Souvenez-vous, l’article a paru le 28 juin 2012 sous le titre « François Eugène Pheulpin, ça vous dit quelque chose ? » Oui maintenant, ça nous dit quelque chose. Grâce, tout particulièrement, à l’une des nombreuses et fidèles lectrices de La Gazette, Sophie Fulhaber, qui nous a communiqué la fiche matricule de cet artilleur de marine [1].
- Extrait de la fiche matricule de François Eugène Pheulpin
Signalement
cheveux et sourcils châtains
yeux châtains, front ordinaire
nez moyen, bouche moyenne
menton rond, visage ovale
taille : 1 m 76
Son "degré d’instruction générale" est noté 3. C’est-à-dire, qu’en plus de savoir lire et écrire, il possède une instruction primaire.
Entre le tissage des toiles de chanvre, de lin ou de coton, François, choisit de « filer » ailleurs, dans d’autres contrées. À 20 ans, il s’engage pour une durée de quatre ans le 24 septembre 1898 sous le matricule B 3150 comme second canonnier servant, au 2e Régiment d’Artillerie de Marine [2].
Il accroche ses galons de premier canonnier servant le 21 août 1901 (probable date de la photo). Le 7 août 1902, il rempile pour trois ans, puis encore deux, et ainsi de suite.
Ses différentes affectations
- Différents Régiments d’artillerie Coloniale : 2e RAMa, 6e RAC, 3e RAC, 7e RAC, 2e RAC, 6e RAC et 3e RAC.
- Le 15 mars 1914, il est libéré du service actif, mais restera en réserve dans « la territoriale ». Il sera démobilisé le 1er février 1919.
- Armée Territoriale : affecté pendant la guerre aux différents Régiments d’Artillerie Lourde (RAL) : 188e RAL, puis le 89e RAL, puis 1er Régiment d’Artilleurs à pieds, 87e RAL, 81e RAL et retour au188e RAL.
Ses campagnes
- Le Sénégal du 13 janvier 1899 au 31 octobre 1899 (6e RAC).
- Côtes Occidentales Françaises [3] (en guerre) du 1er janvier 1900 au 15 août 1900.
- La Réunion du 10 avril 1901 au 15 juillet 1902.
- Le Sénégal du 1er avril 1904 au 26 mars 1906.
- Madagascar (en guerre) du 10 aout 1907 au 21 août 1909.
- Le Sénégal du 10 janvier 1912 au 30 janvier 1914.
- Campagnes, blessure et décoration
Ses blessures (en service commandé)
« Le 4 juin 1913, pendant un tir à la tourelle, remplissant fonction de pourvoyeur en projectile ; (François Eugène) dégageait aidé d’un autre servant, un projectile du basculeur lorsque, par suite d’un mouvement brusque, il reçut une blessure à la main gauche qui nécessita son admission d’urgence à l’ambulance (N° 40) ».
Décorations
A reçu la médaille coloniale avec agrafe « Afrique-Occidentale Française » [4].
Sa vie civile (de retraité)
François Eugène Pheulpin a 42 ans et il est célibataire. Il se retire le 22 octobre 1919 à Audincourt (4, rue Romaine) dans le Doubs (25), puis le 9 mars 1920 à Lepuix-Gy en Territoire de Belfort (90).
En 1921, il figure dans les recensements, mais c’est sa mère qui est notée comme chef de famille. Le père, Louis-Philippe Pheulpin, est sans doute décédé.
En 1926, il est déclaré « chef de famille » et doit s’occuper de sa mère veuve.
Le 25 août 1931, il décède à Giromagny, rue Saint Pierre.
En 1931, sa mère, Fanie Angélique Rossée, à 74 ans, était toujours tisseuse. Elle décèdera, après l’été 1934, à la maison de retraite de Rougemont le Château (canton de Fontaine).
Conclusion ?
Il se disait dans la famille qu’il était mort à la Grande Guerre, dans le Jutland. Pourquoi ce mensonge ? Était-ce pour cacher une brouille familiale ? Laquelle ? Peut-être avec son père Louis-Philippe ?
Le père avait connu la guerre de 1870 et avait été fait prisonnier au siège de Belfort par les Allemands. Ils ont été emmenés en Allemagne à pied. Il en avait été très marqué.
Est-ce qu’il ne voulait pas que son unique fils fasse carrière dans l’armée ? Peut-être ne s’entendaient-ils pas tous les deux. L’acte de décès de Louis-Philippe pourrait-il nous en apprendre davantage ?
Ce que l’on devine, c’est qu’il s’entendait bien avec sa mère Fanie Angélique, puisqu’il la rejoint dans sa vie civile jusqu’à sa mort.