En collaboration avec Philippe LOPEZ.
Avant-propos
Quoi que l’on dise, l’entraide fonctionne bien chez les généalogistes que nous sommes. La preuve :
Philippe LOPEZ possède un lot de 32 Cartes Postales, s’étalant de 1907 à 1918. Son souhait serait de remettre ce lot aux descendants des correspondants, il ne sait pas trop comment s’y prendre. Il soumet ses hésitations au groupe de discussion "Nos racines Espagnoles" dont il fait partie.
Plusieurs colistiers lui donnent des conseils … les remettre aux archives départementales ou aux archives municipales, d’autres orientations suivent comme le Centre de documentation historique de l’Algérie, etc., etc…
Puis Maryse COURS prend connaissance de ces échanges de correspondances et lui propose de "faire parler ces cartes postales".
Mais Philippe n’a pas trop de temps à consacrer à cette recherche. Il est encore en activité, cependant il se prend au jeu et entame des recherches dans les "pages jaunes".
Maryse comprend vite que la tâche ne sera pas simple car elle consiste à rechercher des contemporains.
Maryse me propose alors de participer à cette recherche.
Les MONGAY furent l’objet de nos premières recherches communes.
De plus, Maryse et moi avons déjà co-signé un article.
Enfin, elle a eu connaissance d’une de mes Histoires qui traitait d’une carte postale à qui j’avais donné la parole
J’ai immédiatement accepté de les rejoindre.
Ainsi le trio était formé et la chasse à l’Héritier a pu commencer.
Le sommaire, situé à la fin de ces pages, décortique le chemin suivi pour tenter d’aboutir au résultat escompté par Philippe LOPEZ, Maryse COURS et moi !
Les Cartes Postales
Philippe avait numéroté et scanné recto (image) et verso (texte) [1] ces cartes postales [2].
Après examen, j’en ai écarté 12 pour les raisons suivantes :
- Aucun texte (carte postale vierge)
- Destinataire inconnu
- Auteur inconnu
- Intérêt nul pour le couple et leurs enfants.
Ainsi, il en reste 20 que j’ai classées chronologiquement en y ajoutant des détails essentiels pour la suite, soit :
• Le titre de la carte postale. Il peut permettre de situer l’expéditeur,
• L’adresse du destinataire,
• Le texte in extenso,
• Et enfin quelques remarques complémentaires.
Je présente le relevé de cette collection en Annexe 1 (voir ci-dessous) car le volume est trop important (20 pages) pour l’incruster ici. Il pourrait distraire le lecteur. De plus, une présentation "Paysage" me semblait obligatoire pour une parfaite lisibilité.
La famille BRUN & ANOGE
Cette correspondance concerne essentiellement la famille BRUN qui se compose de 4 membres : le père, la mère et 2 enfants.
Le couple Maria et Edmond se forme à Carqueiranne (83). Là, naissent leurs enfants. Mais le jeune Adrien meurt de la grippe espagnole [3]. Maria est inconsolable, elle se rend chaque jour sur la tombe de son petit… [4].
Cela entraîne, vers 1918 / 1920, une migration vers Barcelonnette (04) afin d’arracher Maria à l’attrait du cimetière.
Que savons-nous d’Edmond Noël Eugène BRUN ?
Petit avertissement : Chaque individu, ou presque, est figuré par un blason. Il remplace les photos que nous n’avons pas. Ce blason est celui du lieu de leur naissance. Cette disposition permet de suivre les pérégrinations de la famille et de ses branches constituant l’arbre généalogique.
Nous n’avons pas cherché à remonter loin dans ses ancêtres. Ce n’était pas le but. Mais, nous présentons tout de même son arrière-grand-père Jean Baptiste BRUN.
En ce qui le concerne, nous disposons des trois actes majeurs :
• Sa naissance à Carqueiranne le 17 novembre 1882,
• Son mariage à Carqueiranne le 25 avril 1908,
• Son décès à Barcelonnette le 16 mai 1956.
Une autre pièce majeure constitue son dossier, c’est sa Fiche Matricule. Grace à elle nous apprenons qu’il est Engagé Volontaire. Il signe pour 5 ans, à Toulon (83), le 17 janvier 1901. Il est incorporé dans les Équipages de la Flotte. Pour rendre cette fiche "accessible" je l’ai transposée en clair. C’est l’Annexe 2 à laquelle j’ai ajouté les cartes postales en relation avec les lieux et les dates des 20 retenues.
Pour imager son parcours et le rendre le plus vivant possible, j’ai illustré ses affectations successives :
1901-1904 : Équipage de la Flotte : D’ENTRECASTEAUX [5]
- Maquette du D’Entrecasteaux
Le D’Entrecasteaux fut un croiseur protégé de 1re classe construit par la Marine française. Lancé en juin 1896, il fut mis en service en 1899 et retiré en 1922.
Edmond embarque, en qualité de Matelot-Boulanger, sur ce navire, le 14 mai 1901. Il met sac à terre le 1 février 1904. À son bord, il guerroie en Chine.
1904 : Équipage de la Flotte : REDOUTABLE [6]
- Le Redoutable au port militaire de Brest en 1882
Le Redoutable était un cuirassé de la marine française construit à partir de 1873.
Conçu avec une batterie centrale d’artillerie au lieu des traditionnelles bordées, il fut le premier navire au monde à utiliser l’acier comme principal matériau. Comparé au fer, l’acier possède une plus grande force structurelle pour un poids inférieur. La France était le premier pays à fabriquer industriellement de l’acier (avec le procédé de Siemens) mais la présence de défauts dans les plaques d’acier provoqua l’utilisation de fer forgé.
Le Redoutable était présent pendant la négociation du traité du 7 septembre 1901 avec la Chine. Il a été démoli à Toulon en 1913.
Le matelot Edmond BRUN, monte à bord de ce cuirassé le 27 février 1904. Il en redescend le 15 août 1904. Mis à terre, il sera affecté à la défense mobile de Saïgon [7].
1906-1907 : 2e Bataillon d’Infanterie Légère d’Afrique [8]
Créé par ordonnance du 3 juin 1832 à Birkhadem, stationné à Bougie, puis à Laghouat (Alger) en 1900.
Le 28 novembre 1870, durant la guerre franco-allemande, eut lieu la bataille de Beaune-la-Rolande ou furent engagés 2 compagnies du 2e BILA qui composaient le régiment de marche d’infanterie légère d’Afrique.
En opération au Maroc Occidental, dépôt à Mcheyda et El-Hadjeb en 1914.
Durant la guerre de 1914-1918, le 2e BILA reste stationné en Afrique du Nord, mais contribue à la constitution des 1er, 2e et 3e BILA appelés à combattre en Belgique et en métropole.
Ce bataillon sera dissous en 1927, après la fin de la guerre du Rif.
Edmond BRUN quitte l’Asie et rejoint l’Afrique. Il reçoit cette affectation le 19 juillet 1906. Il y restera jusqu’au 3 septembre 1907.
1914 : 9e Section de Commis et d’Ouvriers Militaires d’Administration (COA) [9]
- Photo du 9e COA
Pour de plus amples détails sur ce Corps, il faut consulter GALLICA : Répertoire alphabétique du droit français. Supplément. Tome 2/publié [10]
1915 : 154e régiment d’infanterie [11]
- Insigne régimentaire du 154e régiment d’infanterie.
Le 154e régiment d’infanterie de ligne (ou 154e RI) est un régiment de l’armée de terre française. En 1915, son activité fut :
• De mai à novembre : opérations en Argonne : Bagatelle
• Du 25 septembre au 6 octobre : seconde bataille de Champagne située au nord de Saint-Hilaire-le-Grand.
Un ami d’Edmond lui envoie son bonjour depuis Cognac. Edmond fait partie de ce régiment qui lui-même fait partie du Secteur Postal 224 !
Du quant à quand exactement il fut dans ce corps ? Sa Feuille Matricule ne le précise pas !
1917-1918 : 47e Régiment d’Infanterie
Le 47e régiment d’infanterie de ligne [12] est un régiment d’infanterie de l’armée de terre française.
Il semblerait, selon sa Fiche Matricule, qu’Edmond BRUN, y fut affecté à partir du 2 février 1917 (Date de la Direction de l’Information Générale de la 4e Armée). Dans ce cas, voici l’activité de cette unité en :
1917 :
• De janvier à février, dans la Somme, vers Tilloloy.
• D’avril à mai, dans la Marne vers le Mont Cornillet.
• D’août à octobre à Verdun, à la côte du Poivre et à la cote 344.
• En décembre, à Woëvre, Bonzée et Haudimont.
1918 :
• De janvier à mai, à Verdun, vers Les Chambrettes, bois le Chaume et des Caurières.
• De mai à juin, à Ronchères (Aisne), Verneuil (Marne) et Dormans.
• En juillet, dans la Marne, vers Comblizy.
• En septembre dans les Vosges, vers le Col de la Chapelotte.
Il a été blessé le 7 août 1918 à DORMANS [13]. À ce moment, son régiment était vers Comblizy (Marne)
- Extrait de sa Fiche matricule.
Dormans est à 10 Km de Comblizy qui devait être le siège du QG. Quant à Dormans, ce devait être une zone d’opération.
En résumé : Edmond BRUN intègre ce régiment vers le 2 Février 1917. Il le rejoint dans le Somme. L’année suivante il est blessé à Dormans. C’est le devant de ses jambes qui est atteinte. Il se remettra rapidement des dégâts survenus à ses membres inférieurs.
1919 : La Démobilisation
Elle intervient le 21 janvier 1919. Il se retire à Barcelonnette Généanet [14]
- Vue de Barcelonnette
1920 : Barcelonnette
Il est tenancier du Café de l’Europe [15].
Est-ce lui sur la photo [16], à gauche, avec Maria à ses côtés ? Si oui, laquelle des 3 est Maria ?
Aujourd’hui, ce café est devenu l’Hôtel de la Placette
Les similitudes, entre ces deux photos, sont grandes…
1929 : Barcelonnette
Il habite rue Neuve [17]
Qu’avons-nous appris de Maria ANOGE ?
L’environnement familial de Maria
Ses parents effectuent un parcours atypique. Ils sont l’un et l’autre italiens, de la région de Cuneo. Ils reposent dans le cimetière de Barcelonnette (Tombeau de la Famille GIAVELLI).
Maria, leur fille aînée, voit le jour à Paris 11e, le 24 avril 1884.
Les 5 enfants suivants naîtront à Bersezio (I), le village des parents de Maria.
La suivante, Anaïs Antoinette sera native de Barcelonnette.
Quant aux deux derniers ; Paul (1904-) et Edmond (1906-1975) ils naîtront dans le petit village de Saint-Pons (04). Et c’est là que Maria vit avec ses parents, ses frères et ses sœurs.
- Le hameau dans lequel vivent les ANOGE
Maria, Domestique
Puis, on la retrouve comme Domestique à Toulon. Elle est placée chez Mme MARQUAND, au 9 de la rue Racine, dont l’époux est Notaire.
- Verso de la carte postale n° A – O1V.
Et voilà à quoi correspondait cette adresse [18]
Il est quasiment certain que l’étude notariale est à l’étage. Le rez-de-chaussée est une Chapellerie.
Les similitudes entre la carte postale ci-dessus et l’image contemporaine ci-après, de ce bâtiment apportent bien la preuve que nous sommes au même endroit, à quelques années près !
- Vue actuelle du 9, rue RACINE.
Chez Rose REBOUL, épouse MARQUAND [19]
On remarque aujourd’hui, l’enseigne NOTAIRE sous l’imposte de la porte d’entrée. L’Office Notarial de Me MARQUAND a été reprise par Me Antoine COURET qui n’est autre que son gendre.
La profession de Me MARQUAND est confirmée par le Faire part du décès de son fils Frédéric et ensuite par l’acte de d’État-civil de son propre décès.
Sur ce dernier document, nous apprenons que Madame MARQUAND se nomme : Rose Adélaïde REBOUL…
J’ai facilement retrouvé le mariage entre Louis Antoine "Émile" MARQUAND & Rose Adélaïde REBOUL, il a eu lieu à TOULON le 24 Février 1862. On y apprend que Rose Adélaïde REBOUL est née à Toulon le 19 juillet 1838.
Ils donnent naissance à deux enfants :
• Marie Joséphine Françoise (1862-)
• Frédéric Eugène François Marie Alexandre (1869-1888).
Je n’ai pas trouvé d’autres enfants au couple MARQUAND & REBOUL.
En résumé, cela donne cette disposition familiale :
Remarque :
• En 1888, Frédéric, le fils du couple MARQUAND & REBOUL, décède Place PUGET, N° 5
• En 1895, Louis Antoine Émile meurt aussi Place PUGET, N° 5
De là, on peut déduire, que les locaux du 9 rue Racine sont consacrés à l’activité professionnelle de Me MARQUAND alors que le 5, Place PUGET constitue l’habitation de la famille.
Mais pourtant Rose Adélaïde REBOUL ne meurt pas à cette adresse le 19 janvier 1915, mais bien au 9, Rue RACINE !
Il est vrai que 150 mètres environ, séparent les 2 adresses.
- Mais sur cette place, où est le N° 5 ?
Aujourd’hui le rez-de-chaussée du N° 5 de la place PUGET25 est occupé par NANA BAÏLA. On distingue nettement le N° 5 sous le balcon abritant la boutique.
Vers 1906, Maria ANOGE loge chez Mme MARQUAND au N° 9 de la rue RACINE, à Toulon. Cela ne veut donc pas dire que Mme MARQUAND y habite.
Recensements Toulon
Afin de faire le tour complet de la question de savoir qui habite où et quand, j’ai réuni les résultats sur le tableau qui suit :
Selon ce constat, il semblerait que le couple MARQUANT & REBOUL vivait ensemble ¨Place PUGET". Puis Vve Rose Adélaïde REBOUL est venue finir ses jours Rue RACINE.
Il y a donc une partie habitation au 9, rue RACINE !
La chapellerie
On remarque, puisque la Carte Postale correspond au 9, Rue RACINE [20] qu’il y avait là une CHAPELLERIE en lieu et place de Serge BLANCO. D’ailleurs le n° 9 est visible en tête de CHAPELLERIE qui a pour raison commerciale : Modern House.
Mme MARQUAND était-elle la Chapelière et Maria ANOGE l’aidait-elle dans sa besogne ?
Certainement pas, car sur les recensements consultés elle est soit "Sans Profession", soit "Rentière".
On trouve dans un journal local : Le Diable Rouge, un article ventant la qualité et les prix des chapeaux de cette boutique…
La fratrie ANOGE
Mais revenons à Maria ANOGE… Voyons sa famille. Elle est l’aînée d’une fratrie de 8, dont plusieurs d’entre eux s’exilent au Mexique [21].
Dès son mariage prononcé avec Edmond Noël Eugène BRUN (le 25 avril 1908 à Carqueiranne), elle suivra son époux à Carqueiranne.
Tout en bas à gauche, il y a Adrienne BRUN, Sosa N° 1. Je reviendrai sur elle …
Lorsqu’elle se marie, Maria est "Domestique". On peut dire qu’elle était au service de Mme Vve MARQUANT après le recensement de 1906 et avant celui de 1911 de Toulon !
Puis elle suivra son époux à Carqueiranne.
- Extrait de son acte de mariage
- Mairie de Carqueiranne – Acte N° 5 du 25-4-1908.
Le couple BRUN & ANOGE n’aura que deux enfants, dont le second meurt très jeune (7 ans).
La brève vie d’Adrien Antoine Thomas BRUN
La famille
Adrien Antoine Thomas BRUN a une courte vie. Il naît à Carqueiranne le 21 décembre 1910. Il y meurt le 9 novembre 1918. Il n’a pas encore 8 ans !
Par sa tante, Adrienne, nous savons qu’il est mort de la grippe …
Il a un frère aîné, Alfred Angelin Antoine BRUN qui n’a qu’un an de plus que lui.
La famille est conforme à l’image ci-après :
Remarque : Les blasons, qui ornent chacun des personnages des présentations généalogiques, sont ceux de leur ville de naissance. Ainsi on déduit ici, qu’Edmond, Alfred et Adrien sont nés au même endroit : Carqueiranne ; et que Maria ANOGE a vu le jour à Paris.
La Carte Postale
Sa Maman, Maria ANOGE, vit seule avec ses 2 enfants. Son Papa : Edmond Noël Eugène BRUN, est retourné dans l’Armée à la suite de la Mobilisation Générale lancée le 2 août 1914. Maria et Edmond s’écrivent régulièrement. C’est sûrement cela qui pousse le petit Adrien à vouloir, lui aussi, écrire à son Papa. Alors on peut penser que Maria lui dicte les phrases afin de lui faciliter la tâche. Mais, il est sûrement distrait ou pas très concentré pour mener à bien la page d’écriture dans laquelle il a voulu se lancer.
Voilà le résultat de ses efforts [22] :
L’image située au dos de cette carte postale ne nous apprend rien de plus sinon que c’est là qu’ils habitent au Val de l’Éolienne.
La question maintenant n’est pas de lire ce qui est écrit mais bien de tenter de découvrir ce que sa Maman a voulu lui faire écrire afin d’éclairer le Papa sur le comportement de ses enfants. Selon moi et quelques amis (que j’ai mis à contribution), le résultat pourrait être le suivant :
Il écrit, et cela est clair, que les retrouvailles auront lieu dans 77 jours. Cela veut bien dire que la Maman est derrière la main hésitante du garçonnet. Elle comptabilise les jours qui restent pour revoir son époux.
Quel jour a été écrite cette carte postale ?
Il n’y a que sa feuille matricule qui peut nous permettre de répondre à cette question.
- Le 2 août 1914 est proclamé la Mobilisation Générale. Edmond est donc sous les drapeaux. Adrien est âgé d’environ 4 ans lorsque cet Ordre [23] est affiché sur les murs de France.
- Il sera démobilisé le 21 janvier 1919 et il se retirera à Carqueiranne.
- Entre ces deux dates, pas de permission. Donc le compte à rebours peut être entamé.
Mais comment Edmond apprend-il la date de sa libération prochaine ? Car c’est lui, et lui seul, qui a pu confier cette date à Maria ! Mais, ignorons ce détail car il n’handicape pas le déroulement…
Un calcul simple aboutit au 5 novembre 1918 qui doit être le jour de la rédaction du gentil mot d’Adrien à son Papa chéri. En effet ce jour-là, nous sommes exactement à 77 jours du 21 Janvier 1919.
Où est Edmond BRUN lorsque son fils cadet lui écrit ?
Il est en France, il participe à la bataille de la Marne. Peu de temps avant (le 7 août 1918) il est blessé. Ses courriers, à son épouse, nous apprennent qu’il fait un séjour à l’Hôpital où il doit être opéré…
Cependant, l’étude du lot de cartes postales nous apprendra :
• Le membre ou l’endroit du corps qui a été atteint [24],
• Le lieu géographique exact où il a été blessé,
• Dans quel hôpital on le soigne.
Cet épisode sera éclairci par ailleurs…
Le Val de l’Éolienne
- L’entrée du Val de l’Éolienne à Carqueiranne.
La carte postale N° 22, qui elle ne fut pas sous enveloppe, est destinée à Maria dont l’adresse est ce Val de l’Éolienne. Et là, on peut faire le rapprochement entre la terrasse visible à gauche de la Carte Postale ci-dessus et les propos d’Adrien qui dit "je veux une terrasse…"
- Est-ce celle-ci, qu’il doit voir chaque jour, qui lui fait envie ? On peut le penser.
Le décès d‘Adrien
Et le 9 novembre, ce petit chéri meurt, sans avoir revu son Papa…. Bien entendu son acte de décès [25] n’apporte aucune précision quant à la cause prématurée de ce départ !
Mais maintenant… nous savons !
- Entrée du cimetière de Carqueiranne (83)
C’est là que repose Adrien et certainement une partie de sa famille.
De cette histoire de famille c’est la page la plus triste.
L’Héritier Alfred Angelin Antoine BRUN
Son enfance
BRUN Alfred Angelin Antoine voit le jour à Carqueiranne le 19 janvier 1909. Nous ne savons pas le lieu précis de sa naissance. Cependant, il est sûr et certain qu’il a grandi au lieu-dit ‟Val de l’Éolienne”.
Nous avons trois raisons qui nous permettent d’affirmer cela :
- Edmond (son père) adresse, en juillet et août 1915, à Maria son épouse, deux cartes postales (D-22 et E-21) à cette adresse. Alfred a 7 ans !
- Et c’est en 1918, que son jeune frère Adrien, envoie quelques mots à son papa au dos de la carte postale (T-18) visible plus haut. Alfred a 9 ans !
Sa famille
Étant en présence d’un contemporain, il est difficile de retrouver ses descendants, sinon impossible.
Mais il se trouve que rue Bellon à Barcelonnette vit une personne qui pourrait bien être une descendante Brun. Nous savons par ailleurs qu’à cette adresse ont vécu les époux Alfred Angelin Antoine BRUN et Jeanne Marie OLIVERO.
- Alfred et sa famille
Alfred n’a pas 2 ans lorsqu’il est recensé [26], avec ses parents, à Carqueiranne.
L’adolescent
En 1920/26 après le décès de son jeune frère, il suit ses parents à Barcelonnette.
Le militaire
Alfred est incorporé dans le 15e bataillon de chasseurs alpins qui est en garnison à Barcelonnette.
- Quelques Chasseurs du 15e BCA devant leur caserne à Barcelonnette
- Avec l’autorisation du Colonel Hubert TASSEL – Photo issue de sa collection personnelle
- Insigne du 15e bataillon de chasseurs alpins
- Reproduction d’un Certificat de bonne conduite délivré par le 15e BCA, en 1929.
- Document issu des dossiers personnels du Colonel Hubert TASSEL.
Fiche Matricule : Cette fiche n’est pas en ligne. Cependant j’ai pu la consulter aux AD 04. Il en découle qu’il a effectué un Service (1 an) sans histoire, qu’il en est sorti avec son Certificat de bonne conduite. Pour donner suite à la Mobilisation Générale lancée le 24 août 1939, il effectuera 5 autres années et finira Sergent ! De plus en Octobre 1944, il rejoint le Groupe FFI Ubaye.
Il n’a laissé aucune trace apparente sur le site des Mémoire des Hommes (SGA).
Son mariage, Sa vie …
Et c’est durant ses obligations militaires qu’il se marie le 16 mars 1931 avec Jeanne Marie OLIVERO qui est issue d’une famille italienne [27] dont nous savons peu de chose. Toutefois, on remarquera que son épouse, comme sa maman, est native de Paris !
Son père est, quant à lui, toujours Cafetier à Barcelonnette, en 1931 [28].
- Ce que l’on a découvert de la famille OL(L)IVERO.
Son décès
Il meurt à Marseille [29] en 1994, au Centre des maladies infectieuses et tropicales de l’Hôpital Nord. Il a 85 ans. Mais il habite toujours Barcelonnette, rue BELLON.
A cette adresse, mourra son épouse le 14 mai 1996.
On remarque que cette rue est à deux pas de La Placette où son père a tenu, dès son arrivée à Barcelonnette, le Café de l’Europe, en 1920 ou 1926 [30].
Conclusion
Nous voilà au bout de l’aventure. Ce fut un long travail d’équipe. Nous espérons qu’un (ou qu’une ou des) Héritier se manifestera afin que Philippe lui remette ce trésor. Cette personne ne peut être qu’un descendant d’Alfred Angelin Antoine BRUN & Jeanne Marie OLIVERO.
Il y a encore, à Barcelonnette, rue Bellon, des BRUN… C’est à cette adresse que vivaient et sont décédés Alfred Angelin Antoine BRUN & Jeanne Marie OLIVERO.
Ceux qui y résident aujourd’hui sont-ils les Héritiers de ces cartes postales ?
Dans l’affirmative, accepteront-ils ce cadeau ?
C’est notre souhait !
Généalogie
La base qui a servi à établir les divers documents généalogiques présentés ici, est consultable en suivant le lien :
http://h3-online.heredis.com/fr/roland1942/brun_anoge/individus#161
Elle comporte un peu moins de 150 individus qui s‘avèrent essentiels et nécessaires à la présentation et l’accompagnement de cette histoire !
Remerciements
En tout premier lieu, je me dois de remercier particulièrement Adrienne BRUN qui a bien voulu répondre, avec une grande gentillesse, à mes nombreuses questions sur sa famille.
Puis, je ne peux pas manquer de remercier :
• Les services de l’État-Civil des mairies de Toulon, Meyronnes, Saint-Pons-sur-Ubaye, Carqueiranne, Larche, Barcelonnette, Cholet, Sénas, … je dois en oublier. Pardon !
• Les Archives Départementales des Alpes-de-Haute-Provence
• Les Archives Départementales du Var
• Hélène HOMPS
• Yvette MUNEAUX
• Hubert TASSEL
• Olivier VAGINAY
• Patrick VIZIALE
Dont certains furent de véritables collaborateurs car :
• Ils m’ont approvisionné en documents, en photos et autres cartes postales,
• Ils m’ont fourni des informations introuvables,
• Ils se sont déplacés pour me venir en aide…
Et enfin, un grand MERCI à Maryse COURS et Philippe LOPEZ qui sont la source de ces pages.