- Fête de l’Œuvre du Saint-Suaire à Cadouin (Dordogne)
- Plaque de verre 13 x 18 - 15 mai 1904 ou 1905.
Sortie de l’église abbatiale de Cadouin, la procession vient de commencer.
- Saint-Suaire, grande fête annuelle, le 21 septembre...
- ...quelques années plus tard après la première photographie.
Les femmes sont déjà passées.
Le corps ecclésiastique arrive à son tour : les curés ou vicaires des paroisses voisines, quelques uns en simple soutane noire, portant ou non la barrette à trois cornes, les doyens en camail noir aux liserés mauves.
D’autres prêtres en surplis plissés fin. Les chanoines en rochet, ce surplis de dentelle, portent par-dessus le tout un camail noir ; celui-ci est agrémenté d’une bande d’hermine bordée de deux bandes rouges.
Ornée de plumets, la chasse du Saint Suaire est entourée des ministres du culte.
Quant à la grande fête annuelle, l’ostension, elle se tenait le 21 septembre.
À gauche, sur la place, des jardinières attendent les pèlerins pour les ramener chez eux ou à la gare.
La façade de l’église, sobre, est du même style que celles des églises de Saintonge.
Dès 1214, il est certain que l’abbaye de Cadouin détenait le saint Suaire, celui qui enveloppa la tête du Christ à sa mise au tombeau.
Cette relique était admirée, adorée mais aussi convoitée ; qui la possédait, possédait la richesse et la gloire. Personne, à part Luther qui dénombrait cinq vrais suaires, ne mettait en doute son authenticité.
De nombreuses aventures émaillent l’histoire du Suaire de Cadouin : Les moines le soustraient aux convoitises des Anglais en le transportant en France, à Toulouse. Puis ils le volent aux Toulousains dans des conditions dont nous venons juste de découvrir les documents qui les retracent. Louis XI et Charles VII l’implorent pour guérir leur maladie. Il échappe aux protestants, puis aux révolutionnaires, mais l’abbaye est transformée en étable à cochons. En 1839, le département achète le cloître et les restaurations ne s’achèveront qu’en1945. Dix mille pèlerins viennent à Cadouin en 1836 et les ostensions se poursuivent jusqu’en 1934.
Jean Maubourguet, l’historien catholique avait fait scandale en exprimant ses doutes sur les récits de l’arrivée du Suaire à Cadouin, de belles historiettes sans fondement, pensait-il. Mais surtout, un jésuite, le père Francez, fit examiner par le Directeur du Musée copte du Caire les signes brodés sur le tissu. Les inscriptions, en coufique ancien, invoquent Allah et disent que le tissu a été tissé pour le vizir el Afdal, calife du Caire de 1094 à 1101, celui qui combattit les croisés à Antioche. Monseigneur Louis, évêque de Périgueux, a interdit le pèlerinage de Cadouin 15 jours avant sa tenue, en 1934. Il a fait preuve d’honnêteté intellectuelle, et c’est tout à son honneur.
Aujourd’hui, le suaire est visible à l’abbaye. Il n’est plus le Vrai, l’Unique, et un autre a pris sa place.
Qu’il ne soit pas le vrai suaire est sans importance, seul compte le symbole représenté pendant mille ans par ce linge. Les fidèles, les religieux, le roi, le pape, le vénéraient, et c’était l’essentiel.
Bibliographie : Le Roman du Suaire, par Michel Carcenac. Editions du Hérisson.