Vous êtes-vous posé un jour la question : « Et si je pouvais reconstituer virtuellement un lieu disparu ? »
C’est ce qui m’est arrivé en repensant à la belle reconstitution en trois dimensions de l’abbaye de Cluny (Saône-et-Loire) ou de la ville de Paris en 1550.
Au moment de la rédaction d’un ouvrage sur l’histoire de la commune de Nandax (nord du département de la Loire) je m’étais penché sur plusieurs documents relatant la description de l’ancienne église démolie et remplacée en 1860.
J’avais demandé à mon père, à partir de devis de réparation et de plans datant des années 1820, de concrétiser le plan au sol et en perspectives de l’ancienne église. Ce qui fut fait et a donné les schémas suivants :
Un descriptif plus récent (1856) que ceux utilisés précédemment ainsi qu’un dessin en perspectives me donnaient quelques indications supplémentaires, en particulier le fait que la partie du chœur se trouvait plus basse que la nef :
Puis, au cours de mes recherches historiques je découvrais un document datant du 18e siècle, une visite pastorale de 1746, décrivant dans le menu détail la composition de l’église.
J’avais alors assez d’éléments pour tenter une reconstitution en 3D mais ne possédais pas les moyens financiers de m’offrir un logiciel Catia ou l’aide d’IBM.
Je décidais de réaliser ce travail avec un logiciel pour amateurs, Architecte 3D de Micro Application, que j’avais déjà pris en main pour la création d’une maison individuelle.
Ayant des superficies précises, des hauteurs approximatives, je tentais une modélisation du bâtiment. Il me fallait faire un choix sur les textures car là je n’avais aucune indication.
Avec une certaine maîtrise du logiciel, acquise pour la création architecturale d’une maison moderne, on obtient le résultat suivant :
On voit qu’il est possible d’intégrer le bâti dans un décor en arrière plan, sachant qu’une base d’arrière-plans existe dans le logiciel mais qu’on peut aussi l’enrichir de fonds créés par soi-même et importés.
Restait alors à tenter, toujours d’après le descriptif détaillé de la visite pastorale, de reproduire l’intérieur de l’édifice avec les seuls outils qu’offre le logiciel : meubles, objets et textures.
Ici, par exemple, il a fallu créer un crucifix, qui n’existe pas dans la bibliothèque des objets, en assemblant trois battes de base-ball comme pour la croix au sommet du clocher ! Le retable est reconstitué à partir d’un objet « cadre de photo » dans lequel j’ai incorporé une icône faisant partie de la bibliothèque d’objets.
On remarque sur le mur de gauche un blason ; c’est une image d’armoiries qu’il est aussi possible d’importer dans le logiciel.
Le bénitier gris à droite n’est autre qu’un ustensile de vaisselle dont j’ai changé la taille et la teinte.
Les lambris placés au bas des murs sont construits avec un deuxième mur de quelques centimètres seulement d’épaisseur et d’une hauteur limitée à 1 m 60.
Le maître autel suit le descriptif de la visite pastorale. Là encore il faut rechercher dans la bibliothèque d’objets et user de toutes les astuces pour recréer la scène. Bon an, mal an on y arrive !... Il ne faut pas hésiter à retourner un objet, en changer la taille ou la forme (largeur, hauteur,...), la texture, voire superposer et assembler plusieurs objets ou masquer une partie de ceux-ci.
Que les néophytes se rassurent : il est également possible de créer des effets d’éclairage avec Architecte 3D, comme par exemple dans ce premier essai de reconstitution
Une fois la modélisation terminée, on peut faire des prises de vues et procéder à un montage photographique pour, par exemple, intégrer la reconstitution dans une carte postale ancienne :
Voilà en quelques mots ce qu’on peut faire avec un logiciel amateur. Il faut simplement un descriptif fiable, du temps, de l’imagination pour utiliser au maximum les ressources du produit. Bon courage à ceux qui seront tentés par l’expérience.
Nandax, village de la Loire
Après une présentation socio-économique, l’ouvrage de Bernard Michel retrace les grandes étapes de la vie de Nandax depuis 1269, sans oublier un large panorama sur les deux châteaux dont dépendait cette paroisse il y a huit-cents ans : Ressins et le Poyet pour lesquels l’histoire des grandes familles propriétaires est inventoriée de façon détaillée... Lire la suite...