Quittant la Lorraine, avec deux de ses fils, Isabelle de Vouthon, dite "Romée" arrive sur Orléans.
Quand ils arrivent dans cette cité, il est dit que la ville les logea dans la rue des Pastoureaux.
Lorsque Pierre du LYS, son fils, prit la métairie de Bagneaux, à Sandillon, il est probable qu’Isabelle vint habiter avec lui, en 1442.
En 1452, Pierre du LYS obtient, du chapitre de Saint-Euverte, le bail d’une maison près de Saint-Pierre-le-Puellier, au 8 mai 1852.
Isabelle y habita-t-elle vraiment ? Ce qui suit semble montrer qu’elle habitat ailleurs à Orléans, près de la cathédrale, du moins sans doute quelques temps.
La maison près de Saint-Pierre-le-Puellier était-elle alors habitée par Jehan du LYS (le fils de Pierre), et son épouse Macée de Vézines, ou bien par Marguerite du LYS (nièce de Pierre) et Antoine de BRUNET son mari ?
Quoiqu’il en soit, le locataire alors en titre en était Pierre du LYS.
Nous reproduisons ci-après la note de Mr P. Bouvier, parue dans le Bulletin n°200 de la Société Archéologique et Historique de l’Orléanais, tome XVI, 1911-1913 :
- "Note Sur la maison habitée à Orléans par Isabelle Romée
Mère de Jeanne d’ARC
On sait qu’Isabelle Romée vint s’établir dans l’Orléanais vers 1440, amenant avec elle sa nièce Marguerite. Son fils, Pierre du LIS ne tarda pas à la rejoindre.
Suivant Boucher de Molandon, la mère de Jeanne d’Arc, après avoir habité provisoirement la ville, dut ensuite se fixer, avec son fils, à Bagneaux, dans la paroisse de Sandillon, où elle vécut, selon toutes vraisemblances, jusque vers l’année 1452.
Mais à cette époque, il est certain qu’elle revint à Orléans, afin, peut-on supposer, de suivre de plus près les efforts faits pour la réhabilitation de la Pucelle ; elle eut alors son domicile dans la ville : les textes cités par M. Boucher de Molandon ne permettent aucun doute à cet égard.
Quelle fut la demeure d’Isabelle Romée à Orléans ? Question non éclaircie jusqu’à ce jour, et sur laquelle un document inédit tiré des comptes de l’ancien Hôtel-Dieu, peut jeter quelque lumière.
On lit, en effet, dans le compte de l’année 1453-1454, au chapitre des recettes provenant de la location des maisons, la mention suivante :
- "L’ostel de la grant cour appelé l’Official - De la mère de la Pucelle, pour deux chambres basses dudict hostel, XXIV sols"
Cette mention est malheureusement isolée, la série présentant de graves lacunes pour le XVe siècle. Quant au contrat de location, nous n’avons pu le retrouver ni dans la collection des titres de propriété conservés en expéditions authentiques, ni dans les registres où les notaires consignaient les actes passés au profit de l’Hôtel-Dieu, et dont le premier ne commence qu’à la date du 27 novembre 1452.
Le document que nous venons de citer n’en garde pas moins une réelle valeur à cause de sa précision, et parce qu’il s’accorde parfaitement avec les conclusions du travail de M. Boucher de Molandon.
On peut donc admettre qu’en l’année 1454, Isabelle Romée occupait deux chambres d’une maison appartenant à l’Hôtel-Dieu et surnommée Hôtel de l’Official.
Cette maison s’élevait dans la paroisse Saint-Pierre-Lentin, rue du Petit-Alleu : la rue du Petit-Alleu ou des Barbacanes s’ouvrait sur la rue Parisis, en face de la tour nord de l’église Sainte-Croix ; c’était une impasse qui, ne servant pas de voie de communication, devant sans doute à cette particularité le titre de "cour" que lui donnent certains textes.
La plupart des maisons qui la bordaient étaient propriétés de l’Hôtel-Dieu : l’hôtel de la Croix-Blanche, l’hôtel de l’Epervier, l’hôtel Sébille, l’hôtel Corps-Saint, l’hôtel Loiseau, l’hôtel de l’Official. Ce dernier lui appartenait (nb : à l’Official, tribunal ecclésiastique) depuis une époque très ancienne : les comptes du XIVe siècle le mentionnent régulièrement et nous apprennent qu’il était habité alors par l’Official d’Orléans.
On pourrait peut-être l’identifier avec la maison donnée en 1249 par un habitant d’Orléans nommé Letoud : mais il n’existe à ce sujet aucune preuve certaine". P. Bouvier
Il y a peut-être une explication pour laquelle Isabelle alla quelques temps loger dans ces "deux chambres basses".
On précise, sur le bail concernant la maison près de Saint-Pierre-le-Puellier, prise à bail par Pierre d’Arc, que la maison était "en ruyne", et donc en mauvais état. On avait d’ailleurs accordé de bonnes conditions à Pierre pour la retaper.
Pourquoi ne serait-il pas probable qu’Isabelle ait pris location dans une autre maison, aussi en ville, en attendant que son fils ait réalisé le minimum de travaux pour qu’elle y puisse vivre décemment ?
Isabelle a vécu aussi à la métairie de Bagneaux, à Sandillon, chez Pierre. Peut-être aussi Isabelle n’a-t-elle résidé que sporadiquement dans la maison près de Saint-Pierre-le-Puellier, se réservant "un coin" pour elle seule, dans ces deux chambres basses qui lui suffisaient sans doute.