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Un mariage vers 1902

(Rue du Fort à Belvès)

Le jeudi 8 janvier 2009, par † Michel Carcenac

Les fils de téléphone et d’électricité n’ont pas encore été posés, nous sommes donc avant 1904, en 1902 peut-être, la treille du balcon a été taillée ; février mars ?

Dans la vitrine de Zéphyrin, les cycles Liberator et à gauche le distributeur de cartes postales.

Est-ce à cause de la saison, tout le monde paraît maussade dans cette noce. Dans le cortège, derrière les deux enfants, une femme est coiffée d’un foulard de tête de cérémonie, en soie brillante. Les jeunes et les enfants portent d’immenses chapeaux.

Zéphyrin est en partie caché par la mariée, son chien s’inquiète de ce remue-ménage dans la rue. Contre la maison, les tonneliers de Pierre Delluc ont lâché les douelles, les distractions ne sont pas si nombreuses.

Devant le cortège, une femme en noir, mouchoir de tête, le poing sur la hanche, regarde la noce avec une attitude de défi.

Elle est une de ces femmes qui font des travaux rudes à cette époque. En plus des “ lessiveuses ” et des lavandières, il y a les “ journalières ”, celles qui vont à la journée sarcler les terres, leur seul gagne-pain. On les voyait se rendre au travail ou en revenir, le “ peyradet ” sur l’épaule, l’air sévère. C’étaient les pauvres de l’époque, locataires d’une minuscule baraque. Certaines avaient un petit jardin et vivaient de la vente de leurs légumes, comme la femme de Sarrazin, qu’on appelait la Sarrazine.

Ces pauvres femmes ne connaissaient pas l’humilité, le respect des nantis. Leur attitude était provocatrice, elles cultivaient leur dignité. Dans la rue, elles interpellaient les “ riches ”, en patois évidemment car elles ne parlaient pas le français : « Regarde-les, ces tro-chodouls (ces repus). Nous, on a le ventre plat. » Deux de ces femmes ne se quittaient jamais, ensemble à la peine, le peyradet sur l’épaule pour traverser le village. Mais elles n’arrêtaient pas de se disputer. Un jour, dans la rue du château où elles habitaient, la dispute est allée trop loin et la Rabétoune a allongé « oun cot de peyradet » derrière l’oreille de la Martinote, qui en est morte sur le coup.

La Rabétoune a terminé sa vie au bagne.

*****

Découvrir Le Périgord d’Antoine Carcenac  : (photographies 1899 - 1920).

Pour lire l’interview de Michel Carcenac

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3 Messages

  • Un mariage vers 1902 11 janvier 2009 17:12, par petitprze

    Sur la deuxième photo, on distingue très clairement une ’’réclame’’ en faveur de la marque SAROLEA.
    De quoi s’agit’il ? Etant liégeois et ayant travaillé à Herstal (commune jouxtant la ville de Liège), je vous informe que cette marque est celle de vélos d’abord,(1894) de motos ensuite (1898) fabriquées à Herstal, au N° 84 de la Rue Saint Lambert. La marque disparut peu après la fin de la seconde guerre mondiale. Je n’ai pas connaissance qu’à cette époque, la firme SAROLEA ait tenté l’exportation en France, mais ce n’est pas impossible.
    Bien à vous.

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  • Un mariage vers 1902 11 janvier 2009 10:40, par chris harrel

    bonjour,
    les visages renfrognés des personnes du cortège sont sûrement dus au froid : en effet le sol est recouvert de neige et il doit faire 0 degré, avec peut être un petit vent glacial : rien qui fasse sourire !
    ils sont tous frigorifiés !!

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  • Un mariage vers 1902 10 janvier 2009 14:02, par Rosée

    La description de ce cortège de noces où vous mettez l’accent sur l’attitude de cette femme qui le précède, m’interpelle.
    Celle-ci qui semble défier le groupe, alors que son statut de "pauvre" devrait la rendre humble et non pas se mettre ainsi en évidence rejoint d’autres attitudes de femmes qui vont suivre, durant la Grande Guerre d’abord et dans l’immédiat après-guerre. J’ai dans ma famille élargie des exemples de femmes "libres", dont une, Augustine, au milieu d’une fratrie de garçons, qui va avoir deux filles, de pères inconnus, travailler à l’étranger (cela se passe à La Bourboule et elle ira vers des établissements thermaux en Suisse ou en Allemagne). Elle gardera l’aînée, élevée par sa mère, et la seconde, adoptée par un couple de curistes,reviendra à La Bourboule lors des cures de ses parents adoptifs et entretiendra, à cette occasion, des relations avec sa mère génétique et sa soeur......
    Ne sont-ce pas là des signes d’une liberté de vie décidée, assumée ? Bien évidemment, je n’oublie pas que les veuves des soldats morts en 14/18 n’ont, elles, pas eu à choisir ...........
    Le film récent sur la vie de Gabrielle Chanel s’inscrit dans cette logique.
    La fierté revendiquée de ces femmes me les rend très proches....

    Répondre à ce message

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