Saint Michel-Loubéjou est une petite commune du Lot, pas loin du confluent de la Cère avec la Dordogne, entre les causses du Quercy et le Ségala quercynois, en moyenne à 280 m d’altitude.
Loubéjou vient de l’occitan lo veson et du verbe véser issu du latin videre qui pourrait se traduire par point de vue. En 1921 la population de Saint Michel était de 356 habitants et 407 en 2020.
Partant de l’église, et en allant vers le village [1] de Durand, un peu plus loin, sur la droite se trouve un tombeau en plein champ de noyers au bord de la route ! Un panneau nous donne l’explication.
- Au bord d’un chemin...
Pierre LANDÈS est né à Teyssieu au village de Cazals le 1er octobre 1846, il est le fils naturel d’Elisabeth LANDÈS. La naissance a été déclarée par son grand père Jean Pierre LANDÈS .
Angélique POUJADE, née le 8 mars 1842 à Saint Michel Loubéjou, s’est mariée le 23 septembre 1885 à Saint Michel Loubéjou avec Pierre LANDÈS [2]. Angélique est la fille de Etienne POUJADE (1811 - 1871) et de Jeanne LABORIE (1810 - 1865).
Pierre et Angélique habitent au village de Durand à Saint Michel. Pierre est un excellent maçon et tailleur de pierres, aussi il a construit des maisons à Saint Michel.
Le couple n’ayant pas d’enfants et Rachel (dite Marpha) l’épouse de Monsieur FOUILHAUX étant apparentée avec Angélique, il décide de vendre ses biens en viager à Monsieur Jean Baptiste FOUILHAUX. Ce qui est fait en 1919 avec une réserve de 16 m2 à perpétuité pour construire un caveau pour sa femme.
- Le tombeau de Pierre Landès
De nos jours , une telle autorisation est compliquée à obtenir. La tombe du défunt doit être située à plus de 35 mètres de toute habitation, la propriété privée sur laquelle le défunt est inhumé doit être placée à une certaine distance bien définie des villes et villages voisins. Il est obligatoire de faire appel à un expert de l’eau souterraine (hydrogéologue) afin que celui-ci détermine s’il y a un risque de contamination de l’eau. Par la suite, le préfet du département délivre une autorisation préfectorale s’il considère que toutes les conditions sont réunies. |
Mais en 1919, ces contraintes n’existaient pas.
Ayant eu des déboires financiers avec un prêtre, Pierre LANDÈS détestait le clergé [3], mais il croyait en Dieu : "Je rendrai mes comptes à l ’Etre Suprême"
Dans le recensement de 1921, Pierre et Angélique sont enregistrés sous les prénoms usuels de Baptiste et Angèle ! Ils habitent au village de Durand, maison 8, ménage n° 8. Ils ont 75 et 79 ans, Baptiste est maçon. [4].
Très vite, hélas, Angélique meurt en 1921 et est ensevelie dans ce tombeau après des obsèques religieuses. Le tombeau a-t-il été béni comme elle le souhaitait ? On ne sait pas.
Jeanne née en 1921 accompagnait son père, Jean Baptiste FOUILHAUX, qui devait, selon les accords du viager, lui rendre visite pour apporter des provisions. Elle prenait le long du bois le chemin qui conduit tout droit au hameau de Durand. Pierre n’était pas un méchant loup ; simplement maladroit avec les enfants qu’il connaissait bien peu.
Il connaissait bien Jeanne, mais faisait des réflexions étranges pour un enfant. Jeanne tremblait à chaque fois à l’idée de devoir peut être aller chercher quelque chose à la cave. Et pour cause !
Dans la cave, il y avait au fonds, dans le noir, une cave à vins située entre deux énormes pierres taillées (par lui sans doute) et au dessus trônait son immense cercueil qu’il avait fait confectionné par le cousin de ma grand mère Léopold JAUBERT charpentier au Pech de Bazou...Il l’avait essayé pour être certain "d’être à l’aise ... "
Ce cercueil, Pierre LANDÈS en aura besoin le 16 août 1931 et sera enterré civilement [5]
Jean Marie, le mari de Jeanne, entretiendra toujours le tombeau.
Au dessus de l’épitaphe : " Passant regarde , qui que tu sois , tu viendras aussi ..."
- Inscription de la stèle
- Site de la mairie de St Michel-Loubéjou.
Pierre LANDÈS ne savait probablement pas que Jean Baptiste FOUILHAUX était le fils d’une cousine germaine de son épouse Angélique POUJADE ! Jean Marie est décédé le 13 juillet 2018 et Jeanne le 15 novembre 2020.
Sources : témoignage de Jeanne FOUILHAUX, panneau près du tombeau, archives du lot : Teyssieu et Saint Michel-Loubéjou. Toutes les photos couleurs sont prises par Didier Hauchard.