- L’archipel des Marquises
Contexte historique
C’est un navigateur espagnol, Alvaro de Mendana de Neira, qui découvre en juillet 1595 un archipel de quatre îles habitées qu’il nomme Magdalena, Pedro, Dominica et Cristina ; il baptise l’ensemble du nom de « Las Marquesas de Mendoza » en l’honneur de la belle marquise épouse du vice-roi du Pérou, don Garcia Hurtado de Mendoza, qui avait financé son expédition. Par la suite, au cours d’expéditions commerciales, de chasse à la baleine ou d’exploration (Notamment Bougainville en 1769, Cook en 1774 et Marchand en 1791), les îles furent affublées de noms divers et en 1791, elles deviennent provisoirement pour les français les « Îles de la Révolution ». Enfin l’appellation de Marquises finit par s’imposer au début du XIXe siècle. Après ces visites sporadiques d’occidentaux, l’alliance en France « du sabre et du goupillon » verra, à partir de 1838, l’évangélisation de l’archipel préparer sa colonisation : la marine nationale s’érigeant d’abord en protectrice des missionnaires catholiques.
L’époque ne portant pas à l’analyse sociologique et en l’absence de toute trace écrite laissée par les Marquisiens on ignore leur point de vue sur ces débarquements d’étrangers. D’où venaient-ils ? De la lune, de nuages, d’autres îles lointaines ? Que cherchaient ils avec leurs énormes bateaux, leurs curieux vêtements et leurs étranges comportements ? Toujours est-il qu’à l’occasion de trocs avec ces visiteurs les Marquisiens parviennent à s’équiper d’armes à feu. En paiement des cochons, des patates douces, des ignames, des citrons, etc. que leur apportaient les indigènes, leurs visiteurs leur donnaient de la poudre, des fusils à pierre, des haches, des couteaux, etc. Quant à leur histoire locale, elle est peuplée de rivalités entre tribus ponctuées de combats et de réconciliations. La multiplicité des autorités locales va d’ailleurs déconcerter les étrangers : absence d’unité entre les différentes îles, pas d’« État », pas de chef unique mais de nombreuses tribus installées dans chaque vallée de chaque île avec leurs roitelets héréditaires.
La situation politique
En 1841, sous le règne de Louis-Philippe, sous l’impulsion de Guizot, ministre des affaires étrangères, de l’amiral Duperré, ministre de la marine et des colonies, et sur les recommandations du capitaine de vaisseau Abel Dupetit-Thouars il est décidé de prendre possession de l’archipel des îles Marquises.
Le gouvernement anglais ayant pris possession de la Nouvell-Zélande en 1840, Louis-Philippe décida de répliquer à cet empiétement en Océanie par l’occupation des Marquises. Il importait à la France de posséder au milieu du Pacifique une station navale pouvant servir aux navires de guerre comme aux navires armés pour la pêche du cachalot et de la baleine, pour se ravitailler ou réparer leurs avaries.
Si le capitaine Dupetit-Thouars est spécialement impliqué dans cette affaire, c’est que dès 1838 lors d’une escale à l’île Christine (ex île Cristina puis Christine qui deviendra Tahuata) sur la frégate La Vénus, il avait débarqué aux Marquises des missionnaires catholiques de la congrégation du Sacré-Cœur de Picpus et protégé leur installation. Il avait en effet été constaté que les missionnaires protestants propageaient parmi les naturels le mépris de la France et ne reculaient pas devant la violence pour s’assurer le monopole des travaux apostoliques et porter ainsi une sérieuse atteinte à la liberté de croyance. Ce contact des Français avec les Marquisiens s’était déroulé selon les coutumes locales : flottille de pirogues pacifiques avec leurs équipages de vahinés en tenue d’Ève, échanges de cadeaux, démonstrations diverses propres à favoriser les contacts sinon l’évangélisation, etc. Sur un livre de bord on peut lire « dès que le navire fut à l’ancre, il fut pris d’assaut par des femmes venues à la nage à l’état de nature et n’ayant pour tout vêtement qu’une ceinture autour des reins ; les insulaires vinrent en pirogues accoster le bâtiment et offrir aux marins des provisions et de jolies femmes »
- Gravure naïve de l’accueil à Tahuata
Dupetit-Thouars avait alors rencontré le grand chef de l’île, le roi Iotété avec lequel il avait pratiqué l’échange de noms, rituel local en gage d’amitié. En outre « Peti-tua », comme Iotété nommait désormais Dupetit-Thouars, fut fait « ikoa » c’est-à-dire frère par alliance avec le droit de disposer comme bon lui semble de la demeure du roi, de sa nourriture et de ses femmes.
Fort de cet accueil sympathique et particulièrement généreux, Dupetit-Thouars à son retour en France avait vanté les mérites d’une implantation durable des Français aux Marquises ; il avait observé en substance dans son rapport au ministre de la marine et des colonies que les îles Marquises offriraient une bonne escale pour notre navigation militaire ou marchande, que les tribus qui y habitaient pourraient être aisément gagnées ou soumises et qu’aucune puissance européenne ou colons étrangers n’y étaient encore établis. En outre comme on cherchait toujours des lieux pour les déportations politiques ou criminelles, l’éloignement et l’isolement de ces îles paraissaient propices à cette fonction. L’archipel pourrait ainsi remplir deux rôles : d’une part procurer à notre marine et au commerce français, notamment aux chasseurs de baleines, un bon point de relâche et d’appui dans l’océan Pacifique et, d’autre part constituer un lieu de déportation heureusement très éloigné, hors du territoire continental du royaume.
La proposition du capitaine Dupetit-Thouars qui confortait les objectifs du gouvernement, fut donc agrée. À cet effet il fut investi du grade de contre-amiral et du commandement de notre station navale dans les mers du Sud. En août 1841 il quitte la France sur la frégate La Reine-Blanche muni des instructions formelles du ministre « de prendre possession des îles Marquises au nom du gouvernement du roi pour y créer une station navale et y installer un pénitencier ». Les instructions précisaient : « Sa Majesté attend de vous sagesse, prudence et fermeté » et plus loin : « Une attitude, ferme au début, doit assurer notre souveraineté ; des procédés humains et généreux envers les chefs et les populations achèveront de la consolider. Vous jugerez, sur les lieux, des moyens d’établir cette souveraineté, soit qu’elle doive être acquise par des concessions et des présents, ou obtenue par la force ». On va voir Dupetit-Thouars adapter au milieu du Pacifique ces savantes tactiques concoctées dans les bureaux parisiens du ministère de la marine.
Débarquement et investissement de Tahuata
Le 28 avril 1842, après huit mois de mer et une escale à Valparaiso, Dupetit-Thouars arrive aux Marquises sur la frégate de guerre La Reine-Blanche, flanquée des corvettes La Boussole et Le Bucéphale . Les trois bâtiments jettent l’ancre dans l’anse de Vaitahu de l’île Tahuata ; deux autres corvettes les rejoindront quelques jours plus tard : L’Embuscade et La Triomphante ainsi que le trois mâts de commerce, chargé de vivres, Le Jules César.
- L’île de Tahuata avec sa baie de Vaitahu
Au sud-est de l’archipel des Marquises Tahuata est la plus petite des douze îles ; sa plus proche voisine est Hiva Oa dont elle est séparée par le Canal du Bordelais. C’est un bloc de lave de 15 km de long orienté nord-sud en forme de croissant ouvert à l’est, couvert d’une forêt tropicale, dominé par des pitons et des chaînes de montagnes, avec des rivages en hautes falaises découpées de criques. On est là au milieu de l’océan pacifique entre le Pérou et l’Australie, à 800 km au sud de l’équateur et à plus de 6000 km de toute terre continentale. L’île comptait environ 600 habitants en 1842, répartis en plusieurs tribus. Au milieu de la côte occidentale de l’île s’ouvre une large baie nommée Vaitahu : c’est là que les français débarquent.
- L’escadre de l’amiral Dupetit-Thouars
Le roi du lieu ou « hakaiki », se nomme Iotété, personnage imposant par sa corpulence, ses tatouages et son autorité. Un témoin lui trouve un visage du type bourbonien en précisant : « Un buste de Louis XVIII trempé dans de l’indigo donnerait une idée exacte de Iotété ». C’est lui qui, deux ans auparavant, avait accueilli Dupetit-Thouars dont il se flatte de porter désormais le nom. Poussé par les pères de Picpus qui déplorent l’échec de leur prosélytisme religieux, l’amiral commence par se plaindre au roi de son peu d’engagement dans la propagande catholique face aux avancées des pasteurs du culte réformé, mais Iotété s’obstine à demeurer rebelle à toute espèce de dieu et de culte importés concurrents des siens.
Iotété fait alors part à l’amiral de son inquiétude à l’égard des nombreux passages de navires baleiniers américains qui perturbent son peuple et le menacent de leur vengeance. En effet les Marquisiens de Yotété avaient récemment dépouillés des marins américains de leurs vêtements et leur avaient même confisqué leurs baleinières. Craignant des représailles américaines à la suite de ces actes de piraterie, Iotété pense donc prudent de demander la protection de son désormais vieil ami Dupetit-Thouars. L’amiral saisit cette opportunité voyant le parti qu’il peut tirer de cette demande en proposant au roi sa protection moyennant la reconnaissance de la souveraineté de Louis-Philippe sur l’île.
- Le roi Iotété
Pour battre le fer pendant qu’il est chaud, on décide l’organisation d’une cérémonie officielle dès le 1er mai, jour de la fête de Louis-Philippe, afin de sceller cet accord avec solemnité. Musique militaire avec Marseillaise, défilés des marins en grande tenue, décharges de mousqueteries, canonnades diverses, messe et cantiques par les missionnaires et, bien entendu, drapeau bleu blanc rouge hissé au mat de pavillon aux cris de « Vive le roi ! Vive la France ! » au moment où Dupetit-Thouars, tirant son épée et en frappant le sol, déclara prendre possession de l’île au nom de la France. Au milieu de la baie à petite distance du rivage, la frégate La Reine-Blanche est entièrement pavoisée et répond aux acclamations par une salve de vingt et un coups de canon. Seul petit couac dans la cérémonie, la présence de deux chevaux : les Marquisiens n’ayant jamais vu de tels animaux, effarouchés par leurs hennissements et leurs cabrioles vont s’enfuir en poussant des cris de terreur.
- 1er mai 1842 la prise de possession
- La cérémonie de prise de possession (D’après Radiguet).
Les chevaux éloignés et le calme ainsi que les Marquisiens revenus, il fallut bien en venir aux choses sérieuses : procéder à la signature du procès verbal du traité de prise de possession dans la maison du chef. Malgré les efforts du missionnaire traducteur pour maintenir une certaine ambiguïté dans le vocabulaire, le roi Iotété hésitait devant l’expression « prise de possession » qu’il ne comprenait maintenant que trop bien et qui lui paraissait sans doute aller bien au-delà de sa simple demande de protection ; un peu troublé mais flatté par le cadeau d’un costume rouge d’officier de Louis XV galonné d’or qu’on lui fait endosser pour la circonstance, d’une couronne en carton doré qu’on lui pose sur la tête et d’un sabre qu’il ne peut cependant mettre à sa ceinture en raison de sa corpulence, il va quand même parapher d’un grand X le document officiel. On va voir par la suite les limites de ce traité formel : passé ce premier jour de réjouissances les choses vont rapidement mal tourner.
- La déclaration officielle de prise de possession
La guerre
Dès la signature de l’acte les marins de la 120e compagnie sous le commandemant du lieutenant de vaisseau Philippe Laffon de Ladebat s’installent sur l’île. Ils construisent des logements et des magasins, bâtissent des fortifications, établissent des canons et se comportent bientôt en maîtres des lieux. Les heurts entre les soldats et les Marquisiens vont bientôt se succéder : les arbres à pain qui fournissent de la nourriture aux habitants sont coupés par les soldats pour leurs constructions, les va-et-vient des chaloupes entre les vaisseaux et la plage font fuir les poissons, le bétail débarqué piétine les jardins et déjà des maladies inconnues importées commencent à frapper la population.
Fier de son premier succès diplomatique, Dupetit-Thouars repart sur La Reine-Blanche pour prendre possession des autres île selon les mêmes cérémonies avec les autorités locales ; ensuite, dépassant la mission qui lui était confiée à l’origine, il va appareiller vers les îles de la Société et Tahiti dont il va prendre possession le 9 septembre 1842.
Avant son départ l’amiral a confié le commandement de l’île avec les pleins pouvoirs à l’un de ses officiers, le capitaine de corvette Michel Edouard Halley. Rapidement les relations se dégradent entre les Français et les Marquisiens de Tahuata : Halley s’aperçut bientôt qu’à défaut de révolte ouverte il avait à craindre des surprises et des assassinats isolés de la part d’une population indigène armée de fusils. Le roi Iotété, dont la bonne foi était à la mesure de celle des Français, constatant qu’il n’avait plus aucun pouvoir réel et se disant malade, finit par se retirer dans l’intérieur de l’île avec sa famile. Toute la population de Vaitahu lui emboîte bientôt le pas et se réfugie avec lui dans les montagnes qui bordent la vallée de Vaitahu.
La présence des insulaires sur le rivage étant une garantie de sécurité pour les français qui avaient ainsi des otages sous la main, le commandant Halley adresse alors un ultimatum à Iotété à l’issue duquel, s’il ne revient pas avec sa tribu, il considerera leur pacte d’amitié rompu. Comme Iotété ne cède pas, Halley le déclare déchu de son titre et nomme roi son neveu Maheono. La population ne veut pas abandonner son roi déchu Iotété, ni reconnaître le nouveau désigné par les Français et refuse toujours de revenir à Vaitahu. La révolte gronde. La fille de Iotété, entourée de toutes les plus jeunes et plus jolies filles de la tribu vint alors implorer Halley de laisser son père et sa tribu vivre dans les montagnes. Halley demeure inflexible aux supplications de la jeune indigène qui déclare que son peuple préfère mourir plutôt que de se séparer de son roi. « Eh bien, la guerre alors ! », répond Halley qui ne sait pas que cette guerre va lui coûter la vie.
Dès le lendemain, 18 septembre, Halley organise le déploiement de ses troupes en trois colonnes. Il ordonne à son second le lieutenant de vaisseau Philippe Laffon de Ladebat de prendre 35 hommes pour ratisser le versant sud de la montagne qui domine la vallée débouchant sur la baie ; il charge le capitaine d’infanterie de marine Cugnet de prendre 60 hommes pour s’emparer de la montagne qui domine l’autre côté de la vallée. Halley, quant à lui, part avec 25 hommes en appui de Ladebat.
La colonne Ladebat se met en marche la première ; rangée sur une file elle s’avance bientôt en se frayant un sentier étroit à flanc de montagne entre un talus couvert d’arbres à pain et de châtaigniers, et le fossé au fond duquel coule un torrent bordé de roseaux. Ladebat, qui marchait en tête de ses hommes, découvre brusquement au détour du chemin, sur l’autre bord du fossé, des murets et des épaulements en pierres sèches percés de meutrières d’où sortent des canons de fusils. Derrière, dans une sorte de redoute crénelée sur pilotis, des Marquisiens pointent aussi leurs fusils au travers de meutrières. Entendant des cris de guerre et se sentant menacé Ladebat épaule son fusil quand une décharge part du ravin ; il reçoit deux balles à la tête et roule à terre. Cinq matelots périssent de la même façon pendant l’échange de feu. Halley arrive bientôt au même endroit. Reconnaissant la position de l’ennemi, il doit s’avancer à découvert pour donner l’ordre de défense ; plusieurs coups de feu éclatent à nouveau. Frappé d’une balle en plein front il tombe à son tour à trois pas du corps de Ladebat. Un matelot qui a tenté de mettre les deux officiers à couvert les décrit « les visages déchirés, couverts de sang ».
- Lieu de l’accrochage avec les Marquisiens
Le lieutenant de vaisseau Laferrière, commandant du Bucéphale, qui marchait à côté de Halley fait appeler Cugnet à l’aide. Une fois la colonne de Cugnet arrivée sur les lieux, on repart à la poursuite des Marquisiens qui battent en retraite ; mais sur ce terrain accidenté que les Marquisiens connaissent bien, les Français abandonne bientôt la poursuite.
Le lendemain, les combats se poursuivent à coups de canon vers la montagne et dans la vallée de Vaitahu où les Marquisiens sont descendus pour attaquer la garnison. Les Français ripostent de la mer à coups de canon à mitraille de la corvette Le Bucephale. Les escarmouches vont se poursuivre pendant les deux jours suivants. À l’aube du 23 septembre des Marquisiens de l’île voisine de Taiohae viennent prêter main-forte au Français contre les troupes de Iotété. Ensuite la corvette La Boussole revenue sur les lieux va prendre elle aussi position en face de Vaitahu à côté du Bucéphale. Face à l’artillerie lourde des deux vaisseaux de guerre, les Marquisiens se replient dans la montagne. On ne les reverra plus.
Quelques jours plus tard la paix est signée avec Maheono, confirmé dans ses fonctions de chef de Tahuata, et aux conditions dictées par les Français prévoyant notamment la cession en toute propriété de l’île au gouvernement de Louis-Philippe ; le roi Iotété est assigné à résidence dans une vallée éloignée de Vaitahu. Une page de l’histoire de Tahuata et des Marquises est définitivement tournée.
Le souvenir
Les combats de Vaitahu avaient coûté la vie à 26 marins et soldats français. On ignore encore le nombre de Marquisiens, certainement nombreux, qui périrent aussi dans la seule bataille qu’ils livrèrent aux Français. Il existait avant la dernière guerre dans un salon de la préfecture maritime de Brest un grand tableau représentant la mort héroïque du commandant Halley et de ses hommes le 18 septembre 1842. Cette administration que j’ai interrogée m’a répondu qu’elle n’avait pas trace de cette toile ni dans ses locaux, ni au musée de la marine de Brest. La préfecture maritime ayant été logée successivement dans l’ancien Hotel Saint-Pierre puis dans l’hôpital Morvan avant de s’installer en 1953 dans la cour du château de Brest, peut-être un lecteur brestois pourrait-il y poursuivre mes investigations.
- Cimetière des marins français
On trouve aujourd’hui à Vaitahu au lieu dit « Ane » qui serait une déformation du nom Halley, le "cimetière des marins français" et plusieurs monuments commémoratifs. Sur une stèle on lit cette épitaphe : « Ci-gît Michel Edouard Halley, capitaine de corvette, officier de la légion d’honneur, fondateur de la colonie de Vaitahu, mort au champ d’honneur le 17 septembre 1842 », une autre stèle rappelle le débarquement des premiers espagnols en 1595, une troisième célèbre la mémoire des soldats français morts aux Marquises lors de la bataille contre les troupes de Iotété.
Dès qu’on eu connaissance en France de la prise de possession des Marquises puis des îles de la Société et de Tahiti, les méthodes un peu expéditives et les initiatives parfois personnelles de Dupetit-Thouars furent diversement commentées dans les milieux dits autorisés (Gouvernement, Ministère de la marine, correspondances diplomatiques et rapports officiels) mais la presse n’en donna que peu d’échos si ce n’est pour déplorer la mort des deux officiers. L’implantation de la France sur ces terres lointaines étant encore peu étudiée et peu présente dans l’historiographie, la bibliographie ci-dessous apportera aux lecteurs intéressés quelques éléments complémentaires ; nous donnons enfin ci-après pour d’éventuelles recherches généalogiques, les noms de plusieurs marins et soldats blessés ou tués au cours de cette expédition :
Parmi les marins blessés ou tués : Gérin-Rose, élève de seconde classe - Odry, second maître – Lemarié, capitaine d’armes – Guépaux, artilleur - Moëhi, matelot (tué) – Guillaume, Guillot et Finon, matelots.
Parmi les soldats blessés ou tués : Chappuis, caporal (tué) – Gallois, caporal – Lambertot, fusiller – Hyver, sergent-major.
Biographies :
Abel Aubert Dupetit-Thouars est né le 3 aout 1793 à Turquant et mort à Paris le 16 mars 1864. Il est le neveu du héros d’Aboukir, de ce nom (Aristide Aubert), qui sur Le Tonnant perdit successivement un bras, puis l’autre, puis une jambe et poursuivit son commandement sur le pont, maintenu dans un baquet de son où il périra d’hémorragie. Engagé à 10 ans comme mousse, Abel Dupetit-Thouars est nommé capitaine de frégate en 1827. Après diverses missions hydrographiques et de défense du commerce naval, il est nommé capitaine de vaisseau lorsqu’il fait le tour du monde sur La Venus d’où il revient avec une moisson d’observations scientifiques et des vues sur l’implantation française dans le Pacifique. Promu contre-amiral en 1841, il va prendre possession des Marquises puis des îles de la Société et de Tahiti. Élu à l’Académie des sciences en 1845, il devient vice-amiral en 1846 puis député du Maine-et-Loire en 1848.
Philippe Alexandre Laffon de Ladebat est né le 20 septembre 1812 à la Jamaïque. Il est le neveu de l’ancien député de ce nom, déporté de fructidor (voir dans ce site). Entré à 16 ans à l’école navale de Brest, Philippe Laffon de Ladebat est nommé lieutenant de frégate en 1833. Après différentes missions dans l’Atlantique et la mer des Antilles, sa participation héroïque à la prise de Vera-Cruz lui vaut le grade de lieutenant de vaisseau. À son retour en France il prend le commandement de la 120e compagnie avec laquelle il s’embarque sur la frégate La Reine-Blanche montée par le contre-amiral Abel Dupetit-Thouars. Le 18 septembre 1842 il tombe atteint d’un coup mortel dans l’île de Tahuata, à la tête de sa compagnie.
Sources/bibliographie :
- Mémoires pour servir l’histoire de mon temps, T VII, Guizot, Levy Frères, Paris, 1865
- Lettre à un vice-amiral, A. Lacordais, Charpentier, Paris, 1851
- Aux Marquises, D. Agniel, L’Harmattan, 2007
- Souvenirs des îles Marquises (Groupe Sud-Est 1887 – 1888), Alfred Testard de Marans, ed.Sté des Océanistes, 2004
- Les îles Marquises, Archipel de mémoire – (M. Bailleul) Autrement, sept. 1999
- Les derniers sauvages, Aux îles Marquises, Max Radiguet, Phébus, 2001
- Journal d’un voyage autour du monde, Camille de Roquefeuille, Plon 1843
- Annales maritimes et coloniales, vol. 2 partie 1, Bajot, Ministère de la marine
- White shadows in the south seas, Frederick O’Brien, Golden books, 2004
- Revue des deux mondes, vol.1, T.2, M.L. Reynaud
- E tahi mate otau : One death for us all, G. Greg Denning, Willowdean, 1996
- Le Moniteur, Paris 9 janvier 1843
- Relations entre officiers de marine et Etat, Hélène Blais Université de Rennes.
- Recueil des traités de la France, T.4, M. de Clercq, archives diplomatiques,1865
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