J’ai choisi en sous titre "le tailleur de pierres de Saint Aubin" en clin d’œil au roman de Lamartine "le tailleur de pierres de Saint Point" œuvre dans laquelle le héros Claude des Huttes évoque largement sa passion pour le travail de taille des pierres [1].
Emmanuel Chandioux [2], tailleur de pierres comme l’était déjà son père, écrit le 16 mai 1912 à sa sœur Isaure « Chez Madame Bontoux à Châteaurenard » « de Brétigny, tout près de Paris ». Pour ce chantier, il est "ravaleur de pierres" occupé à la réfection d’un bâtiment. Son adresse est « cantine Tessens à Brétigny, S(eine) et Oise ».
Dans le Journal Officiel du 1er novembre 1913, je trouve l’attribution par le Ministre du Travail de « la médaille d’honneur accordée aux serviteurs et domestiques attachés à la personne…à Mme Veuve Thion (Marie) à Brétigny sur Orge, 32 ans de services chez Mme Tessens » Marie Thion a du connaitre mon ancêtre Emmanuel Chandioux ! En cherchant Mme Tessens et sa fidèle employée à Brétigny sur Orge, j’ai fouiné dans le recensement de 1911. Beaucoup de "pensionnaires" sont hébergés sur place, venant de toutes les régions de France. Ce sont certainement des "migrations à titre temporaire" La Compagnie d’Orléans (Chemin de Fer) emploie pas mal de personnel à Brétigny, dont la plupart sont nés ailleurs que dans la région, et qui se fixent dans la commune. Il y a probablement des réseaux de recrutement en fonction de la région d’origine et des corps de métiers. |
- Les résidences temporaires d’Emmanuel
- Pour son métier de tailleur de pierres, Emmanuel Chandioux se déplace partout en France et à l’étranger ; au gré des chantiers.
Sur sa fiche matricule (classe 1897) sont notées ses adresses successives.
Emmanuel écrit : « Je te dirais que ma femme est au pays (Saint Aubin sur Loire) car je vais bientôt avoir un autre bébé, sa mère est là pour la soigner ». Sa femme, Virginie Bollot, est enceinte de son deuxième enfant. Après Rosine née le 1er mars 1908, son frère Jules naît le 17 juillet 1912.
- Emmanuel précise : « je t’envoie une carte où tu me reconnaîtras facilement car je suis assis. »
Grâce aux détails de son architecture bien visibles sur la photo ; on peut retrouver ce bâtiment de Brétigny sur Orge : c’est le Château La Fontaine. Après plusieurs propriétaires durant trois siècles,au début du XXe siècle, M. André Saint acquiert le château, alors à l’abandon. Il fait entreprendre d’importants travaux de reconstruction en 1912 sur le même emplacement : le parc est embelli de statues et un bassin est creusé derrière la façade Nord. Ensuite, Les frères de la doctrine chrétienne de Passy l’aménagent en collège de garçons. Au départ des prêtres, les bâtiments deviennent propriété de l’état qui décide de l’aménager afin d’y accueillir, dans un cadre agréable, des étudiants. |
Pour vous permettre de mieux appréhender le métier de tailleur de pierre, et les péripéties de leurs migrations d’un chantier à l’autre ; vous pouvez lire Léonard, maçon de la Creuse mémoires de Martin Nadaud. (ouvrage disponible sur Gallica ).
Le "ravaleur" est celui qui nettoie et restaure, voire retaille les pierres sur les bâtiments en rénovation... On dit encore aujourd’hui un ravalement de façade, même si la pierre de taille a laissé la place au béton.
Bibliographie :