ANNEXE N° 1
Dans le texte qui constitue sa participation à l’oeuvre de Jean Pierre Azéma et François Bédarida [1] , l’historien Robert Frank peut dire entre autres :
... « Ce sont les mémoires de groupes qui constituent l’élément moteur de la mémoire collective. Il s’agit des groupes d’acteurs ou de victimes, constitués pendant l’événement dont ils revendiquent la remémoration. Ces mémoires reconstruisent, chacune à sa manière, ce passé commun. »...
... « les Résistants font incontestablement partie du camp des vainqueurs de la seconde guerre mondiale, mais finalement, ce « camp » a représenté peu de monde en France, minoritaires dans le pays, ils ont du mal à lutter contre une certaine marginalité dans la mémoire. Les Français ont toujours entretenu des relations ambivalentes avec ces combattants de l’ombre. »...
... « certes il y eut assez tôt l’adhésion de l’opinion à la Résistance, mais elle se manifesta par une sympathie et une reconnaissance, plutôt que par une action effective, et la mémoire se ressent de cet état de fait. »...
La lecture de ces quelques phrases me fit beaucoup réfléchir et ce n’est que maintenant, en 1996 que je décide d’en vérifier certaines affirmations.
La plupart des acteurs, dont les actions sont décrites dans ce modeste ouvrage, ont aujourd’hui disparu. C’est par un heureux hasard qu’en cette fin avril 1996, je découvre que Madame Bokkelandt est toujours de ce monde, contrairement aux informations qui m’avaient été communiquées dans les années 1980.
Reprendre contact, avec cette haute figure de la Résistance de la région sud de ce département de l’Oise, m’eut été impossible sans le concours effectif du fils de l’un des acteurs cités, Jean Rozalski, de Bornel, que je m’empresse de remercier ici.
L’objectif de ces quelques pages sera de rectifier, et de gommer, les inexactitudes qu’injustement la mémoire altérée a permis, prise en défaut ; et de compléter certaines descriptions, images, anecdotes, ou relations de faits, tout simplement parce qu’ignorés de moi-même ou n’en ayant plus souvenance.
J’ai donc, après plusieurs entretiens téléphoniques, pris rendez-vous avec Madame Bokkelandt, ce 25 avril à 14h, dans sa maison de Bornel.
Je suis en avance, (comme d’habitude, diront certains), il est 13h20, lorsque j’arrête mon véhicule devant son domicile. Elle m’attend déjà, dans le jardin, heureuse de me revoir.
Je suis donc très bien reçu, et elle me précise que, si cela avait été quelqu’un d’autre, elle n’aurait pas accepté l’entretien.
Je suis tout d’abord surpris de trouver une femme aigrie par les suites des événements de 1943-44, et surtout après la Libération.
Elle m’explique les raisons de sa rancoeur, encore vive, malgré les cinquante années qui nous en séparent.
Dès les premiers jours de la Libération, des F.F.I. (que l’on avait pas vus pendant quatre ans, précise-t-elle) vinrent demander des comptes à son mari et à elle, sur leur attitude pendant cette période, leur reprochant d’avoir « hébergé un boche ».
Quelques précisions sont nécessaires : il s’agissait du déserteur Allemand (et non pas Alsacien comme il avait été dit), originaire de la Rhur, qui avait déserté avec son camion, comme je l’ai raconté.
Les raisons exactes de sa désertion, que j’ignorais alors, avaient pour origine le fait que, le temps qu’il cherche à se dépanner, son fusil ou mitraillette (?), lui avait été dérobé dans sa cabine. De plus, il venait d’apprendre que sa toute jeune femme et son gosse avaient été tués, lors d’un bombardement, dans leur domicile en Allemagne.
Ce n’est pas Bokkelandt (qui parlait Allemand,...mal), mais un surnommé « Mimile » [2] , d’origine Luxembourgeoise, et qui tenait un petit bistrot à Courcelles, que Bokkelandt avait fait venir d’urgence, qui l’interviewa et décida le « boche » à franchir le pas.
Les Bokkelandt gardèrent le chleuh, comme je l’ai décrit, et le remirent comme prisonnier de guerre à l’armée Française (et non Américaine).
C’est donc ce « boche » qu’il leur était reproché d’avoir hébergé (sur dénonciation !)
Autre enquête : quelques mois plus tard, convoqués à la gendarmerie de Beauvais, ils seront interrogés, sans ménagement, par la C.I.A. (Intelligence-Service, me dit-elle, en confondant certainement les deux organismes) pour rendre compte du séjour de l’Hawaïen Wilbert Lee Yee, qui avait été arrêté à Toulouse, en route vers l’Espagne (sur dénonciation d’un traître résistant leur affirmait-on), et fait prisonnier.
La C.I.A. les soupçonnait de l’avoir vendu eux-mêmes à la Gestapo !
11 aviateurs Américains séjournèrent chez eux pendant ces années 1943-44, dont 6 brièvement, et les 5 autres pendant d’assez longues périodes.
Hormis Lee Yee, ils n’eurent jamais de nouvelles des autres pilotes, dont deux officiers supérieurs (depuis près de trois années, fin 1994, Madame Bokkelandt n’a plus de nouvelles de Lee Yee, qui était venu la voir la dernière fois en 1990, ses courriers restent sans réponses).
Comment le Hawaïen Lee Yee les retrouva-t-il en 1945 ?
Après son séjour chez Bokkelandt, il avait été hébergé dans les combles d’une boulangerie de Nesles-la-Vallée, et avait eu l’occasion de trouver, dans un grenier des papiers sulfurisés destinés à emballer la pâtisserie portant nom et adresse de ses sauveteurs (il faut se souvenir que les aviateurs alliés, soustraits aux Allemands, ne devaient jamais savoir qui les hébergeait, ni où). On devine la suite, retrouver les Bokkelandt fut pour lui un jeu d’enfant.
Autre précision qu’il ne m’est pas permis de mettre en doute :
D’après elle, ce ne sont pas six, mais sept aviateurs qui ont été véhiculés simultanément [3] , seuls quatre resteront avec nous, les trois autres seront rapidement camouflés chez le plombier Horem, dans la maison vide de son Beau-père, à quelques dizaines de mètres de là.
Les péripéties de ce transport valent d’être contées :
En règle générale, les Bokkelandt ignoraient d’où venaient, et où partaient, les clandestins. Un véhicule venait les chercher pour leur ultime départ, sans aucune explication. Ils ne purent que remarquer, que ces derniers étaient immatriculés en région parisienne (numéros minéralogiques se terminant par R.A., R.B., R.C., pour Paris, Y.A., Y.B., Y.C., pour la Seine et Oise).
Ce jour-là, le Docteur Gimon avait alerté Bokkelandt que le Docteur Andrieu [4] venait d’être arrêté , et que les pilotes alliés qu’il hébergeait se trouvaient en danger ; il fallait donc aller chercher ces derniers à Neuilly-en-Thelle (ils venaient d’Eragny-s/-Epte).
Bokkelandt s’y rendit donc, accompagné du surnommé « Mimile », dont on a déjà parlé, et qui parlait couramment l’Allemand. Il était bien connu de ces derniers, qui fréquentaient son estaminet où ils savaient pouvoir s’y exprimer en leur langue.
À Neuilly, ils chargèrent les sept gars en uniformes, qui avaient été rassemblés chez l’artisan tourneur du village.
En sortant du pays, ils se heurtèrent aux Allemands du centre état-major de Coudray-sur-Thelle, qui, ayant réquisitionné des paysans, leur faisaient établir des barrages avec leurs tombereaux en travers des rues, afin d’empêcher toute fuite, et pouvoir procéder à des rafles.
C’est grâce au culot d’André Bokkelandt, qui, les apostrophant en leur langue et leur intimant sans vergogne, l’ordre de dégager le barrage car il était pressé, que la sortie fut réussie [5]
.
Les boches obtempérèrent et la camionnette Peugeot leur passa devant le nez, avec les sept aviateurs sous la bâche !
Autre anecdote : les Allemands contrôlaient étroitement les activités et les fabrications de l’usine dite « La Peinture », qui leur fournissait des produits de camouflages.
Cette usine possédait un gros camion à gazogène (carburant issu de la combustion du charbon de bois), et qui, comme tous les véhicules équipés de ce système, devait être révisé et nettoyé très souvent.
Pour ce faire, chaque vendredi, en fin de journée, le chauffeur était chargé de le conduire chez Bokkelandt pour ces travaux.
Faute de place dans l’atelier, le véhicule stationnait dans la rue, sur le bord du trottoir, devant le garage.
Nous faisions alors les réparations rapidement, et c’est ainsi que le maquis en disposait pendant tout le week-end, le ramenant le lundi matin aux aurores.
Le camion disparut un jour définitivement, et ce sont les Allemands qui enquêtèrent personnellement pour tenter de le retrouver.
L’affaire fit grand bruit à l’époque !
Madame Bokkelandt rit encore, avec malice, de cette farce qui, reconnaissons-le aujourd’hui avec le recul du temps, aurait pu avoir de terribles conséquences.
Cette évocation me pousse à lui poser la question qui me brûle les lèvres :
- « En ce qui me concerne, certainement l’insouciance de la jeunesse, je ne me souviens pas avoir été dominé par la peur, mais vous, qui étiez adultes et réfléchis, Monsieur Bokkelandt et vous, aviez-vous peur, aviez-vous conscience du danger encouru ?
- Personnellement, je n’avais peur que pour notre fils Maurice ; il y eut cependant deux grands moments de panique : lors de l’arrestation du coiffeur Monel de Méru et de l’interrogatoire de l’électricien Lévêque. Lors du transport et de l’hébergement des sept aviateurs ensemble. Il est cependant nécessaire de préciser que j’étais à la même enseigne que tous, mon époux ne m’informait que de ce qu’il jugeait utile et indispensable que je sache. J’ai par exemple ignoré ses rapports avec Monel jusqu’à l’arrestation de ce dernier ; de même que j’ignorais par quel canal vous étiez arrivé chez nous, en dehors de Louis Muriot.
- Autre question capitale : Saviez-vous à quel réseau vous apparteniez à cette époque ?
- Nous ne l’avons jamais su [6] , et ne devions pas le savoir ; c’est notre agent d’assurances de Chambly (arrêté et mort en déportation) qui organisa les premiers contacts (il n’ignorait pas notre opinion sur l’occupation allemande), ainsi que le notaire de Chambly, René Quentier, un ancien commandant pilote de chasse en 1940 [7] .
- Bokkelandt sera décoré de la « Médal of Freedom » par le général Américain Patton, pour son action en faveur des pilotes alliés.
Il lui sera effectivement demandé de paraître sur une liste de candidats aux élections municipales de 1947, il refusera.
Il n’appréciera pas les intrigues, qui se nouèrent à la Libération entre Résistants de diverses opinions, surtout l’attitude de ceux de « la dernière heure ».
Il refusera, écœuré, la médaille de la Résistance, et ne s’occupera plus de rien à partir de ces événements.
Il mourut en 1961.
Madame Bokkelandt porte le même jugement que les historiens de bonne foi concernant le déclenchement de la lutte armée généralisée, dès le débarquement alliés.
Concernant le maquis F.F.I. de Ronquerolles, ce dernier était essentiellement composé de jeunes étudiants et lycéens, de réfractaires du S.T.O., n’ayant aucune expérience militaire, et très peu armés, très peu et mal encadrés (Viannay sera fort critiqué à ce sujet).
Le déclenchement des opérations du 19 juin 1944 était prématuré, les Allemands étant encore bien organisés dans la région, qui était considérée par eux comme le dernier rempart, protégeant Paris des troupes alliées venant de Normandie.
La relation des événements de Ronquerolles fit apparaître, que l’union des forces combattantes n’était réalisée que sur le papier dans cette région.
Les F.F.I. et les F.T.P.F. ne combattaient pas sous le même commandement, ni avec la même stratégie, commenta-elle.
Concernant l’agent Canadien chargé de vérifier l’authenticité des dires des aviateurs hébergés, nous ne pouvons que rapprocher les témoignages de Roger Huguen dans son livre « Par les nuits les plus longues »
... « Marcel Colas avait passé toute sa jeunesse au Canada et aux U.S.A.. Sa connaissance parfaite de la langue et des expressions américaines, en faisait la personne la plus qualifiée pour procéder à l’interrogatoire des militaires alliés... Ces évadés provenaient de la région de Beauvais...
...On avait mis au point un questionnaire, qui devait se révéler infaillible. On lui demandait des précisions sur sa base en Angleterre, son escadrille, des détails sur les films et chansons en vogue, on procédait par radio à la vérification des informations fournies...
...Cela sauva la vie à Robert K. Fruth, s’étant porté volontaire au pied levé pour remplacer un mitrailleur membre de l’équipage d’un bombardier, alors qu’il venait à peine d’arriver des Etats Unis... »
Il me reste à rapporter dans quelles circonstances Camille Monel fût arrêté.
Nous sommes le 4 octobre 1943, Camille Monel venait de réceptionner des fausses cartes d’identité qui lui avaient été apportées par deux agents de liaison féminins.
Deux hommes en civil firent irruption dans le salon de coiffure, et fermant la porte au verrou, lui intimèrent l’ordre de les suivre par derrière, il était arrêté.
Prétextant la recherche d’un vêtement chaud, au premier étage, Madame Monel fit un rapide nettoyage, camouflant tous les documents compromettants. Camille Monel fut transféré dans les locaux de la police de sûreté allemande, à Creil, alors que son fils était simultanément arrêté à Paris ; Madame Monel était à son tour incarcérée et interrogée.
Ne pouvant en tirer aucun renseignement,les S.S. la relâchèrent, mais la firent suivre discrètement.
On trouvera ci-dessous la lettre laconique du chef S.S. lui annonçant le décès de son époux ainsi que l’ultime lettre que ce dernier lui faisait parvenir.
Mr. et Mme. J.E. Armstrong
25 janvier 1997
1412 South Pinetree Blvd
Thomasville G.A. 31792 U.S.A.
Cher Mr. Morinais
C’est avec plaisir que je réponds à votre lettre, du 15/01/97, pour vous conter les événements qui pourront vous aider dans l’écriture de votre livre.
L’histoire, ci-jointe, de mon aventure entre 1943 et 1944 en France pourra vous être utile également.
Concernant Wilbert Yee Lee, Robert Stoner et Bruno Eclmans, les trois hommes de mon expédition, que vous et vos camarades avez aidés à Bornel en 1943, je sais seulement où habite W. Lee et sa femme, ils demeurent au 393 Lihoho street,Wailuku,Hawai 96793 U.S.A.. Ma femme Rita et moi-même leur avons rendu visite à Maui (Hawai), en 1993.
C’est un ophtalmologue et producteur de fruits (mangues et citrons).
Concernant les événements de la seconde guerre mondiale, les Résistants qui ont secouru les trois aviateurs dans la région de Gisors étaient M. Duval et M. Hercouet ; Didi Lavandier pourra vous donner leurs adresses.
Comme je l’ai compris, après un arrêt à Bornel, les trois aviateurs sont allés à Nesles-la-Vallée où ils furent hébergés par Marcel Renard, dans sa boulangerie. Là, ils ont rencontré Mr et Mme Philippe d’Albert Lake, qui habitaient tout près de là. Virginie était native de St. Petersbourg, en Floride, et était heureuse d’avoir des contacts avec les trois aviateurs. Après cette rencontre, Philippe et Virginie ont rejoint la « Comète line », pour aider les trois hommes à ne pas être arrêtés, et les conduisirent à Cancaral 35730 Pleurtuit en Bretagne, près de Saint-Malo.
(Virginie a aujourd’hui 87 ans et vit de ses derniers jours.)
Les aviateurs sont repassés par Paris, puis en novembre 1943, ils furent arrêtés dans un train les menant à Pau.Ils furent faits prisonniers par les Allemands jusqu’à la fin de la guerre.
Si vous pouvez me donner des informations au sujet des circonstances qui ont entouré leur séjour à Bornel, envoyez-les moi afin de les évoquer dans mon livre.
Cordialement :
James (Jim) Armstrong
Narration de l’évasion du commandant James E. Armstrong (par lui-même)
traduit de l’Américain par Mladen Trivic
“Nous sommes le 6 septembre 1943, mon bombardier B.17F. est descendu par un avion allemand, près de la ville de Gisors en haute Normandie. Voyant que je vais manquer de carburant, en tant que commandant, je prends la décision de tenter de rejoindre la Manche pour y amerrir. Mais l’avion prend feu, et je donne l’ordre d’évacuation de l’appareil. Nous atterrissons comme nous pouvons dans un champ de betteraves à sucre près de Gamaches en Vexin, à une vingtaine de kilomètres au sud de Gisors.
Séparé des autres membres de mon équipage, je me cache dans les bois où j’ai été nourri par un vieil homme Français pendant huit jours. Ensuite, avec l’aide de mon compas et de mes plans et cartes, j’ai marché sur Paris pendant près de 100 Kilomètres.
Arrivant dans les alentours de la ville de Triel-sur-Seine, le 15 septembre, j’ai été recueilli par des familles Françaises, Alexandre Laurent et Mme Anne Price. Avec leur aide, un message téléphonique fut envoyé au docteur Prochianty, pour qu’il vienne chercher ce qu’on lui indiqua comme étant un « paquet spécial ».
Le 19 septembre, il est venu me chercher, avec une valise de vêtements, se mit à soigner ma cheville abîmée, et ma main brûlée, il m’emmena ensuite ce samedi soir, par le train, dans son appartement à Paris. Après cinq jours de soins, j’ai été emmené par deux hommes, en camion, dans une ville qui s’apelle Drancy.
De là, j’ai été transféré à la maison de Mme Théodorine Quénot. Je suis resté là-bas avec trois autres pilotes jusqu’à la fin octobre, et ensuite je rejoignis Quimper, en Bretagne, par le train.
Les personnes qui m’hébergèrent sont Mr et Mme Mourlet, Yves Le Hénaff (alias « Fanfan »), et F. Salaun, directeur de l’école laïque.
Finalement, après six jours passés à Quimper, la mission qui devait me faire évader a été annulée et je suis de nouveau revenu à Paris par le train. Je suis resté alors chez Mr. Gilbert, avec trois autres pilotes alliés, jusqu’au début décembre.
Puis dix d’entre nous partirent au Château de La Mordelle, pendant six à sept jours, pour y faire un peu d’exercice physique, plus que nécessaire, en préparation d’une nouvelle tentative d’évasion, en traversant les Pyrénées jusqu’à l’Espagne.
Après un bref retour rue St Merry, cinq autres pilotes et moi furent escortés en train jusqu’à Carcassonne, puis en autorail jusqu’à Quillon, dans la montagne. Mais le guide n’a jamais pu être contacté et, après 36 heures de train, j’étais de retour au 41 rue St Merry.
Le 20 Décembre, l’on m’a remis entre les mains d’une nouvelle personne, Mlle Drappier qui m’abrita jusqu’au réveillon de Noël. Elle m’amena ensuite à un point de rendez-vous où un autre guide m’emmena à la gare pour un autre voyage en Bretagne. Cette fois-ci, je passais par Le Mans et Quimper et j’arrivais à Douarnenez, dans la baie du Finistère. En arrivant à destination, à Treboul, ville jumelle de Douarnenez, j’appris que notre évasion était prévue pour le soir même. Nos amis pensaient que les Allemands ne feraient pas trop attention à la circulation d’un bateau de pêche, le soir de Noël, de plus, ils leur avaient offert beaucoup de boissons.
Tout se passa très bien, et je m’apprêtais à monter à bord de « La Jeanne » quand la mission fut annulée parce que le robinet du réservoir de gas-oil avait été cadenassé, et qu’on ne pouvait le fracturer. Trente d’entre nous, pilotes et Français, marchèrent sans bruit au travers des ruelles de Tréboul, jusqu’à notre refuge.
Après cet échec, les Français trouvèrent des maisons pour nous cacher (nous étions 16 pilotes alliés), jusqu’à ce qu’un autre bateau soit fourni. Au début, Russel, un Canadien et moi, restèrent à l’étage d’un magasin. Au réveillon du nouvel an, quel plaisir ce fut, de regarder par les vitres, des jeunes gens marcher bras dessus bras dessous dans les rues de la baie de Douarnenez en chantant : « it’s a long way... »
Ensuite, le canadien et moi, avons été transférés dans l’appartement de Mme Malhomme, où nous sommes restés jusqu’au 21 janvier 1944. Ce jour-là, nous avons été escortés, à l’aube, jusqu’au bateau « Breizh Izel » [8] , nous sommes descendus dans la cale pendant que deux autres types montaient à bord.
À 14 heures, le 22 janvier, le bateau commença son périlleux voyage dans l’étroit estuaire de la baie de Douarnenez, puis arriva en plein dans une tempête hivernale, en pleine Manche. Ayant traversé le « Channel » anglais le six septembre, j’étais enfin de retour.
Dieu était avec nous ! le matin du 23 janvier, sous une escorte de gardes-côtes anglais, nous déposions l’ancre dans le port de Falmouth.
La longue mission sur Stuttgart était terminée. »
Aviateurs et pilotes U.S.A.F. rapatriés par la Bretagne
Embarqués dans la nuit du 16 au 17 mars 1944 à Plouha :
- Sd. Lt.Louis Feingold
- Sd. Lt. W. C. Tarkington
- S/Sgt. Harry L. Minor de Livinngston (Montana)
- S/Sgt. Donald D. Macléod
- S/Sgt. Jonh Semach
- 2d:Lt. Milton L. Church
- T./ Sg. Kenneth Blaye
- Sd/ Lt. Ernest H. Hugonnet
- Sgt. Larion Ahall
- Sgt. Harold Q. Gilley
- Sgt. Robert A. Schwartzburg
- Sgt. Robert C. Southers
- Sgt. Mike Olynike
- Sd./ Lt. James A. Schneider
- T/Sgt. James N. Quinn
- Sd /Sgt. Lee C. Gordon évadé de camp de prisonniers
Évacués par Le Canet-Plage ,
13 septembre 1943 :
- Squadron-Leader Autram
- Squadron-Leader Barnard Beausire
- F.W. Higginson
- Barnet
- Nabarro
- Hickey
Planqués à Beauvais en mars 1944 :
- Pilote Di Betta
- Radio Léonard F. Bergeron
- Ralph Colleman
- T/Sgt. Chickorelli
Embarqués à Plouha le 15 01 1944 :
- S/sergent JLt. navigateur James A. King
- Sgt. Fred T. Schmitt
- Sgt. John L. Sullivan Jr.
- Sgt. Andrew F. Hathaway
- Fst. Lt. Donald J. Heskett
- Lt. walter J. Sentraski
- Fst Lt. Richards Schmith
- Sd/ Lt. William H. Booer
- T/Sgt. Alphonse M. Mèlé
- S/Sgt. Jerry S. Heshuis
- Sd. Lt. Morton B. Shapiro
- Sd:Lt ; Walter E. Dickerman
- Sd. Lt. Sidney Casden
Abattus à Ste Anne sur Vilaine le 16 09 1943 :
- Samuel Blatchford (de Fort Défiance Arizona)
- Bob Fischer de Cheyenne ( Wyoming)
- Elton Hoyt de mentor (Ohio)
- H.W. Dolberg de Chicago (Illinois)
- Edward R.Schaffer de Canton (Ohio)
- William Miller de Pitsburg(Pennsylvanie)
Hébergés chez M et Mme Delavigne à Nantes en juillet 1943 :
- East Wretham
- Ludford Magden
- Edward Chonskie
- John Liance
- Albert Carrol (Texas)
Abattus le 4 01 1944 à Kergrist-Moëlou (C.du N.) :
- Milton N. Church
- Kenneth Blye
- Harold O. Gilley
Hébergés en juin 1943 chez Marie Moquet Port de Roche en langon (Iet V) :
- Georges H. Cloudeman de Billig (Montana)
- Norman D. Hersberger de Poolesville (Maryland)
- Albert G. Johnson de Saint Paul (Minesota)
- Sd.Lt. William H. Spinning,B.17
Abattu près d’Abbeville le 11 Fevr. 1944
- Sd. Lt. Robert V. Laux “Liberator”
Abattu le même jour au dessus de Haussez au sud-est de Forges les Eaux
- Sd ;Lt. Dean W. Tate,B.17 G.
Abattus le 8 Fevr. 1944 prés de Roye dans la Somme
- Sgt. William Bill C. Lessig mecano à bord du même appareil
- Sgt. Carl W. Mielke,mitrailleur “ “ “
- Earl J. Wolff Jr. pilote B.17 “ “ “
- Williams T. Oyres,de Pampa ( Texas )
Hébergé chez M. Minguy de Pourlan
- Sgt. Harold R. Wines
Hébergés chez Pierre Charié à Egry (Loiret)
- Sgt. Robert K. Fruth “ “ “ “ “ “
- Lt. navigateur Irwing Shwayder de Denver (Colorado)
Hébergés à Kerbors
- Sgt. John Gilson ( mitrailleur arrière ) de Binghinton (N.Y.)
- Val Hannon
Planqués à Quéménéven chez Mr. Le Bihan
- Edward Levering “ “ “
- Charles Grice “ “ “
- Roy A. Martin de Rison (Arkansas)
Hébergés chez Charneau à Pléguien (CdN)
- William C. Martin et Louis L. Halton de Nacogdoches ( Texas )
- Francis Sulkowski et Wilburg Hummel
Hébergé chez Le Bihan
- Major Jones William A.
Hébergés chez Mme Gicquel de Pléguie-Evadés par Chatellerault : Edward Chonskie
John Lioance,
Albert Caroll ( Texas
- Niels Londonslaggen (Texas)
William C. Martin de Texarkana ( Arkansas - Mac Dermott de Chicago,comt. de bord
Hébergé chez Cadoret à Riec s/ Belon
- John Mac Glynn
Hébergé chez Mme. Lefeuvre à Pont-Melvez
- Lt. Ralph Mac Kee
Hébergé chez Mme. Delavigne à Hairion en saint Philibert
- Théodore Peterson de Wood Cross ( Utah ) et John Scott
Hébergé à St. Quay
- Joseph F. Quirck de Collindale ( Pennsylvanie )
Hébergé chez Mme. Bodiger
- Francis Reece,William Smyth,James Douglas Appleyard,sergents,
Hébergés chez Mme. Leduc à Saint Efflam
- Shaffer Hermann,navigateur bombardier abattu le 18 nov. 1943 à Kerinou
- Frank Trott,Alan Sheppard,James Parker,convoyés le 13 juillet 1943 par Poitiers
- Harold Brennan,Ernie Trottier,R. Dikson,Alfred Houston,E. Elder
Abattus au dessus de Norgant-Bourbriac ( C. du N.)
B.17 F. abattu en flammes le 06 09 1943 au-dessus de Gisors avec 10 hommes à bord, 3 mourront brûlés.
Seront recueillis :
- Ct. James E. Armstrong évacué le 21 01 1944 sur le Breizh Izel de Douarnenez après avoir fait un périple dans toute la France ( voir son récit )
- Charles A. Fischer
- James G. Mac Math
- Carl Backman
- Wilbert Lee Yee.( Hawaï )
- Robert Stoner
- Bruno Eclmans
Ils seront tous hébergés chez Booklandt à Bornel (Oise ) et repartiront par l’Espagne. Seul Lee Yee sera arrêté à Toulouse avec deux de ses camarades et interné dans un camp de prisonniers en Allemagne et libéré en 1945 par les Soviétiques.
- Ct. James E. Armstrong évacué le 21 01 1944
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