Au Sud-Est de Lyon, Mions est aujourd’hui une ville active, à vocation agricole et résidentielle, de 12 000 habitants. Sur les hauteurs, on peut apercevoir une partie [1] de son château dont l’existence est avérée dès le XVe siècle puisque le 22 juillet 1400, Aimé de Saint-Symphorien est dit "seigneur de Méons", lorsqu’il teste en "la salle du château" en faveur de son épouse, Alix de Bocozel.
- Le château de Mions
Parmi les propriétaires successifs, en 1624, la terre échoit à la famille de Villeroi, d’abord Nicolas de Neufville (futur gouverneur de Louis XIV) marquis puis duc de Villeroy, lieutenant général de la ville de Lyon et gouverneur du Lyonnais, Forez et Beaujolais, puis en 1685, à son fils, François de Neuville, duc et maréchal de France et précepteur du futur Louis XV.
En 1629, le château reçoit une visite royale en la personne de Louis XIII, qui revenant du Languedoc, y coucha le soir du 21 juillet 1629, pour éviter Vienne (actuel département de l’Isère) où sévit la peste.
En 1738, une succession difficile provoque la vente par la famille de Villeroy des seigneuries de Mions et de Saint-Symphorien d’Ozon à Barthélémy-Jean-Claude Pupil, premier président en la cour des monnaies de Lyon, lieutenant-général civil et criminel en la sénéchaussée (tribunal) de Lyon. Sa fortune lui vient de son père Jean Pupil, une famille originaire du Limousin, installée à St-Etienne en 1590, et enrichie dans le commerce de la ferraille.
On lui doit le réaménagement du château de Mions selon les principes classiques en vigueur au XVIIIe siècle (multiples fenêtres, jardins bien ordonnés). Il refait les voies d’accès et recompose totalement l’environnement du domaine. L’actuelle allée du château est crée, plantée de tilleuls.
À la mort de Barthélémy-Jean-Claude, en 1779, son fils, le marquis Barthélémy Léonard PUPIL de MYONS, devient le dernier seigneur de Mions.
À la veille de la révolution, il est veuf de Louise Charlotte de LORAS, fille du seigneur de Chamagnieu et sans postérité, son unique enfant, Barthelemi Jean Claude Marie, n’ayant pas survécu plus d’un mois en 1756 dans la paroisse d’Ainay de Lyon.
- Barthélémy Jean Claude PUPIL, père de Barthélémy Léonard
- À ce jour, il n’a pas été retrouvé de
portrait de celui-ci.
Un temps, le marquis Barthélémy Léonard PUPIL de MYONS est très occupé par ses fonctions, tout d’abord, comme son père, de premier président de la Cour des Monnaies de Lyon, et dans un second temps d’administrateur et président du grand Hôtel Dieu (hôpital) de Lyon, fonctions pour lesquelles il a des déboires, souhaitant se perpétuer à cette place, refusant des élections [2]… Il loge alors le plus souvent dans l’hôtel particulier qu’avait acquis son père, place Bellecour à Lyon.
Au début des années 1780, Barthélémy Léonard PUPIL de MYONS vit essentiellement dans son grand hôtel particulier rue de Bondy à Paris, menant une vie mondaine, l’opéra... Il est l’ami de Monsieur de Sartines, lieutenant général de police… mais en septembre 1783, un ordre du Roi Louis XVI le renvoie sur ses terres de Mions, avec interdiction de les quitter ! Pourquoi ?
À cette période, le logement des « gens de guerre » est un service exigé du peuple de Paris et une taxe est même levée sous ce nom sur beaucoup de maisons de Paris. C’est un impôt bien réel bien qu’aucune loi ne l’ait voté. Le parlement s’est parfois élevé contre cet impôt illégal mais sans beaucoup d’enthousiasme ; il faut dire qu’on a soin de ne point imposer les maisons qui appartiennent aux membres du parlement !
Barthélémy Léonard Pupil de MYONS, à qui l’ont réclamé (seulement) 75 livres, n’entend rien payer du tout, arguant que c’est un impôt illégal et qu’il jouit du privilège d’ancien magistrat (cf. fonctions à Lyon).
Il fait appel au prévôt des marchands, avant de porter plainte au parlement et l’affaire est même portée devant le ministre à Paris [3].
Cette résistance de PUPIL finit par rendre furieux le Roi Louis XVI informé par le maréchal de Biron ; il l’exile sur ces terres de Mions, après avoir un temps même envisagé de l’emprisonner.
En novembre 1783, PUPIL demeure toujours au château de Mions ; il affirme que quatre de ses domestiques meurent d’une épidémie. Il demande alors à résider à Lyon ; on lui accorde juste de se retirer à Villefranche [4].
L’ histoire ne dit pas s’il paya la taxe mais il put rejoindre Paris quelques mois plus tard, avant de s’exiler définitivement à Venise en 1793.
Fort de cette histoire, le Cercle de Généalogie de Mions a cherché dans les registres paroissiaux miolands de 1783 les décès des dits domestiques, mais aucun décès n’y figure ; seulement le mariage des deux employés au château, François ARCHINET et Hélène LAMY, avec pour témoins Claude DREVET, le garçon jardinier au château, Joseph FORAY également employé au château, et Jean-Baptiste ROBERT, le garde-chasse.
Sources :
- Registres paroissiaux de Mions.
- Journal du palais jurisprudence cour de cassation et cours d’appel de Paris par Ledru-Rollin (1833).
- Études sur les anciennes juridictions lyonnaises, précédées d’un essai sur l’établissement de la justice royale à Lyon par M. E. FAYARD conseiller à la cour impériale de Lyon (1867).
À noter :
Samedi 20 et dimanche 21 novembre 2010
INÉDIT :
l’arbre généalogique ascendant et descendant des PUPIL et le testament rédigé à Venise en 1807 seront présentés au Centre Culturel Jean Moulin les samedi 20 et dimanche 21 novembre 2010 par le Cercle de Généalogie de Mions
Les « détectives » du Cercle de Généalogie de Mions aident tout ceux qui souhaitent se prendre au jeu de la « chasse aux ancêtres », où que se trouvent leurs racines (régional, national, à l’étranger) par des samedis après-midis à thème (comment débuter sa généalogie, recherches sur internet, paléographie ou comment déchiffrer les textes anciens, comment rédiger, partager son histoire familiale…), travaille également au recueil et à l’établissement des généalogies de familles vivant à Mions – inconnues ou « illustres » - maintenant, il y a quelques années ou dans des temps plus anciens.