A quelle occasion a été prise cette photo, je ne sais...
Mais elle évoque une association de vignerons, comme il en existait au XIX° siècle en Bourgogne.
Cette photo a été prise à Santenay sans doute : au moins trois des personnages étaient vignerons à Santenay.
On y voit mon arrière arrière grand-père, Philibert GEORGES (ou GEORGE), rangée du bas, 2° à partir de la gauche, né à Dezize les Maranges le 01/11/1823 et décédé à Santenay le 09/11/1900 (c’est pourquoi je peux dater cette photo d’avant 1900, ou juste en 1900).
Son fils, Claude GEORGE, mon arrière grand-père, deuxième rangée du haut, le premier à droite, né à Santenay le 28/02/1856, et peut-être son fils, frère de ma grand-mère, juste devant lui.
Il y a encore un membre de la famille, au rang du haut, 3° en partant de la droite : c’est le beau-frère de Claude, Eugène COCHET, époux de Rose GEORGE. J’ai connu leur fils, Marcel COCHET, vigneron à Santenay, où nous allions tous les étés en visite. C’était le parrain de mon père... C’est là que j’ai goûté pour la première fois au vin de Santenay, le Clos des Roches Noires, et j’ai trouvé ça... mauvais !
Depuis, j’ai appris à le connaître et à l’aimer... avec modération !
Il semble s’agir d’un évènement important où ne sont conviés que des hommes, assez important pour être immortalisé par une photo.
Tous sont vêtus avec soin : costume, cravates, chaussures, chapeau ; ceux qui sont en blouse portent un noeud papillon ou un foulard.
Il y a de nombreux fumeurs, et les fumeurs de pipe paraissent particulièrement fiers de montrer leur instrument !
Ils sont presque tous moustachus, de la simple ombre sur la lèvre supérieure aux impressionnantes bacchantes !
Un jeune père a même dans les bras un futur vigneron...
Cette photo évoque une association de vignerons organisée en société de secours mutuels. Ces sociétés avaient pour origine des confréries d’Ancien Régime. Placées sous la protection d’un saint, elles avaient pour but de demander la protection divine pour le vigneron et sa récolte, ainsi que pour sa famille.
Il existait par exemple, la Confrérie St Vincent à Meursault ou celle de St Barthélémy à Auxey-Duresses, St Martin de Nolay. Ainsi, au XIX° siècle, outre St Vincent, 14 saints étaient honorés en Bourgogne.
La fête du saint commençait par une procession avec sa statue. Puis un repas partagé entre confrères. La célébration de la fête permettait de resserrer les liens entre confrères et d’organiser le fonctionnement de la société pour l’année.
Au cours du XIX° siècle, certaines sociétés se sont créées sans référence particulière à un saint.
Les membres des sociétés sont exclusivement des hommes, petits propriétaires ou exploitants des vignes en location.
Leur but était d’aider le vigneron malade ou décédé et sa famille : soins médicaux, médicaments, indemnité pour compenser la perte de revenus, frais de funérailles, entraide matérielle ou "corvée" d’entraide.
Ces sociétés ont été fragilisées par les rivalités religieux/laïc, puis le marasme économique dû au phylloxera et enfin par la guerre de 14-18.