La Sangle appartenait alors en partie à Jacques Aubé qui détenait le péage des ponts et également à plusieurs autres propriétaires tels : Messieurs Hedouin, Maître des Ponts, détenant une maison ainsi que le fossé de la Sangle, Bouillant et Labatie détenant pour le premier un des autres fossés de la sangle et chacun maisons et terrains y attenant.
L’actuelle rue du pont Saint-Côme abrite les belles demeures de Messieurs Le Nier, Quesnel et du lieutenant Lévrier avec maison et jardin. Celle également de Monsieur de Vion qui occupe la maison qui deviendra plus tard celle du baron Létang (Général Baron d’Empire) avec maison et jardin. Madame Ursule Deshayes occupe quant à elle, une maison et cour assez étroites tandis que les héritiers Vassard occupent l’angle de la rue et du chemin de hallage au bord de la rivière de Seine, dans cette très belle propriété datant du 17e siècle.
- Fig 1 : Maison de Monsieur de Vion devenu propriété Létang au 19e siècle
- (photo F.Raymond©)
Tout autour de la place du Marché (devenue la place Létang) se situent des bâtiments et, toute proche, l’église Saint-Jacques du Fort au bout de une petite ruelle bordée par plusieurs propriétés. Le presbytère quant à lui se trouve dans une ruelle adjacente (aujourd’hui la rue Chatelain Guillet) et s’imbrique dans différentes propriétés qui sont encore aujourd’hui existantes.
La place est un peu plus étroite qu’elle ne l’est aujourd’hui avec un calvaire au centre. Les maisons qui bordent la place sont toutes occupées par des noms bien connus et principalement, face à l’hôtel Lévrier se situent deux maisons occupées par la famille Crespin apparentée au lieutenant général.
- Fig 2 : l’hôtel Lévrier aujourd’hui vue des Mureaux
- (Photo F. RAYMOND ©)
La Fabrique Saint-Jacques y possède également deux petites maisons se situant à l’angle de la place et de l’actuelle rue Châtelain-Guillet qui ne valent certainement pas un « kopeck » puisqu’elles ne sont situées que pour mémoire dans le rapport établi par monsieur de Laurière.
- Fig. 3 : Grande rue du Fort fin 19e début 20e où l’on aperçoit les rails du tacot
- (carte coll. Particulière)
Sur la grande rue du Fort, nous retrouvons les propriétés des Bénédictins – couvent et fief – bordant l’ancienne place Saint-Nicaise (aujourd’hui place Emile Roussel) auprès de laquelle se trouvait le petit cimetière Saint-Nicaise qui servait également aux gens de la paroisse Saint-Jacques à cette époque.
En 1620 le cimetière se situait autour de l’église Saint-Jacques mais étant devenu trop petit, il fut relevé fin 17e.
- Fig.4 : île du Fort d’après CHASTILLON 17e siècle avec le Fort de la SANGLE côté Mureaux
Tout contre l’église se trouvent les propriétés des Sieurs Jorre et Ferrant, ce dernier notaire dans la paroisse du Fort.
Les jardins tout autour du couvent et bordant les fortifications encore existantes à cette époque, appartiennent à son Altesse le Prince de Conty tandis qu’un ancien fossé, bordé d’arbres, couvre une partie de l’arrière de l’île tant sur les rives du bras mort de la Seine que sur celles du plan navigable, ainsi que les jardins d’une dame Marchais qui se situent à l’emplacement où se trouve aujourd’hui l’entrée de l’hôpital intercommunal Henri IV.
A ce propos, se trouve de l’autre côté et à l’endroit même du Centre de long et moyen séjour Brigitte Gros, l’Hôtel Dieu Saint-Antoine, maison et hôpital, qui fait l’angle de la grande rue du Fort et du quai qui ne porte pas encore de nom à cette époque. Le long de ce quai se situent d’autres propriétés allant jusqu’à l’angle de l’actuelle allée Jean Sorbier.
- Fig. 5 : Hôtel Dieu Saint- Antoine et pont aux perches
La ruelle aujourd’hui appelée rue François de Blois est à l’époque appelée « les jardins sur les rondes » à savoir un petit bout de terre parallèle à l’allée des Tilleuls (aujourd’hui allée Jean Sorbier) et est du domaine réservé à sa Majesté le roi. Cependant quatre grandes demeures y sont implantées dont les entrées se situent sur la ruelle des rondes et où demeurent MM. Chenou – Laconcie (de la Concy) – et Lévrier qui possède là une seconde demeure avec jardin. Deux autres maisons leur font face habitées par MM. Jaques Quesnel et Nicolas Lefevre qui possède plusieurs propriétés sur l’île.
De nombreux jardins sont sur les entours de la muraille toujours présente à l’époque et qui ne sera réellement abattue qu’au fil du temps.
- Fig. 6 : Les prisons et l’auditoire royal – Assise du Grand Pont
- (aquarelle M.CHALAND 1793)
Les maisons se trouvant autour des prisons et du bailliage ont été vendues par monsieur de la Chesnaye, ancien gouverneur de Meulan à monsieur Le Tort – par cette même occasion, il a réuni un passage qui communiquait de la grande rue du Fort dans les jardins dits « du Gouvernement », ce qui eut pour effet d’octroyer une redevance supplémentaire au nouveau propriétaire des lieux pour son propre passage, monsieur de la Chesnaye continuant de jouir de tous les jardins alentours.
En fait la nouvelle propriété de Monsieur Le Tort se situait à l’angle de la propriété des Bénédictins et des jardins de son Altesse le prince de Conti et le petit passage dont il est question est ce fameux passage dit « des Bénédictins » actuellement en partie fermé et donnant sur la propriété Lessault dans la grande rue du Fort de Meulan. Trois autres maisons attenantes formaient l’angle de cette rue et de l’actuel quai du Bailliage.
L’auditoire se situait en fait quelque peu en retrait du grand pont sur la gauche en venant de la rue du Fort et non complètement à cheval sur le grand pont malgré tout une arche sous son assise permettait aux charrois de passer en dessous pour rejoindre le pont et une petite impasse étroite le séparait de la maison de Nicolas Lefevre, belle maison s’il en fut puisqu’évaluée à l’époque à 1500 livres de revenus.
L’architecture du Fort n’a guère évoluée au fil du temps si ce n’est que les vieilles demeures se sont refait une beauté et qu’aujourd’hui l’ancien hôtel Lévrier est plus beau que jamais.
Faisons également connaissance avec les vieilles familles de cette île si laborieuse au fil des siècles, à commencer par les pêcheurs et aides de pont comme étant les plus représentatifs de la population de l’île du Fort.
- Pour lire la suite : Les corporatifs de l’île