Conscrit
Sur le site des archives de l’Ardèche, je pars à la recherche de la fiche matricule de Rémy-Adrien Guironnet.
Né le 10 janvier 1856, il est de la classe 1876. Reste à trouver son numéro matricule dans la table alphabétique. Celui-ci me permettra de retrouver sa fiche. Bien des Guironnet sont recensés en 1876... "notre" Rémy porte le numéro 796.
Grâce à cette fiche, j’apprends plein de choses sur lui :
- sa description physique : à 20 ans, il mesure un mètre soixante. "Cheveux et sourcils bruns, yeux bruns, front bombé, nez petit, bouche moyenne, menton rond, visage ovale".
- son niveau d’instruction : il est indiqué le chiffre 0 : ce qui correspond à "ne sait ni lire, ni écrire".
- sa religion : il est catholique.
Au tirage au sort de Saint Félicien, le 15 février 1877, il tire le numéro 16.
Puis, le 2 mai, c’est le conseil de révision. Il est reconnu "Bon" pour le service [1].
Dans le « Journal d’Annonay » du 1er décembre 1877, il est annoncé que « par une circulaire en date du 16 novembre courant, M. le ministre de la guerre a décidé que la mise en route des jeunes soldats de la classe de 1876 aura lieu, pour la première portion, du 10 au 14 décembre prochain, et pour la deuxième portion le 20 du même mois ».
Remy-Adrien Guironnet est placé dans la 1re partie « de la liste du recrutement cantonal…par la décision du conseil de révision ». Dans 10 jours, il partira soldat pour 5 ans !
Il est incorporé sous le N° 6643 au 4e B.C.P, Bataillon de Chasseurs à Pied stationné à Marseille ! Sur sa fiche matricule, il est noté "parti le 13 Xbre 1877" c’est-à-dire le 13 décembre, et "arrivé au corps le 24 dudit".
Chasseur à pied dans l’Aurès
Le 4e Bataillon de Chasseurs est créé en 1840.
- il est en Algérie de 1850 à 1855, notamment pour la campagne contre les Beni Snassen (mai 1852).
- envoyé en Crimée en 1855, il participe au siège de Sébastopol, se distingue au Mamelon Vert et aux deux attaques de Malakov (18 juin et 8 septembre).
- en 1870, il est à l’armée du Rhin et de Chalons, se distinguant à Beaumont (30 août) et à Sedan.
- ce bataillon est envoyé en Algérie de 1875 à 1880.
C’est à ce dernier titre, qu’Adrien Guironnet est en Algérie durant son service.
- Le Figaro 4 juin 1879
Le 4e Bataillon de Chasseurs à Pied fait partie des troupes du 19e Corps d’Armée du Général Saussier. Les journaux de l’époque, quelle que soit leur tendance, se font l’écho de cette "insurrection". Nul doute qu’au fin fond de la Haute Ardèche, on suit les évènements avec passion...et quelques inquiétudes. Cette "révolte" est matée par la force armée en moins d’un mois.
- La Lanterne du 16 juin 1879
Adrien Guironnet est mis "en congé le 4 octobre 1881, en attendant son passage dans la réserve". De retour au pays, il passe réserviste de l’armée le 1er juillet 1882.
En mars 1894, il apprend ; par "la Gazette du village" ; la création d’une nouvelle médaille coloniale : « Cette médaille est en argent, du module de 30 millimètres. Elle sera suspendue par un ruban à raies blanches et bleues. Le titulaire de la médaille recevra autant d’agrafes qu’il aura accompli de campagnes dans des possessions différentes. Les campagnes qui donnent droit à cette médaille sont : Algérie… Insurrection de l’Aurès du 1er juin 1879 au 21 juin 1879 » [2].
A-t-il fait la demande ?