Dans plusieurs dictionnaires étymologiques la traduction de CHEVASSU, -US, -UT, est " l’homme à la grosse tête " ce qui est peu flatteur ; or si l’on fait un parallèle avec le languedocien " CAPASSU,-US,-UT " on retrouve les mêmes variantes orthographiques et la traduction en est " l’homme qui a une tête au-dessus ", formule un peu plus explicite mais pas entièrement convaincante ; c’est seulement lorsque l’on recherche la signification du mot " CAPARUT " que l’explication se fait. En effet cet adjectif se traduit souvent par " qui a la tête dure ", non pas que la personne soit capable de supporter un coup de marteau sur son chef sans sourciller, mais qu’il est difficile de faire entrer mentalement quelque chose dans ce crâne, et ce qualificatif est souvent utilisé pour quelqu’un de têtu. On reprend alors nos explications de " CAPASSU " et la personne qui a la tête au-dessus devient celle qui dépasse les autres par son savoir, d’où " l’homme qui a la grosse tête " devient celui qui est la tête pensante de la communauté, celui dont la tête est bien pleine.
Cette explication se vérifie un peu lorsque dans les archives de Montépile, hameau de Septmoncel, on retrouve les représentants de la communauté en 1445, faisant aveu à leur Seigneur et parmi ceux-ci " Romain CHEVASSU ".
Vivants en cercle fermé dans ce village, il arriva qu’à la fin du XVIe siècle la population comptait de nombreux CHEVASSU éparpillés dans les divers hameaux ; pour les distinguer il fallu donc avoir recours à des surnoms qui permettraient de célébrer des mariages et surtout de procéder aux vérifications de consanguinité sans se tromper.
Il y eut donc les familles : CHEVASSU, CHEVASSU-CLEMENT, CHEVASSU-BOSSET ou BOUSSET, CHEVASSU-ROSSET, CHEVASSU-MAURE, CHEVASSU-MONNIER, CHEVASSU-ROUGE.
Non content de cela, le groupe familial des CHEVASSU-CLEMENT qui se situait à Montépile, hameau dont nous avons parlé plus haut, eut beaucoup de descendants mâles, et il fallu donc recourir à un surnom en plus de celui qui existait déjà, ainsi : CHEVASSU-CLEMENT à l’Antoine, CHEVASSU-CLEMENT dit VERSOIX, CHEVASSU-CLEMENT à la BARBE, CHEVASSU-CLEMENT dit MARCHE, et il arrive de trouver dans les registres paroissiaux de ce village CHEVASSU-CLEMENT à la BARBE dit VERSOIX.
Lorsque les familles éclatèrent au fil des guerres et des famines, les surnoms ne furent pas reconduits dans les communautés d’adoption car devenus inutiles. C’est la raison pour laquelle aujourd’hui il ne reste que très peu de porteurs de ces patronymes à rallonges, attrapant des orthographes variables selon les pays d’accueil ; ainsi le pays de Gex vit arriver des CHEVASSUT, les Rousses des CHEVASSUS, et les autres des CHEVASSU.
Enfin l’origine de ce nom de famille pourrait avoir été apportée par les Comtes de Narbonne qui possédaient des terres jusqu’à Poligny, commune du premier plateau du Jura, par une expression ou bien par la population amenée avec eux dont un ou plusieurs membres avaient ce surnom, ce qui voudrait dire que nos CHEVASSU actuels sont des descendants de languedociens, ou doivent leur nom à un de leurs ancêtres qui se distingua aux yeux de ces Comtes Narbonnais.