Dimanche 8 mai 1429
Depuis hier les Tourelles du pont sont prises. Les assiégeants se replient sur les autres bastilles, principalement celle de Saint-Laurent.
Le matin, les deux armées sont face à face, mais les anglo-normands refusent le combat et, en bon ordre, partent pour se replier sur les villes de Meung-sur-Loire et Beaugency, encore - pour peu de temps - sous leur domination.
Une procession est organisée par les Orléanais, de l’église Sainte-Croix à celle de Notre-Dame-des-Miracles. Jehanne assiste à deux messes avec l’armée et les habitants de la cité.
Pourquoi les anglo-normands n’ont-ils pas voulu combattre ? On a dit qu’ils avaient peur de la "sorcière" (Jehanne), mais sans doute en avaient-ils aussi assez de ce siège qui durant depuis plus de sept mois.
Jehan HILAIRE, receveur des deniers communs, chargea, entre autres, Jacquet LEPRESTRE de faire confectionner deux cent "mestiers d’oublies" (sortes de petites tartelettes sucrées de l’épaisseur d’une oublie) à l’attention de Monseigneur le Bastard d’Orléans, à qui l’on présente également "ung luz, ung bar et aultres poissons" que Jehan Le BERCHE s’était chargé d’acheter (ou de pêcher).
A la procession assistèrent une grande partie des Orléanais, le clergé, les religieux de tous ordres, les magistrats, les militaires et leurs chefs, et surtout La Pucelle, portant son étendard victorieux, le plus bel ornement de cette première fête, préfiguration de toutes celles qui se dérouleront à Orléans, chaque 8 mai, et qui perdurent toujours.
Jehanne n’est pas oubliée, et les habitants, par les Procureurs, lui font plusieurs présents. Jehan HILAIRE paya :
- A Jacquet COMPAING, "pour demy aulnes de vert (étoffe) achestés pour faire les orties (ornements ou broderies représentant des feuilles d’orties, emblème de la famille d’Orléans) des robes de la Pucelle, le jour du lièvement du siège d’Orliens - 6 sous parisis."
- A Massot BARIANT, "pour avoir tiré à clerc ung tonneau de vin prins (pris) chez Jehan MORCHOASME, pour donner à Jehanne le jour du lièvement du siège d’Orliens - 6 sous parisis."
- A Jehan Le BRUN, sellier, pour l’achat "d’ung bast à bahu (selle arrondie sur le dessus) et pour ung bahu (coffre dont le couvercle est arrondi et couvert de clous de cuivre), serrures, courroys, sangles, et pour touailles (toiles, tissus) pour le guernir (le garnir) par dedens avec couverture, pour donner à Jehanne la Pucelle, pour le tout - 76 sous parisis."
- A Jehan MORCHOASME, pour argent "baillé pour l’achat de 6 chapons, 9 perdrix, 12 congnins (lapins), et ung fésan présentés à Jehanne la Pucelle - 6 livres 12 sols 3 deniers parisis."
La liesse était grande à Orléans.
Pourtant, peu de temps après, Jehanne repartira au combat, et les villes de Jargeau, Meung, Beaugency seront reprises aux anglo-normands, avant la bataille de Patay qui mettra fin à la domination anglaise dans la région.
Puis ce sera le sacre à Reims.... et le destin de Jehanne se poursuivra jusqu’à son terme.
Mais ceci est une autre histoire.
A Orléans, depuis ce jour, Jehanne est omniprésente, et la cité conserve son souvenir et sa reconnaissance.
Sa statue trône en bonne place, au centre de la cité, sur la Place du Martroi, et chaque année on commémore ses exploits.
Fin de la 5e partie.