Nos « Poilus », 1918-2008 : bientôt 90 ans !
Au verso de la carte postale, le tampon des services postaux nous donne la date d’avril 1912... mais l’image est sans doute plus ancienne. Entre 1905 et 1912, car l’hôtel a été construit après la première date.
Le camp de Chambaran, mis en service en 1881, est situé sur les communes de Marcilloles et de Viriville, non loin de Roybon et de Saint Marcellin (Isère), en bordure de la gare de Marcilloles, sur l’importante ligne de chemin de fer de Rives à Saint-Rambert-d’Albon.
Le champ de tir sur le plateau des Monettes était surtout utilisé pour l’entrainement de l’artillerie (canon de 155 court dit Le Rimailho et 155 long) et aussi comme champ de manoeuvre pour l’infanterie.
En 1912, le service militaire obligatoire pour tous est encore d’une durée de deux ans (il sera de 3 ans à partir d’août 1913). Le total des obligations militaires est alors de 25 ans. Les artilleurs photographiés sur la carte postale sont-ils des réservistes ? Si c’est le cas, pendant une période de 11 ans, ils peuvent être convoqués à plusieurs reprises pour de courtes périodes d’entraînement, comme ici au camp de Chambaran. Mais peut-être s’agit-il de soldats de l’armée territoriale, également convoqués pour des exercices pendant une période de 6 ans.
Qui a écrit la carte ?
- Du Camp de Chambaran à Roanne
« Nous comptons être libérés mercredi soir ou jeudi matin. De sorte que je rentrerai probablement jeudi soir à Roanne. Je vous aviserai, d’ailleurs, de mon arrivée par un télégramme. Bien affectueusement à vous. Ad. D »
Cette carte est envoyée à « Madame Eugène Déchelette, place du Marché, Roanne (Loire) » du Camp de Chambaran le 24 avril 1912 d’après le cachet d’oblitération. Ce jour-là est un mercredi. Il est probable que l’expéditeur a écrit la veille cette carte à sa mère pour l’avertir de sa « libération » prochaine et de son arrivée à Roanne.
Il ne s’agit pas de la libération de ses « obligations militaires » car, pour les soldats, elle intervient plutôt en octobre novembre. L’un des garçons de « Mme Déchelette » va probablement finir « sa période d’exercices ». Chambaran est en effet un camp d’entrainement militaire et non une ville de garnison.
C’est Marie Adolphe Marie Déchelette, né le 15 février 1883 à Roanne, qui signe cette carte avec ses initiales : Ad. D. Conscrit de la classe 1903, sa fiche matricule nous précise qu’il a été « incorporé à compter du 14 9bre (novembre) 1904, arrivé au corps ledit jour ». Il a fait son service au « régiment d’infanterie de Gap » c’est à dire au 17e régiment d’infanterie alors caserné dans cette ville des Hautes-Alpes.
Plus bas est inscrite cette mention, décisive pour notre recherche :
- Période d’exercices au 17e Régiment d’Infanterie
Cet extrait d’un article du journal lyonnais « Salut Public » du 23 avril 1912 nous le confirme :
Le 217e régiment d’infanterie est le régiment de réserve du 17e régiment d’infanterie. Marie Adolphe passera donc par Gap pour rentrer à Roanne, venant du Camp de Chambaran, aux environs de Saint Marcellin en Isère.