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Météores et calamités d’autrefois

Le vendredi 15 octobre 2021, par Jacques Pageix

1- À propos de la grêle :

Il y a 50 ans...

En décembre 1973, je quittais la région parisienne pour l’Auvergne, afin de prendre mes nouvelles fonctions au District Aéronautique. Ce service, installé sur l’aéroport de Clermont-Ferrant-Aulnat, étendait son autorité sur les quatre départements de cette belle région, et se consacrait à tous les domaines d’activité touchant de près ou de loin l’aviation civile...

Dès sa naissance, l’aviation fut tributaire des aléas du temps ; aussi, la plupart des aéroports furent dotés de services météorologiques chargés de délivrer aux équipages les situations et les prévisions nécessaires à la préparation et au déroulement de leurs vols ; c’est l’un des rôles confiés aux stations départementales. À Clermont-Aulnat, le chef de la station, Ingénieur de la Météorologie Nationale, se nommait Georges Bontemps, patronyme qui le prédestinait probablement à exercer ce sympathique métier ! Monsieur Bontemps, castelpontin passionné comme moi d’histoire, appartenait à l’association des "Amis du vieux Pont-du-Château" dont le président était Pierre Mondanel [1]. Il rédigea d’ailleurs plusieurs articles dans la revue de cette association.

Parmi les nombreuses autorisations, liées à la météorologie, que nous délivrions à l’époque par délégation de l’autorité préfectorale, je me souviens de celles qui concernaient les lancements de fusées paragrêles.

Dans le dossier regroupant toutes ces autorisations se trouvait cette affiche que j’ai conservée, allez savoir pourquoi : il s’agissait d’un "règlement pour les artificiers" établi par les établissements Ruggieri, et intitulé "Emploi des fusées à ailettes". On y décrivait le lancement des fusées et l’on y précisait les effets attendus, effets dont je n’ai - il est vrai - jamais cherché à évaluer l’efficacité...

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Les Établissements Ruggieri, pouvoyeurs en "fusées paragrêle
à iodure d’argent à ailettes et à allumage electrique"

Je me souviens bien que mon grand père, Pierre Pageix, viticulteur à Beaumont, redoutait particulièrement la grêle, et j’entends encore les réflexions des anciens, convaincus que ces calamités étaient imputables aux fusées : "les grosses surtout, que lançaient les Américains et les Russes", bien sûr, et qui selon eux "détraquaient le temps" !...On verra plus loin que la crainte de la grêle fut permanente au cours des siècles passés...

Son frère cadet, mon grand oncle Joseph Pageix, habitait la maison de famille de la Place d’Armes à Beaumont. J’y ai retrouvé en 1965 ses archives que j’ai conservées, et en particulier ses cahiers-mémoires où il consignait quotidiennement toutes ses activités, et où figurent de nombreux plans de ses cultures. Ces cahiers couvrent la période 1919-1942 ! La date du 9 juin 1939 porte la mention "soirée : pluie (orage) mêlée de grêle". le lendemain, en matinée, il y eut aussi de la pluie et, en soirée, également de l’orage et de la pluie.

Je suppose que ce sont ces "orages mêlés de grêle" qui motivèrent de sa part auprès de la mairie une "déclaration de perte comportant une demande d’allocaion de solidarité", enregistrée le 19 juin suivant, et dont voici le récépissé conservé dans ses cahiers :

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... et en 1765...

Bien évidemment, depuis quelques temps déjà, séduit par l’attrait des vieux papiers, j’avais entamé le dépouillement de mes archives familiales de Beaumont. Il s’y trouvait précisément un document évoquant un épisode de grêle survenu localement au cours du mois de juin 1765...

À Beaumont, comme probablement dans beaucoup d’autres localités, la meilleure défense des vignerons contre ces redoutables météores, comme le soulignait à juste titre mon grand oncle Joseph Pageix dans son ouvrage sur les veilles coutumes locales [2], était le morcellement et la dispersion des parcelles possédées par les viticulteurs, souvent dans plusieurs paroisses [3] ; en cas de grêle, ceux-ci pouvaient ainsi espérer "limiter les dégâts", pour autant que le phénomène fut suffisamment localisé.

Sous l’Ancien Régime, l’un des rôles majeurs des Intendants de province était bien la protection des populations contre les calamités de toutes natures. On a vu (Voir mes articles sur les épidémies et sur les séismes) comment les Intendants de Ballainvilliers, de Montyon, puis de Chazerat, qui se succèdèrent au cours de la deuxième moitié du XVIIIe siècle, portèrent secours aux populations dans ces malheureuses circonstances. Dans le cas présent, ce fut le Président en l’Élection Générale du Bas Pays d’Auvergne, Jean Foughasse, qui se déplaça en personne le 5 juin 1765 [4]

Lorsqu’on lit la totalité de son procès-verbal, on comprend mieux pourquoi ce fut lui et non un représentant de l’intendance, comme dans les cas évoqués plus haut, qui vint inspecter les dégâts :

"Aujourd’huy Cinq Juin Mil Sept Cent Soixante Cinq nous Jean Foughasse president En L’Election Generalle du Bas pays D’auvergne nous Etant Transportéau Lieu Et parroisse De Beaumont a L’Effet De Dresser procès verbal Du Degat occasionné par La Gresle apres avoir fait La Tournée Des Depandances Du Dit Beaumont pour nous Mettre a portée De Constater Le Dit Degat nous nous Sommes Rendus Sur Les neuf heures en La Maison De ville [5] avec La Majeure partie Des habitans qui ont Coutume D’ assister aux assemblées Les quels ont Eté par (ajout : la cloche) Et averti par Les Consuls De Mil Sept Cent Soixante Cinq [6] pour y faire Le Recolement Du Tableau [7] ou Etant nus avons Dit aus Dits habitans Le Motif De La Dite assemblée en Concequance avons fait Lecture Des noms Des particuliers qui Etoient indiques pour passer Consuls L’année prochaine Mil Sept Cent Soixante Six avons Requis Les habitans De nous Dire Si ces particuliers Etoient vivans, en Etat De passer Consuls, Soit par Leurs facultés Soit par Leur probité, Bonne Santé et Intelligence, ils nous ont Tous assurés que Ces particuliers Etoient fort en Etat D’Etre Consuls, qu’ils L avoient Etés en Mil Sept Cent Cinquante Trois, qu’ils Etoient Content D’Etre Consuls Et que La parroisse n’avoit point a Se plaindre D’eux :

"Sur Ce propos, pierre Vaury et Estienne gane Consuls de La presente année, Se Sont fort opposées (sic) a Ce que Jean Bernard Gendre de Jean Bouchet fut Consul :

"Nous Leur avons Demandé Le Motif qui Les portoient a Refuser Ce particulier : ils nous ont Repondu qu ils Reconnoissoient En Cet homme De La probité et Etre en Etat D’Etre Consul, Mais qu’il avoit La ferme du fourg (sic) banal [8] ; que Cette Raison Sufisoit pour qu’il ne fut pas Consul ; La Commune Etant Dailleurs En procès pour quelques Droits qu’on levoit pour La Banalité, qu’ainsy ils ne le vouloient pas et qu’il ne Le Seroit pas ; Ce particulier Bernard presant a observé a Ces consuls premierement qu’il n’avoit pas De procès avec Eux que C’etoit L’econome Sequestre De L’abbaye [9] Secondement qu’il Metroit un valet pour Le Service Du four, au Cas que Cella fut nescessaire Et Troisiememant que Son Bail finissoit au Mois De Septembre prochain, qu’il ne Le voulloit pas Renouveller, Enfin que C’Etoit un affront qu on Luy faisoit En Le Tirant Du Tableau qu’il vouloit passer a Son Tour avec Ses Consorts, qui n’avoient aucun Reproche a Luy faire, Non plus que La paroisse. Les Raisons Des uns Et Des autres Balancées nous avons Dit aus Dit vaury Et Gasne, que Ce Bernard Etant Dans Son Rang Devoit passer Consul, qu’on ne pouvoit pas Deranger Les Tableaux Sans Raisons, que La ferme Du Four Banal n’Etoit pas un Motif d’Exemption ni De Recusation, que D’ailleurs Jean Bouchet Beau pere De Bernard Supleroit a Son Defaut, qu’on Surplus Toute L’assemblée Reconnoissoit Bernard pour un honnete homme qu’il Est Intelligent, qu’ainsy il falloit Le Laisser Dans Son Rang Pour lors Le Dit vaury a avancé que Bernard avoit Menacé D’augmenter plusieurs particuliers au Moyen De quoy ils ne le vouloient pas Lequel Reproche Le Dit Bernard a Desavoué : Sur Lequel Reproche nous avons encore observé au Dit vaury qui a Eté Seul a Le faire que Ce Bernard ne pouvoit pas faire D’Injustice parce que George Lucquet premier Consul qui Sçait lire Et Ecrire et Les Second Et quatrieme Consuls S y opposeroient et nous en avertiroient que D’ailleurs Les plus notables venoient Dassurer publiquemant que Ce Bernard n’Etoit pas Capable De Commettre D’Injustice.esquels notables nous ont priés plusieurs fois D’Inserer Dans Le Recollemant Les Memes quatre Consuls, qui Se Trouvent indiqués Dans Le Tableau Les Reconnoissant et assurant Bons, Solvables, et honnetes gens : Ce que ayant fait Les Dits vaury Et Gasne consuls De La presante année Se Sont Retirés Sans nous Rien Dire et ont fait retirer avec Eux Jean Maradeix Leurs Consorts, Estienne Faye, Michel Lavery, Michel Bouchet L aisné ; Pierre Vaury fils a guillaume Jacques Faye, amable vaury et quelques autres Dont nous n’avons pu Scavoir Les noms : En Sorte que nous nous Sommes Trouvés avec Jean Barriere L’un Des Consuls De Mil Sept Cent Soixante Cinq, Toussaint Guibert Sindic De la parroisse [10], Pierre Pageix, Pierre Vaury L’aisné, Pierre Laverry Ligier Courtine, Gabriel Bernard, George Luquet, Etienne Tartarat, Jean Bernard Et antoine Dourdouille.

"Les quatre Derniers Indiqués pour Consuls année Mil Sept Cent Soixante Six qui nous ont Repete plusieurs fois qu’ils ne vouloient pas nommer D’autres particuliers que Ceux Indiqués par Le Tableau que Ce que Lesdit Vaury Et Gasne en feroient Etoit un Motif D’animosité ou De Jalousie, qu’il ne falloit pas Ecouter neanmoins ils nous ont prié De Les Dispenser De Signer au Recolement, Craignant Certaine personne qu ils n ont pas voullu nommer, Ce qui nous Determine De Les prevenir que nous allions Dresser notre procès verbal De Tout Ce qui C’Etoit passée Dans L’assemblée, qu’ils n’avoient qu a en avertir Les particuliers qui S Etoient Retirés De L’assemblée D’y Rentrer S’ils vouloient Eviter L’amende, en Concequance Les dit Barriere Et Lucquet ont Eté Les avertir L’un après L’autre que nous Etions Sur Le point De Dresser notre procès verbal De Leur Cabale et Mauvaise humeur ausquels avertissements Lesdit Barriere Et Lucquet nous ont assuré qu ils avoient Repondu qu’ils ne Vouloient pas venir : Et Comme De Tels procédés Sont Contraire aux ordres du Roy, nous avons Crû Devoir Dresser notre presant procès-verbal pour Etre a portée De pronancer Sur L’amande a L’Encontre Des Rebelles Cy Dessus nommés, pour Les obliger D’Executer L’article Six De la Declaration Du neuf aoust Mil Sept Cent vingt Trois, qui veut que La nomination Des Collecteurs Soit faitte Des Memes sujets qui Doivent LEtre par L ordre Du Tableau : Et pour que Ledit Recollement quoyque non signé Des habitans ait Son Exexution Comme S’il Etoit Revetu De La Dite formalité, attendu que Tous Les habitans De La Dite assemblée, meme Lesdit Vaury et Gasne Sont Convenus Des Bonnes qualités Du Dit Bernard Et qu’on n’en n’a (sic) pas meme indiqué D’autre a Sa place, que D’ailleurs Jean Bouchet Beau pere du Dit Bernard est Seul en etat D’Etre Consul.

"Fait et Clos apres onze heuresLesdits Jour et an, signé Foughasse.
"Vû Le procès verbal cy Dessus,

"Nous, ouy Le procureur du Roy, attendu que Pierre vauris Et Estienne Gasne, Jean Maradeix, Etienne Faye, Michel Lavery, Michel Bouchet L’ainé, pierre vauris fils a Guillaume, Jacques Faye Et amable vauris ont fait Cabale et Se Sont Retirés Sans motifs valable De L’assemblée Des habitans Du Lieu de Beaumont Convoquée en La Maison De ville Le Cinq Du presant Mois pour faire Le Recollemant Du Tableau Les Condamnons Chacun en vingt Livres D’amende, au payement De laquelle ordonnons qu’ils Seront Contraints par Toutes voyes Deus et Raisonnable Meme par Corps, Et Cepandant ordonnons que Le recollement fait Sur Le Tableau visé De M. Foughasse Sera Executé quoique non Signés D’aucun Des habitans De La Ditte parroisse, en Concequance Le dit procès verbal Sera Joint au dit Recollement.

"Fait Dans La Chambre De L’Election generalle Du Bas auvergne a Clermont ferrand Le Sept Juin mil Sept Cent Soixante Cinq ; Signé Foughasse president, Barbin Lieutenant, Escot, Et Chassaignes Conseillers Et Bouchard procureur Du Roy.

Bruche
Scelle a Clermont Le Six 7bre 1765 Reçu Trente deux Sols six deniers
"Con(trô)lle du greffe Six Sols Sauvat En tout 5 £ 10 S. 6 d

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Ainsi, le sieur Foughasse, venu pour "dresser procès verbal du dégât occasioné par la grêle", avait également la ferme intention de confirmer le "recollement" du tableau des consuls devant entrer en exercice au cours des années prochaines, cette liste étant dressée à l’avance, selon l’usage, sous l’autorité de l’Intendant. Au cours de l’assemblée des habitants tenue dans la maison commune, il se trouva face à une dissension opposant deux clans, comme cela était fréquent dans les bourgs. Ces rivalités exacerbées, qui confinaient parfois à la guerre civile, ne disparurent pas lors de la Révolution : on se reportera à mon article sur les maires de Beaumont, où le maire Jacques Pageix essuya une fusillade lors d’une émeute et fut emprisonné à la suite de dénonciations anonymes, puis révoqué tout en étant nommé secrétaire de mairie !...(on se souvient aussi des délations lors de la Libération en 1945...). Jacques Pageix réapparut toutefois lors de la Restauration où le préfet le nomma Maire.

2- Les tornades...

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Les journaux renferment de précieuses informations sur de tels événements dont furent témoins nos ancêtres ; leur étude mériterait un dépouillement systématique. Dans un exemplaire relié du "Journal du Puy-de-Dôme" que je possède, j’ai relevé quelques faits de cette nature.

Dans la nuit du réveillon de Noël 1822, la violence du vent emporta une jeune fille qui se rendait à la messe de minuit !

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On lit : "Dans la nuit du 24 au 25 décembre, une jeune personne de dix-huit ans, allant à St-Bonnet, dans une paroisse voisine, pour y entendre la messe de minuit, au moment où elle traversoit un torrent, sur une légère planche placée en guise de pont, a été renversée dans l’eau, par la violence du vent, et n’a pu en être retirée qu’après sa mort".
"La même nuit n’étoit pas moins fatale à deux femmes de la petite ville de Laqueuille. Trop faibles pour résister à l’impétuosité des vents, elles ont été soulevées de terre, et jetées dans un précipice où on les a trouvées moulues le lendemain matin".

3- ...Et pour clore cet "inventaire", la foudre :

« Les Jugemens de Dieu sont incompréhensibles et ses voïes impénétrables »

Ou : "Messire Robert [11], un curé de Romagnat qui fait bien des manières"...

Mon cousin et ami Pierre Bourcheix, Président et animateur du Cercle Généalogique et Historique d’Aubière, attira mon attention sur un curieux document qu’ il eut la gentillesse de me communiquer [12] :

Il s’agit de l’acte de décès de Thomas Luquet [13], beaumontois frappé par la foudre à Romagnat, le 21 juin 1726 et inséré dans les registres de cette paroisse.

"Le (28 semble surchargé par le nombre 21, qui est la véritable date puisque l’acte de sépulture porte la date du 22) Juin Thomas Luquet de La parroisse de St Pierre de Beaumon fût tué d’un coup de Tonnerre dans la prairie de Romaniat. J’allay aussi tost Lenlever accompagné de Mr Josat, et Le conduisis dans nôtre église à La maniere accoutumée Ce corps à reposé La iusqu’au Lendemain que Mr Crose curé dud(it) Beaumon m’est venu prier de le Luy remettre accompagné de Mr Le Curé de N.D. de la Riviêre et des parens du deffunt, Lequel Crose Curé Jay prié de vouloir attendre Le corps de son Parroissien à La porte de La ville avec sa Compagnie et La croix de son église, Ce qu’il n’a point refusé ; ainsi après avoir fait Le service dans mon église, J’ay conduit ce corps hors des portes, ou estant Le Sr Crose est venû au devant de moy, et apres m’avoir assuré que Le deffunt avoit fait ses pâques et qu’il vivoit moralem(en)t bien. Il a réitéré sa prière et ma sollicité de Luy remettre Le corps de son parroissien pour estre inhumé dans Le tombeau de ses ancêtres et de vouloir Luy donner cette satisfaction, et cette consolation à La famille. Je luy ay répondû en ces termes.

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J’ay enlevé hier Le corps de Thomas Luquet décedé dans Les confins de cette parroisse d’une mort imprevüe : Les Jugemens de Dieu sont incomprehensibles et ses voïes impenetrables ; Je l’ay conduit dans cette église avec Les ceremonies et Les prières ordinaires, J’ay prié Dieu depuis hier jusqu’a aujourdhuy pour Le repos de son ame, et en particulier dans Le St sacrifice de La messe, Je vous remets son corps non par devoir, mais par honneteté, afin que vous Le conduisiez, et que vous Linhumiez en terre sainte, Je ne doute pas, Monsieur que vous L’accompagniez avec Les chants de Léglise, et que vous ne remplissiez toute Letendüe de ces devoirs avec vôtre zèle et vôtre charité ordinaire. ensuite ie me suis retiré et Le sieur Crose â ôté Létole de dessus son bras pour La mettre â son col et à fait sa fonction".

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Thomas Luquet, foudroyé le 21, fut inhumé le lendemain 22 à Beaumont, comme l’indique l’acte de sépulture établi par Croze, curé de cette paroisse :

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L’acte précise que Thomas Luquet fut "frappé d’un coup de foudre dans un pré qu’il fauchoit proche la Chapelle de St Saturnin dans le terroir de Romaignat". Notons au passage que les propriétés de ce vigneron beaumontois étaient probablement dispersées sur plusieurs paroisses, incluant Romagnat. Il était âgé de 52 ans. Ses deux frères, Estienne, laboureur de Romagnat, et Annet, habitant de Beaumont, assistèrent à ses funérailles.

Thomas né le 29 décembre 1674 et Baptisé par Me Gaignère, curé, était le fils de Annet Luquet et de Severine Monteil. Ses deux frères étaient Étienne "laboureur de Romaignat" et Annet de Beaumont.

Les parents de Thomas, Annet fils d’Amable, et Severine Monteil fille de Thomas, furent mariés par le curé Michel Gaignère le 12 Janvier 1670. Étaient présents Messire Pierre Gaignère, prêtre curé de Ceyrat, Antoine Luquet prêtre filleul de Saint Pierre de Beaumont, Messire Pierre Jozat, Procureur d’office et notaire royal, Antoine Chabert laboureur de Ceyrat, Annet Laveyrie, René Annet, clerc, Anoine Cohendy, Michel Sudre, Benoît Chauvidon et plusieurs amis des parties (on remarquera que les témoins aux mariages étaient le plus souvent des hommes...)

Bibliographie :

  • "Mémoire historique sur les modes successifs de l’administration dans la province d’Auvergne et le département du Puy-de-Dôme" par Michel Cohendy, archivite du Puy-de-Dôme, 1856 ;
  • "Histoire de l’administration civile dans la province d’Auvergne et le département du Puy-de-Dôme" par Georges Bonnefoy, 1895.

[1Pierre Mondanel, ancien diplomate, Président des "Amis du vieux Pont-du-Château", auteur d’ouvrages tels que "La batellerie de l’Allier", "Pont-du-Château à travers les âges", etc.

[2"Beaumont" par Joseph Pageix, paru dans le bulletin paroissial de Beaumont à partir de 1925 et relié en un volume retraçait les coutumes locales au siècle précédent (une présentation de cet ouvrage est en cours).

[3Mon arrière grand père possédait des vignes à Beaumont, Ceyrat, Clermont, Aubière, Romagnat et Gerzat (voir mon article sur les vendanges à Beaumont).

[4L’Élection : c’était une circonscription recouvrant (le mot est bien adapté) une collecte au sein de la province. Elle était alors présidée par l’Élu Jean Foughasse (aucun rapport avec l’un des gendarmes de Saint-Tropez, incarné par Jean Lefebvre)...

[5La maison de ville : ou maison commune, lieu des assemblées des habitants, changea d’emplacement et de nom au cours des siècles. À l’origine hôtel du Saint-Esprit, puis maison commune au carrefour des rues du Centre et de la rue du Commerce, puis mairie à l’angle des rues Porte Réale et Nationale, et enfin à l’emplacement actuel, ancienne maison bourgeoise Goy-Pageix, notaire, après un cours séjour dans le bâtiment de l’école Jeanne-d’Arc.

[6Les quatre Consuls
Du Moyen Âge au milieu du XVIIe siècle, la commune fut administrée par deux élus. Ils étaient installés pour une durée d’ un an, selon des modalités qui ne sont jamais évoquées de manière explicite. Probablement, il s’agissait plutôt d’une cooptation que d’une véritable élection. On peut toutefois en esquisser le déroulement par ce texte qui lui aussi fait état d’une velléité de renonciation des élus en place à exercer leurs responsabilités municipales :

"Le dimanche 8 décembre 1527, les élus Georges Guybeart (Guybert), dit Souton, et Anthoine Vialleneuve déclarèrent qu’ils ne “ voloit plus servir la ville en ceste acte (qualité) d’esleuctz mes (mais) que les habitants myssent autres deux a leurs lieu pour servir la ville au dict acte d’esleuctz pour l’année prochene venue et firent assambler douze hommes habitants de la ville pour leur sermentz d’en choisir et eslire austrez deux esleucs ydoines et souffisants à servir et regir la ville en ceste acte d’esleuctz pour l’année prochene venu et furent choissis pour esleuctz Jehan Monge dit Lheonard et Bertrand Jacquot filz de feu Mathieu ”.

Les nouveaux élus prêtaient serment lors de l’assise de justice suivante, présidée par l’abbesse ou son châtelain.

Plus tard, à partir de 1630 environ et jusqu’en 1789, les élus, qui avaient pris entre-temps l’appellation de consuls, au nombre de quatre, furent inscrits sur un tableau, établi à l’avance pour plusieurs années par les services de l’Intendant de la province, et appelé tableau de récolement. J’en possède un dans mes archives familiales, signé de la main de l’Intendant Charles de Chazerat.

[7Le Recolement du tableau : au moyen âge et au XVIe siècle, les deux élus étaient nommés tous les ans à la St Jean-Baptiste par un collège de 12 sages. Beaucoup plus tard au XVIIIe siècle, les intendants s’en mêlèrent et firent établir un tableau qu’on mettait à jour pour nommer les quatre consuls, tout en vérifiant tous les ans la validité du dit tableau au regard des décès, incapacités et défections : c’était le récollement.

[8Le four banal :

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Dès le XVIe siècle, et peut-être avant, le four banal fut affermé par l’abbaye qui prélevait une redevance dont devait s’acquitter le fournier adjudicataire. Ce droit féodal s’appelait "le droit de fournage" (voir mon article "Beaumont au XVIe siècle").

Le four banal (voir le plan) se trouvait non loin de l’entrée de l’abbaye, entre celle-ci et la porte du Terrail. Au Moyen Age, on pouvait y accéder aussi bien à partir du bourg que de la basse-cour, située en contre bas. Le four était acensé au plus offrant, chaque année, à la Saint Antoine.

Le fournier qui emportait l’enchère, en général pour une cinquantaine de livres tournois, prélevait un droit de fournage sur les habitants qui étaient tenus de cuire leur pâte à Beaumont et non ailleurs. Un témoin interrogé lors de l’enquête de 1494, Maître Hugues Bosse, notaire, se souvient que quatre ou cinq années auparavant, Guilhaume Jozat, fils d’Anthoine, fut condamné à payer une amende pour avoir fait cuire son pain à Clermont. Pierre Galoubie, qui a soixante ans passés, expose que les habitants ont toujours apporté au fournier la paille et le bois nécessaire pour chauffer son four. Lorsqu’ils venaient faire cuire leurs pains-bis appelés tourtes, le droit de fournage prélevé par le fermier s’élevait à une portion de pâte. De plus, comme le précise Pierre Galoubie qui était baile des confréries du Saint-Esprit et de Saint-Pierre, on donnait quarante pains au fournier lorsqu’on “ faisoit confréries olmones ou nobces ”.

[9"L’économe séquestre" de l’abbaye était l’un des hommes d’affaires de l’abbesse chargé de la gestion financière du monastère.

[10Le Syndic : à la fin du XVIIIe siècle, en 1765, et jusqu’à la Révolution, apparut la charge de Syndic à Beaumont. Ce fut successivement Toussaint Guybert, puis en 1775 Amable Laveyrie et en 1786 Jean Bernard.

[11Messire Robert, curé de Romagnat.

[12Source : AD63 - Registre des B.M.S. de Romagnat : 3E 305/8 - 1710-1734.

[13Thomas Luquet : les Luquet, ancienne famille de Beaumont, comptaient dans leur rang des curés et des notaires. Il y eut même un chanoine de l’église Saint-Pierre de Clermont. Par le jeu des mariages, les Luquet "cousinaient" avec les Bernard, les Fosson, les Tartarat, les Maradeix, les Bouchet, les Pageix et même les Savaron bourgeois de Clermont ! (voir mon article à leur sujet).

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2 Messages

  • Météores et calamités d’autrefois 15 octobre 2021 08:24, par martine hautot

    Bonjour,

    Les voies de Dieu sont impénétrables ,dans le même esprit pour une mort subite ,vu au milieu d’ un acte de décès en français la formule en latin : veillez car vous ne savez ni le jour ni l’heure, parfois le curé nous transmet ses sentiments. La mort subite excusait l’absence des derniers sacrements et permettait un enterrement chrétien si on était connu comme bon catholique !

    Répondre à ce message

  • Météores et calamités d’autrefois 15 octobre 2021 19:38, par Michel maitrejean

    je me rappelle les tirs de fusées à Lyon Bron .La partie est du terrain de l’aéroport étaient loué et couvert de colza . Un gros orage menaçait et des tirs ont été effectués depuis notre terrain dit des anciens émetteurs (logements de fonction). Quel spectacle pour un jeune de 17 ans bientot militaire (1964)

    Répondre à ce message

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