18 avril 1925 : grande affaire communale et sociale… Le maire de Créteil, Paul François Avet réceptionne le bâtiment des bains-douches municipaux !
Le bail, concédé à un exploitant spécialisé, stipule à l’article 15 : « donner des bains-douches et bains de baignoire à la population et lui fournir tous accessoires à bon marché ».
Pas facile gageure, pari osé sur les comportements : faire sortir les cristoliens de leur chez-eux pour aller se faire bien propre tarifé dans un édifice public ! …
En quelques mois et pour une poignée de décennies, on passe des réticences aux files d’attente de fin de semaine.
En 1930 [1] - bilan d’exploitation annuel : 5218 bains, 10833 douches, 442 gratuités pour les enfants des écoles et l’orphelinat.
Thermes cristoliens faïencés de blanc et vert d’eau : 16 cabines, 10 douches, 6 baignoires…
Pas de méli-mélo dans les buées, on répartit les silhouettes diaphanes : les dames à droite, les messieurs à gauche ; en partage, les nuages de vapeur et les chansons entonnées tue-tête et nonobstant le règlement par les petits joyeux émoustillés par le savon de Marseille… Des envies de traîner sous les pommes de douche, mais les minuteries sont inflexibles : les horodateurs, déjà !
Fin des années cinquante et suivantes : inoubliables les bel canto des maçons italiens qui bâtissent le Mont-Mesly [2] et viennent se mousser pour les bals du samedi soir…
1959 – André Dassibat, le maire d’alors, renouvelle une fois encore la concession du bail d’exploitation, mais l’activité périclite. Les cristoliens sont de plus en plus nombreux à chanter sous les douches personnelles de leurs maisons modernes ; inexorablement …
En 1971, la tête en tristesse, Madame Vion, la gérante de l’établissement, arrête la chaudière et ferme la lourde porte d’où ne déboulineront plus, en cascades sonores, les ébats joyeux…
Avec la placidité et l’entêtement d’une tour d’angle, le vieux lavoir municipal se contente aujourd’hui de surveiller les abords du marché, bien obstiné à ne pas laisser fuiter de nos mémoires le souvenir des décrassages d’antan : chauds, moites et chantants…