François JOUHET est né le 14 Thermidor An V de la république (1er août 1797 ) à Durmignat au lieu dit Les Chabannes (Cabannes). Son père Gilbert, son oncle François Duvert, et Anne Fougère autre parente sont allés le déclarer à la mairie. C’était le deuxième enfant du couple. Gilbert et Anne Duvert auront sept enfants dont deux jumeaux.
Gilbert et Anne décèderont le 31mars 1813 ; le même jour à une heure d’intervalle : lui à 9 heures, elle à 8 heures du soir. Ils meurent certainement à cause d’une épidémie : il y a d’autres décès signalés ces jours là, en particulier des voisins ayant aidé le couple.
C’est en 1820, alors qu’il avait 22 ans que François quittera le berceau familial pour partir aux armées en remplacement d’un « appelé ». Il y restera 12 ans.
C’est à Dole, dans le Jura, qu’il effectuera son service militaire au 11e régiment de chasseurs à cheval. Il servira sous Louis XVIII et Charles X et sera libéré sous Louis-Philippe en 1831.
Au régiment, il rencontrera Ernest Desgardins, "ouvrier tailleur", rencontre qui aura une grande incidence sur notre descendance.
Ernest et François feront la connaissance de Jeanne Bonnin et de Françoise Tailleur, leurs parents étaient viticulteurs. Jeanne était tailleuse d’habits, Françoise était cuisinière ; la première habitait aux Essarts et la seconde Petit Bersaillin, toutes deux travaillaient à Dole.
Et puis, un jour, Jeanne apprendra à Ernest qu’elle attend un bébé ! Voilà notre beau militaire dans l’embarras ; c’est qu’il n’a pas envie de se marier ; du moins pas maintenant.
Mais il reconnaîtra cet enfant né de lui et de Jeanne ils l’appelleront Anne. Née à Dole, le 10 septembre 1830, elle sera déclarée à l’état-civil sous le nom d’Anne Desgardins. Nous la retrouverons plus tard.
- Dôle, le 13 septembre 1830
- Acte de naissance sur le site des archives du Jura.
Mais revenons à François. Il a 33 ans et fréquente Françoise Tailleur. François est dans le plein épanouissement de l’âge : assez grand 1 mètre 70, des yeux gris bleus très expressifs, le nez relevé, une grande bouche, un menton carré, des sourcils noirs, une cicatrice au front gauche [1].
Il va se marier avec Françoise. Comme lui, elle a perdu ses parents la même année (1814). C’est le 29 octobre 1829, à Dole, qu’ils vont contracter mariage. Ils déclareront, chacun de leur côté ne pas avoir de parents, les témoins seront des copains de régiment.
Le 25 août 1829, François JOUHET va recevoir son congé provisoire de libération. Il souscrit un autre engagement pour deux ans. Il est réadmis au corps en remplacement d’un Maréchal des logis chef. Il sera réformé par le général Cavaignac le 9 mai 1831.
C’est désormais à Vienne, en Isère, qu’ils vont vivre. Un mois plus tard : le 10 juin 1831 son épouse Françoise va mettre au monde un fils qui sera appelé Jean-François JOUET ! enregistré comme tel sur le registre de l’état civil.
Dans l’acte de naissance , on lit : "Sieur François Jouet, cultivateur demeurant place des Cazernes"
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C’est à partir de là que l’orthographe de notre famille a changé. Ils auront par la suite deux autres enfants : une fille Joséphine née le 31 décembre 1832, enregistrée sous le nom de "TAILLIER JOUET" et un autre garçon né le 17 mai 1838 enregistré lui sous le nom d’Edouard JOUHET.
C’est dans une verrerie de Vienne que François va s’employer, il s’y spécialisera dans le chauffage des fours comme tiseur. Le métier était assez pénible mais intéressant. Il fallait amener les fours à de très hautes températures (1800 degrés) et entretenir ceux-ci à une température constante.
- La verrerie de la Porte d’Avignon à Vienne
Il s’agit vraisemblablement de la "verrerie du Champ de Mars" située à la Porte d’Avignon à Vienne [2]. |
Plus tard, beaucoup de ses descendants utiliseront d’autres fours, non dans la verrerie mais dans la métallurgie. Mais c’est déjà une autre histoire.
Edouard décède à six mois le 3 décembre 1838. Son acte de décès est enregistré sous le nom de JOUET. Le couple, après avoir logé dans la verrerie, habite alors "rue Grande"
Françoise ne s’est jamais bien remise de ce décès et, 4 ans plus tard, elle décédera à son tour le 19 octobre 1842 à 5 heures du soir à l’hôpital de Vienne. Elle avait 38 ans.
François se retrouve veuf à 45 ans avec 2 enfants en bas âge : Jean François 11 ans et Joséphine 9 ans.
François avait conservé le contact avec la compagne de sa femme Jeanne Bonnin. Il décide de se remarier avec elle. Le mariage est célébré à Rive de Gier, le 2 avril 1845.
En effet, la verrerie de Vienne a perdu de son importance, par contre la compagnie des verreries de la Loire et du Rhône à Rive-de-Gier était florissante. François ira travailler là où le travail est bien assuré. Ils s’installeront rue Rochefolle à Rive-de-Gier.
Jean François, le fils de François, sera aussi verrier. Comme son père, il passera par tous les échelons du métier avant d’être souffleur de bouteilles et maître de place.
Anne Desgardins née en 1830 avait jusqu’alors vécu avec sa mère Jeanne Bonnin, elle était tailleuse d’habits.
Jean-François et Anne avaient tout deux 24 ans, ils étaient presque frère et sœur puisque que le père de Jean François s’était remariée avec la mère d’Anne. Ils se marièrent le 17 novembre 1854 à Rive-de-Gier.
- Extrait de l’acte de mariage de 1854
Son père, Ernest Louis Dégardin, tailleur d’habits à Lorgies dans le Pas-de-Calais, donne son consentement au mariage "suivant l’acte en brevet délivré par Maitre Auguste Henry Ravenel, notaire à la résidence de La Bassée (Nord)" le 27 décembre 1850 [3]. |
La découverte du charbon dans le Nord va créer un nouveau métier dans cette région, celui de mineur. L’industrie du verre aura aussi, avec la houille, toute son expansion. L’Escaut permettra le transport du charbon et des matières finies au moindre coût. Les verreries vont se multiplier : Fresnes, Anzin, Valenciennes, Denain, Lourches, Masnière. Ce fut, en fait, les premiers bénéficiaires du charbon en France, bien avant les fonderies et les aciéries.
François et son fils Jean François ne pouvaient ignorer cette prodigieuse expansion des verreries dans le Nord. A Rive-de-Gier bien des ouvriers quitteront la région pour le Nord. Jean François sera l’un deux. C’est à Masnières, dans le Nord près de Cambrai, qu’il part exercer son métier en 1857.
Son père François, ne désirant pas quitter la région, y prend sa retraite. Il meurt âgé de 66 ans, à "l’asile" de Rive Gier le 8 avril 1862.
Jeanne Bonnin, restée seule, s’installe à Masnières. Elle y meurt le 15 avril 1867 auprès de Jean François et Anne.
A partir de ce couple qui va s’établir dans le Nord commence une nouvelle lignée qui aboutira à ce qui constitue aujourd’hui la grande famille « JOUET » du Nord.