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Les Cattelin, exploitant des ardoisières de la Bathie : des destins brisés par la grande guerre (9e épisode)

Le jeudi 3 décembre 2015, par Danièle Godard-Livet

La légende familiale peu fournie gardait en mémoire les temps prospères où l’exploitation des ardoisières de La Bathie avait renforcé la notabilité de la famille Cattelin. Les choses sont sans doute plus complexes et si les Cattelin ont exploité ces ardoisières, ils n’en étaient sans doute pas propriétaires. Les propriétaires étaient des familles alliées et proches. Mais c’étaient des temps heureux qui vont être anéantis par la grande guerre. En m’appuyant sur les travaux de Cyril Michelet, qui travaille maintenant au « souvenir français », après s’être lancé dans l’établissement de la généalogie de tous les morts figurant sur le monument aux morts de La Bâthie, j’ai pu avancer rapidement dans la découverte de ces destins brisés par la guerre dont la Savoie semble avoir particulièrement souffert. Ma grand-mère Marie Emma Cattelin y a perdu l’amoureux dont elle a toujours tu le nom, tout en conservant précieusement sa mandoline.

Les ardoisières de La Bâthie et Bénétan

Il existe sur les communes de La Bâthie et de Cevins à plus de 2 000 mètres d’altitude plusieurs affleurements d’ardoises exploités depuis fort longtemps par les Comtes de Cevins ; le hameau de Bénétan à 1000 mètres d’altitude semble avoir toujours servi de base intermédiaire entre les sites d’exploitation et la vallée (en 1732, il comptait plus de trente maisons).

L’histoire de la propriété et de l’exploitation de ces ardoisières est complexe et confuse : les parcelles exploitées étaient pour partie propriété privée et pour partie données à bail par les communes, parfois à des exploitants différents. Les documents manquent pour suivre les différents propriétaires et exploitants (malgré le livre de Marc Pointet) mais jamais ce livre ne cite les Cattelin avant la reprise temporaire de l’exploitation des ardoisières de 1945 à 1950 par Adrien Cattelin (avec son fils Marius comme cuisinier).

J’ai recherché pourquoi les ardoisières avaient une telle place dans l’histoire de la famille ; voici ce que j’ai trouvé : Les Vauthier, les Lassiaz et les Cattelin ont une histoire de famille autour des ardoisières de La Bâthie, histoire complexe de filiation, de rachat, de remariage qui commence après la révolution.

Louis Tellier originaire d’Esserts-blay, propriétaire des forges d’Arbine, achète en 1802 la parcelle de terrain où se trouvent les ardoisières de La Bâthie. Il exploite un temps les ardoisières de La Bâthie et de Cevins, en tant que propriétaire et bailleur pour partie. Il revend à son gendre Joseph Marie Tartarat-Contet dont les enfants Marius et Françoise vont exploiter avec un Thomas Bochet ;

Françoise Tartarat-Contet épouse un Napoléon Tollombert venu d’Ecole dans les Bauges qui reprend l’ensemble de l’exploitation en 1860 (Marius et Thomas faisant défaut) mais la revend très vite (en 1864) à une société par action qui conduira de 1864 à 1880 une exploitation raisonnée en réalisant des investissements très importants (une route, des câbles de transport, des entrepôts à Arbine) et en recrutant un directeur, ingénieur des Ponts et chaussées : M. Grangier).

La fille de Napoléon Tollombert, Guillemine, épouse Pierre Charles Vauthier en 1865 et les deux petites filles de Louis Tellier (Marie Joséphine épouse Cattelin en 1850 ; Marie Victoire épouse Tartarat Contet, un frère de Marius, en première noce en 1859 puis, en 1866, elle épouse en seconde noce Lassiaz, beau frère de Thomas Bochet) ont sans doute saisi l’opportunité de reprendre l’exploitation des ardoisières de La Bâthie vers 1875. Avec quels titres, quels arrangements avec la commune ? On n’en sait rien. Avec quels statuts ? De dirigeants ou d’ouvriers ? Avec quels profits ? Quelle place y avait les Cattelin dans une entreprise dont la propriété semble être détenue par les Lassiaz et les Vauthier (lesquels Vauthier habitent Lyon) ? Celle de gérants en tant qu’alliés par mariage ?

On n’en sait guère plus lorsqu’on lit ce qu’écrit B. Grangier, l’ingénieur des Ponts et Chaussées employé par la société des ardoisières de Cevins : « Nous l’avons vu cette année, elle a été remise en activité par un ouvrier de la commune qui a pris une dizaine de nos bons ardoisiers, ce qui nuit à notre campagne. Nous avons été obligés d’en renvoyer quelques-uns des nôtres qui fréquentaient les chantiers de notre voisin, et venaient ensuite semer le mécontentement sur les nôtres, l’exploitant a baissé les prix ; autrefois les Guméry (exploitant des ardoisières de Cevins au titre de la société Deschamps et Guméry de 1845 à 1861) et les Tollombert avaient toujours eu soin de conjurer cette concurrence en adjugeant cette carrière. »

Les deux familles scellent leur alliance par le mariage de François Alphonse Vauthier (petit fils de Napoléon Tollombert) et d’Alix Azélie Lassiaz (arrière petite fille de Louis Tellier et nièce de Marie Joséphine) en 1893 ; alliance qui sera renforcée par le mariage de Sara Cattelin avec Louis Pierre Julien Vauthier en 1920, mais c’est une autre histoire, la guerre est passée par là et l’exploitation des ardoisières de La Bâthie s’est arrêtée.

Les Tellier, Tollombert et Vauthier : industriels qui viennent d’ailleurs dans un monde de paysans

Louis Tellier d’Esserts-blay (1752-1810) est un personnage : gros acheteur de biens nationaux, propriétaire des forges d’Arbine, acheteur d’une parcelle des ardoisières, exploitant des ardoisières de Cevins et de La Bâthie. « Cela permet à Louis TELLIER de devenir l’exploitant unique de toutes les ardoisières De Cevins et de La Bâthie. A l’époque, il y emploie en moyenne une centaine d’ouvriers, du printemps à l’automne. Il est difficile de savoir comment cela s’est fini. En 1807, Louis TELLIER n’exploite plus les carrières de la commune de Cevins, désormais louées à Joseph BIRON de Chambéry. Il semble avoir revendu à Joseph Marie COMTET (de La Bâthie) la carrière qu’il avait acheté à Mrs PONT et TARDIEU ».

Les Tollombert sont une famille nombreuse et connue d’Ecole dans les Bauges. Napoléon né en 1810, outre qu’il épouse la fille d’un exploitant des ardoisières et récupère ces ardoisières à la suite du défaut de son beau-père, semble avoir été un bon gestionnaire d’après ce qu’en dit l’ingénieur Grangier. On trouve de nombreuses publicités qu’il fait insérer dans les journaux pour vendre ses ardoises et il participe aux foires-expositions. Pourtant, la famille ne semble pas avoir fait que de bonnes affaires comme on le voit dans les annonces judiciaires publiées ; en 1860, il a créé sa société avec Marius Tartarat-comtet, mais en 1878 tous ses héritiers se trouvent débiteurs comme héritiers de leur mère Jeanne Françoise Tartarat Comtet.

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Cevins par Edouard Rigotti en 1929

Les Vauthier ( Charles 1816-1883 et sa femme Félicité Biguet) arrivent à La Bâthie venant de Hte Saône, mais ils ont déjà beaucoup bougé lorsqu’ils s’installent à Arbine (Annecy, Arvillard où sont nés leurs enfants). Charles est maître de forges et vient sans doute reprendre les forges d’Arbine (précédemment exploitées par Louis Tellier puis par un fils de Napoléon Tollombert) où l’on fond un plomb argentifère dont un filon se trouve affleurer près de là. Tous les fils Pierre Charles, François et Michel sont forgerons. Pierre Charles qui a épousé à La Bâthie une fille de Napoléon Tollombert quitte rapidement, dans les années 1880, la maison familiale puis le hameau d’Arbine pour Lyon où il vivra. Son fils Alphonse né en 1867 reviendra à La Bâthie dans les années 1900 avec sa femme Alix Azélie Lassiaz qu’il a épousée à Lyon (la fille de Marie Victoire Tellier et nièce de Joséphine).

L’esprit d’entreprise qui fait un peu défaut à la famille Cattelin se retrouve dans les descendants des Vauthier et des Lassiaz : deux des petites filles de Jeanne Marie Lassiaz (Lydie et Olga dont le père était un important marchand de bois de Cevins) épouseront des Rigotti de Cevins, comme aussi le petit-fils de Louis Pierre Julien Vauthier. La famille Rigotti de Cevins, issu d’un Joseph Rigotti tailleur de pierres italien immigré, est un exemple d’intégration réussie et de réussite sociale : achat de la maison forte des comtes de Cevins, descendants entrepreneurs dans la marbrerie et le bâtiment, et même artistes : Edouard Rigotti est peintre, un autre des descendants a créé une entreprise de fabrication d’anches d’instruments de musique.

Le temps de la vie heureuse

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Bénétan en 1876

Les étés de Marie Emma se passent donc à Bénétan (qui compte plutôt moins de chalets en 1876 qu’un siècle et demi avant), entre garde des quelques vaches, moutons, chèvres et poules que l’on monte de la plaine pour l’été, récolte des foins que l’on garde pour l’hiver, travail au potager d’été que l’on plante en mai avec des plants de la plaine, cueillette des champignons, des airelles et des framboises, charrois de la plaine vers Bénétan, puis de Bénétan vers les ardoisières.
Promenades et liberté dans ce petit paradis fermé par les sommets, étourdi par le bruit du torrent et de la cascade du Dard qui ferme l’horizon. Et tous les cousins et cousines.

Dans ces années-là se construisent les chalets (sur les ruines d’autres chalets, car Bénétan comptait déjà de nombreux chalets en 1732) de Vincent et Marie Joséphine,, de Ferdinand et Marie Clémentine, Laurent et Marceline, « le village Cattelin » ; Camille et Jeanne Marie ont, quant à eux, un chalet au Mondon étape sur le chemin de La Bâthie pour les exploitants des ardoisières (on l’apprend dans l’acte de naissance de Marie Louise Vuillet le 18 août 1892 dont la mère Marie Léonie vient momentanément de Paris à La Bâthie pour accoucher chez son frère aîné).

Marie Emma fille de Laurent et de Marceline est la deuxième fille de la famille, sa sœur aînée s’appelle Jeanne Josephine et serait la préférée de sa mère et sa sœur cadette Léonie Josephine ; puis viendra le petit frère Adrien. Mais elle grandit au milieu de ses cousins, enfants de Camille, Ferdinand, Marie Léonie.

Des cousins de Marie Emma du côté de son père (Gaudichon, Cattelin, Blanc et Vuillet) ou du côté de sa mère (Gaudichon, Blanc et Bonvin), il est certain que ce sont les Cattelin et les Vuillet, présents l’été à Bénétan qui ont été les plus proches, et c’est sans doute parmi eux que se trouvait le premier amoureux de Marie Emma.

Les cousins Gaudichon du côté de la tante Marie Célestine Blanc font-ils partis des fréquentations de la famille plus que les enfants Gaudichon de Marie Adélaïde depuis son décès ? Les enfants de Marie Adelaïde sont beaucoup plus âgés que Marie Emma et ceux de Marie Célestine (la sœur de Marceline) habitent Esserts-Blay. Pourtant Marie Elisa et Marie Franceline Gaudichon ont passé leurs premières années chez leurs grands-parents Vincent et Joséphine. Au cimetière d’Esserts-Blay, on ne retrouve que la tombe de la famille de Joseph Gaudichon, un fils de Marie Célestine Blanc épouse de Séraphin Gaudichon, un cousin germain contemporain de Marie Emma. Se sont-ils fréquentés ou non ? Brouille entre les familles ou simplement prise de distance ou encore ignorance de notre part.

Les Blanc, tous d’Esserts Blay : La famille fréquente-t-elle les frères de Marceline et de Marie Célestine et leurs enfants ? On sait déjà qu’on perd la trace de Marie Amélie Cattelin marié à un de leurs cousins germains avant la naissance de Marie Emma et morte à Clermont Ferrand. Leurs filles Marie et Célestine (ernestine) seront pourtant un moment élevés par les grands-parents Vincent et Joséphine. Au cimetière d’Esserts-Blay, on trouve la tombe de Jérémie Blanc (un jeune frère de Marceline et Marie Célestine Blanc qui ne s’est marié qu’à 50 ans avec une Marie Louise Mercier de 14 ans sa cadette et dont les enfants sont contemporains des petits enfants de Marceline et Marie Célestine)

La cousine Marie Célestine Bonvin née en 1894, fille de Marie Louise Blanc (sœur de Marceline et de Marie Célestine) et de Joseph Bonvin a juste l’âge de Marie Emma. Très tôt orpheline de mère, on la perd de vue après le remariage de son père avec Victorine Gros. Mais elle se trouve être une lointaine cousine de François Isidore Alphonse Jacquet, mais attendons un peu, il ne fait pas encore partie de l’histoire.

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Cimetière d’Esserts Blay, tombe Blanc
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Cimetière d’Esserts Blay tombe Gaudichon

Si les cousins Blanc, Gaudichon et Bonvin ont peu compté dans la vie de Marie Emma, qui sont ces cousins et cousines si proches de Marie Emma ? Qui est, parmi eux, l’amoureux de Marie Emma ?

  • Les enfants de Camille : Julie Angeline (1885-), François Gabriel (1887-), Jean Marie Léon(1890-) , André Alphonse(1893-) et Aline Cattelin(1896-),
  • Les enfants de Ferdinand Cattelin : Louis Ferdinand (1890-), Sara(1894-),
  • les enfants de Marie Léonie : Marie Louise (1892- )et Emile Vuillet (1894-).

Premiers nuages dans ce bonheur complet

Entre 1901 et 1906, la famille Cattelin va être frappée par trois décès, ceux de Vincent, le grand-père et de deux des oncles de Marie Emma : Camille et Ferdinand.

Est-ce l’ardoisière ? Un accident dans le débardage des bois, comme cela arrivait souvent quand la bille glissait sur l’herbe, prenait de la vitesse et écrasait les travailleurs restés en dessous ? Là encore on ne sait rien.

La famille de Marie Emma reste la seule épargnée avec la famille Vuillet ; Laurent et Marceline et leurs quatre enfants restent très proches des tantes par alliances devenues veuves et chargées de famille. Jeanne Marie Lassiaz et Marie Clémentine Jacquet sont veuves avec 5 orphelins et 2 orphelins (Marie Clémentine a déjà perdu deux filles de la tuberculose). Elles reprennent le travail de leurs maris : aubergiste pour Jeanne Marie et boulangère pour Marie Clémentine.

Une fille de Jeanne Marie Lassiaz et Camille Cattelin se marie vite et bien à Cevins en 1905 à tout juste 20 ans avec Marie Julien Blanc, marchand de bois. La nouvelle famille vit à Cevins et semble prospère : nombreux enfants et des domestiques (scieurs ou transporteurs). Deux de ces filles épouseront des fils Rigotti dont nous avons déjà parlé.

En 1912, c’est le tour de la sœur aînée de Marie Emma qui se marie à 21 ans avec Jean Baptiste Lennoz-Gratin de La Bâthie, fils de l’ancien maire dont son grand-père avait repris le mandat. La même année, un frère et une sœur de Jean Baptiste épousent une Billat pour Léon Séraphin et un Jacquet Marius pour Marie Marceline.

Ensuite, ce devrait être le tour de Marie Emma de se marier, mais c’est la guerre. Tous les garçons partent ou presque, les oncles, les cousins, les beaux-frères, les garçons de la classe de Marie Emma, la classe 1914 ; il n’y a plus de mariage, mais des avis de décès.

La grande Guerre

Tous les hommes nés entre 1867 et 1901 sont mobilisés et l’on sait que beaucoup ne sont pas revenus : 52 décès pour 1320 habitants en 1911 (femmes et enfants compris), 4 % de la population !

Comment se faire une idée de ce qu’a pu être cette guerre pour Marie Emma. Sur les 52 disparus de La Bâthie, Marie Emma en connaissait beaucoup, qu’ils soient parents ou proches par l’âge et peut-être parmi ceux-là son amoureux pour lequel Marie Emma demandait de prier sans jamais vouloir donner son nom. Que de prières pendant cette guerre pour tous les hommes partis au front, souvent en première ligne.

La liste des morts sera longue :

  • deux des fils de Jeanne Marie Lassiaz, déjà veuve : deux cousins proches de Marie Emma, morts tous les deux à 24 ans, Jean Marie Léon tué le 12 septembre 1914 à Bruyères (88) et André Alphonse tué à Cergy en Laonnois (02) en 1917 ;
  • le fils aîné de Lucien Elie Cattelin de Biorges : un cousin issu de germain de Marie Emma François Antoine marie Cattelin qui ne vivait plus à La Bâthie depuis longtemps mais dont les grands-parents étaient encore présents à la naissance de Marie Emma, tué à 23 ans en 1915 à Cumières le mort Homme (55) ;
  • un fils de Théodore Cattelin, cousin issu de germain de Marie Emma : David Cattelin (1896-1917) mort des suites de ses blessures à Soissons dans l’Aisne en 1917 ;
  • André Emile Besson(1892-1915), un petit-fils de Jean Marie Besson, le mari en secondes noces de Marie Félicité Dorothée Cattelin tué en Alsace à Lingekopf Orbey ;
  • Victor Alphonse Fillion(1887-1917), un beau-frère de Michel Camille Lassiaz le fils de sa grand-tante maternelle Marie Victoire qui vivait lui aussi à Paris mais avait grandi à La Bâthie, à Chantemerle chez sa mère ; blessé par un éclat d’obus en 1915, tué en 1917 à Douaumont.

A tous ces morts pour la France, il faut ajouter les morts précoces (de chagrin ou de la grippe espagnole ?) comme celle des parents d’André Emile Besson en 1917 et 1918 à 61 ans et 56 ans.

Cependant quelques rares hommes restent, trop vieux ou trop jeunes, déjà handicapés ou encore chargés de nombreux enfants. Dans l’entourage de Marie Emma, c’est le cas pour :

  • Joseph François Vuillet, le mari de Marie Léonie réformé pour épilepsie et son fils Emile ;
  • Laurent Cattelin, le père de Marie Emma juste trop âgé pour être appelé ;
  • les plus jeunes des arrière-petits-enfants de Joseph, comme Adrien, le frère de Marie Emma, Emile, Albert et Léon Cattelin, - les enfants de Noël Marie Julien Blanc, le mari de Jeanne Joséphine, déclaré bon pour le service mais dispensé comme aîné 7 enfants, rappelé en 1914 mais libéré en 1915 comme père de 6 enfants ;
  • Joseph Lassiaz, un des fils de sa grand-tante Marie Victoire, meunier à Arbine, dispensé comme père de 6 enfants mais qui mourra entre août et septembre 1914 ;
  • François Charles Albert Lassiaz, un autre fils de Marie Victoire, handicapé et pensionné depuis son accident au service militaire en 1899.

La famille directe de Marie Emma fait partie de celles qui n’ont matériellement pas trop souffert de la guerre (son père et son frère ne sont pas partis). Mais Marie Emma ne s’est sans doute jamais remise du choc du départ brutal de tous ses compagnons de jeu, de l’angoisse de l’attente des nouvelles, ni de la mort de son amoureux qui n’a laissé que sa mandoline.

Après la guerre

La vie va reprendre très vite.

Marie Emma et ses cousins et cousines rescapés vont se marier en 1919, 1920, 1921. Léonie Joséphine épouse un Payot apparenté aux Lennoz Gratin son beau-frère ; Adrien épouse une Pastre, une voisine fille d’un immigré italien de deuxième génération naturalisé (l’homme qui a fait un peu de tout : géomètre, instituteur, puis aubergiste). Sara épouse un Vauthier, François Gabriel, le garde forestier, une Fidélie, d’origine alsacienne. Emile vuillet épouse une Bal.

D’autres (peu nombreux encore) quittent La Bâthie et se marient ailleurs comme Aline Marie Cattelin, une sœur de François Gabriel, qui épouse un Sicco et part vers le sud de la France ou Louis Ferdinand Cattelin, un frère de Sara qui se marie à une Houguier à Albertville.

La vie a surtout beaucoup changé :

la population n’est plus que de 1245 habitants (contre 1320 en 1911) mais il y a maintenant du travail industriel à l’électrochimie qui emploie de plus en plus de monde dont Marie Emma au moment de son mariage (C’est le patron de l’usine qui les aurait fait se rencontrer) ; la Savoie comme département rural dont les enfants ont été appelés dans l’infanterie a perdu plus de soldats que la moyenne nationale 4 % contre 3 % ; un nouveau lieu de sociabilité est né avec l’usine, où les proximités d’idées peuvent concurrencer les liens familiaux, mais il faudra encore quelques années pour que se manifestent ces oppositions politiques ;

Dans la famille, les vieux qui ont échappé à la guerre, n’hésitent pas à se remarier : Laurent, le père de Marie Emma part se marier à Paris en 1927 (et dépenser les revenus de la famille en menant la grande vie - ce dont les petits enfants ne parlent encore qu’à mots couverts), François Alphonse Vauthier épouse Jeanne Nelly Jacquet en 1921 pendant que leurs enfants fondent prudemment de petites familles où les enfants seront peu nombreux.

Les premiers divorces apparaissent dans les familles, au moins parmi les proches des Jacquet ...qui vont bientôt entrer en scène.

Et puis oublie-t-on les différences entre ceux qui sont partis au front et ceux qui sont restés au pays ?

  • Ceux qui auraient pu y échapper, car réformés plusieurs fois parfois, mais qui ont dû partir quand même : Emile Jean Baptiste Besson (1875-1952) ;
  • ceux qui sont revenus très mal en point, cassés par la guerre :Emile François Payot (pieds gelés et bronchite), Léon Séraphin Lennoz Gratin (paludisme en orient), Pierre Joseph Gaudichon (1885-1921) qui a souffert de diarrhée au front et mourra peu après son retour ;
  • ceux qui ont pu avoir des affectations loin du front :Théodore Eugène Cattelin (1868-1959) ajourné en 1890 pour défaut de taille, maintenu en service auxiliaire en 1914, détaché à la société des carbures métalliques en 1916 comme père de 6 enfants vivants, Marie Julien Blanc né en 1882, dispensé de service en 1902 comme aîné de sept enfants, rappelé le 6 août 1914, renvoyé le 11 juin 1915 comme père de 6 enfants vivants ;
  • les héros qui sont rentrés : Noël Hector Cattelin (mitrailleur avion, cité trois fois, croix de guerre), Jean Baptiste François Lennoz Gratin ;
  • les fous chanceux :Louis Pierre Julien Vauthier (engagé volontaire, croix de guerre).

Marie Emma, se marie à 27 ans avec François Isidore Alphonse Jacquet (examiné par trois commissions de réforme mais maintenu en service auxiliaire) qui rentre de la guerre qu’il a faite de 1914 à 1919 en bonne partie au Maroc dans l’aviation comme rampant. Ce n’est sans doute pas le mariage dont elle avait rêvé.

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