Internet apporte incontestablement une aide aux généalogistes, mais risque très rapidement de les intoxiquer. En effet, en l’absence de sources et de vérifications, la moindre erreur se reproduit très rapidement, et il est difficile de la corriger auprès de généalogistes « copilleurs » (ou « géné-copieurs »), de plus en plus nombreux, et dont on ne connaît même pas le nom.
Le site Généanet propose une fonctionnalité intéressante dans GENEWEB, celle permettant à un généalogiste tiers de corriger les données d’autrui. Mais ce tiers aura t’il la patience de corriger ou d’informer tous les généalogistes concernés par une erreur ? Certainement pas !
Alors que beaucoup parlent de partage en restant dans leur coin avec leur petit logiciel, il serait peut-être temps de disposer d’un véritable outil de partage : un Arbre généalogique mondial !
Et aujourd’hui, Internet permettrait ce partage ! Chaque individu ayant existé sur terre ne serait recensé qu’une seule fois. Les généalogistes pourrait compléter les informations en postant des sources, des photos, des corrections... mais en collaborant avec plein d’autres internautes. A la moindre correction sur un individu, toutes les généalogistes en descendant seraient prévenus par mail.
Les éditions d’arbres, de fiches familiales, de cousinages, seraient également possibles, avec la référence des sources et de tous les internautes ayant participé aux recherches, et bien sûr le rapatriement d’une sélection de données en local sur son PC. Avantage : gain de temps appréciable pour tous, inutile de chercher sur des quantités de sites ou de refouiller dans les archives, de s’interroger sur la validité de telle ou telle donnée, car aujourd’hui, que de temps et de ressources perdues si on accumule toutes les recherches individuelles.
Avec un Arbre généalogique mondial, la fiabilité serait renforcée, ou en tout cas, une correction serait connue de tous, car centralisée. Un même niveau d’information pour tous ! Des données que chacun pioche ou complète à un seul endroit. On se sentirait un peu plus tous frères. Chacun contribuerait à un projet d’envergure planétaire, y apportant sa petite pierre. Plus de concurrence, d’ingratitude, de ségrégation...
Utopique ? Pas tant que cela. Les données et certaines fonctionnalités existent déjà plus ou moins.
Pour les données, il faudrait réconcilier :
- Les généalogies déposées sur Généanet et d’autres sites tels que celui des Mormons.
- Les relevés de registres effectués par les particuliers et associations, pour s’assurer de la validité des sources.
- Les documents numérisés par des dépôts d’archives pour des liens.
- Les biographies rédigées par les généalogistes, les historiens locaux ou nationaux.
- Les bases de données diverses (et souvent payantes)...
Techniquement, il faudrait :
- 1) Un minimum de sécurité informatique (sauvegardes des données, habilitations, anti-virus), et d’importantes ressources (rapidité de traitement, espaces disques suffisants, fiabilité des connexions réseau). Les serveurs pourraient être régionaux, avec des liens entre eux en raison des migrations de population au cours des siècles, mais ce serait transparent pour l’internaute.
- 2) Une gestion des données par groupe de travail, auquel s’inscrirait l’internaute pour être prévenu de toute modification. Le groupe gérerait plus particulièrement un territoire, un type de sources...
- 3) Constituer un squelette de filiations, où aucun doublon n’apparaîtrait. Ce travail énorme et initial ne peut être entièrement automatisé et demanderait la participation des internautes, qui pourraient être regroupés par commune ou région au sein de leur groupe de travail.
- 4) Améliorer les logiciels au niveau de la gestion des évènements et des sources. Au moins deux évènements concernent un individu : sa naissance et sa mort. Ensuite, entre les deux, il peut y avoir un baptême, une communion, un diplôme, une embauche, un mariage, un divorce, un PACS, un parrainage, un témoignage dans un acte, une acquisition immobilière... bref tout ce qui peut être datable. Ces évènements sont de catégories différentes, mais devraient être gérés de manière homogène. A un évènement peut correspondre une ou plusieurs sources. Cette source peut être un texte intégral ou résumé, un enregistrement sonore, une photographie, une vidéo. A une source peut correspondre plusieurs évènements concernant un ou plusieurs individus, par exemple, un baptême concerne l’enfant, le père, la mère, le parrain, la marraine, un acte de vente concerne l’acquéreur, le vendeur, les cautions, les témoins... La source doit être unique, au même titre que l’individu, le rôle de l’internaute étant principalement d’établir des liens évènements entre les deux, liens qui serait validés par son groupe de travail. Ces notions de sources et évènements sont actuellement négligées, tant par les logiciels que par les généalogistes. Un simple témoignage peut faire grandement avancer une généalogie au 16e ou 17e siècle, mais est souvent mal géré aujourd’hui.
- 5) Améliorer les logiciels au niveau des filiations incertaines.
- 6) Par la suite, comme le suggérait récemment le président de la FFG, intégrer le code génétique, ce qui serait d’un grand apport pour la science.
Financièrement (mise en oeuvre, gestion, droits d’auteurs...), et surtout au niveau relationnel (particuliers, associations, sociétés privées, historiens, archivistes, collectivités territoriales), c’est une autre histoire. Il faudrait un fédérateur, et surtout que chacun prenne conscience que l’on établit "sa" généalogie non pas pour soit, mais pour les générations à venir, pour la sauvegarde de la Mémoire.
Les membres des associations qui dépouillent les registres sont certainement les plus conscients, surtout depuis l’apparition des nouvelles technologies. Alors, dans 20, 50, 100, 200 ans (?), il suffira peut-être de se connecter sur le réseau mondial, et avec un simple clic de souris d’éditer le livre généalogique à offrir pour la naissance de son enfant...