Il arrive qu’au cours d’une vie, la minuscule trace laissée derrière soi traverse les turbulences de l’Histoire. Le moment est rarement choisi. Cette fois, il y a soixante ans, c’était le 1er janvier, jour où ce récit commence. De 1954 à 1962, des centaines de milliers de jeunes appelés ont été mobilisés pour maintenir l’ordre en Algérie. C’est dire que le témoignage qui suit est un micro-témoignage, nullement représentatif du vécu de chacun. Toutefois, nous avons sans doute en partage, que peu sont rentrés indemnes de la confrontation à l’inhumanité. Il m’a fallu plus de cinquante ans pour trouver les mots et l’énergie libératrice nécessaire pour tenter d’exorciser les souvenirs et les ombres.