Pour donner l’étymologie d’un nom et pour éviter des erreurs il est indispensable de déterminer l’aire linguistique à laquelle il appartient.
Au cas particulier il semblerait que le berceau de la famille Cognard ou Coignard se situe à Maixant près de Plelan-le-Grand, au centre de la forêt de Brocéliande en Bretagne.
Le général Tuffet a étudié la famille Congnard. Il a dépouillé les registres paroissiaux de Maixent - il a relevé 917 actes concernant cette famille entre 1590 et 1730 et recensé 504 Cognard ou Coignard sans compter les épouses ni les enfants des filles Cognard.
Le breton a toujours été parlé dans cette région. C’est donc cette langue qui doit pouvoir donner une réponse.
D’après M. Guyonvarc’h, maître assistant de celtique à l’université de haute Bretagne (Rennes II) ce nom est un composé de « cain » beau et « ard » ours - il signifie donc « bel ours » dans le sens de « fort comme un ours ». Monsieur Guyonvarc’h l’a traduit par l’expression « bon guerrier ».
Un acte du onzième siècle confirme cette interprétation.
Dans l’acte de fondation de monastère de Locmaria de Quimper par l’évêque Benédic, compte de Cornouaille et par Alain Canhiart, son fils et son successeur au dit compte, le scribe a traduit « « Cainard » par " Bellator fortis" (Bulletin et mémoires de la société archéologique du département d’Ille et Vilaine, année 1885 page 20 note 4.)
Or cette expression latine signifie « guerrier robuste » ou « combattant valeureux ». Ce qui rejoint la traduction de M. Guyonvarc’h. C’est donc un nom de soldat.
Existe-t-il une généalogie de la famille Cognard ? L’étude la plus complète a été menée par le général Tuffet ci-dessus nommé, à partir des registres paroissiaux de la paroisse de Maixent.
Travail difficile comme l’explique l’auteur :
« Mais les difficultés surgissent lorsqu’à partir des actes paroissiaux, on cherche à regrouper ces 504 Coignard par familles - les recteurs de Maxent sont, en effet, d’un laconisme déconcertant - Les actes de mariage ne mentionnant ni la filiation, ni l’âge des époux ; les actes de sépulture n’indiquent pas non plus la filiation, et, au plus, donnent le nom du père seul. Qu’on se reporte aux actes anciens... on verra que les recteurs sont plus soucieux de relever la place du corps dans l’église et la somme due par la famille pour les frais de sépulture que de noter la filiation du « de cujus » - par ailleurs, les actes paroissiaux sont très généralement muets sur les parrains et marraines et sur les personnes présentes aux baptêmes, mariages ou sépultures. Dans les rares cas où ils comportent une telle mention, ils s’abstiennent de préciser les liens de parenté entre ces personnes et les baptisés, mariés ou défunts... »
Les homonymes constituent une autre source de difficultés : sachant qu’entre 1596 et 1730 il y a eu 107 Jean Coignard, comment identifier un Jean Coignard dans un acte de mariage ou de sépulture si la filiation n’est pas indiquée ?
Le général Tuffet donne deux exemples de difficultés de ce genre dont celui-ci :
« Un Jean Coignard épouse Perrine Porcher en 1622. Un autre Jean Coignard épouse une autre Perrine Porcher en 1634. Si l’un peut attribuer au premier mariage les enfants nés entre 1622 et 1633, la répartition des enfants baptisés après 1634 relève de l’art de la divination. Comment attribuer les Joseph Coignard, fils de Jean Coignard et Perrine Porcher nés, l’un en janvier 1641, l’autre en août de la même année ? »
Ces difficultés pourraient être tournées grâce aux actes notariés - malheureusement les registres des notaires de Plélan n’ont pas été conservés. Malgré ces obstacles le général Tuffet réussi , en partie, à monter une généalogie des Coignard de Maixent.
Cette famille est toujours représentée à Plélan.
Maixent curieux village crée à partir du château d’un roi de Bretagne. Minuscule capitale d’un petit pays que les Bretons appelaient alors « Pontrecouet » ce qui signifiait « pays à travers bois ». Au Moyen Âge le nom se modifia et devint par contraction « Porhoët ».
Lieu idéal pour la chasse et refuge sûr au centre d’une immense forêt appelée « Brécilien » nom dont les poètes français du Moyen Âge firent « Brocéliande ». C’est en effet la forêt mystérieuse des bardes gallois et des poètes.
Ce massif forestier avait pour bornes naturelles à l’Est le cours de la Vilaine jusqu’à son confluent avec le Meu, qu’elle suivait au Nord jusqu’à Mordelles, elle s’étendait vers l’Est à travers les territoires de Saint-Gondran et de la Chapelle Chaussée. Sa limite Nord passait au Sud de Becherel, elle suivait ensuite vers l’Ouest la chaîne des collines de Becherel jusqu’à la forêt de la Hardoniére, au Sud, la rivière de l’Oust formait son contour méridional - la largeur moyenne de cette forêt était au moins de 60 kilomètres et sa longueur de 135 kilomètres environ.
De cet important massif que reste-t-il ? Peu de chose, quelques bois, quelques forêts comme la forêt de Paimpont où persiste le souvenir de Merlin l’Enchanteur et de la fée Viviane ? On peut encore aller rêver à la fontaine de Barenton et au Val sans retour.
La forêt explique Maixent ; c’était un abri sûr. Les rois de Bretagne n’eurent pas à cette époque de moyens de défense plus puissants que la forêt de Brécilien. Cet énorme bloc sylvestre, écrit un auteur breton, occupait toute la région médiane de la Bretagne, formait un fourré, un désert quasi impénétrable. C’était une vraie muraille de Chine, verdoyante, arborescente, longue de trente lieues, large de quinze, isolant le Nord du Sud, l’Est de l’Ouest, empêchant la communication par l’intérieur entre les diverses peuplades qui ont successivement occupé la péninsule, offrant d’autre part à la liberté, à la résistance des indigènes un refuge inviolable contre l’invasion étrangère.
Des Francs, des Normands, des Anglais se lancèrent sous les ombrages de Brécilien pour guerroyer contre les Bretons, peu en revinrent, la forêt les dévorait. Pendant des siècles les habitations furent rares dans ce vaste fourré c’était le domaine des ronces, des buissons, des arbres et des bêtes sauvages. Nul doute que cette terre ingrate et ce milieu sauvage ont modelé le caractère de nos ancêtres. Peut-être en reste-t-il quelque chose...
Bien entendu des membres de cette famille se sont expatriés. Dès 1224 le nom est cité dans un document à La Rochelle. En 1426 un Jehan Cognard est reçu à Toulouse par les capitouls de cette ville comme notaire. Sa descendance sera représentée pendant plus de cent ans dans cette ville du Midi. A cette branche appartient la poétesse Gabrielle Coignard morte en 1586.
D’après un acte du 10 septembre 1453, un Jehan Coignard possédait une maison rue des Trois Moulins « oultre les ponts » à Château-Gontier. En 1524, un autre Jehan Coignard, sans doute descendant du précédant, tenait une maison rue des Peintres dans la même ville. Cette famille était encore représentée en 1689. Malheureusement faute de document, nous ne savons rien de ces lointains parents. Par contre à quatre kilomètres au Sud de Château-Gontier, à Ménil, s’épanouit dès le XVIe siècle une famille Coignard, peut-être détachée des Cognard de Château-Goutier.
Les registres paroissiaux de ménil du XVIe siècle conservent deux actes du baptême d’enfants Coignard. Le plus ancien concerne Pierre Coignart.
« Le 16e jour de janvier l’an que dessus (1564 ou 1565) je baptize Pierre filz de Georges Cognart et Perrine sa feme et furent parrains Jehan Le Sayeux et Georges Charpentier, marayne Perrine Bourgays. »
Le second concerne Gilles Cognart frère du premier, baptisé le 12 avril 1567.
« Le 12e jour d’april l’an que dessus (1567) je baptize Gilles fils de Georges Cognart et de Perrine Hamon sa feme et furent parrains Gilles Charpentier et René Allard, marayne Barbe Guillien. »
Malheureusement les Cognard qui apparaissent ensuite ne descendent pas de pierre ni de Gilles mais d’André dont nous n’avons pas retrouvé l’acte de baptême à Ménil. Peut-être a-t-il été baptisé à Chemazé, commune voisine, qui possède aussi des registres paroissiaux anciens que nous n’avons pas eu la possibilité d’examiner.
Les filiations sont prouvées pour les Cognard de ménil à partir de Pierre Cognart baptisé le 15 août 1612.
« Le 15e jour du moy d’aoust (1612) je baptise Pierre filz de André Cogart et de Etiennette Marten et fut parrain Pierre Jouin et maraine Renée Martine. Fait le jour et an que dessus. »
Vers 1637 pierre Cognart épousa Renée de Mousnier, née vers 1608, décédée à ménil le 5 mai 1688. Pierre Cognart quand à lui mourut aussi à Ménil le 20 septembre 1699.
Dont huit enfants et descendance à ménil jusqu’en 1839.
A cette famille appartient Jean René Coignard, rabotier, né à Ménil le 20 octobre 1805. A Saint Mars sur la Futaie (Mayenne) le 16 novembre 1833 et épousa Marie Julienne Launay née à Saint-Denis de gastines le 19 mars 1810, décédée à Landroy (Mayenne) le 5 novembre 1860.
Dont nombreuse descendance, à Saint-Mars sur la Futaie, Landivy et Montaudin.
Coignard Vital Louis né à saint mars sur la Futaie le 26 mars 1839, mariée deux fois, a laissé 12 enfants nés dans les communes de Saint-Hilaire du Harcouet et de landivy.
Une autre famille Cognard s’est épanouie à Rouen à partir du XVIe siècle. Quel fut son auteur ? On ne sait.
Pourtant une recherche importante a été faite qui permet de remonter cette famille jusqu’à Nicolas Congnard né à Rouen en 1554, décédé à Rouen le 20 février 1632. Vers 1570 il épousa Marguerite Auffray née vers 1556 décédée le 1er novembre 1632.
Dont nombreuse descendance.
Une recherche dans les archives notariales de Rouen serait tout à fait instructive. M. François Burckard conservateur en chef des archives de la Région de Haute-Normandie écrivait en 1981 « nous avons toutes les minutes de tous les notaires de Rouen de 1360 à la fin du XIXe siècle ».
Enfin d’autres Cognard ou Coignard, au XIXe siècle se sont fixés à Paris et aussi en Saône et Loire. Ces familles n’ont pas été étudiées.
Merci à tous ceux qui liront et s’intéresseront à cet article et nous apporteront un complément d’information par exemple sur les familles CONGNARD de Rouen, Paris ou ailleurs...