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Accueil » Articles » La vie militaire » « Nos Poilus » » Au 114e Bataillon de Chasseurs Alpins avec Auguste Ferole » À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) (6e épisode)

À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) (6e épisode)

Le jeudi 4 mars 2010, par Françoise et Pierre Férole, Michel Guironnet

Pour lire les précédents épisodes

Relève de la 129e DI : une incertitude entretenue !

Fin mai 1916, un nouvel ordre d’opérations entraîne le retrait du front de la 129e Division et son acheminement vers Verdun.. Toutefois la logistique compliquée des relèves sur Verdun impose un délai d’environ trois semaines durant lequel on laisse les troupes dans l’incertitude sur leur destination finale afin de ne pas entamer inutilement leur moral.

Le bruit d’une affectation à Verdun court bien sûr parmi la troupe mais il est mêlé à d’autres hypothèses moins alarmantes à l’époque, comme la Somme.

Dans cette expectative volontairement entretenue le moral reste bon au 114e.

« De Bratte à Frouard »

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De Bratte à Frouard 23 mai 1916
Photo prise par Auguste Férole le 23 mai 1916 alors que son Bataillon de Chasseurs Alpins, le 114e B.C.A, est stationné sur la route pour la pause en se rendant à Verdun.



« Une halte, un coup de vin trempé de pluie, le temps de s’étrangler avec un morceau de « boule » » dure et on repartait, songeant à la halte suivante, à un endroit sec, à une heure de vrai sommeil.

Peu après C*, nous commençâmes à rencontrer des émigrants. Les choses en furent grandement compliquées, et le spectacle y gagna certaines ressemblances odieuses avec les scènes du début de la guerre, les scènes de la grande retraite.

Longeant le bord des routes, les chemins vicinaux, les pistes à travers champs, ils fuyaient la région de Verdun, évacuée par ordre. Ils poussaient des rosses misérables, engageaient jusqu’aux moyeux, dans les ornières, des voitures précaires où l’on voyait des matelas, des édredons, ce qu’il faut pour le dormir et le manger et, aussi, une cage où des oiseaux pépiaient.

De village en village ils cherchaient un gîte introuvable, mais ne se plaignaient pas, disant seulement : « Vous allez à Verdun ? Nous, nous venons de X**, On nous a forcés à partir. On a bien du mal à trouver où s’installer »

Des femmes passèrent. Deux d’entre elles traînaient une petite voiture d’enfant dans laquelle le bébé dormait, Il y en avait une toute jeune et une âgée.

Elles portaient de petits souliers de ville et, à chaque pas, enfonçaient, comme nous, dans la fange, parfois jusqu’à mi-jambe.

Tout le jour, nous croisâmes de tels cortèges. Je ne me souviens pas d’avoir vu pleurer une seule de ces femmes ; elles paraissaient effarées et terriblement lasses »

Extrait de « À Verdun » (1917) par Georges Duhamel dans « Vie des Martyrs »

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de Bratte à Frouard...Rires devant l’objectif

Le trajet suivi par la brigade pour rejoindre Verdun est le suivant :

  • 24 et 25 mai Frouard.
  • 26 mai Vandoeuvre.
  • 1er juin Maizière,Viterne, Marthemont, Thelod.
  • 2 juin Quevilloncourt, Ogneville, Forcelle-Saint Gorgon.
  • 3 juin Gerbecourt, Haplemont, Ormes et Ville-sur-Madon.
"... Autour du vaste lavoir, c’est une ruée de chasseurs bleu sombre et de biffins bleu clair qui viennent de combattre ensemble, fraternellement, et qui semblent prêts à en venir aux mains pour gagner un rang et se rapprocher de la belle eau courante.../... La bataille, c’est, pour le moment, de l’histoire ancienne puisqu’ils en sont revenus. Après tant de nuits rigoureuses, la chemise ouverte les bras nus, ils se laissent réchauffer la peau par le soleil printanier.

Sans doute le canon continue de gronder...mais personne n’y prend garde : il y a de l’eau pour boire et pour se débarbouiller.

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Viterne La toilette au lavoir 1er juin 1916



Imaginez-vous ce que peut être la vue de l’eau -et d’une eau courante ! -, pour ces gars qui, depuis dix jours, n’ont pu se laver ni rafraîchir leurs lèvres avec abondance ? Ils savourent à l’avance son froid baiser salubre, et ceux qui ont plongé tout entière en elle leur face poussiéreuse, pleine encore de l’éclat du combat et aussi de sa misère, la retirent toute ruisselante avec un gros rire de volupté.

C’est leur fatigue qui coule. Les traits tirés, plombés, douloureux, en quelques instants rajeunissent. Chacun voudrait bien prolonger les ablutions, mais pense au voisin qui attend son tour, et de lui-même il s’efface pour donner sa place au suivant. Plus tard, on pourra revenir.

À l’écart, l’un ou l’autre, sur un rebord de fenêtre, sur une caisse, installe en un clin d’oeil une glace, sort une savonnette et s’apprête à se raser. Le coiffeur d’une compagnie besogne déjà avec une rapidité d’escamoteur, et les clients, sagement, prennent la file.

Pourquoi diable, à l’intérieur, les appelle-t-on les poilus ? Ici, le mot ne plaît à personne. On est poilu quand on ne peut pas être autrement, dans les mauvais jours, les jours cruels et tragiques, qui deviennent ensuite les grands jours. Mais, dès la relève, on ne demande qu’à reprendre sa bonne figure habituelle, nullement terrible, nullement hirsute". Henry Bordeaux «  Le fort de Vaux 1916 ».

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Viterne 1er juin 1916 la fanfare du 114e

6 et 7 Juin : L’embarquement des 1200 hommes du bataillon par voie ferrée se fait à Vézelise et le débarquement à Nançois et Ligny-en-Barrois, villes qui, personne ne l’ignore au 114e, constituent les points de débarquement des troupes vers Verdun.

Le moral s’effondre

7/8/9 Juin : A Ligny-en-Barrois donc, plus aucun doute ne subsiste désormais dans l’esprit des chasseurs : Verdun est bien leur prochaine étape !

Aussi, après 3 jours d’exercice intensif où l’on n’a pas vraiment le temps de penser, les huit jours suivants vont-ils voir le moral des chasseurs s’altérer au fur et à mesure de leur lente et désormais certaine montée vers Verdun, ponctuée par des exercices.

10-06-1916 : Sous une pluie battante, on cantonne à Nançois le Petit.

11-06-1916 : On passe la nuit de la Pentecôte à Condé-Génicourt où le paysage campagnard a encore son aspect normal et paisible de temps de paix. Il pleut et il fait froid.

12-06-1916 : À Chaumont sur Aire où l’on découvre le village à moitié dévasté et les champs ravagés par le passage des véhicules et des troupes, le décor change brusquement : la guerre, par cette période de pluies, a transformé le pays en un vaste cloaque qui n’a plus rien de campagnard.

Les seules ressources de ce cantonnement sont des granges immenses, glaciales et sales, propices aux idées noires qu’on ressasse en espérant trouver un sommeil qui, de toute façon sera troublé par des va-et-vient continuels.

On passe le 13 à attendre sous la pluie et dans la boue les moyens de transport sur Verdun.

14-06-1916 : Le transport de Chaumont à Souhesmes à 12km au SO de Verdun se fait par camions sous des averses qui détrempent le sol et créent la pagaille à l’arrivée dans ce cantonnement déjà passablement surpeuplé.

15-06-1916 : Le matin du 15, le retour du beau temps après les orages a rendu la marche moins pénible jusqu’à Bois-la-Ville, près de Verdun, où l’on bivouaque près d’une gare de ravitaillement, dans un vallon boisé, défilé de l’artillerie ennemie.

On y apprend que la 258e brigade est affectée, au sud de Douaumont, dans le secteur du fort de Thiaumont, que l’état-major de la brigade doit reconnaître le lendemain et où elle relèvera le 65e RI.

Les dispositions prises par l’état-major sont les suivantes :

Au PC 119 sera établi le PC du 121e BCA qui occupera les 1res lignes avec le 297e RI.

Au réduit de Quatre-Cheminées il est prévu d’installer le PC de la 258e Brigade et le PC du 297e RI.

Au PC M4 du Bois des Vignes se trouvera le PC du 114e.

L’état-major de la 129e DI restera à Souhesmes à 15km à l’arrière.

Le Ravin des Vignes constituera la frontière entre les 129e et 130e divisions.

Les troupes qui descendent du front, bivouaquent autour de la gare en attendant leur embarquement, et offrent le pitoyable spectacle d’hommes sombres et silencieux, rompus de fatigue et couverts de boue.

Bien visibles depuis Bois-la-Ville, dans la clarté de cette belle soirée de printemps, les hauteurs dont ils descendent sont constellées par les minuscules gerbes de lumières des obus et les panaches blancs qui les suivent.

Quelque part là-haut, mais on ne sait pas trop où – aucune carte n’a été fournie - se battent et meurent ceux qu’on va relever dans quelques jours…

À 21 heures la 257e brigade, qui était arrivée à Verdun l’avant-veille, monte vers le ravin du Bras.

Dans la citadelle

16-06-1916 : Après une nuit de bivouac à Bois-la-Ville, au milieu du bruit lointain mais menaçant, et s’enflant parfois, des échanges d’artillerie, le 114e gagne Verdun par un temps superbe et stationne à l’intérieur de la citadelle.

Les troupes logent dans une casemate donnant sur une cour arrosée directement par une pièce ennemie lourde à grande vitesse dont les obus arrivent sans aucun sifflement annonciateur.

Aussi est-il sévèrement recommandé aux chasseurs de s’enfermer dans les casemates où, dès le 1er jour, le désœuvrement entame sérieusement le moral des hommes : à l’intérieur de la citadelle les bruits les plus alarmants et, malheureusement souvent les plus fondés, circulent et ne font que rendre plus suspects les soins extrêmes mis par le commandement à relever le moral des poilus.

D’autant plus que malgré les précautions prises, plusieurs chasseurs, dont le chasseur Aubry, sont tués ou blessés et que les nouvelles du 106e BCP, monté en ligne dès le 16 avec la 257e Brigade, sont mauvaises.

17-06-1916 : Le 17 au soir on voit redescendre les blessés du 106e , silencieux et abattus, parmi lesquels de bons copains…On apprend par bribes de conversations que 350 à 400 d’entre eux ont été mis hors de combat lors de l’attaque du matin : là-haut les tirs d’artillerie ne cessent pas, les dépôts de munitions sautent les uns après les autres : de quoi devenir fou au milieu de cadavres infestés d’énormes mouches.

Au 114e les esprits ne peuvent s’arracher à toutes ces nouvelles lugubres. Puis, dimanche 18, c’est au tour du capitaine Boutter de la 1re compagnie d’être mortellement blessé par un obus à la sortie des casemates : le moral tombe alors tellement bas que, le lendemain, près de la moitié de l’effectif se présente à la visite médicale !

Aussi, dès le 18, le commandant Desoffy n’hésite-t‘il pas, malgré les consignes, à profiter du beau temps pour faire manœuvrer le bataillon par roulement sur un terrain abrité dans les vallons entre Glorieux et le Fort du Regret.

Il espère ainsi enrayer la grave grise morale que traversent ses hommes. Malgré les dangers encourus à chaque aller et retour, en colonne par un, d’abord dans le boyau du Fort du Regret, puis aux traversées de routes, malgré également les risques de repérage aérien, malgré les critiques des unités de territoriaux occupées à des travaux sur le parcours, l’idée se révèle bonne pour le moral des chasseurs.

Pendant les périodes de repos les officiers du 114e, qui se rendent par petits groupes dans la ville en ruines et évacuée par ses habitants, découvrent un paysage de désolation. Ces sorties s’effectuent avec précaution car il arrive que des obus s’abattent au hasard sur la ville.

Dans les photos d’Auguste Férole existe celle ci :

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Verdun 21 juin 1916 rue X



Intitulée "Verdun 21 juin 16 Rue X", on remarquera l’enseigne du magasin faisant l’angle de la rue à droite du cliché "Bicyclette Ménage Chauffage", les deux fenêtres au dessus (dont une avec une tenture publicitaire ?) et le lampadaire accroché au coin de la maison.

Ce sont ces indices qui m’ont permis, après une recherche sur différents sites de cartes postales anciennes, de retrouver le nom de cette rue :

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Rue du Saint Esprit à Verdun



L’enseigne est bien la même, la tenture et le lampadaire sont toujours là... et les ruines aussi !

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Auguste dans une rue de Verdun 21 juin 1916

Là-haut, pour le 106e et le 359e, le marmitage continue dans une ambiance indescriptible où la pagaille, les gaz, le manque de ravitaillement au milieu des impacts de 210, l’impossibilité de sortir de son trou, les difficultés de repérage, tout concourt à rendre la vie infernale.

Puis, à partir du 20 le temps tourne à la chaleur et les difficultés ne font que croître.

Dès le matin du 21 les préparatifs pour la montée en ligne de la 258e Brigade sont menés activement mais, pour des raisons de discrétion les opérations de relève devront être menées de nuit. Elles commencent par la 1re et la 2e compagnies du 114e qui quittent la citadelle à la suite du 121e BCP.

Une montée en ligne éprouvante vers Thiaumont

Nuit du 21 au 22 :

Après une marche lente et pénible, coupée fréquemment par les ravitaillements d’artillerie et par de violents bombardements toxiques, ces 2 compagnies du 114e prennent place sur la « ligne intermédiaire » de part et d’autre du réduit enterré de Quatre-Cheminées où doit s’établir le PC de la brigade et où se trouvent encore le général de Teyssieres et l’état-major du 65e RI, soit 20 officiers dont 4 commandants de brigade, qui attendent leur relève par la 129e Division.

Les chasseurs y trouvent les communications téléphoniques coupées par suite des bombardements de la journée.

De son côté, le 121e BCP monte en 1re ligne, en avant du fort de Thiaumont, par le Bois des Vignes et Quatre-Cheminées. Chaque homme a reçu 2 grenades et 4 jours de vivres.

Le bataillon arrive sur site entre 22h et 1h du matin après 5 heures d’une marche harassante, au milieu d’une épaisse nappe de gaz et d’incessants bombardements.

Les 2e et 3e compagnies du 121e occupent la droite du bataillon sur une 1re ligne qui, sans doute considérée comme provisoire dans l’espoir de la reprise de Douaumont, est mal définie, mal retranchée et constituée essentiellement de simples trous d’obus n’offrant qu’une maigre protection face aux opérations adverses.

De plus, l’éloignement relatif des premières tranchées allemandes, situées à plus de 500m des nôtres, expose cette ligne de défense à des tirs massifs de l’artillerie lourde allemande, qui peut ainsi arroser ces positions précaires sans crainte de toucher les siennes.

À gauche prennent place les 4e et 6e compagnies du 121e, avec de chaque côté, une compagnie de mitrailleuses. La 1re et la 5e compagnies sont restées plus bas en réserve.

À droite du 121e la liaison vers Fleury se fait avec les 39e et 239e RI (130e Division) qui, depuis le 12 Juin ont subi de grosses pertes quotidiennes en défendant la crête de Fleury et les ravins qui la bordent au nord.

À 21h30, après le violent pilonnage du début d’après-midi, une pluie de petits calibres s’était abattue dans la soirée sur toute la zone. On avait d’abord remarqué que les obus sifflaient mais n’éclataient pas : on allait vite découvrir qu’il s’agissait de gaz toxiques d’une nouvelle génération, particulièrement pénétrants, en particulier lors des mouvements.

À 23h15 à la suite de ces marmitages, une telle quantité de ce gaz s’est accumulée dans les ravins que tout mouvement de troupe y est devenu pratiquement impossible.

Par suite, de nombreux combattants, gazés, devraient être évacués et les officiers, obligés de se déplacer sans cesse et rapidement, ont le plus grand mal à rallier leurs hommes sans courir le risque de graves intoxications.

La suite des opérations va révéler rapidement la terrible propension des gaz à s’insinuer à la jointure des masques lors de mouvements accélérés du corps.

Les combattants, obligés de courir ou d’effectuer des efforts soutenus, vont être particulièrement exposés durant les jours suivants car toute la zone va être constamment arrosée et la nappe toxique plus dense que l’air ambiant va empoisonner en particulier les ravins, justement très utilisés pour les ravitaillements et les liaisons.

Comble de malchance, pas un brin d’air durant ces quelques jours ne viendra faciliter la dispersion du nuage toxique !

Nuit du 22 au 23 :

Le 22, dans la vallée, à la fin d’une journée orageuse et très chaude, après avoir traversé la banlieue dévastée de Verdun, le reste du 114e franchit à son tour, au pas de course et section par section, le pont de Thierville sur la Meuse, cible habituelle de l’artillerie ennemie.

La nuit commence à tomber tandis qu’on longe la rive droite du canal de la Meuse. Des explosions violentes et à répétitions, qui font à chaque fois craindre le pire, obligent à s’arrêter souvent.

Enfin, à la hauteur du Pied Gravier, sous la butte de Froideterre, un chemin quitte le canal pour rejoindre la route de Bras (D 964). Là, on charge le matériel à dos d’homme dans une nuit désormais noire.

Très vite, après une 1re alerte, les nappes de gaz obligent à mettre les masques. Les tirs ennemis et les convois de ravitaillement coupent maintenant périodiquement la colonne qui, à chaque fois doit s’arrêter, au milieu des bousculades et des interjections pour se reconstituer ensuite péniblement dans l’obscurité.

Les arrêts se succèdent, souvent interminables, pour laisser passer les convois de ravitaillement, évidemment prioritaires.

Minuit : Dans le ravin du Bois Gravier, qu’ils viennent d’atteindre, les chasseurs entendent le bruit d’une violente canonnade qui arrose les hauteurs de Thiaumont et de Souville.

La chaleur, étouffante sous les masques, et les gaz qui piquent les yeux, s’ajoutent à la charge très lourde qu’ils portent depuis qu’ils ont quitté le canal et qui scie les épaules. De toute part on demande une pause, qu’il est impensable d’accorder dans cette obscurité, cette pagaille et cet environnement toxique.

Pour échapper à l’encombrement indescriptible du ravin, le Cdt Desoffy décide, un peu à l’aveuglette car son guide est totalement perdu, de diriger sa colonne vers la gauche, sur les hauteurs du Bois Gravier où, heureusement, l’intensité de la nappe toxique diminue au fur et à mesure de la montée.

Plus haut on peut enfin s’orienter, et ce sont des chasseurs épuisés qui vont rejoindre enfin l’emplacement de réserve qui leur est fixé, le Bois des Vignes, en contrebas de l’ouvrage de Froideterre.

Pendant ce temps, à gauche les autres unités du 297e RI, qui devaient relever le 65e RI dans la nuit, ont progressé plus à l’ouest à travers le secteur tenu par la 257e brigade.

Mais, de 22h30 à 23h la violence du bombardement toxique a interrompu la relève obligeant plusieurs compagnies du 65e à rester en place tandis que leurs remplaçantes du 297e sont contraintes de s’arrêter à gauche, dans les lignes du 359e RI (27e brigade).

Vers minuit, sur le secteur du 121e, un pilonnage allemand, intense frappant mais heureusement trop loin, s’est abattu légèrement en arrière du bataillon, sans faire de pertes notables.

Des patrouilles allemandes qui tâtent le terrain ont été repoussées à la grenade.

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15 Messages

  • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) (6e épisode) 29 décembre 2015 18:43, par Sylvie AZELART

    Bonjour Madame,

    Je vous contacte sur les conseils de M. Bourgeat du Souvenir français. En effet,la Ville de Grenoble commémore le centenaire de la Bataille de Verdun par une exposition et à ce titre j’aimerais pouvoir utiliser deux photos de votre beau site.
    1 - De Bratte à Frouard 23 mai 1916 : pause repos pour le
    le 114e B.C.A
    2 - Photo d’Auguste Férole, rue X à Verdun.
    Je mentionnerai évidemment le nom de votre oncle dans notre exposition. Vous pouvez me joindre au 04 76 76 33 74.
    Je vous remercie de votre aide et vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d’année.
    Bien à vous.
    Sylvie AZELART

    Répondre à ce message

  • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 12 juin 2010 11:12, par Marie-Paule Lelong

    Merci pour ces témoignages.
    Le cousin de ma grand-mère est tombé à la ferme Thiaumont le 20/06/1916. Il avait 19 ans et était fils unique, aspirant au 64°RI.
    D’après son journal, il a tant souffert et obligé de commander à des hommes plus âgés que lui !
    J’aurais tant aimé le connaître............

    Répondre à ce message

  • Mon grand père est décédé le 24 mai 1916, tué à l’ennemi, à Cumières (Meuse). Il était dans les tranchées (j’ai retrouvé des cartes qu’il adressait à ma grand-mère).
    Il appartenait au 67° régiment d’infanterie - Recrutement Dreux - Classe 1898.
    Avez vous des précisions sur ce qui s’est passé à Cumières ?
    Merci

    Répondre à ce message

  • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 7 mars 2010 17:11, par ANDEZINE

    VOILA MON GRAND PERE EST NE EN 1877 IL EST MORT LE 18 JUILLET 1916 A VERDUM
    IL ETAIT DU 112 REGIMENT TERRITORIALE D’INFANTERIE
    IL ETAIT A LA COTE 304 ON APPELLE LE MORT HOMME ...
    IL Y AURAIT QU’ELQU’UN QUI AURAIT DES RENSEIGNEMENTS SUR CETTE PERIODE J’AI LU SUR FIN JUIN MAIS RIEN EN JUILLET
    AVEC MES REMERCIEMENTS
    IL AVAIT 39 ANS ET A LAISSER 3 ENFANTS IL N’A PAS CONNUT LE DERNIER ...

    Répondre à ce message

    • Bonjour,
      sur le site geneachtimiste,vous avez une multitude de renseignement sur tous les regiments engagés pendants la grande guerre, leurs engagements,les carnets de bords de nombreux poilus.
      Cordialement
      Philippe

      Répondre à ce message

  • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 7 mars 2010 11:17, par torp

    Bonjour et bravo pour votre article, j’ai en ma possession une lettre (24 pages) que mon grand-père chasseur au 106e de ligne a écrit les 5 et 6 juillet 1916 après qu’il ait été blessé le 25 juin à Verdun à la côte 321 ?. on y retrouve aussi l’incertitude sur leur destination, la passage à la citadelle et l’enfer vécut par une génération de sacrifiés. D’après ce que je sais, il ne parlait jamais de la guerre mais faisait lui aussi des cauchemars. Heureusement, il reste quelques écrits qui ont pu passer à travers la censure.
    Patrick

    Répondre à ce message

  • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 6 mars 2010 17:18, par mic 50

    Bonjour,
    J’ai un frère de ma grand mère qui est décédé le 16 septembre 1916 à Verdun il était du 102emme d’infanterie, j’ai lu le livret de campagne du jour du décès, le récit est équivalent à celui-ci.
    Un autre qui est décédé le 17 décembre 1914 à Maricourt lors d’un combat le 115e d’infanterie.
    2 dans la même famille c’est lourd. Cette guerre a du être terrible pour les parents et la famille.
    Pour répondre au message précédent je crois que les soldats au retour dans leurs famille n’ont pas pu raconter leur histoire elle était tellement horrible.
    Michel

    Répondre à ce message

    • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 7 mars 2010 10:06, par Danielle

      Quelques jours plus tôt , le 21 mai , mourrait à Verdun le 3° frère de mon arrière grand-mère . Il avait 37 ans et n’aurait sans doute pas dû aller au front vu son âge .
      La famille était décimée , il n’y avait pas d’autres garçons en âge de combattre . Mon arrière arrière grand-mère a eu 14 enfants elle en a enterré 7 .Je continue de parler de ces trois hommes fauchés dans la force de l’âge et chaque 11 novembre est un jour de recueillement ; ils font partie intégrante de ma mémoire de vie .

      Répondre à ce message

  • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 6 mars 2010 10:49, par lépinard dit papyrus

    merci a tout ceux qui peuvent nous raconter les epreuves subient par nos peres .peut etre un jour je verrai un recit sur le 154 ri ou mon pere etait agent de liaison a cheval de 1915 a l’armistice ?J’ai 90ans et mon pere n’etait pas bavard ( croix de guerre 2 citations medaile militaire ) comme j’aurai aimé qu’il soit bavard !!!
    merci a vous tous cordiailement

    Répondre à ce message

    • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 1er avril 2013 18:11, par France Marsanne

      Bonjour Monsieur,
      Je découvre ce texte qui m’émeut beaucoup car moi aussi je recherche toute information sur un de mes oncles Frédéric LATERROT, simple soldat du 20e régiment d’infanterie, tué à l’ennemi, à THIAUMONT, Meuse, le 26 juillet 1916 ; il venait d’avoir 22ans deux jours avant, le 24 juillet.
      Savez-vous si Thiaumont possède des archives à ce sujet car j’aimerais faire des recherches sur la vie terrible de ces pauvres mlitaires durant cette terrible guerre. Sans compter que son frère aîné Firmin LATERROT, est décédé dans les mêmes conditions quelques jours après la mobilisation, le 20 août 1914 à SARREBOURG. Ma famille a payé un lourd tribu lors de cette tragédie.
      Je vous souhaite de bonnes et productives recherches.
      Respectueusement,
      France Marsanne

      Répondre à ce message

      • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 1er avril 2013 19:30, par Michel Guironnet

        Bonsoir,

        Le soldat Fréderic Laterrot est inscrit dans les pertes du 20e Régiment d’Infanterie A LA DATE DU 28 JUILLET 1916 (et non celle du 26 juillet notée sur sa fiche sur Mémoire des Hommes) Il fait partie de la 2e Compagnie et est blessé.
        Il a du être évacué.
        Voir le JMO du 20e RI sous la cote 26 N 590/2 page 36/88

        Je ne pense pas que Thiaumont ait des archives sur votre oncle. Procurez d’abord sa fiche matricule pour en savoir plus.

        Cordialement.
        Michel Guironnet

        Répondre à ce message

    • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 6 mars 2010 20:36, par boissie helene

      Mon grand père était poilu, il ne parlait pas de cette guerre,
      pourtant parti devançant l’appel, libéré en 1919, faisant des cauchemars, il n’a pas raconté à nous son épopée. Je l’ai lue
      dans son dossier militaire décrivant ses blessures,médailles... Lui est revenu, je pense qu’il revoyait
      ses camarades qui y étaient restés, il était très dur avec son entourage. Hélène

      Répondre à ce message

    • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 6 mars 2010 20:19, par mapasyjo

      Mon grand-père a "Fait Verdun", il est décédé en 1975.

      Il a été gazé en 1916 et il est revenu de cet enfer très affecté, se reprochant de s’en être sorti, lui.

      Quand nous voulions avoir ses impressions, il nous regardait les yeux remplis de larmes et aucune parole ne pouvait sortir de sa bouche, même en 1975, peu de temps avant de mourir !!!

      Voir en ligne : À Verdun (fin mai au 22 juin 1916

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      • À Verdun (fin mai au 22 juin 1916) 7 mars 2010 20:05, par Daniel BONNET (5e Cuirassiers)

        Comme je comprends votre grand-père ! Je n’ai pas connu l’enfer qu’il a vécu mais la courte campagne de mai-juin 40 au cours de laquelle mon régiment a perdu, paraît-il, 97 % de ses effectifs, dont la plupart sous les bombardements de l’artillerie et de l’aviation, a suffi pour que, moi aussi, je sois hanté par ces souvenirs et que je sois incapable d’en parler sans que ma gorge se noue et sans que je puisse retenir mes larmes. Ce que j’ai subi était finalement comparable à ce qu’a subi votre grand-père mais avec les gaz en moins et sans la boue. Comment les poilus de Verdun ont-ils pu tenir le coup ? C’est inimaginable. On peut, on doit les considérer comme des martyrs. Ne les oublions pas !

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