Lors des premières recherches sur mon arrière-grand-mère Stéphanie Gottofrey, j’avais demandé à la mairie de Trévoux dans l’Ain son acte de mariage avec Louis Vessot. Un document d’état civil tout à fait classique. Pourtant un détail avait suscité ma curiosité, à savoir deux signatures en marge de l’acte. Qui étaient donc Aline et Catherine Gottofrey ?
Je ne m’imaginais pas que la famille de Stéphanie soit venue spécialement de Suisse à l’occasion de son mariage. M’étant aussi adressé au centre paroissial de Trévoux, j’avais pu obtenir l’acte de baptême de mon grand-père Nicolas Vessot. Là encore nouvelle interrogation quant au parrain Nicolas Gottofrey, mentionné comme oncle de l’enfant.
Une découverte fortuite
Il ne me faisait plus de doutes qu’un certain Nicolas Gottofrey résidait dans une commune proche de Trévoux, mais j’ai eu beau chercher je ne l’ai pas trouvé. C’est de façon tout à fait fortuite que j’ai retrouvé sa trace. De temps à autre, je vais consulter la base Geneabank qui rassemble les données de nombreuses associations généalogiques et il y a quelques mois je suis tombé sur le mariage de Nicolas Gottofrey ce qui m’a permis de répondre à mes interrogations. Il se marie le 28 mai 1846 à Cailloux-sur-Fontaines. Nicolas Auguste est né à Givisiez, dans le canton de Fribourg ; c’est le plus jeune des oncles de mon arrière-grand-mère. Sa future épouse, Catherine Ferréol, native de Cailloux-sur-Fontaines, réside à Lyon où elle est domestique chez Monsieur Lacombe au 7 de la rue Saint Dominique (actuelle rue Emile Zola qui va de la place Bellecour à la place des Jacobins).
- Chromo du 8 rue Saint-Dominique (collection personnelle)
Le couple a 3 enfants :
- Catherine née le jour de Noël 1848, un beau cadeau pour les heureux parents
- Une autre Catherine née le 31 mai 1850 qui décède à l’âge de 5 ans
- un garçon, Claude, né le 1er janvier 1856, qui ne survit que 14 jours
Après un court passage à Létra où Nicolas est domestique de Monsieur Lacombe, il se fixe à Lyon avec sa femme et sa fille, d’abord au 18 de la rue Dubois. Il est mentionné tour à tour comme garçon de recette (naissance de Claude en janvier 1856), homme de peine (recensement de 1856), gérant de magasin (recensement de 1861). Le 19 février 1873, Nicolas Gottofrey et sa femme achètent à Cailloux-sur-Fontaines (hameau de Noailleux) une petite propriété de 800 m2 avec maison et jardin [1].
Leur fille Catherine, la seule survivante, se marie le 13 septembre 1873 à Lyon 1er avec Jean Antoine Butaux, limonadier à Sathonay-Camp. Leur acte de mariage ainsi que le contrat de mariage passé devant maître Coste [2], notaire à Lyon, le 30 août précédent, nous en apprennent un peu plus. Elle habite chez ses parents au 23 de la rue d’Algérie. Son père est gérant du cercle du commerce. Quant à sa mère, Catherine Ferréol, elle est prénommée Catherine Aline sur le contrat de mariage et signe Aline Gottofrey. J’ai trouvé là l’explication de mon interrogation initiale concernant les signatures sur l’acte de mariage de mes arrière-grands-parents. Aline Gottofrey était la tante par alliance de Stéphanie et Catherine sa cousine germaine. Quant au parrain de mon grand-père, c’était son grand-oncle et non son oncle ; il a d’ailleurs aussi apposé sa signature au bas de l’acte de mariage de sa nièce.
Dans ce même contrat de mariage Madame Guelle mère de Jean Antoine Butaux, fait donation à son fils de la maison servant de café à Sathonay.
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Nous savons peu de choses de la vie de Catherine Gottofrey, installée maintenant Boulevard Castellane à Sathonay-Camp avec Jean-Antoine Butaux, sinon qu’elle accouche le 1er juillet 1874 d’un fils, Simon Paul Félix. Après 21 ans de vie commune son mari décède le 23 décembre 1894. Entre temps elle va perdre son père décédé le 28 février 1887 à Cailloux-sur-Fontaines et sa cousine germaine Stéphanie Gottofrey, mon arrière-grand-mère, le 28 août 1891 à Lyon 2e.
Le registre matricule de Simon Paul Félix Butaux va nous en apprendre un peu plus. La vie de ce fils unique de Catherine va s’avérer assez chaotique. Engagé dans l’armée en 1892, il est déserteur l’année suivante, ce qui lui vaut de passer devant le conseil de guerre et d’écoper d’une peine d’emprisonnement. L’expérience ne semble pas lui suffire puisqu’il s’engage de nouveau en 1896 et participe à diverses campagnes en Algérie, au Tonkin, à Madagascar. En 1911 il est reclassé dans la police municipale comme inspecteur [4] et le 18 février de la même année il se marie à Paris 5e. Il aura lui-même un fils, Jean-Jacques, né à Paris le 23 août 1912.
Catherine décède le 17 août 1917 à Sathonay-Camp, après avoir perdu son fils unique le 6 août 1915. La déclaration de succession faite le 3 décembre 1919 par sa belle-fille Marie Léontine Durand nous en apprend un peu plus. L’actif de succession permet de couvrir un passif assez important de dettes contractées par les époux Butaux-Gottofrey et s’élevant à 18288, 75 francs.
La mémoire familiale a seulement gardé le souvenir de mon arrière-grand-mère et des ancêtres de Gruyère, laissant dans l’ombre celui de cette cousine qui résidait pourtant à côté de Lyon. Cet article aura permis de lever un coin du voile.