À la séance des délibérations, du mardi, des consuls de la ville de Lambesc :
Le 02 août 1720 : "Attendu le soupçon de contagion : Toutes précautions inimaginables doivent-être prises pour empêcher le commerce des Etrangers. Nécessité d’ériger des barrières et des barricades pour enfermer la ville et les faubourgs. Barrières et barricades devront être faites avec des planches ou autres bois à tous les endroits nécessaires pour empêcher la communication des étrangers avec les habitants. Le charpentier, Jean RUE, en sera chargé. Prix de 30 sols la canne (mesure métrique provençale) en largeur sans mesurer la hauteur ; laquelle hauteur doit être de 12 pans aux endroits vu la rue fort large et de 10 pans et demi pour le moins aux endroits ou le passage sera fort étroit, sans que dans le canage on en aie aucun égard à la saisie. Une famille de Marseillais de 15 individus arrivés peu sera expulsée".
Même jour : "Désignation d’un chemin aux Etrangers pour éviter la communication attendu le soupçon de la Peste. L’assemblée de vouloir choisir un chemin convenable : Chemin dans la terre du sieur FABRE descendant à l’ère du rocher de là à la "Burbière" et de là entre les dames religieuses et le ferrage de messieurs de Charleval et de là, à la terre des preds de madame de Jannet en traversant la terre de monsieur de Saint-Estève ; allant aborder une grange rompue allant aborder la grange du sieur de Gillis et de Jaubert et de là à Sainte-Eucharistie pour le rentrer dans le grand chemin".
Le 02 septembre 1720 : "Auquel conseil, monsieur de Saint-Paul a fait savoir que le temps était précieux, que nous devions tous trembler à la vue d’une contagion dans la ville de Marseille et que si le malheur arrivait à cette communauté que Dieu ne veuille. Il serait fait à propos de faire une provision d’une certaine quantité de blé pour pouvoir fournir aux particuliers du dit Lambesc en payant sur le pied que le dit blé aura été acheté vu que d’ailleurs le blé commence à devenir fort cher et fort rare. Le conseil a décidé d’acheter 400 charges de blé. Le quel blé sera emmagasiné pour être gardé en cas d’un pressant besoin".
Le 08 septembre 1720 : "Les dites barricades n’ont pas été assez fortes pour empêcher quelques étrangers de sauter par-dessus. Demande est faite de les renforcer car le mal empire a bien des endroits circonvoisins et de fortifier la ville. Construction de murailles à chaux et à sable et aux portes où il sera advisé".
- Le mur de la peste en Provence (photo Claude Tronchon)
Puis, après toutes ces mesures prises, un calme relatif semble s’être installé sur la petite ville provençale jusqu’à la mi-août 1721 :
Le 17 août 1721 : "La maladie contagieuse a repris à Frigoulet. Achat pour 80 livres de drogues et de médicaments. Les portes et les murs de la ville seront fermés. Interdiction aux habitants de les ouvrir sous peine d’amende. De plus, une ligne de 6 soldats sera disposée en direction de Saint-Cannat [au Sud, sur la route d’Aix-en-Provence] est touchera deux sols par jour d’indemnité par soldat ; une autre ligne, vers les Taillades avec un officier qui bénéficiera d’une double ration d’alimentation par jour et enfin une autre ligne vers Berre [au Sud-Ouest] pour éviter la contrebande du sel. Pour chaque soldat de chaque ligne sera fourni par jour une livre et demi de pain, un pot de vin et une demi-livre de viande".
En hiver 1721-1722, de nouvelles dispositions sont prises par les consuls de la ville face aux dégradations de ceux qui tentent d’enfoncer les portes de la ville pour se réfugier et ceux qui veulent pénétrer au sein de la chapelle Saint-Roch, pour supplier le Saint de les protéger de la peste :
Le 26 décembre 1721 : "Demande par Monsieur DE FAUDRAN de réparer les portes de la ville".
Le 25 janvier 1722 : "Demande par Monsieur DE FAUDRAN de réparer la chapelle Saint-Roch [au Nord de la ville de Lambesc]".
Le fléau semble avoir disparu après le mois de mai car plus aucune allusion y est fait.
Le 14 mai 1722 : "Reprise de la contagion, demande de reconstruction de barricades. Sûreté assurée par la garde bourgeoise de la ville".
En 1720, la peste tue près de 120 000 personnes dans le sud de la France dont 50 000 à Marseille (le tiers des habitants) : 50 victimes par jour en juillet, 1 000 en septembre. Multiplication des mariages après l’épidémie (200 par jour). D’après Contexte. |
Source : Registre des actes de délibérations de la ville de Lambesc (série BB 13, années 1720 à 1722).
Alexandre Dumont-Castells a publié, sous le pseudonyme de Luc Comptone, une histoire de Lambesc :