Le site Bibliothèque et Archives du Canada vient de mettre en ligne avec l’aide d’ANCESTRY.CA d’importants documents qui devraient faciliter les recherches des historiens et des généalogistes canadiens, québécois et étrangers. L’accès à ces documents est évidemment gratuit.
Il en va ainsi, par exemple, des listes de passagers débarquant dans le port de Québec entre 1865 et 1900. Il est maintenant possible de retracer, grâce à un index par nom de famille, toute personne ayant débarqué au Canada dans le port de Québec entre ces deux dates.
Dès la page d’accueil du site : http://www.collectionscanada.gc.ca/index-f.html, le chercheur prendra connaissance de six documents en vedette. C’est dans l’un d’eux sous la sixième photo, que l’on retrouvera l’index des listes de passagers pour le port de Québec 1865 – 1900 . En cliquant sur la légende de la photo, on obtient le message suivant :
Introduction
« Les listes de passagers (RG 76) constituent les documents officiels de l’immigration pour le Canada. Grâce à cette base de données en ligne, les chercheurs peuvent effectuer une recherche par nom de passagers pour avoir accès aux images numérisées des listes de passagers originales pour les arrivées à Québec entre 1865 et 1900. Les listes contiennent des renseignements tels que le nom, l’âge, le pays d’origine, l’occupation et la destination de chaque passager.
Bibliothèque et Archives Canada souligne avec gratitude la contribution de Ancestry.ca (www.ancestry.ca), sans qui le projet n’aurait pu être réalisé. »
Qu’il me soit permis de souligner que pour les abonnés du site Ancestry.ca, il est maintenant possible de faire une recherche jusqu’à l’année 1935.
Première liste
La première liste m’aura permis de faire une découverte importante en rapport avec le livre que j’ai publié l’an dernier avec mon collègue et ami, Bernard Pharisien dont le titre est Victor Charigot, son grand-père. Voir sur ce site, l’article L’Illustre Charigot, paru en juillet 2007.
Bernard et moi, avant la publication de notre livre sur le grand-père de Jean Renoir, n’avions pu déterminer d’une manière précise l’arrivée en terre d’Amérique de Claude Victor Charigot, beau-père de Pierre-Auguste Renoir. Dorénavant, grâce à ce magnifique outil, la recherche devient un jeu d’enfant. Dans les cases appropriées, il suffit de taper le nom : CHARIGOT, pour obtenir le résultat suivant :
- Nom : CHARIGOT, Claude Victor
- Âge : 36 ans
- Date d’arrivée (AAAA/MM/JJ) : 1872/08/17
- Port d’arrivée : Quebec, Quebec
- Navire : SARMATIAN
- Référence : RG 76
- Microfilm : C-4527
En cliquant sur : « voir l’image », on obtient le document original, d’une très belle tenue.
- Index des listes de passagers pour le port de Québec 1865-1900
- D’après un document de la Bibliothèque et Archives Canada.
Ancestry.com. Listes de passagers canadiens, 1865 à 1935 [base de données en ligne]. Provo, UT, USA : The Generations Network, Inc., 2008. Données d’origine : Library and Archives Canada. Passenger Lists, 1865-1935. Ottawa, Canada : Library and Archives Canada. RG76, T-479 to T-520, T-4689 to T-4874, T-14700 to T-14939, C-4511 to C-4542, p. 79 de 96 pages, août 1872.
Sans rapport direct ni avec ce qui précède ni ce qui suit, je me permets d’introduire ici deux photos prises en mai 2008 dans le cimetière de Bathgate au Dakota du Nord. Cette sépulture n’a été découverte qu’après la publication de notre livre… mais ce sont nos travaux qui auront permis aux professeurs Virgil Benoît et Dean Louder de s’intéresser à la vie de Victor Charigot aux États-Unis.
Ce lieu de sépulture a été retrouvé par le professeur Virgil Benoît, professeur agrégé de français à University of North Dakota et responsable du site Initiatives en français Midwest [1]. Sur la seconde photo, apparaît le professeur à la retraite, Dean Louder de l’Université Laval de Québec. MM. Benoît et Louder, chacun à sa manière, auront contribué par leurs nombreux écrits à faire connaître la Franco-Amérique [2].
- Pierre tombale de Victor Charigot dans le cimetière de Bathgate au Dakota du nord
- Le monument funéraire CHARIGOT avec à l’avant-plan, deux petites plaques commémoratives : à gauche, celle de Léon Quesnel (1905-1935), petit-fils de Victor et à droite, celle de Victor lui-même. La date de naissance figurant sur la plaque (14 février 1837) est inexacte. Victor est né le 26 février 1836 comme le précise l’acte de naissance archivé à la mairie d’Essoyes (Aube) dont un fac-similé figure dans notre Victor Charigot, p. 17.
- Le professeur Dean Louder au printemps 2008 dans le cimetière de Bathgate, ND. Il tient dans ses mains la biographie que nous avons consacrée à Victor Charigot.
Seconde liste
La seconde liste disponible sur Ancestry.ca [3] s’étend jusqu’à l’année 1935. Elle m’aura aussi permis de pousser un peu plus loin mes recherches sur le baron belge Louis Empain qui a œuvré au Canada dans les années qui ont précédé la seconde guerre mondiale. Ici aussi les résultats furent probants. En tapant le nom EMPAIN, j’ai obtenu deux résultats pertinents pour l’année 1935. Voir sur ce site l’article que j’ai publié en juin 2006 intitulé Louis Empain et l’Oiseau Blanc .
Première occurrence : Jeanna Enrio Empain.
Seconde occurrence : Louis Jean Empain.
Les renseignements obtenus sont nombreux, précis et d’un grand intérêt : prénom et nom de l’individu, année de naissance, pays de naissance, date d’arrivée, nom du navire, port d’arrivée, port de départ, nom d’une personne ressource au Canada, nom et adresse d’une personne reliée étroitement à l’individu dans le pays d’origine, ici, la Belgique.
Abordons tout d’abord la seconde occurrence, Louis Jean Empain [4] qui apparaît en sixième place dans la liste des passagers. Le document nous apprend qu’il est né vers 1908 en Belgique [5], qu’il est arrivé à Québec à bord de l’Empress of Britain le 15 juin 1935 en provenance de Cherbourg, France. Le baron Louis Empain – puisqu’il s’agit bien de lui – déclare qu’il a un ami ici au Canada M. Roger Van Casteel, [6] habitant au 588, rue Sherbrooke ouest à Montréal. En Belgique, il cite le nom de sa mère, la baronne Empain, résidant au 5, avenue de Futdael, Woluwe Saint-Pierre [7]. Le baron obtient un visa de trois mois en tant que visiteur et non, en tant qu’immigrant.
On apprend aussi que le baron est accompagné de deux personnes dont on retrouve toutes les références nécessaires à leur identification. En seconde position sur la liste, M. Marcel Chatelle, qui déclare être le valet de chambre (« valet » en anglais) du baron Empain. Comme « personne ressource » au Canada, il mentionne lui aussi le nom de Roger Van Casteel ainsi que son adresse 588, rue Sherbrooke ouest à Montréal. Pour la Belgique, il inscrit le nom d’un oncle Louis Chatelle, habitant au 52, rue du Temple à Dour [8].
La seconde personne qui l’accompagne se nomme Charles [9] Greban de Saint-Germain. Celui-ci se déclare « étudiant » et accompagnant le Baron Louis Empain. Comme référence en Belgique, il cite le nom de son père Charles Greban de Saint-Germain, résidant au 242, rue Billiard (lire plutôt BELLIARD) à Bruxelles [10].
Revenons maintenant à la première occurrence : Jeanna Enrio Empain. Deux erreurs se sont glissées ici, fruits d’une mauvaise lecture du document original. Il aurait fallu lire Jeanne Marie Empain, baronne Empain et mère du baron Louis. Celle-ci, née vers 1882 [11] en Belgique, arrive à Québec le 1er août 1935 à bord de l’Empress of Britain, soit un mois et demi après son fils. Son port d’embarquement : Cherbourg, France. Elle cite en référence au Canada le nom de son fils, Louis Empain, résidant au 400, Kensington Avenue à Montréal, P.Q. [12]. Elle donne comme référence en Belgique le nom de sa belle-sœur, Mlle Louise Empain qui habite au Château de Battel, près de Malines [13].
La baronne, qui est veuve depuis la mort de son mari, Édouard Louis Joseph en 1929, est accompagnée de sa femme de chambre, Julie Eylenbosch, 33 ans, née à Borght-Lembeck en Belgique, qui obtient un visa d’un mois à titre de touriste (Visit,en anglais). Comme référence en Belgique, elle cite le nom de son frère (Bro :— (Brother ?), Amede Eylenbosch résidant au 67, rue du Cont. (lire plutôt Comte ) de Flandres à Bruxelles.
En déroulant la liste des noms apparaissant à la page 11 des 545 pages accessibles sur le site Ancestry.ca, la baronne occupant le No 6 et sa femme de chambre le No 7, je constate que trois autres personnes, se situant dans la liste aux numéros 9, 15 et 17 sont d’origine belge et déclarent avoir comme ami (friend) Louis Empain résidant au 400, Kensington Avenue, à Montréal, P.Q.
Les deux premières me sont connues puisqu’elles se retrouveront à bord de l’Oiseau Blanc à l’été 1936, lors de la fameuse croisière sur le fleuve et dans le golfe Saint-Laurent qui faillit se terminer d’une manière tragique. Il s’agit de Lucienne Fournier, 28 ans, Pierre A. Heuskin, 24 ans et, enfin, Emma Albertine Verlinden, 24 ans. Ces trois personnes obtiennent un visa d’un mois avec le statut de « visiteur ». Chacune d’elles cite une personne de son entourage en Belgique. Lucienne, un Fournier (le prénom est illisible), résidant au 45, Square Vergete (lire plutôt VERGOTE) à Bruxelles ; Pierre A., son père, Alphonse Van (?) Heuskin, du 114, Avenue de Tervuren à Bruxelles et Emma Albertine, son père Jean Verlinden, résidant au 19, rue de Quatrecht à Bruxelles.
De tels instruments de recherches en ligne se multiplient sur Internet et tout internaute intéressé par l’histoire ou la généalogie y trouve rapidement son profit. Encore faut-il en connaître l’existence !