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La condition des ouvriers carriers à Mery-sur-Oise en 1910

Le jeudi 10 juin 2010, par Jean-Pierre Auger

En faisant des recherches pour savoir ce que je pourrais raconter à mes petits enfants sur les carrières de la région, ma curiosité fut aiguillonnée par des textes sur le mouvement de révolte des ouvriers carriers de Méry sur Oise en 1910. Au départ, il concernait toutes les carrières qui exploitaient les gisements de pierre et de gypse sous la forêt de Montmorency : Taverny, Bessancourt, Frépillon, Méry, Mériel, Villiers-Adam et Parmain.

Carrier, qui es-tu ?

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Un ouvrier carrier

La seconde moitié du XIXe siècle et le début des années 1900, vit arriver dans notre région les premiers immigrés venant de Normandie, du Limousin, de Picardie. Certains venaient même du nord de l’Italie, où ils fuyaient la famine et la misère qui régnaient alors dans leur pays. Ils s’engagèrent pour la plupart dans l’agriculture locale, qui manquait cruellement de main-d’œuvre. Ils s’installaient comme ils pouvaient, vivant avec leurs familles nombreuses dans des conditions misérables, car les emplois qui leur étaient proposés étaient souvent les plus durs physiquement et les plus mal payés. Mais ils en avaient vu d’autre !

Une partie d’entre eux profita de l’explosion économique industrielle du Second Empire et prit le travail proposé dans ces nouvelles industries, qui n’était que peu recherché par nos ancêtres paysans. Le bouche à oreille faisant son œuvre, ces immigrés se font embaucher comme maçons, terrassiers, manœuvres ou ouvriers carriers, car les carrières de craie et de
gypse étaient alors en plein essor. Mais le travail y est harassant, malsain, sale et qui plus est fort dangereux et mal payé. Les ouvriers carriers gagnaient à la fin du XIXe siècle entre 2,50 et 3,50 francs par jour alors qu’un ouvrier menuisier gagnait entre 4 et 5 francs.

Normands, Limousins, Picards ou Italiens, se transforment en petits « hommes blancs », soumis à l’obscurité, au froid et à l’humidité des carrières. De plus, ils respirent énormément de poussière. Leur espérance de vie dépasse rarement 40 ans. Un de nos dictons nous dit même que 24 heures passées dans une carrière ôtaient 6 heures de vie à celui qui en a avalé la poussière.

La reconnaissance des maladies professionnelles n’existait pas à l’époque, et
rares furent ceux qui termineront leur vie sans être atteint de rhumatisme articulaire, cécité ou de désordres respiratoires. De plus, la poussière de craie dessèche les gosiers, et c’est là certainement son effet le plus catastrophique, car elle pousse l’homme à boire d’une manière immodérée.

Fortes têtes, soumis à des conditions de travail qui leur donnaient des forces physiques peu communes, leur résistance à l’effort, leur habitude à la souffrance et leur absence de crainte vis-à-vis des blessures ou de la mort,
firent qu’échauffés par l’alcool, ils furent classés comme des individus peu recommandables par la population paysanne de Méry. Ils formaient une véritable « caste de parias » désignés sous le nom de « malféra ou malfrancs », d’où l’on tira ensuite le mot français de « malfrats ». Voilà ce qu’écrit à leur sujet un enquêteur en 1910 :

« Ils ne sont jamais du pays ; parmi ceux que j’ai approchés, l’un était de Beauvais et avait fait avant d’entrer à la carrière toutes sortes de métiers ; un autre était breton, un troisième ancien mécanicien sans ouvrage, avait pris cette situation en attendant mieux ».

Contrairement à l’ouvrier mineur de fond qui était attaché à son métier, l’ouvrier carrier n’exerce le sien qu’à regret. Peut-être est-ce dû au faible niveau de sa rémunération ou à la négligence que mettent les patrons carriers à ignorer tout ce qui regarde le bien-être de leurs ouvriers. Mais les ouvriers carriers leur rendaient cette justice : les patrons de carrière étaient presque tous détestés, même parfois haïs.

Pour compenser la faiblesse des salaires, les carriers étaient astreints à travailler beaucoup. Les journées de travail de 13 à 15 heures étaient la monnaie courante de leur existence. Ils étaient payés chaque mois, mais à la tâche, par mètre cube de pierre extrait. Malgré cela, leurs conditions de vie restaient tellement misérables que pour nourrir la famille, femmes et
enfants devaient également travailler. Il n’y avait aucun jour de repos dans la semaine. Ils travaillaient 7 jours sur 7. Ils n’avaient droit au repos qu’une journée toutes les cinq semaines, le lendemain du versement du salaire mensuel. Cette journée tombait toujours un dimanche. Le seul moment d’arrêt dans la journée de travail était celui du petit somme qu’ils faisaient, étendus par terre sur le « cron » (poussière de pierre de gypse), à l’entrée de la
carrière, après le déjeuner de midi.

Voici le témoignage de M. Jean D. sur les conditions de travail. Il avait commencé à travailler à 15 ans, en 1927, comme carrier dans une carrière-plâtrière :

« J’avais été embauché pour conduire un cheval car je n’avais pas la force d’un adulte pour exécuter la tâche de carrier. Je commençais à 6h30 et, après avoir donné à manger et à boire à mon cheval, je l’attelais à un tombereau et nous descendions afin d’assurer le premier relais au fond de la carrière, près du front d’abattage. Mon tombereau rempli, je le ramenais jusqu’à un poste de relais ou un autre ouvrier me l’échangeait contre un vide. Ainsi, toute la journée je faisais la navette. À midi, je remontais le cheval à l’écurie extérieure et lui donnais à manger. La pause terminée, nous redescendions jusqu’au soir dans le noir des galeries ».

Les employeurs augmentaient substantiellement leurs revenus en établissant près de l’entrée des cavages des estaminets-épiceries, appelés « cantines », où ils vendaient du vin, préparaient des repas et vendaient à crédit de la nourriture. Certains logeaient leurs ouvriers dans les maisons du pays, déduisant du salaire, en plus des frais divers (outils, huile ou pétrole pour les lampes…), leurs loyers. Les carriers devenaient alors entièrement dépendants de leur patron.

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Intérieur d’un carrier des Chaudrolles à Saint-Sulpice près de Cognac

Dans ces maisons, le confort n’était pas au rendez-vous. Pas d’eau courante - au mieux l’eau était à la pompe dans la cour et si ce n’était le cas, il fallait avec brocs et seaux, aller la chercher à la fontaine publique. Pas d’électricité, l’éclairage se faisait à la bougie ou la lampe à pétrole. Pas de chauffage dans les chambres, la seule source de chaleur était donnée pour toute la maisonnée par la cuisinière de la salle commune, où vivait l’ensemble de la famille. Pas de salle de bains, ni de WC. Les toilettes étaient dans la cour et l’on se lavait chaque jour à la cuvette, au-dessus de l’évier.

La tenue de travail des ouvriers carriers ne comporte qu’une mauvaise chemise, souvent ôtée sur le front de taille à cause de la transpiration, un tablier de cuir protégeant le torse des éclats et les genoux quand ils « souchèvent » leur « blot », un pantalon de grosse toile et de mauvais godillots, mangers par les eaux stagnantes de la carrière. Un foulard, noué autour du coup leur permet de s’éponger de la sueur et d’ôter la poussière de craie sur leurs paupières, qui brûle et irrite leurs yeux.

Voici la description saisissante du carrier que nous donne
Alexandre Dumas dans son livre « Le trou de l’enfer » :

« L’aspect des carriers est en général sinistre. Le jour, leur œil clignote, à l’air leur voix est sourde. Ils portent les cheveux plats, rabattus jusqu’aux sourcils ; une barbe qui ne fait que tous les dimanches matins connaissance avec le rasoir ; un gilet qui laisse voir des manches de grosse toile grise, un tablier de cuir blanchi par le contact de la pierre, un pantalon de toile bleue. Sur une de leurs épaules est une veste pliée en deux, et sur cette veste pose le manche de la pioche ou de la besaiguë qui, six jours de la semaine, creuse la pierre ».

Une absence cruelle de protection sociale

La présence d’ouvriers étrangers, notamment d’Italiens venant des régions pauvres du Nord de l’Italie, était souvent l’objet de discorde et de sectarisme de la part des ouvriers français.

En raison de leur statut d’étrangers, ils étaient souvent indifférents à la constitution d’un syndicalisme national. Cette indifférence arrangeait bien le patronat qui trouvait en eux un personnel docile, malléable et surtout travailleur. Cependant, au tout début du XXe siècle, l’exploitation des carrières de craie et de gypse fut émaillée de graves crises sociales. Par l’intermédiaire du syndicat ouvrier C.G.T. des Terrassiers et Carriers (non reconnu par le
syndicat des patrons), ils demandent que des augmentations de salaire soient prises afin d’améliorer leur sort et celui de leur famille.

En face d’eux, un patronat tout puissant, intransigeant et incontournable, qui n’a d’ordre à ne recevoir de personne – pas même du gouvernement - et qui contrairement aux autres corporations n’est soumis à aucune contrainte en matière sociale ou de prévention des accidents ; hormis le décret du 18 février 1892, qui ne leur impose que de se faire contrôler par les fonctionnaires du service des Mines et à faire dresser le plan de leurs exploitations.

Il faut bien vous rappeler mes petits enfants, que les carriers de France ne durent leur premier jour de repos hebdomadaire que suite à la plus importante catastrophe minière d’Europe, qui se produisit en 1906 à Courrières près de Lens. Elle fit officiellement 1099 morts. Les ouvriers s’étant mis en grève, Georges Clemenceau qui était ministre de l’intérieur, leur envoya pour régler le problème, 20 000 hommes de troupe armés et 10 000 gendarmes ! Il faut bien vous rappeler aussi, chers lecteurs, que la loi du 29 juin 1894 qui institua le premier régime de prévoyance en faveur des travailleurs du sous-sol, ne doit
pas vous faire occulter l’absence totale de réglementation sociale dans les mines et les carrières. Et ce n’est qu’à partir de 1970, que les pouvoirs publics commenceront à édicter des lois protégeant les ouvriers mineurs et carriers… soit 40 ans après leur disparition dans notre région !!

Les révoltes ouvrières au début du XXe siècle

De la Révolution au début du XXe siècle, la condition ouvrière n’a que peu évoluée, creusant un écart de niveau de vie considérable entre le monde ouvriers et paysans et celui des bourgeois-patrons. La durée quotidienne de travail des ouvriers se situe autour de 13- 15 heures, pour les hommes et pour les femmes. Les conditions de sécurité et d’hygiène au travail sont catastrophiques. Ces conditions amènent une espérance de vie qui ne dépasse
pas 43 ans en moyenne à Paris et de 33 ans dans les bassins miniers, où les conditions sont les plus dures. La faiblesse des salaires impose aux familles de faire travailler maris, femmes, mais aussi les petits enfants. En 1910, les enfants commençaient à travailler dès l’âge de 6-8 ans (12 ans dans les carrières). Ces injustices criantes amenèrent la population à une situation de révolte ouverte, vis-à-vis du système capitaliste en place Cette dégradation des conditions de vie des ouvriers s’explique par l’inorganisation de la classe
ouvrière. Elle s’organisera au début du XXe siècle en bourses du travail puis en
fédérations corporatives, qui adhéreront bientôt aux idées révolutionnaires de la
Confédération Générale du Travail (C.G.T.), pour devenir ensuite les syndicats que nous avons encore de nos jours.

De 1906 à 1910, la France ouvrière se révolte. Notre pays connaîtra une longue série de grèves brutales et ininterrompues, conduites par des syndicalistes révolutionnaires préparant le « grand soir de la révolution ». Elles donnent lieu à des incidents violents, à des heurts avec la gendarmerie et l’armée au cours desquels on relève des morts et des blessés : grèves des fonctionnaires qui réclament le droit syndical, grève des ouvriers des carrières de Draveil (trois morts), grève des cheminots de Villeneuve-Saint-Georges, grève générale des
chemins de fer en octobre 1909, etc. Mais le mouvement révolutionnaire anarchiste échoue car le gouvernement n’hésitera pas à réprimer l’agitation par le sang, en dépit de l’indignation qu’il suscitera dans l’opinion. La grande majorité des ouvriers demeurera attachée au syndicalisme réformiste officiel et devra s’accommoder des promesses de promotion sociale de la République.

Après 1910, la vague de grèves s’apaise. Le remplacement en 1911 du secrétariat général de la C.G.T. de Victor Griffuelhes par Léon
Jouhaux sera l’occasion d’une nouvelle orientation syndicale plus prudente et moins révolutionnaire.

C’est dans un tel climat d’intolérance patronale, mais également syndicale, que les carriers de Méry, se mirent eux aussi en grève. Ils donnaient une suite au mouvement des ouvriers-paysans de la ferme de la Haute-Borne à La Bonneville, qui s’étaient mis en grève quelques mois plus tôt et qui avaient obtenu satisfaction dans leurs revendications.

Ils y étaient aussi poussés par la libération de prison, le 6 avril 1910, de Fernand Julian, le secrétaire du Syndicat C.G.T. des Terrassiers et Carriers de Seine-et-Oise, dont ils faisaient parti et qui avait été arrêté et incarcéré pour le motif fallacieux de violences lors des grèves des carriers de Draveil-Vigneux en 1908.

Ils étaient également échauffés par le climat électoral des législatives, qui eurent lieu les 24 avril et 8 mai 1910 et qui se soldèrent par une grande victoire pour la gauche socialiste, qui gagna 23 sièges à l’Assemblée.

Leurs revendications : ils demandaient la suppression du tâcheronnat (travail à la tâche), la journée de dix heures, la signature d’un contrat collectif, et une augmentation significative de leur salaire. Le franc quatre-vingt-dix le mètre cube de pierre extrait, qui leur était payé sans augmentation depuis plus de 15 ans, ne leur permettait plus, avec l’inflation, de subvenir aux besoins élémentaires de leurs familles.

La grève des carriers de Mery

Au début de l’année 1910, en Seine et Oise - les départements de l’Essonne, du Val-d’Oise et des Yvelines ne furent créés qu’en 1964 ; notre région faisait encore partie du département de Seine et Oise, créé à la Révolution en 1790 - les grèves se succèdent d’une façon ininterrompue. Après les maçons de Saint-Germain, ce sont les 3000 ouvriers agricoles des fermes de la Ville de Paris situées à Romainville, Grésillons, Méry-sur-Oise, qui cessent le travail et obtiennent satisfaction à leurs demandes d’augmentation de salaire.

D’autre part, les carriers sont très activement incités à entrer dans le mouvement de protestation général, comme ils l’avaient été, mais sans succès, en juillet 1909, un an auparavant. En 1910, ils cèdent et se mettent en grève.
Il s’agit d’abord, comme toujours et comme dans toutes les grèves, d’une question de gros sous. Les carriers exigent une augmentation de salaire que les patrons ne veulent pas leur accorder. D’où un conflit très calme au début, que j’ai appelé la grève des « bras croisés ».

Par solidarité, les ouvriers du bâtiment d’Argenteuil, de Vauréal, de Cergy, de l’Isle-Adam se joignirent aux carriers de Méry. Le mouvement comptait quand même à ce moment, près de trois mille grévistes, auxquels ne tardèrent pas à se mêler tous les chômeurs de la région.

L’intransigeance absurde du patronat Mérysien heurtera de front le mouvement syndical des ouvriers grévistes et durcira exagérément le conflit, alors que dans les autres communes avoisinantes les maîtres carriers, avec de la bonne volonté, trouvaient une solution et permirent à leurs ouvriers de reprendre le travail. Conflit sans grande manifestation de révolte à Méry, jusqu’au jour où une trentaine d’ouvriers désireux de donner du pain à leur famille, abandonnent les meneurs du mouvement et reprennent le chemin des carrières, acceptant de travailler aux conditions anciennes. Dès lors, l’exaspération des carriers
Mérysiens éclata et les violences commencèrent. À la grève des « bras croisés » succéda la grève des « poings tendus ». Dans ces conditions d’affrontement, les violences ne pouvaient manquer de se précipiter. Et bientôt l’on vit poindre également quelques « gréviculteurs » de profession, toujours à l’affût de mauvais coup à faire exécuter. L’armée fut appelée à la rescousse et le mouvement dégénéra.

Jean-Louis Féjard, « gréviculteur » à Méry sur Oise



Jean-Louis Féjard est né le 18 mai 1892 à La Motte-Saint- Jean, canton de Digoin en Saône et Loire. Il est le fils de Jean Féjard, journalier et de Pauline Rely, cultivatrice à Pontoise.

Voici ce que l’on peut lire sur la fiche anthropométrique de Féjard :
Cambriolage à Rueil, attentat à Pont de l’Arche, tentative de cambriolage chez un notaire à Pontoise, attentat à Trappes, incendie de la gare de Saintes, soupçonné d’attentat à Chantilly.

Jean-Louis Féjard était accompagné d’un dénommé Octave Garnier, qu’il présentait comme un débutant qu’il formait et qui irait loin. Employé comme terrassier aux environs de Pontoise en 1909 et 1910, pour le dédoublement de la ligne de Dieppe, puis à la réfection du barrage de Pontoise et à la construction du chemin de fer départemental.

On distingua Féjard au premier rang des grèves de Méry sur Oise. Il portait le drapeau rouge dans les manifestations et joua un rôle de meneur, insultant les officiers, le préfet, les commissaires de police en toute occasion. On le soupçonna d’être l’auteur des coups de revolver tirés une nuit dans les fenêtres du sous-préfet.

Octave Garnier, également terrassier à Pontoise à ce moment, faisait partie de la même bande des énergumènes de Féjard. Ils allèrent fomenter l’agitation à Poissy, à Carrières, à Chaumont en Vexin, à Gisors. Les relations de Garnier et de Féjard dans la région de Pontoise se continuèrent ensuite avec la grève des cheminots, où leur première marque fut à Pontoise une tentative faite pour faire sauter un pont à la cheddite. L’enquête établit que les cartouches de cheddite utilisées avaient été volées à Chars et à Chaumont-en-Vexin dans un chantier où Garnier et Féjard avaient travaillé ensemble.

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16 Messages

  • Bonjour,
    Je vois que vous avez des informations sur Fejard (Fegeard) Jean Louis « le gréviculteur ».
    Le 22 décembre 1913 il part de l’île de Ré sur le bateau « LE LOIRE » pour le bagne de Guyane pour purger sa peine (travaux forcé à perpétuités).
    Le 9 juin 1921 il s’évade du bagne.
    Il est repris en 1931 et renvoyé au bagne de Guyane.
    10 ans de cavale !!!
    si vous avez d’autres informations sur sa fin de vie je suis preneuses.
    cordialement
    Stéphanie

    Répondre à ce message

  • Bonjour
    Merci beaucoup pour vos articles.
    Je ne connais pas Mery-sur-Oise cependant je suis passionnée par l’histoire ouvrière principalement parce que je suis fille d’ouvrier...
    J’espère vous lire de nouveau.

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  • La condition des ouvriers carriers à Mery-sur-Oise en 1910 24 avril 2011 17:54, par Anouk Maison

    Bonjour j’ai été très émue par vos reportages j’habite une région où ont été exploitées de nombreuses et très importants carrières de craie : il s’agit de la champagne sénonaise . Nous avons commencé des recherches sur ces exploitations , mais n’avons trouvé aucun textes écrits et peu de traces dans les mémoires collectives
    Mais les carrières sont là, courant encore sous les champs cultivés entre Michery et La Postolle et l’architecture rurale en porte encore les traces ;
    Avez-vous rencontré dans vos recherches des renseignements sur ces "crayeux " dont le sort devait ressembler beaucoup à celui des carriers de votre région

    maison.anouk chez gmail.com
    et notre blog : http//asepa.over-blog.com

    merci encore pour vos très beaux et émouvants textes

    Répondre à ce message

  • Bonsoir,
    Votre article m’a intéressée car mon arrière grand père était carrier au Dramont près de St Raphael vers 1910-1918. Ce sont des carrières de gypses me semble t-il, donc de la pierre très dure. Ma famille venait de Toscane. Ma grand mère me racontait son enfance mais elle n’évoquait que des bons moments, une joie de vivre que je ne retrouve pas dans votre récit, elle vivait au sein d’une famille unie et n’évoquait pas la misère mais l’affection des siens, le rire, la danse.
    Le soleil de St Raphael était-il pour quelque chose ?
    Cet arrière grand père exploitait aussi, en parallèle, une petite pension de famille avec un bar. En découvrant les horaires de travail de ces hommes, je trouve improbable qu’il ait pu l’exploiter seul, son épouse devait certainement faire une grosse part de travail.
    Je découvre, grâce à vous, cette vie très dure que je ne soupçonnais pas.
    Merci pour votre article.
    Anne Marie

    Répondre à ce message

    • Bonjour Anne-Marie,
      La carrière du Dramont a été exploitée s’il me semble jusqu’aux années 50-60 du siècle dernier. Contrairement aux carrières de Méry, c’était une carrière à ciel ouvert et il en était extrait une roche très, très dure, qui servait à empierrer les routes. Elle était tellement dure, qu’elle arrivait à résister aux roues cerclées de fer des chariots. Le gypse ou la craie est une pierre tendre, qui au fond est humide et peut même être entaillée par l’ongle.
      Le travail de vote arrière-grand-père était on ne peut plus dur, mais il avait la tête au soleil et le vent de l’Estérel pour sécher sa transpiration - quoique le vent dans la carrière, je n’y crois pas trop et le soleil devait y être insoutenable !
      Bien entendu, les ouvriers carriers de Méry avaient eux aussi leurs propres joies familiales, comme toutes les autres personnes. Mais l’objet de mon récit, vous le verrez dans la prochaine partie de l’histoire, est de décrire la terrible grève qu’ils firent en 1910. Et l’on ne fait pas grève quand on est heureux et satisfait de son sort. Voila pourquoi je ne parle pas de leurs bonheurs.

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      • La condition des ouvriers carriers à Mery-sur-Oise en 1910 16 juin 2010 15:37, par Anne Marie Guillot

        Merci pour votre réponse.
        J’ai visité votre site qui est à la fois intéressant et complet.

        • Vous parlez des cantines, pourriez-vous me donner des renseignements à leur sujet car je sais qu’au Dramont, il y avait tout un village où logeaient les carriers et aussi une cantine. Qui tenait cette cantine ? etait-ce les carriers eux-mêmes ou les patrons ?
        • Je ne sais pas non plus qui étaient les exploitants : des collectivités locales peut-être ou des sociétés privées ?
        • Cette grève de 1910 était-elle locale et propre à la mine que vous étudiez ? A-telle été suivie par d’autres mines ?
          Désolée de vous ennuyer avec mes questions et de prendre un peu de votre temps.
          Je ne manquerai pas la suite de votre récit. Je pense que Généanet nous tiendra informés.
          Très cordialement,

        Répondre à ce message

        • Re-bonjour Anne-Marie,
          Les cantines dont je parle dans mon récit sont le ou les cafés-épiceries qui se trouvaient à côté des cavages (entrées des carrières). Ces établissements appartenaient souvent aux patrons carriers. Là, les ouvriers touchaient leur paie, ce qui n’était pas innocent de la part des patrons, car leurs ouvriers s’empressaient de la boire immédiatement avant de rentrer à leur domicile où les attendaient femmes et enfants… Et de la paie, il ne restait plus grand-chose ! L’ivrognerie était l’un des fléaux de la société française, à la fin du XIXe et au début du XXe siècle. Il ne restait plus aux familles de carriers, que la solution d’acheter à crédit la nourriture. Or, seuls les cafés-épiceries tenus par les patrons carriers leur faisaient crédit. Ainsi, les patrons mettaient leurs ouvriers en état de dépendance et naturellement en abusaient. Je crois qu’il y eut même une loi, interdisant aux patrons carriers d’être propriétaires de ces établissements. En Anjou, dans les carrières d’ardoise, une loi de 1855 interdit même aux ouvriers carriers d’être propriétaires des cafés situés près des entrées de carrière. Pour lutter contre les abus, cette loi obligea également les patrons carriers à mettre à disposition de leurs ouvriers une « cambuse » où tous les produits devaient être vendus à prix coûtant, sans aucun bénéfice. Je ne pourrai vous dire s’il en existait une au Dramont.Il n’en existait pas à Méry sur Oise.
          La grève de mon récit concernait au départ toutes les carrières de la région de la vallée de Montmorency, jusqu’à la Seine et même au-delà. Par la suite, l’intransigeance des 7 patrons carriers de Villiers-Adam, Méry et Mériel, qui refusèrent d’appliquer les directives négociées par les autres patrons carriers, fit que cette grève ne concerna plus que les établissements de ces communes... Mais vous saurez tout cela dans la prochaine partie !

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          • La condition des ouvriers carriers à Mery-sur-Oise en 1910 18 juin 2010 21:22, par Anne Marie Guillot

            Merci mille fois de me faire profiter de vos connaissances et de votre recherche.
            Je vous ai posé cette question sur la cantine car quelque chose m’étonne dans la vie de mes arrières grands parents.
            Ma grand mère me disait que son père était carrier (c’est une certitude) et qu’il avait aussi une pension de famille c’est à dire un restaurant et quelques chambres puisqu’elle me parlait de "pensionnaires" hébergés dans cet établissement. J’avais pensé que c’était cette fameuse cantine mais je vois que je me trompe.
            Mais comment mon arrière grand père pouvait-il faire à la fois 2 métiers (surtout que celui de carrier était pénible) ? Sa femme pouvait sans doute l’aider mais ils avaient 6 filles ce qui devait déjà l’occuper.
            Une autre chose me vient en mémoire : pendant la guerre de 14, le commissaire de police est venu voir mon arrière grand père (qui avait plus de 40 ans et 6 enfants donc non mobilisable) pour lui dire : "les hommes vont partir à la guerre, il ne va plus y avoir de carriers disponibles, cependant au Maroc il y a du travail, tu devrais y aller". C’est ainsi que mon arrière grand père partit du Dramont pour ce pays.
            Il était maitre carrier, il partit avec ses ouvriers italiens qui construisirent de très beaux ponts en pierre taillée (Oued Nififik, Oued Akrech, oued Mellah...). Mon arrière grand mère leur faisait à manger. Ils étaient en pleine campagne, loin de toute habitation.
            Je me demande pourquoi est-ce le commissaire de police qui lui a fait cette proposition.
            J’espère que je ne ne vous importune pas trop.
            Bonne soirée
            Anne Marie Guillot

            Répondre à ce message

            • La condition des ouvriers carriers à Mery-sur-Oise en 1910 22 juin 2010 22:05, par jean-pierre auger

              Re-bonjour Anne-Marie,
              Je ne pense pas qu’il y ait une opposition entre le fait d’être carrier et tenir une "cantine". Comme je vous l’ai déjà dit, dans les mines d’ardoise de la région d’Angers,il y avait des "cantines" qui vendaient à prix coûtant les denrées pour les carriers. Votre grand-père aurait pu tenir une de ces "cantines" pour la carrière du Dramont, s’il en existait une. A priori, au Dramont beaucoup d’ouvriers étaient Belges ou Italiens et il aurait pu également y avoir des dortoirs, comme cela se faisait en Anjou, pour les ouvriers saisonniers ou ceux de passage.
              Mais je ne connais pas le Dramont et je ne peux vous renseigner beaucoup plus. Si votre grand-père tenait la "cantine" de la carrière, il était pour le commissaire de police du pays, un personnage clé pour lui fournir des renseignements sur le comportement des ouvriers étrangers ou de passage, toujours suspectés et traités en fauteurs de trouble. Il en était hélas hier, comme il en est aujourd’hui.
              Les commissaires de police sont souvent des types biens...et un retour d’ascenseur n’aurait été dans ce cas que justice. Mais, ce n’est qu’une supposition.

              Répondre à ce message

  • La condition des ouvriers carriers à Mery-sur-Oise en 1910 14 juin 2010 08:44, par André Vessot

    Bonjour Jean-Pierre,

    J’attendais avec impatience ce 2e article sur les ouvriers carriers à Méry-sur-Oise et je n’ai pas été déçu. Quelle magnifique page d’histoire sociale vous nous présentez là, très bien documentée et illustrée.

    Bravo et merci de nous faire partager cette histoire.
    Bien cordialement.

    André VESSOT

    Répondre à ce message

    • Bonjour André,
      Vos compliments me touchent profondément, surtout que vous écrivez également des articles pour la gazette La vie et la mémoire des hommes et que vous connaissez donc bien les difficultés qu’il y a à faire partager aux autres, par l’écrit, ce qui vous touche personnellement. Je ne pensais pas que mes « racontars » - qui actuellement ne passionnent absolument pas mes petits-enfants (21 ans à 2 ans) – puissent intéresser quelqu’un. J’ai eu la chance un jour d’envoyer « ma prose » à Thierry Sabot. Le mérite de la parution et de la mise en forme de ce chapitre de mon livre pour mes petits enfants lui revient intégralement. Surtout, ne l’oublions pas !

      Répondre à ce message

      • La condition des ouvriers carriers à Mery-sur-Oise en 1910 14 juin 2010 18:19, par André Vessot

        Bonsoir Jean-Pierre,

        C’est vrai que ce n’est pas facile de faire partager par écrit ce qui nous touche personnellement, vous y avez très bien réussi. J’ajouterai que ce ne sont pas de simples "racontars", qui justement n’intéresseraient personne, mais un vécu, une histoire que vous avez dans les tripes.

        Ne vous étonnez pas que vos petits-enfants n’en soient pas passionnés, je pense que ça viendra plus tard et à ce moment ils seront fiers des écrits que vous leur aurez laissés. Rassurez-vous j’ai le même problème, mais je crois qu’il y a toujours des petites choses qui restent et qui marquent nos petits enfants. Moi-même il a fallu pas mal de temps avant que j’écrive sur mon histoire familiale. Il faut un temps pour tout. En tout cas Thierry Sabot a bien fait d’encourager votre prose.

        Peut-être aurez-vous l’occasion de nous faire partager d’autres articles. Bien cordialement.

        André VESSOT

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  • La condition des ouvriers carriers à Mery-sur-Oise en 1910 13 juin 2010 09:50, par Gilles GERMAIN

    Bel article, très documenté.
    J’ai passé ma jeunesse à Draveil, où mes fgrands parents sont venus habiter, en 1910. Les évennements que vous évoquez faisaient encore partie de la mémoire collective dravelloise dans les années 50.
    Une annecdote, concernant les positions syndicales des carriers :
    Au début du XX° sciècle, les syndicats de mineurs et carriers étaient hostiles à la généralisation, par voie légale, des systèmes de retraites par répartition, revendiqués par les autres porofessions.
    Une raison tout à fait objective à cela.
    Ils disaient " Notre espérance de vie est de 52 ans (authentique). Si nous devions cotiser pour des retraites, ce serait pour le bénéfice exclusif de ceux qui pourront en profiter, les ingénieurs, les employés..."
    Le débat de 2010 sur les retraites n’a pas vraiment évolué sur ce point...
    GillesG.

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    • Merci Gilles pour votre message.
      Je ne connaissais pas l’anecdote concernant la position des carriers sur la retraite par répartition. Cette position est « affreusement » logique et pleine de bon sens.
      J’espère que le débat sur les retraites de 2010 sera également plein de bon sens : nos enfants doivent-ils travailler jusqu’à 65 ou 70 ans pour que nous puissions prendre notre retraite à 50 ou 60 ans ?
      C’est de l’humour « carrier » !

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  • je suis petite-fille et fille d’émigrés italiens du nord de l’italie.je connais bien le travail des carrières. ils ont travaillés principalement en bretagne .mon père est arrivé en france en 1926 à 15 ans dernier employeur à nantes en qualité d’épinceur .il travaillait beaucoup c’était très dur surtout l’hiver en plein vent à tailler des pavès .il était payé aux pièces grand travailleur il gagnait assez bien sa vie
    j’admire votre article sur les carrières de méry sa me replonge dans ma vie d’enfant. je suis née en france de mère française.

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    • Merci Jacqueline pour votre message.
      Enfant de la région de Méry, je ne connaissais pas la vie de ceux qui avaient creusé les trous dans lesquels, petits garçons, nous devenions aventuriers, tel le professeur Lidenbrock du roman de Jules Vernes. Même ambiance, mêmes peurs devant l’inconnu qui s’ouvrait devant nous… Ces peurs étaient l’attrait principal de nos explorations !
      Arrivé à l’âge de la retraite, la lecture des journaux de 1910 fut pour moi une révélation sur ces hommes qui avaient creusé ces énormes cavités. L’histoire des carriers s’effaçait doucement de la mémoire collective de mon pays, plus orientée vers les douceurs de la vie moderne que vers la dure réalité de la vie de ses propres ancêtres. Un siècle après, il ne restait plus de trace d’eux. Pas un musée, pas une exposition, pas une carrière à visiter… Il ne restait que de la méprise pour ces ouvriers alcooliques et « malféras » ; pour ces esclaves du travail dont la sueur avait scellé le ciment de l’âge d’or de notre région. Il me fallait bien témoigner de ce que j’avais appris sur eux.

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