Arnoul et Dode
Bien sûr, nous pouvons dire : nos ancêtres les Gaulois, les Romains, les Francs... et tous les autres contenus dans la formule généalogique.
Parmi cette multitude de lointains aïeux disparus, nous pouvons identifier un couple de la première moitié du VIIIe siècle, dont nous sommes moralement, et selon toutes probabilités, génétiquement les héritiers. Il s’agit d’Arnoul et de Dode.
- Arnoul, qui deviendra Saint-Arnoul, est issu d’une illustre famille d’Austrasie. Né vers 582 au château de Layum (aujourd’hui Lay-Saint-Christophe, près de Nancy), il décède en 640 ou 641. Il reçoit une éducation militaire et administrative. Duc de la province de Mosellane, il est aussi Maire du Palais. Le roi Clotaire lui confie l’éducation de celui qui sera le futur roi Dagobert. Evêque de Metz en 614, il se retire en 629.
- Dode est également issue d’une illustre famille. Son père porte, entre autres titres, celui de comte de Boulogne. Remarquée à la cour pour son exquise amabilité et sa grande piété, elle reçoit en dot lors de son mariage avec Arnoul (vers 600) les terres de Dodinica (Dogneville), dont elle fait donation à l’évêché de Metz qui, ultérieurement, y fondera la ville d’Epinal, dans les Vosges. Vers 614, elle se retire dans un monastère de Trêves.
Voici leur descendance simplifiée :
Le couple aura deux fils :
- Ansegisel, qui suit.
- Cloud, qui deviendra Saint-Cloud, évêque de Metz.
Postérité de Ansegisel :
- Ansegisel épouse Begga (fille de Pépin de Landen), dont :
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- Pépin d’Heristal (+ 714) qui épouse Aurais, dont :
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- Charles Martel (689-741) qui épouse Rotrude, dont :
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- Pépin le Bref (715-786) qui épouse Berthe au grand pied, dont :
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- Charlemagne (Carolus Magnus - 742-814) qui épouse Hildegarde (757- inhumée en 783 à Metz).
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(voir ci-après pour la suite).
Arnoul, évêque de Metz et saint.
Le diocèse de Metz étant celui de la capitale du royaume Franc, est d’une importance primordiale. Il devient vacant en 614. Un souhait unanime désigne Arnoul. Sa sainte épouse l’encourage, et elle se retire dans un monastère de Trêves.
Sacré évêque, Arnoul doit encore assumer, en outre, ses très hautes fonctions civiles. Ce ne sera pas en vain, car son descendant, Charlemagne, en constituant une "chrétienté occidentale", agit en se référant à l’héritage spirituel de son saint ancêtre.
Le principe fondamental de cet héritage peut se résumer ainsi : "Dans la chrétienté, la force ne peut être employée et le pouvoir exercé que selon les lois de Dieu."
Au milieu des honneurs, Arnoul continue à progresser dans la spiritualité. Malgré les réticences du roi Dagobert, l’évêque résilie ses fonctions et quitte son diocèse, pour se retirer en 629 au Mont d’Habend, devenu le Saint-Mont de Remiremont (Vosges). Il y partage sa vie en prières et en soins aux lépreux.
Il meurt durant l’été 640. L’année suivante, les diocésains de Metz viennent en grande procession rechercher son corps, qui est inhumé dans une abbaye messine. Celle-ci prend, de ce fait, le nom de Saint-Arnoul.
Les descendants de Saint-Arnoul et de Sainte-Dode.
Au niveau des quatre générations citées plus haut, reliant le couple Arnoul et Dode à celui de Charlemagne et Hildegarde, il y a bien d’autres enfants, mais dont nous ne pouvons établir, avec des preuves sérieuses, les postérités. Dans leur "incognito" elles existent cependant.
Il en va différemment à partir de Charlemagne et de sa prestigieuse épouse Hildegarde, dont la descendance couvre l’Europe occidentale en y exerçant toutes les fonctions aristocratiques. Dès le XIe siècle, l’histoire identifie un millier de branches familiales d’origines carolingiennes.
- L’Empereur Charlemagne
Les descendants non identifiés sont toujours les plus nombreux. Pensons aux enfants de toutes les cadettes et de tous les cadets, des bâtards légitimés ou non. N’oublions pas que les prêtres sont normalement mariés jusqu’au XIIIe siècle, et qu’un très grand nombre ont une ascendance de familles nobles.
Constatons aussi que l’interdiction de la consanguinité, même fort éloignée, a eu pour conséquence d’étendre très largement les unions matrimoniales, et qu’à partir du XVe siècle les alliances entre membres de familles nobles, bourgeoises ou rurales sont très nombreuses, et de plus identifiables.
En conclusion, comme l’écrit Madeleine Arnold-Tétard sur son blog, pour refuser la probabilité d’une ascendance d’ARNOUL et de DODE, il faudrait se prouver que ses millions d’ancêtres ont vécu depuis 42 générations dans des « isolats » où n’aurait pénétré aucun gène d’un curé ou d’un seigneur (jusqu’au XIIIe siècle les prêtres se mariaient) issu des milliers de familles carolingiennes couvrant l’Europe. Selon les hypothèses les plus minimalistes, la descendance de Saint-Arnoul et de Sainte-Dode concerne au moins 95% de la population européenne !
Les enfants d’Arnoul et Dode en Amérique
Beaucoup d’Européens (Français, Alsaciens, Allemands, Anglais... ) se sont amalgamés dans le creuset de base qui a servi à élaborer la population des USA (ainsi qu’ailleurs !). Là encore, un bon nombre d’Américains pourraient voir figurer Arnoul et Dode dans leur ascendance si chaque famille pouvait remonter jusqu’à eux.
On peut vraiment donc dire que nous sommes tous "cousins" !
Sans remonter aussi loin dans le temps, beaucoup d’Américains aimeraient sans doute connaître leurs origines. Ils ont souvent du mal à retraverser l’Atlantique sur les traces de leurs aïeux. Il faut leur dire que, en France, beaucoup seraient prêts, avec une bonne base de départ, à effectuer pour eux ce saut dans le passé.
En Alsace, particulièrement, des milliers d’émigrés ont franchi l’océan pour aller s’établir dans le Nouveau Monde. On en retrouve les descendants par exemple à La Nouvelle-Orléans, au Texas (Castroville et d’Hanis où l’on parle encore l’alsacien !)... chaque Alsacien espère retrouver ou trouver son "cousin américain".
En France, il existe dans les archives de nombreux documents : actes divers, recensements, rôles de navires, minutes de notaires... qui peuvent dans de nombreux cas nous aider à reconstituer les généalogies familiales.
Que nos "cousins" d’Amérique n’hésitent pas à nous demander !
Une partie de la descendance (simplifiée) de Charlemagne, descendant d’Arnoul et Dode.
Charlemagne (742-814), empereur, qui épouse Hildegarde (757-783), dont deux fils :
- Pépin, dit Carloman (777-810),
- Louis, dit "le débonnaire" (778-840).
Descendance de Pépin, dit Carloman :
- Pépin, dit Carloman qui épouse en 795 Ingeltrude d’Autun, dont :
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- Bernard, (797-818), roi d’Italie, qui épouse Cunégonde, dont :
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- Pépin de Vermandois (815-878) qui épouse en 838 Rothulde, dont :
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- Herbert de Vermandois (839-902) qui épouse Berthe de Paris, dont :
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- Béatrice (876-929) qui épouse en 893 Robert de France (897-934), dont :
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- Hugues le Grand (900-956), comte de Paris.
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Celui-ci épousera en 937 Hedwige, que nous trouverons ci-après, dans la descendance de Charlemagne, par son autre fils : Louis le Débonnaire.
Descendance de Louis, dit "le Débonnaire :
- Louis "le Débonnaire" (778-840) qui épouse en 819 Judith d’Altorf (805-843), dont :
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- Gisèle de Francie (820-874) qui épouse Ebberhardt de Frioul (835-866), dont :
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- Ingeltrude (o 836) qui épouse Henri de La Marche, dont :
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- Hedwige (856-903) qui épouse en 875 Othon de Saxe (836-912), dont :
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- Henri (876-936), Empereur, qui épouse en 909 Mathilde (890-968), dont :
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- Hedwige (o 920), qui épousera son arrière-cousin, Hugues le Grand (voir ci-dessus).
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Descendance simplifiée du couple :
- Hugues le Grand épouse en 937 Hedwige, dont :
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- Hugues Capet (940-996), roi de France, qui épouse en 970 Adélaïde de Guyenne (+ 1004), dont :
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- Robert le Pieux (971-1031) qui épouse en 1002 Constance de Provence (+ 1032), dont :
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- Henri (1004-1060) qui épouse en 1044 Anne de Russie (1024-1075), dont :
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- Philippe 1er (1052-1108) qui épouse en 1071 Berthe de Hollande (+ 1093), dont :
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- Louis VI le Gros (1078-1137) qui épouse en 1115 Adélaïde de Savoie (1094-1154), dont :
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- Louis VII le Jeune (1119-1180) qui épouse en 1160 Alise de Champagne (+ 1206), dont :
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- Philippe II Auguste (1165-1223) qui épouse en 1180 Isabelle de Hainaut (1170-1190), dont :
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- Louis VIII le Lion (1187-1226) qui épouse en 1200 Blanche de Castille (1187-1252), dont :
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- Louis IX, Saint-Louis (1215-1270) qui épouse en 1234 Marguerite de Provence (1219-1285),
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dont postérité... dont nous sommes probablement issus par un côté ou l’autre .... de Arnoul et Dode, en passant par l’Empereur Charlemagne, Saint-Louis et son épouse Marguerite de Provence.
- Sur le même sujet, lire aussi l’article : Tous des descendants de Charlemagne ?
Sources utilisées :
- Anne Stamm, Guy Ginion et Charles de Vaulx, préface de l’Archiduc Otto de Hasbourg-Lorraine, « Les Lutrins de la Cour d’or », Saint Arnoul Ancêtre de Charlemagne et des Européens, Metz, Éditions Hellenbrand, 1989.
- Le blog de Madeleine Arnold-Tétard et notamment ses travaux sur les familles Arnold.