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"Si je meurs, je n’ai fait de mal à personne" Les dernières années du soldat Jules Revon (3e épisode)

2e épisode : En Champagne, les derniers mois (mars-mai 1917)

Le jeudi 1er octobre 2015, par Michel Guironnet

Pour lire les articles précédents

Fin mai 1917 : le soldat Revon, depuis les tranchées de la Main de Massiges, écrit une dernière lettre à sa chère épouse Marie.
Désespéré, il a pris sa décision : "Si je meurs, je n’ai fait de mal à personne ...Si j’ai été poussé à bout à ce point... C’est tous mes camarades qui m’ont fait ce coup là....Et pourtant, nous avons fait notre devoir...il y en a beaucoup qui n’en aurait pas tant fait..."

Grand repos avant l’ultime bataille

A la date du 10 mars 1917, la 74e division d’infanterie est organisée en division à trois régiments et à 9 bataillons. Les 147e et 148e brigades sont supprimées. Le 333e RI cesse d’appartenir à cette division.

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JMO infanterie divisionnaire 74e DI (26 N 403/1)
Le 222e et le 299e régiments ont deux bataillons (Ve et VIe), chacun de ces bataillons divisé en trois compagnies (N° 17 à 22) de quatre sections. Chaque bataillon a en plus une Compagnie de Mitrailleuses, qui prend le numéro du bataillon (5 C.M par exemple), avec quatre sections.
Précisions utiles pour suivre dans les JMO les déplacements de notre Poilu... lorsque l’on a la chance de connaître plus que le numéro du régiment !

La division quitte Verdun.

« Une note N° 1149 du Général Commandant la 74e DI (Lardemelle) en date de ce jour donne les directives dont le Commandant de l’I.D (Infanterie Divisionnaire) devra s’inspirer pendant la période du grand repos :

  • 1° donner aux hommes la détente physique et morale qui leur est nécessaire après les dures épreuves qu’ils ont traversées depuis six mois.
  • 2° reconstituer les effectifs.
  • 3° remettre tout en état au point de vue de l’équipement, de l’armement, des équipages, etc.

Ce travail terminé (et quand les effectifs seront au complet dans chaque corps) il conviendra de remettre les unités en condition, de manière qu’elles soient prêtes à un nouvel effort, si le Haut Commandement croit devoir le leur demander.
Le Colonel Commandant l’I.D donnera des instructions en conséquence aux Corps d’Infanterie »
 [1]

  • 8 au 18 mars : repos dans « la zone de Ligny » avant de partir en Champagne.
  • 12 mars : le 222e part du Camp Augereau (région sud de Verdun) pour aller à Issoncourt.
  • 13 mars : étape d’Issoncourt à Naives devant Bar (le régiment est voisin du 299e).
  • 14 mars : Menaucourt, Langeau, Nantois.
  • Repos jusqu’au 23 mars. La division est rattachée à la IVe Armée.

Le 30 mars : la 74e DI relève la 169e DI dans le secteur de la Main de Massiges

La Main de Massiges

« Le théâtre des opérations en Champagne, de Reims à l’Argonne, est constitué par une vaste plaine crayeuse, sèche, formée d’ondulations qui portent des bois, à forme géométrique, de sapins rabougris. C’est la Champagne pouilleuse.
Dans ces mornes étendues, quelques petits cours d’eau coulent les uns vers le nord-ouest la Vesle, la Suippe, dans laquelle se jettent l’Ain et la Py ; les autres, la Tourbe, la Dormoise, coulant vers l’est, descendent dans la vallée supérieure de l’Aisne que borde le massif boisé de l’Argonne.

A l’ouest de la Suippe, la plaine est dominée par le massif de Nogent l’Abbesse, puis par un chapelet de hauteurs, les monts de Champagne, formant le massif de Moronvilliers.

A l’est de la Suippe, la plaine mamelonnée, insensiblement, s’élève vers une crête nord-sud : la falaise de Champagne, festonnée sur son rebord oriental et qui descend rapidement dans la vallée de l’Aisne.

Les rares villages, aux maisons basses en torchis, couvertes de toits plats en tuiles, se groupent au bord des petites rivières. Pays pauvre avant la guerre, mais que la bataille a rendu, en bien des endroits, stérile ; les travaux d’organisations, les bombardements ont retourné, à la surface du sol, la couche crayeuse…

La Main de Massiges, sorte de promontoire, dont les flancs ouest, escarpés et dentelés, dominent le ruisseau de l’Étang, se dresse à l’horizon du nord ouest au sud-est. Au nord, ce promontoire est commandé par la ferme Chausson et le Mont Têtu ; au sud-est, par la Cote 191 ; au nord-est, par le mamelon isolé de la Justice ou Cote 155.

Ces découpures dessinent, au sud ouest, les trois doigts d’une main, d’où le nom de Main de Massiges que lui donnèrent les marsouins. A l’ouest, les doigts de la Main s’appelaient l’annulaire, le médius et l’index ; au nord du Mont Têtu, c’est la crête boisée de la Chenille au sommet du plateau, une carrière d’ouverture circulaire était le Cratère »
. Les batailles de Champagne, Guides Michelin, 1921
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La Main de Massiges
Extrait de "Croquis de guerre : aquarelles & sépias exécutées sur le front" par François Flameng, illustrateur (édité par l’Illustration)

La relève de la 169e DI par la 74e DI dans le secteur « Main de Massiges-Melzicourt » s’effectue du 31 mars au 3 avril 1917.
« Le secteur de la 74e DI comprend deux sous-secteurs :

  • 1° A l’ouest, le sous-secteur des Coteaux, tenu par les unités de la 74e DI
  • 2° A l’est, le sous-secteur Afrique, tenu par une unité territoriale

Répartition des troupes dans le sous-secteur des Coteaux :

  • 1° En 1re ligne, de l’Est à l’Ouest :
    a/ Le 299e régiment (alternant avec le 222e régiment) occupant les tranchées 1 (bataillons E et D accolés)
    b/ Le groupe de B.C.P occupant la tranchée 2 (bataillons F et G accolés)
    c/ 2 bataillons du 230e régiment occupant la tranchée 3 (bataillons H et I accolés)
  • 2° En soutien, derrière les bataillons de 1re ligne de la tranchée 3 : 1 bataillon du 230e régiment
  • 3° En réserve de D.I : 1 bataillon du 222e régiment
  • 4° En réserve de C.A : 1 bataillon du 222e régiment » [2].

Le JMO du 222e précise : « En réserve du 12e Corps d’Armée, un régiment à 2 bataillons dans la zone Courtemont-Maffrecourt (alternant avec le régiment de la tranchée 1). Emplacement des P.C : 299e ou 222e PC Brouette à Ville sur Tourbe »
Le Ve bataillon du 222e (avec sa Compagnie de Mitrailleuses, la 5e, celle de Jules Revon) cantonne à Maffrecourt, le VIe à Courtemont.

Ainsi, les deux bataillons du 222e alternent en 1re ligne avec ceux du 299e au sous-secteur des Coteaux, vers Ville sur Tourbe. La relève a lieu environ tous les dix jours, le bataillon de 1re ligne passant la fois suivante en soutien.

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Situation des troupes au 30 avril 1917
JMO de la 74e DI (26 N 402/6 page 42)

Fin avril-début mai, cette zone du front de Champagne sera modifiée et la défense organisée en trois "Centre de Résistance".

« Le bataillon reformé est envoyé à la Main de Massiges, secteur pénible, que nos Méridionaux connaissent pour y être passés déjà. Le séjour n’est pas gai, sur les collines blanches et nues de Champagne, cimetières, tombes isolées, anciennes positions écrasées, tunnels et abris éventrés, immenses cratères des mines, tout y rappelle les glorieux mais sanglants assauts de 1915 et 1916 » [3].

"Le 1er avril, le 222e régiment d’infanterie va occuper le secteur de Ville sur Tourbe. A la date du 5 avril, le Ve Bataillon (Cdt Desbroches des Loges) est mis à la disposition de la 24e Division d’infanterie (Général Mordacq) qui occupe le secteur d’Auberive ; le Bataillon relève deux Bataillons de cette division pour permettre à ceux-ci de se préparer à l’attaque du 17 avril.

Pendant son séjour dans ce secteur, le Ve Bataillon organise le terrain d’attaque ; le bombardement presque continu n’est pas sans lui causer des pertes sensibles, mais ces pertes obscures ne ralentissent pas l’ardeur des hommes qui ont fourni en quelques jours un travail considérable.

Après l’attaque, le bataillon tient encore pendant 8 jours les positions nouvellement acquises sous un bombardement très violent et repousse victorieusement une violente contre-attaque accompagnée de falmenwerfers. Il est relevé le 25 et rejoint le régiment à Ville sur Tourbe"  [4]

Les combats d’Auberive

Le nom du village d’Auberive (sans S final) doit évoquer bien des souvenirs chez Jules Revon, lui qui a grandi à Saint Clair du Rhône, à quelques kilomètres d’Auberives, village perché sur les "balmes viennoises" plateaux qui dominent le Rhône.

La 5e Compagnie de Mitrailleuses du 222e régiment d’infanterie dont Jules fait partie comme mitrailleur [5] doit être rattachée à ce Ve Bataillon détaché pendant vingt jours à la 24e DI. Nous pouvons le suivre au fil des jours grâce au Journal de Marche du 222e RI.

Un bataillon d’un des régiments de la 24e division, le 1er bataillon du 4e Régiment de Marche des Tirailleurs Algériens, est commandé par le Colonel Jean Marie Amant Dauzier. Il est tué au matin du 17 avril 1917 d’une balle en plein cœur à la tête de ses troupes.

Né en 1868 en Corrèze, il est inscrit sur le monument aux morts des Roches de Condrieu. Sa belle-famille, les Champinot, y habite depuis 1905. Jules Revon les connait-il ?

La dernière lettre

Jules Revon écrit une lettre d’adieu à son épouse Marie. [6].

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" 27 mai 1917 Ma Bien Cher Marie..."

« 27 mai 1917 Ma bien cher Marie
Aujourdhui, ças ne cerras pas un beaux jours pour moit et nit pour toit. Enfin, ci je mœurs, je n’est fait du mal a personne car ci j’ait etté poussé a ce poingt (si j’ai été poussé à ce point) c’est que pour deux simple courroies et j’en avait une que j’avait trouver, et c’est tous mes camarades qui mon fait ce quout las (ce coup là).
Alors, sant me demander (passage illisible) et pourtant nous avons fais notre devoir de toute manière car il y en a bauquout qui aurrons pas tempt fait (il y en a beaucoup qui n’en aurait pas tant fait).
Ma cher Marie, prents courage et soigne toit bien apres. Je te donne tous ce que j’ait comme argent mais je te recommande de soigner ou de penser a ma Mère tant que tu pourras. Nous avons qu’une mort a faire mais j’ait l’espoir de te retrouver dans le ciel.
Adieu cher Marie, c’est cette maudite guerre qui en est…..ci on ce separre.
Adieux, Adieux….te protege et la Ste Vierge….c’est plutôt involontairement….plus confiance en un camarade qui eus…ce sont tous des laches car je ne me suit jamait…pour faire quelque chose et eux ont trays (ont trahi ?) ».

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Que la Vierge Marie te protège
La Vierge "de Fontan", veille depuis 1901 sur les Lyonnais ; tout près du 48 rue de l’Hôtel de Ville où habite Jules Revon à son arrivée à Lyon
Jules est-il en première ligne ou en appui en seconde ligne lorsqu’il écrit cette lettre ? Est-il au repos à Maffrecourt lorsqu’il prend cette terrible décision ? Il parle de "deux simples courroies" dont une "que j’avais trouvé"... Ces "camarades" de la section de mitrailleuses l’ont-ils accusé de vol ? A t-il été mis aux arrêts ?
A t-il perdu tout espoir suite aux durs combats et à la perte de nombreux amis fauchés par la guerre ?
Questions qui, faute de découvrir de nouveaux éléments, resteront sans réponse.En tous cas, son honneur est atteint !

Enigme autour d’une signature

Jules semble réutiliser le dos non écrit d’une lettre envoyée par son épouse Marie. En effet, les deux écritures (et l’encre utilisée) sont très différentes.

Une partie de cette lettre a été masquée par des bords de feuilles de timbres collés sur le texte [7] Qui a « censuré » ce courrier : Jules, avant de l’envoyer ou Marie, après l’avoir reçu ?

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Qui a "censuré" ce passage ?

En tous cas, il y avait probablement une bonne raison de ne pas laisser apparent cette lettre. Seul un passage n’a pas été (volontairement ?) masqué en bas :
« …doit attendre avec impatience. Antoinette et Clément t’envoient bien le bonjour, et moi aussi en t’embrassant bien fort ; mon petit comme je t’aime.
Ta petite fem(me)…[le bord est déchiré] Ma(rie) (Dis moi si tu) as besoin de quelque chose »
.

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"...mon petit comme je t’aime. Ta petite femme Marie"

C’est, sans doute possible, la signature de Marie Favrot !

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Juin 1913
Marie Favrot et Jules Revon signent au bas de leur acte de mariage

Une énigme de plus : qui sont Antoinette et Clément ?
Aucun enfant dans la famille de Marie et de Jules ne portent ces prénoms. Antoinette et Clément sont peut être un couple d’amis ; des voisins de la rue de l’Arbre Sec, à Lyon, ou du Grand Bazar ?

Du poste de secours à l’ambulance 1/44

Blessé, Jules doit être évacué vers l’un des Postes de Secours installés près des lignes. Les brancardiers n’ont pas une tâche facile, les obstacles sont nombreux sur leur parcours.

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Postes de secours (P.S) dans le secteur de la Main de Massiges défendu, en alternance, en avril-mai 1917 par les 222e et 299e régiments d’infanterie.
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Ces deux schémas tirés du JMO du Service de Santé du 299e RI (26 N 744/7 pages 5 et 8)
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Schéma des évacuations
JMO G.B.D 74
(Groupe de Brancardiers Divisionnaires 74e DI)
26 N 403/19

Agonisant, Jules doit être transféré dans la nuit du 28 au 29 mai ; ou au matin du 29 mai ; sur l’Ambulance 1/44 basée au château de Braux Sainte Cohière, à une quinzaine de kilomètres en arrière des premières lignes du front.

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Le château de Braux Sainte Cohière où est installée l’Ambulance 1/44

Le Caporal Joseph Repellin et le soldat Donatien Carcenac, cités dans l’acte de décès de Jules Revon, font partie de la 14e Section d’Infirmiers Militaires (S.I.M), formation sanitaire du XIVe Corps d’Armée, région militaire de Lyon. Elle est basée depuis la fin du XIXe siècle au Fort de la Duchère, sur le plateau de Balmont, dans le quartier de Vaise à Lyon.
Ce sont eux qui assistent Jules dans ses derniers instants.Beaucoup de brancardiers et d’infirmiers sont des prêtres mobilisés ou volontaires. A t-il demandé "les secours de la religion" ? Nous ne le saurons jamais. Jules meurt le mardi 29 mai 1917 "à sept heures du matin"

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archives du Service des Archives Médicales Hospitalières de l’Armée
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Caporal Joseph Repellin et Donatien Carcenac

Joseph Repellin
« Bulletin officiel de la guerre » N° 53 de 1903 : « Repellin (Joseph-Jean-Moïse), Bochaton (Emile), infirmiers à la 14e section. Hopital militaire de Chambery- Attachés au service des typhoïdiques, ont contracté une fièvre typhoïde grave en donnant avec le plus grand dévouement des soins (aux malades) ».
Est-ce le même Joseph qu’en 1917 ? Il serait alors né vers 1880 et l’épisode se serait passé pendant son service militaire ?
Joseph est déjà caporal à la 14° section d’infirmiers militaires en septembre 1914 à l’ambulance N°1 de Raon l’Etape. En septembre et octobre 1916, il est à Dugny (Meuse) avec l’ambulance 1/44.
Dans « Médaille militaire » un livre de 1932 publié par le Ministère de la Guerre, il est noté « Repellin (Joseph) Caporal à la 14e section d’infirmiers militaires, 15 ans de services, 4 campagnes, a été blessé et cité ».

Ce nom de famille est très présent en Isère, à Méaudre et Villars de Lans.
Une fiche matricule au nom de Repellin Joseph Jean Moïse pourrait correspondre à « notre » Caporal : N° 1120 de la classe 1901 au recrutement de Grenoble [8]. Né le 27 septembre 1881 à Villars de Lans [9], il est incorporé du 15 novembre 1902 au 22 octobre 1905 à la 14e Section d’Infirmiers. Il habite à Chambéry en 1908 et s’y marie en 1909.
Joseph Repellin, « rappellé à l’activité » le 3 août 1914 à la déclaration de guerre, est « à l’intérieur jusqu’au 7 septembre 1914 » [10] puis « Aux Armées du 8 septembre 1914 au 17 février 1919 » date à laquelle il est démobilisé. Il fait toute sa « Campagne contre l’Allemagne » à la 14e Section d’Infirmiers Militaires, avec un passage en octobre 1916 à la 22e Section.
Joseph Repellin habite 42 rue Très Cloitres à Grenoble en 1919 puis Jarrie et Sassenage. Il décède à La Mure le 20 février 1956.

Donatien Carcenac
Dans le Journal Officiel du 14 octobre 1918, il est noté que, par décision ministérielle du 2 octobre 1918, la « Médaille d’Honneur des épidémies » (argent) est décernée au « Soldat Carcenac (Donatien-Gabriel), infirmier, 22e section d’infirmiers militaires, ambulance 1/44 » .
Dans le Journal Officiel du 11 janvier 1933, cet avis : « Carcenac (Donatien-Gabriel-Adrien), instituteur. Services militaires, 5 ans 4 mois 17 jours ; services civils, 22 ans 10 mois ; campagnes, 9 ans 2 mois. Pension avec jouissance du 1er octobre 1932 : 13.937 fr. ».
Enfin, dans le « Bulletin municipal officiel de la Ville de Paris » du 1er mars 1933 : « M. Carcenac (Donatien-Gabriel-Adrien), ex-instituteur, 20, rue de Conflans, à Herblay (Seine-et-Oise), 2.250 francs. — 562 fr. 50 ».

Retour au Pays

« Décédé à l’Ambulance 1/44 le 29 mai 1917 (Avis Bourgoin 20.6.17) » Cette indication est précieuse : elle donne la date de « l’annonce officielle » de la mort de Jules Revon. Bourgoin est le dépôt du régiment.
La personne avisée est « Mme Revon 38 rue de l’Arbre Sec » le 25 juin 1917 par « convocation ? » Est-ce à dire qu’elle était absente ce jour là ?

Mais souvent la nouvelle du décès est connue très tôt par les familles.
La nièce de Marie Revon, Claudine-Marie [11] a raconté qu’en apprenant la nouvelle du décès, Marie ; qui était à Miribel chez sa sœur ; avait poussé un tel cri que, elle qui avait 8 ans, était partie se cacher au jardin !

Jules est inhumé sur place dans « le cimetière militaire N°4… de Braux – Marne à gauche du N° 124 » Le fait est « Notifié » le 7 août 1917. Un « 3e avis » du 8 septembre 1917 « dit la même chose plus donne le N° de la tombe N° 881 » [12]

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La tombe de Jules Revon au cimetière de Braux Sainte Cohière (document privé)

A une date indéterminée, entre 1920 et 1930, le corps de Jules Revon est inhumé au cimetière communal Saint-Martin de Miribel dans l’Ain, village d’où son épouse est originaire.Il y a une tradition orale dans la famille Favrot disant que Marie aurait reconnu son mari à sa moustache et son alliance.
Il est probable que c’est au moment du "relevage du corps" lors de ce transfert. Mais où et quand ? Aurait-elle fait le voyage jusqu’à Braux Sainte Cohière ?

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Cimetière militaire de Braux Sainte Cohière

La nécropole nationale de Sainte-Menehould est crée au début de la guerre en 1914. Les militaires décédés dans les hôpitaux et les ambulances de Sainte-Menehould y sont inhumés. Elle est agrandie à deux reprises pour recueillir les corps des soldats des cimetières supprimés.

Dans les journaux, à l’époque, sont annoncés ces transferts de sépultures. Par exemple dans l’« Express du Midi » du 3 octobre 1923 : "Secteur de Sainte-Menehould - translation dans le cimetière national de Sainte-Menehould du cimetière militaire de Braux Sainte Cohière".

Peut être qu’à l’occasion de cet agrandissement, la famille a demandé le "retour au pays" de sa dépouille. N’étant pas "Mort pour la France", il est d’ailleurs peu probable qu’il ait pu être enterré dans cette Nécropole nationale [13].

Des recherches faites dans les mairies de Miribel et de Braux Sainte Cohière, à la Direction des Nécropoles pour retrouver des traces de ce transfert sont restées vaines. [14]
Pourtant à l’époque, et jusque dans les petits villages, ces « retours au Pays » sont l’occasion de cérémonies civiles et religieuses imposantes en l’honneur de ces Poilus « revenus près des leurs » La presse locale en conserve le souvenir.

La famille du soldat Revon, gênée par la cause du décès, a t-elle préféré rester discrète ? Ce doit être dans ces années aussi qu’est déposée la plaque en hommage à Jules sur la tombe familiale des Revon au cimetière de Saint Clair du Rhône. En tous cas c’est avant le décès, à 82 ans en août 1932, aux Roches de Marie Roux, la mère de Jules. [15]

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La tombe de Jules Revon à Miribel
Remariée en 1932, Marie Favrot repose aux côtés de son deuxième époux, Louis Etienne Lambert, à Talencieux en Ardèche.

[1Extrait du JMO de l’infanterie divisionnaire de la 74e division à la date du 11 mars 1917 : 26 N 403/1

[2JMO infanterie divisionnaire de la 74e DI

[3Historique du 71e bataillon de chasseurs à pied : campagne 1914-1918

[4Historique du 222e Régiment d’Infanterie disponible sur http://chtimiste.com/batailles1418/divers/historique222.htm

[5information donnée par son acte de décès

[6Merci beaucoup à Mme Marie-Bernadette Sonthonnax, petite-nièce par alliance de Marie Favrot, pour m’avoir communiqué cette lettre. L’orthographe et le style ont été scrupuleusement respectés

[7Antoine Lucien Monot, le beau-frère de Jules Revon mort d’épuisement au retour du front le 28 juillet 1916, était buraliste à Saint Clair et sa veuve tient, après la Grande Guerre, le petit bureau de poste du village…Est-ce une piste ?

[8vue N°32 sur le site des archives de l’Isère

[9fils de Lucien Repellin et Adèle Gerin

[10probablement en instruction à la 14e Section d’Infirmiers Militaires, au Fort de la Duchère à Lyon

[11née à Miribel le 21 octobre 1909 du mariage de Françoise Favrot, la soeur de Marie, avec François Javellot

[12Merci à Yannick Voyeaud pour les photos de la fiche de Jules Revon prises lors de son dépouillement des fiches des « Morts de Lyon ».

[13Catherine Schwarz de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, Pôle des sépultures de guerre et des hauts lieux de la mémoire nationale, me l’écrit également.

[14La solution se trouve peut être dans la série R des archives du Rhône ou de l’Ain, dans les dossiers du "Service de la restitution des corps des militaires et marins Morts pour la France" Mais Jules, "non mort pour la France" a t-il eu droit à un "dernier voyage gratuit" ?

[15Le 21 août 1932, à 14 heures 30 mn.est décédée en son domicile, rue nationale, Marie Roux, ménagère, née aux Roches le 11 mars 1850, fille de Jean Roux et de Catherine Montez, son épouse, décédés, veuve de Antoine Revon.Dressé le 22 aout 1932 à 10 heures, sur la déclaration de Joseph Revon, 39 ans, chauffeur d’auto, domicilié en cette commune, fils de la défunte qui, lecture faite, a signé avec nous, Pierre Marchand, maire des Roches de Condrieu. (merci à Elisabeth pour les photos de cet acte).

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