Dans son édition web du 22 novembre 2013, le Journal du Centre publie, dans la rubrique « Mon Nevers secret », un article, dont voici un extrait :
Le corps de Sainte Bernadette "intact".
…Celui-ci est retrouvé dans un état de conservation extraordinaire. Ce qui suscite encore aujourd’hui de nombreuses interrogations.
En 1925, la nivernaise Sœur Marie Véronique, était présente lors de l’exhumation du corps de Sainte Bernadette. Sa sœur aînée faisait partie du groupe de jeunes filles qui vivaient à Saint Gildard à Nevers. Petite, elle s’y rendait souvent pour les vacances. Elle assistera à la sortie du tombeau de Sainte Bernadette. « Au moment où on l’a sorti de son tombeau, il y avait des évêque, il y avait la police, il y avait des docteurs. Donc là, nous étions séparés, nous étions en haut et nous avons assisté à tout ça. Et le soir, on nous a donné la permission de voir le corps de Sainte Bernadette (…) j’ai pu baisé son pied. »
Sainte-Bernadette est béatifiée le 14 juin 1925. Son corps est placé par la suite dans une châsse de verre et de bronze, dans la chapelle Saint-Gildard à Nevers, visible encore aujourd’hui des visiteurs et des pèlerins.
Une autre histoire :
Il existe une autre histoire de ces exhumations [1], un récit que je tiens de ma famille, mais je n’ai pas été un témoin direct, puisque je suis né en 1945 :
Ma famille a vécu à Nevers, rue de la Chaussade, dans une petite maison construite par mon arrière-arrière grand père vers 1860, et que ma famille occupait encore au moment des exhumations [2].
Tous étaient de fervents catholiques, y compris, dans un premier temps mon grand père qui, après avoir envisagé le séminaire, deviendra socialiste et anticléricaliste et terminera député maire d’une grande ville de l’Est.
Alors qu’il était assigné à résidence dans cette même maison par les allemands, Il fréquenta en secret Patrice Flynn, 110e évêque de Nevers, de 1932 à 1963. Fréquemment, mes parents présents voyaient arriver un homme en costume civil et chapeau, qui s’enfermait longuement avec mon grand père dans la seconde pièce de cette petite maison. Que se disaient-ils ? Personne ne le sait, mais on entendait de grands et fréquents éclats de rire.
Les témoins étaient en grande partie de fervents catholiques.
Voila pour relativiser le parti-pris qu’on pourrait me reprocher dans ce récit.
Mais revenons aux exhumations :
Il y avait dans le quartier de la rue de la Chaussade, qui s’appelait autrefois rue du carrefour, un brave homme qui faisait du terrassement au cimetière. Il me semble qu’on l’appelait « le père Martin », mais ma mémoire n’est pas fidèle sur ce point.
C’est lui qui avait été l’homme de service lors de ces exhumations. Il le racontait à qui voulait l’entendre, et témoignait bien volontiers, que la dépouille de Bernadette Soubirou était en parfait état de conservation lors de la première exhumation. A Nevers, ce n’est pas une surprise, puisque c’était un problème lors de certains transferts en fosse commune depuis le 19e siècle [3].
Mais le bonhomme était formel : ce n’était pas le cas les autres fois. Aussi les sœurs lui avaient intimé l’ordre de se taire. Il aurait alors répliqué : « je dirais ce que j’ai vu, elle avait l’œil pitou », ce qui signifierait putréfié, en patois. Et il le racontait, parait-il, à qui voulait l’entendre.
Cette version me fut racontée de nombreuses fois, sans jamais avoir été mise en cause par les plus catholiques des proches de ma famille [4].
Alors, intacte ou reconstruite, cette dépouille, en partie dépecée ? Il y aurait bien un moyen pour le savoir et lever « les nombreuses interrogations » : une expertise indépendante. Mais c’est une autre affaire…