- 3e batterie du 4e régiment d’artillerie
Le portrait de Paul Boilletot, au milieu et en plus grand format que les autres, se retrouve en plus petit format, à sa gauche en regardant la photo.
Le cadre du milieu est destiné, sans nul doute, à recevoir le portrait interchangeable de l’un de ces 23 militaires.
Ils sont tous "en grande tenue" avec leur paire de gants blancs tenue à la main et la plupart tiennent leur sabre d’artillerie serré par le bras gauche ou appuyé sur le "prie-dieu" sur lequel ils posent.
Nous avons besoin de précisions : "Que savez-vous de plus sur Paul Boilletot : date et lieu de naissance, carrière civile et militaire ? Avez-vous consulté sa fiche matricule qui nous donnerait des renseignements complémentaires ? La photo de votre grand-père peut être le début d’une intéressante recherche sur ces conscrits de 1901".
Nicole nous répond : "Paul Boilletot est né le 17 octobre 1883 à Champigny les Langres. Il était Maître Sellier. Vous me parler de sa fiche matricule ; comment la trouver ?"
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Engagé volontaire
Sa fiche matricule est sur le site des archives départementales de la Haute Marne [1] : Paul est engagé volontaire au 4e d’artillerie à Besançon... mais ne nous dit rien de plus !
Le 4e Régiment d’Artillerie de Campagne, successivement 4e Brigade du Royal Artillerie, Régiment de Grenoble, puis 4e Régiment à pied à l’époque où Napoléon Bonaparte fut Lieutenant dans une de ses Batteries, compte parmi un des plus anciens Régiments de France. Les noms d’Héliopolis, Lutzen, Constantine, Sébastopol brodés en lettres d’or sur son étendard, évoquent ses glorieuses Campagnes [2]. |
Heureusement, après quelques recherches, voilà une fiche matricule beaucoup plus complète [3] :
- Détail des services et mutations diverses
« Engagé volontaire pour trois ans le 18 octobre 1902 à la mairie de Langres au titre du 4e Régiment d’Artillerie. Arrivé au corps le 20 du dit (mois) et immatriculé sous le N° 2481. 2e Canonnier servant le 20 octobre 1902. 2e ouvrier bourrelier le 19 septembre 1903.
Passé au 11e Régiment d’Artillerie le 19 septembre 1905. Arrivé au corps le 22 septembre 1905 et 2e ouvrier bourrelier ledit jour, immatriculé sous le n° 4546.
Rengagé pour 2 ans le 28 septembre 1905, à compter du 18 octobre 1905. Brigadier sellier le 7 octobre 1905. Commissionné le 18 octobre 1907.
Passé au 31e Régiment d’Artillerie… »
A la 3e batterie
La « batterie de 75 montée » d’artillerie de campagne : La batterie de 75 représente la plus petite unité d’un régiment d’artillerie. Elle est commandée par un Capitaine de l’armée d’active. Le personnel de la batterie est réparti en 9 pelotons de pièce. Chaque pièce est commandée par un Maréchal-des-Logis, assisté de un ou de deux Brigadiers.
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Ouvrier bourrelier
- Ouvrier bourrelier
En septembre 1903, Paul Boilletot devient "ouvrier bourrelier". L’insigne qu’il porte en haut de ses deux manches nous permet de dater la photo : entre septembre 1903 et septembre 1905.
- Insigne de bourrelier
- Cet insigne de manche représente de façon stylisée un "collier de force"
Explications succinctes sur le travail du bourrelier : N’oublions pas qu’à l’époque la traction des canons se fait grâce à des chevaux. Pour les travaux d’entretien des « trains d’artillerie » à traction hippomobile, comme pour les soins à donner aux chevaux, le recrutement pour l’armée s’effectue chez les jeunes hommes exerçant, entre autres, les métiers manuels de charron, sellier et bourrelier, maréchal-ferrant… Le bourrelier est spécialiste de la fabrication de harnais, colliers et autres accessoires liés à l’utilisation des chevaux de trait. Il fabrique et répare sans arrêt les lanières des attelages. La principale matière travaillée par le bourrelier est le cuir : cuir de bœuf ou de vache, parfois de mouton. Le bourrelier utilise aussi différents tissus et toiles. Pour fabriquer les colliers, il travaille également le bois et utilise clous, rivets, ferrures et autres pièces de métal, ainsi que de la bourre (poils d’animaux ou fillasse de chanvre) - d’où le nom de ce métier. |
Il reste maintenant à "faire parler" la photo ! Espérons qu’elle soit bavarde !! [6]
Paul Boilletot au 4e d’artillerie
La tenue se compose d’un dolman bleu très foncé à collet écarlate bordé d’une tresse noire. Il se ferme par une rangé de 7 boutons et est orné de 7 brandebourgs en laine noire portant un gros bouton à chaque extrémité. Le pantalon est en drap bleu foncé avec deux bandes écarlates.
- Dolman d’artillerie
- En haut, les gradés
- Un artilleur "spécialiste"
Les militaires des deux rangs en haut de la photo ont leur grades sur leurs manches. Au 1er rang, le deuxième et le troisième en partant de la gauche portent le grade de Maréchal des Logis. Ils sont "Chefs de pièce" c’est-à-dire qu’ils commandent la manoeuvre de "mise en batterie" de leur canon de 75 mm et la bonne exécution de son tir.
- Grade de sergent d’artillerie
Tous les autres sont des brigadiers, à part ceux à chaque extrémité du 2e rang.
Ces brigadiers portent sur leur manche gauche un insigne représentant une grenade enflammée : ce sont des "brigadiers-régleurs" passés "maitres" dans l’art de "pointer" l’objectif de tir.
- Insigne de maître-pointeur
- Grade de brigadier d’artillerie
Intrigué par l’insigne de col et des manches de l’un de ces deux artilleurs (2e rangée en partant d’en haut, le premier à gauche), j’ai posé la question aux passionnés du Forum Pages 14-18.
Les galons du col et des manches sont ceux d’un trompette : on distingue bien la « cannetille » caractéristique, galon losangé tricolore, au col et au bas des manches. Chez les trompettes, le galon de manches est posé en pointe. A l’inverse des musiciens de la fanfare, les trompettes, clairons et tambours ne portent pas la lyre sur les manches.
- Insigne de col pour le trompette
- Insigne des manches pour le clairon et le trompette
Pour plus de précisions sur les batteries d’artillerie, vous pouvez consulter sur Gallica : "Le livre du gradé d’artillerie à l’usage des élèves brigadiers, brigadiers et sous-officiers d’artillerie de campagne, contenant toutes les matières nécessaires à l’exercice de leurs fonctions et conforme à tous les règlements parus jusqu’à ce jour" (1915).