Les raisons
Un journal pour communiquer et transmettre une histoire de famille
Nous voulions, ma femme et moi, informer la famille et les proches, de plus en plus dispersés sur le territoire national, de l’avancée de nos recherches généalogiques et historiques. Nous souhaitions également relater certains évènements familiaux actuels, importants tels que naissances, baptêmes, mariages, résultats d’examen... Car écrire une histoire de famille, ce n’est pas uniquement s’intéresser au passé : tous les ans ont lieu des évènements familiaux qui méritent d’être notés avant qu’ils ne soient oubliés. Qui n’a pas regretté la disparition d’un proche : « j’aurais dû lui demander ce qu’il sait sur untel. »
La réalisation
Avec un ordinateur et une petite équipe rédactionnelle, vous pouvez devenir le rédacteur en chef du journal de votre famille.
Le choix d’un logiciel
Pour réaliser un journal de famille en trois ou quatre pages recto-verso, vous pouvez utiliser soit un logiciel de création de publications de type « Publisher » ou un traitement de texte de type « Word. »
Au départ Publisher vous simplifie la vie car des modèles de mise en page existent. A partir de cette base, il est facile d’insérer des dessins, photographies. L’inconvénient majeur, c’est que ce logiciel crée des fichiers volumineux. Vous êtes obligés de compresser le dossier si vous voulez le transférer par messagerie ou l’exporter sur un site internet.
Word demande un minimum de connaissances dans la mise en page, en particulier : sauts (continus, de colonne, ...), insertion de colonnes, insertion de zone texte, insertion de dessin, d’image, de photos.
Il vous permettra d’atteindre le même degré de qualité qu’avec un logiciel de création de publications mais en utilisant peu d’octets. Vous pourrez donc transférer votre journal sans difficultés.
Conseil : Si vous ne possédez-pas la licence Word, sachez que vous pouvez télécharger gratuitement le traitement de texte OpenOffice à l’adresse suivante :
http://fr.openoffice.org/about-downloads.html
L’équipe rédactionnelle
Ma femme et moi avons décidé de la création de la publication. Solène, notre fille, a baptisé le journal "Le P’tit Laboureur" pour rappeler que les métiers pratiqués par nos ancêtres étaient essentiellement agricoles. Et ce titre illustre bien l’esprit du journal : cultiver la mémoire et transmettre une histoire de famille. Autrement dit, mélanger le passé et l’actualité, et, garder une trace (" un sillon ") pour le futur.
On le voit, le choix du titre est important et doit être évocateur d’un élément lié à la famille : ce peut être un nom de lieu, une expression courante, le nom ou surnom d’un ancêtre, le nom village...
Un enfant peut proposer un dessin, des membres de la famille des photos de vacances, un passionné d’informatique une aide à la conception, un passionné d’histoire, des documents, des sources. Mais parfois le rédacteur doit réaliser le journal seul. Il ne faut surtout pas se décourager lorsque les collaborateurs font défaut. Si vous êtes généalogiste et de surcroît passionné d’histoire, vous ne serez pas à court de sujets à traiter.
La méthode
Réalisé dans un format A4, le journal de famille présente sur ces pages des informations le plus souvent illustrées de photos. Il est publié trois ou quatre fois par an, ce qui est raisonnable. En effet, quand on finalise un numéro, il faut déjà penser au contenu du prochain journal.
Suivre un fil conducteur
Je vais vous proposer une démarche possible de création d’un numéro : Pour commencer, je décide d’un point de référence qui me sert de base de départ pour la trame : par exemple, un métier ancien ou une commune, ou bien un personnage qui a marqué l’histoire de la famille. Puis, je choisis un fil conducteur. Par exemple, dans un ancien numéro du « P’tit Laboureur », j’ai pris comme point de référence un personnage qui a alimenté la légende dans ma famille : Alexandre COPLO dont les ancêtres sont originaires du Cambrésis. Le fil conducteur sera donc :
- Le portrait d’Alexandre Coplo.
- Une région : le Cambrésis.
- Sa ville natale : Amfreville la Campagne (généralités historiques, architecture, musée, sites...).
- Un métier pratiqué : cordier.
- Un évènement historique : la guerre de 14-18, sa désertion et une explication sur son registre matricule.
- Un patronyme COPLO : nom rare et peu porté en France.
- Des évènements familiaux : le mariage récent d’un cousin descendant de cette branche COPLO.
Bien sûr, il s’agit là de ma façon de procéder. Vous pouvez aussi compléter votre numéro par des statistiques, un sujet concernant la vie quotidienne, les coutumes, les croyances de nos ancêtres, une anecdote concernant un aïeul... On peut également ajouter un peu de terroir (recettes de cuisines régionales par exemples) mais aussi des devinettes, de l’humour, des légendes régionales...
Une forme journaliste à respecter
Le journal, qui doit comporter 6 à 10 pages de rédaction, répond à des règles très précises qui sont celles de l’écriture journalistique.
Le journal est composé d’un sommaire, d’un édito et d’articles variés qui mélangent le passé et le présent.
- Un des éditos
Les articles rédigés peuvent être des brèves, des reportages, des interviews, des portraits, sans oublier des jeux. La mise en page est similaire à celle des magazines grands publics.
Les textes sont présentés en colonne. Il est préférable de varier le nombre de colonnes par article (ex. : un premier article présenté en deux colonnes puis un suivant présenté en trois colonnes). Les titres et sous-titres sont écrits en gros caractères. Insérer des illustrations et parfois des encadrés peuvent mettre en valeur une partie du texte.
Respecter une certaine déontologie
Le rédacteur d’un journal de famille doit bannir les sujets qui fâchent et préférer les bonnes nouvelles aux mauvaises, les succès aux échecs. Il n’est pas d’usage de prendre position quant à la vie d’un ancêtre, il est préférable de rapporter des faits et uniquement des faits.
Avant la publication, il est souhaitable également de vérifier toutes ses informations par des tiers.
Derniers points importants avant l’impression : il faut respecter les règles du copyright et aussi l’obligation de citer les sources utilisées.
Quelques petites règles de rédaction :
- Faites des phrases courtes : pas plus de quarante mots, si possible.
- Veillez à la syntaxe : la structure habituelle de la phrase (sujet - verbe- complément) est celle qui est la mieux comprise et la plus « assimilable. »
- Employez un vocabulaire accessible : ne jamais employer un mot que l’on ne comprend pas parfaitement soi-même.
La finalité du projet
Un journal pour qui ?
Un journal de famille a un tirage limité de vingt à cinquante personnes.
Au delà, le journal devient difficile à gérer, tant sur le plan rédactionnel que sur le plan logistique.
En effet, si le tirage est trop important, il est difficile de trouver des sujets qui intéressent tout le monde et le budget nécessaire est trop important.
En partant de mes enfants, nous remontons jusqu’à la quatrième génération soit les arrières-grands parents. Quatre générations, se composant de trois ou quatre frères et sœurs pour la première génération, puis ensuite deux à trois enfants pour chacun, les conjoints et les enfants, voire petits-enfants de ces derniers, peuvent permettre d’atteindre souvent un chiffre proche de cinquante. Nous le communiquons également aux cousins généalogiques.
Un journal pour quoi faire ?
Le généalogiste est avant tout un chercheur. Le journal donne l’opportunité de raconter et de partager ses découvertes. Et simultanément, il peut consentir d’interroger la famille quand les informations ou les documents lui manquent.
Certes, les plus anciens n’acceptent pas de prendre la plume mais, dans ce cas, les rédacteurs choississent souvent le biais de l’interview qu’ils retranscrivent et publient ensuite.
Le journal de famille permet de remonter le temps en abordant des sujets très divers, sans chronologie aucune. Chaque article est une pièce d’un puzzle qui recomposé permettra de retracer son histoire familiale.
En somme, créer un journal est une belle aventure familiale qui permet de renouer avec certain membre et de resserrer les liens avec d’autres. La distribution du journal peut précéder ou suivre une réunion de famille et croyez-moi, les membres attendent avec impatience chaque édition.
Le coût financier
Si l’on considère que vous possédez déjà un logiciel de traitement de texte et un logiciel de traitement de la photographie, voici une estimation du côut unitaire d’un exemplaire (pour un tirage de 50 exemplaires) :
- Coût du tirage : (coût brut en prenant en compte tous les éléments)
papier : 1,20 Euros au total
reliure simple avec agraphes : 0,30 Euros au total
impression : 30,00 Euros au total
soit un coût unitaire du tirage = 0,63 Euros - Coût de la distribution :
enveloppes : 5 Euros au total
timbres : 26,50 Euros
soit un coût unitaire de la distribution = 0,63 Euros
Ce qui nous donne un coût unitaire brut total d’un numéro à 1,26 Euros.
Afin de réduire ce coût, plusieurs solutions s’offrent à vous :
- Une participation financière des lecteurs (sous forme d’un abonnement, par ex.) : je le déconseille car les lecteurs ne sont pas prêt pour payer ;
- Par contre, une participation en nature est très bien acceptée (en timbres particulièrement, car par ce biais, c’est une manière d’aider à la recherche généalogique, en général) ou bien une aide matérielle (quelqu’un se propose d’effectuer des photocopies pour un tirage en noir et blanc). L’option du tirage en noir et blanc et photocopie permet de réduire considérablement, voir éliminer l’un des principaux poste de dépense.
- Un lecteur peut se proposer comme distributeur et donner des exemplaires de la main à la main à d’autres lecteurs ; ce moyen permet d’éliminer le problème des coùts de distribution.
Si l’on considère les dernières options énoncées, le coût net unitaire sera faible.
N.B : Sachez tout de même que des prix compétitifs existent en commandant directement vos fournitures sur Internet (en particulier pour les cartouches d’encre).
Mes satisfactions
Les lecteurs me disent que les articles diversifiés permettent de mieux connaître les origines de la famille et la vie quotidienne de nos ancêtres et contemporains, et d’en faire profiter tout le monde.
Confusius récitait : " Un être qui meure c’est une bibliothèque qui brûle". N’attendez-pas que vos ancêtres disparaissent. Leurs souvenirs sont la base qui forgeront plus tard la mémoire familiale.
La demande est forte, chaque nouveau numéro est très attendu et lu, aussitôt transmis. Toutes les éditions sont conservées précieusement par les lecteurs.
Un conservatoire pour les journaux de famille
Conscients de l’émergence de ce nouveau genre d’écriture familiale, les responsables de la Bibiothèque généalogique de France, centre de recherches généalogiques pour toute la France, ont mis en place un Conservatoire des journaux de famille.
Pour cela, il suffit de leur déposer 3 exemplaires de chaque numéro, qui seront consultables par tous.
Vous pouvez également communiquer votre exemplaires dans chaque cercle ou association généalogique des régions d’origine de vos ancêtres où il sera très apprécié par d’autres généalogistes qui y trouveront peut-être leur bonheur.
Du journal de famille à Internet
Bien sûr, il faut profiter des nouveaux moyens modernes de communication comme les blogs ou les sites internet thématiques.
Le P’tit Laboureur, le journal de famille, est relayé par un blog, outil de communication complémentaire, qui permet une diffusion plus large d’articles divers au fil de l’eau.
Le blog de la famille Goupil "geneahist-goupil - http://geneahist-goupil.over-blog.com" , présente sous une forme dynamique la généalogie de la famille, les portraits d’ancêtres et de nombreux documents iconographiques commentés.
A la fois guide de généalogie, blog d’actualité et site familial, le site de la famille Goupil a pour objectif de partager l’information et rassembler les vivants.
En conclusion
Savoir que nous ne sommes pas isolés. Sentir que l’on fait parti d’un petit monde où nul n’est anonyme, ni étranger envers l’autre. La généalogie doit sans nul doute à tout cela une explication possible à son succès. Le "Journal de famille" doit, dans son sillage, devenir un moyen de communication familial à développer. Il doit permettre de resserrer encore plus les liens familiaux, améliorer la relation entre les générations et donner des nouvelles à ceux qui sont loin.
Le concept doit être souple et léger. Il ne s’agit pas de concevoir un Paris-Match et si votre journal a le look de la "feuille de chou" paroissiale, ce n’est pas pour cela qu’il ne sera pas apprécié. Le contenant, vous l’avez compris, compte infiniment moins que le contenu. C’est donc ce dernier qu’il sera important de travailler, ainsi que le public.