Dans la vallée de la Croux, ce lavoir est fort apprécié, le ruisseau est rapide, l’eau est claire, mais il est à quinze cents mètres de Belvès. Après s’être éreintées toute une journée, gelé les mains et les genoux en hiver, ces pauvres femmes doivent remonter une côte dure, le linge mouillé et pesant sur une brouette. Antoine amène sa lavandière au lavoir et la ramène avec sa camionnette.
Zéphyrin, possède cinquante-deux chemises, une par semaine. Cependant, les cols sont en celluloïd et donc toujours impeccables, de même que les manchettes.
La lessive se fait une fois par an. Le linge est mis à tremper dans un cuveau de bois de pin avec un sac de cendres de peuplier ou de noyer tamisées, et il subit alors les différentes opérations effectuées par les « lessiveuses ». Cette lessive est ensuite confiée aux lavandières qui effectuent un travail plus pénible en plongeant, battant, frottant, essorant et tordant. Cette opération s’effectue en été, car on peut faire sécher le linge sur l’herbe coupée.
Avec l’arrivée de l’eau courante en 1908, cette grande lessive annuelle est remplacée par des lessives faites plus souvent, tous les huit ou quinze jours. Les produits, comme la Saponite, sont arrivés. Malgré tout, les lavandières continuent d’aller au lavoir, sauf pour le petit linge, et cela a duré a duré jusqu’à l’arrivée des machines vers 1960. Les femmes allaient chez les particuliers chercher avec une brouette la panière de linge sale et rapportaient le linge égoutté mais encore mouillé. De nos jours, bien que possédant des machines, les Portugaises se rendent encore au lavoir des Fontaines où elles échangent des cancans, se disputent et parfois même se crêpent le chignon. Les lavoirs ont toujours été des lieux de rencontre privilégiés pour les femmes, Homère le savait.
Sur le cliché, on remarque la grande table de pierre dure sur laquelle la femme frotte et savonne avec le gros cube de savon de Marseille et la brouette spéciale où l’on posera directement le linge mouillé.