ain, Corbonod, 1692-1697, vues 27 et 28/76).
Nous rencontrons aussi les actes d’enfants donnés par leur mère à un homme qui a le courage de les reconnaître, tel Geoffray Deschaux qui le 25 novembre 1632 à Billieu dans l’Isère reconnaît sa fille Michelle née de sa chambrière Françoise Cattin :
« L’an mil six cent trente deux et le vingt cinquième novembre a esté baptisé une fille à honnête Geoffrey Deschaux a luy donné par Françoise Cattin sa chambrière ainsy que me rapporte Mondaz Bonier mère sage. Son nom est Michelle. Le parrain Dominique ?????????? » (Archives départementales de l’Isère, Bilieu, 1618-1677, vue 32/174).
- Qui pourra lire le nom du parrain dans cet acte ?
Ces enfants adultérins ou naturels étaient-ils bien traités ? La petite Françoise Combet est morte accidentellement à 2 ans et demi :
« Françoise Combet fille donnée à jean fils de fut Pierre Combet laboureur de St Sulpice le Vieux hameau d’Hostiaz par Claudine Combet du meme lieu veuve de Joseph Ballet come il en conste par une lettre que m’at écrit monsieur Billion notaire d’Hauteville chatelain des terres de St Sulpice en datte du huit decembre presente année ensuite de sa declaration juridique est née avant hyer et à été baptisée aujour dhui vingt quatre decembre mil sept cent quarante quatre dans l’église de longecombe par moi soussigné qui en suis curé. Le parrein a été Gabriel Combet et la marraine Françoise Combet tous deux du susdit Saint Sulpice le Vieux et illiterés de ce enquis. Démoz curé. » (Archives Départementales de l’Ain, Hostiaz, 1741-1749, vue 25/52).
« Françoise Combet fille illégitime et donnée à Jean Combet laboureur de St Sulpice le Vieux hameau d’Hostiaz par Claudine Combet veuve de fut Joseph Ballet aussi laboureur du susdit St Sulpice le vieux est morte d’hyer accidentellement dans le feu étant agée d’environ deux ans et demi et à été inhumée aujourd’hui quatorze avril mil sept cent quarante sept dans le cimetière de cette paroisse par moi soussigné qui en suis curé en presence de François ballet et de Benoist Combet tous deux du susdit Saint Sulpice le Vieux et illiterés de ce enquis. Démoz curé. » (Archives Départementales de l’Ain, Hostiaz, 1746-1750, vue 8/34).
Mais, à Saint-Didier-au-Mont-d’Or j’ai trouvé l’acte de baptême d’une enfant déclarée par son père qui ignore qui est la mère :
« Ce 26 novembre 1695 j’ai baptisé Claudine Giroud fille naturele de Baltazard Giroud marechal de St Cyre en Mondor lequel ma certifié par billet que ladite fille luy appartient il nay peu scavoir quelle est la mère a este parrain Jacque Guayet et maraine Claudine Massu en presence de Claude Guayet et de Anthoine Guayet. Viemoys prêtre. ». (Archives départementales du Rhône, Saint-Didier-au-Mont-d’Or, 1695, vue 6/7).
Cet homme mérite notre considération pour avoir, à cette époque, eu le courage de reconnaître un enfant illégitime et, à plus forte raison, une fille qui ne pourra jamais l’aider dans son art de maréchal-ferrant. Comment a-t-il reçu cette enfant ? Était-ce un cadeau déposé devant sa porte ? Peut-être connaissait-il la mère et, lié à elle par un fort sentiment, ne voulait-il refuser l’enfant ? Cette petite fille était-elle un enfant adultérin ?
Jamais nous ne répondrons à ces questions mais nous pouvons échafauder des scenarii.