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Temps des espérances ou fin d’un rêve ?

(juillet à décembre 1789)

Le vendredi 1er février 2002, par Michel Guironnet

Au milieu des événements qui, de mai à octobre 1789, marquent l’accélération révolutionnaire, l’immense majorité des catholiques français percevait difficilement quelque conflit entre Révolution et Religion. Naturellement, à Paris, après la prise de la Bastille, comme dans de nombreuses villes et villages de province, après son annonce, puis après la nuit du 4 août, nouvelles autorités municipales et populations se rassemblent à l’église pour y célébrer le traditionnel Te Deum.

Les troubles parisiens et locaux

Un Journal de ce qui s’est passé à Versailles et à Paris depuis le 13 juillet jusqu’au 18 dudit, tenu par MM les députés de la Province du Dauphiné à l’Assemblée nationale raconte les événements parisiens aux villageois.

Ils apprennent ainsi la prise de la Bastille après le pillage de l’Hôtel des Invalides, l’exécution du gouverneur Delaunay et celle de l’intendant Flesselles.

Un texte adressé Aux Dauphinois, par un noble viennois célèbre la victoire de la Nation sous forme d’un " Extrait mortuaire " :

" Ce jourd’hui, quinze juillet 1789, a été enterrée haute et très puissante Dame Auguste Césarin Aristocratie, Reine de France et de Pologne, en présence de Louis le restaurateur de la nation française... etc" (Ces deux textes sont réunis avec d’autres dans le document A.9.632 (6e et 12e partie) à la bibliothèque de Vienne).

La Grande Peur en Viennois (dont le chanoine Cavard reste l’historien émérite) dure de fin juillet à la mi-août 1789 et accentue encore la crainte dans les campagnes. Déclenchée par des rumeurs, elle se termine en révolte contre les châteaux. Non loin des Roches, le château de Terrebasse (commune de Ville sous Anjou, à côté de Roussillon) est pillé par des bandes de paysans armés le 6 août. Ils brûlent les archives, surtout les papiers qui pourraient justifier des redevances à verser au seigneur. Partout on lève des patrouilles, notamment à Condrieu, Chonas, Vaugris...

La nuit du 4 août, avec l’abolition des privilèges par les nobles et le clergé dans l’euphorie, consolide l’alliance de la Révolution et du clergé : les dîmes sont supprimées, le 11 août un décret décide que l’Assemblée devra pourvoir aux besoins du culte et à l’entretien des ministres de la religion.

Mais cette suppression va se révéler en fait néfaste au bas clergé alors qu’il la revendiquait depuis des années.
Cette folle nuit du 4 août, comme la Déclaration des droits de l’Homme du 26 août, porte en germe la rupture entre clergé et Révolution.


La révolution municipale

Dès juillet 1789 les anciennes administrations communales disparaissent cédant la place aux nouvelles municipalités spontanément créées à l’image de la Commune de Paris formée le 13 juillet.

Partout, porté par son rôle de notable, le clergé prend part à l’organisation des nouveaux comités et des unités de la garde nationale. Tout naturellement un nombre substantiel de curés, mais aussi de vicaires, accèdent aux nouvelles fonctions électives dans les municipalités, les districts et les départements. (Histoire des catholiques en France).

La commune des Roches/Saint-Clair est instituée. Elle sera entérinée par la loi du 14 décembre 1789 sur les municipalités.

Jean-François Albert, curé de Saint-Clair est membre du conseil général de la commune dès 1789. Il ne reniera pas cet engagement au service de la Nation. Les autres membres du conseil général de la commune de Saint-Clair et les Roches sont Boudin, maire, Jean Gounon, Jean Chaumartin, Chauvet, Favier, Jean Cotonnet, Marchand, Ogier, Etienne Marthoud, Jean-Baptiste Vincent et Joubert secrétaire d’après un document de fin 1790.

Ils sont élus pour deux ans par les seuls citoyens actifs -Pour cela ils doivent payer au moins une contribution directe (imposition) égale à trois journées de travail (env.3 livres) Les communes de 500 à 3000 âmes peuvent avoir 6 élus, et, en nombre double de celui des élus du corps municipal, des notables : tous ils composent le conseil général de la commune, soit 18 personnes au total, plus un secrétaire. Si l’on fait les comptes, il manque aux Roches/Saint-Clair 7 noms d’élus ou de notables. Cela s’explique car, dans ce texte cité vers 1790, les officiers municipaux ont signé... avec ceux des notables qui ont su le faire. Les manquants ne sont certainement pas absents : ils ne savent ni écrire, ni même signer, tout simplement.

Le nouveau maire de Condrieu s’appelle Jean-Pierre Chrétien. Paradoxe, malgré son nom il s’oppose avec vigueur au nouvel archevêque de Vienne Monseigneur d’Aviau.

Charles-François d’Aviau, dernier archevêque de Vienne
Elu aux Etats généraux devenus Assemblée constituante, Jean Georges Lefranc de Pompignan est, en 1789, au faîte de la popularité. Il est celui qui a sauvé le Dauphiné aux Etats de Romans, qui a incité le clergé à rejoindre le tiers état fin juin, il a été Président de la première assemblée du peuple !

Début août, le 4, Lefranc de Pompignan est nommé, avec rang de Ministre d’Etat, chargé de la Feuille des Bénéfices (nominations aux postes ecclésiastiques, évêchés...) Il entre à ce titre au conseil du roi. Il a alors 74 ans. Il lui revient donc de désigner son successeur à l’archevêché de Vienne. Il choisit le vicaire général du diocèse de Poitiers, Charles-François d’Aviau du Bois du Sanzay. Celui-ci vient de fêter ses 63 ans.

Né le 7 août 1736, il est d’une vieille famille de la noblesse poitevine. Après des études au collège de la Flèche (où il est condisciple de l’oncle du fameux Talleyrand) et son séminaire chez les Sulpiciens d’Angers, il est ordonné prêtre en 1760.

Charles d’Aviau exerce son ministère auprès de l’évêque de Poitiers. D’abord chanoine (en 1769) de la collégiale de Saint-Hilaire-le-Grand, il est nommé vicaire général du diocèse.

D’Aviau est consacré archevêque de Vienne à Paris au séminaire chez les Sulpiciens, le 3 janvier 1790. Il arrive à Vienne le 1er mars 1790. Après Pâques 1790, il commence la visite de son diocèse.

L’abbé Lyonnet, auteur d’une Histoire de Mgr d’Aviau en 2 volumes (1847) précise qu’il visite en particulier Sainte-Colombe, Saint-Romain, Saint-Cyr, Condrieu, Loire, Ampuis, Septème, et autres paroisses circonvoisines.

Au diocèse de Lyon, limitrophe avec celui de Vienne, l’archevêque Yves-Alexandre de Marbeuf vient d’être nommé par le roi deux ans auparavant, en octobre 1788. Ancien évêque d’Autun (dont le siège va être confié à Charles-Maurice de Talleyrand-Perigord), il dirige le diocèse de Lyon par procuration grâce au chanoine comte Jean-Antoine De Castellas, doyen du chapitre Saint-Jean.

Mgr de Marbeuf réside en fait à Versailles. Il est chargé de la Feuille des Bénéfices depuis juillet 1777, auprès du roi. Il s’en décharge, nous l’avons vu, en août 1789 au profit de Lefranc de Pompignan...

Tous les protagonistes du drame en train de se nouer sont en place.

Le bas clergé du Viennois, malgré ses revendications, se préoccupe de la défense de la religion contre l’impiété ou la décadence des mœurs. Il est convaincu que la religion catholique doit demeurer religion publique et officielle.


Cahier des curés de Dauphiné

" Tardivement, en novembre 1789, un volumineux document tenant lieu de cahier de doléances des curés du Dauphiné est imprimé pour être envoyé à l’Assemblée nationale. Reprenant les thèses développées par Henri Reymond, il prône une réforme radicale de l’Eglise, rendue à sa pureté primitive, collégiale et démocratique où toutes les fonctions ecclésiastiques seraient pourvues au mérite, par voie d’élection. Les religieux des monastères devenus inutiles seraient supprimés et intégrés au clergé paroissial. Les curés dauphinois souhaitent également une nouvelle distribution des biens d’Eglise par l’instauration de véritables traitements uniformes pour tout le pays, qui leur assurent un revenu décent, en modérant celui de leurs supérieurs. Cette plus juste répartition de l’argent doit permettre la gratuité du culte, l’entretien des édifices religieux et d’aider les plus pauvres à sortir de la misère par la création d’ateliers. " (Thierry Giraud, plaquette " Les Viennois dans la Révolution " ).

En consultant ce cahier des curés (E.386, Archives de l’Isère) on constate que les signataires sont nombreux.

On rencontre bien sûr le nom de Reymond curé de Saint-Georges de Vienne.
Sur les 500 signataires de ce texte, on trouve nombre de noms de curés de la région viennoise : Accarias, Astier, Tulpin, Mahussier... et Albert. S’il n’est pas précisé les paroisses dont ces curés sont titulaires, on peut toutefois le savoir, par extrapolation, grâce à l’état ecclésiastique pour 1783 en Viennois et aux prêtres présents à la sépulture du curé Clamaron à Saint-Clair en mai 1782.

Ainsi sait-on que les curés de Saint-Prim, Chonas, Saint-Maurice, Saint-Alban-du-Rhône et Saint-Clair signent le cahier des curés. Il semble bien que le curé Roulet, signataire également, soit l’ancien vicaire des Roches, obligé de partir, rappelons-le, au 14 juillet 1789.

Les importantes réformes mises en chantier par l’Assemblée constituante vont satisfaire en partie ces revendications. Certains curés vont ainsi se rapprocher plus encore de la Nation. D’autres, au contraire, vont s’éloigner de la Révolution. Quelques semaines plus tôt, au sein de cette Assemblée, les débats (menés par l’évêque d’Autun, Talleyrand) ont été vifs sur la question des biens du clergé.

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