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Quelques cas de violence ordinaire au début du XVIIe siècle

Le jeudi 28 novembre 2013, par Thierry Sabot

Je poursuis ma lecture aléatoire du Journal de Pierre Taisan de l’Estoile (1546-1611) (un pur bonheur !) et cette semaine mon attention a été retenue par plusieurs relations de faits divers pour le moins insolite. Je vous laisse juge...

Ce jour [jeudi 13 septembre 1607], fut pendu, au bout du pont Saint-Michel, à Paris, un homme accusé d’un meurtre qu’il n’a jamais confessé, et soutenu à la mort même qu’il ne l’avait point fait, n’ayant voulu pardonner à ses accusateurs qu’à toute extrémité.

Un capitaine de la garnison de Metz fut mis, en ce mois, prisonnier à la conciergerie, pour avoir violé une fille de ladite ville ; lequel, après l’avoir tuée, l’aurait coupée par quartiers et mise dans une malle, puis jetée dans la rivière de Moselle, où on aurait pêché ladite malle, et trouvé dedans par pièces cette pauvre créature. Le roi en trouva l’acte si méchant et barbare que, M. d’Epernon, qui aimait ce capitaine, en voulant toucher quelque mot à Sa Majesté, comme pour sonder s’il y aurait point quelque lieu de grâce, se mit en colère contre ledit d’Epernon et le renvoya fort rudement.

En ce même temps et mois, en fut perpétré un acte barbare et cruel, dans la ville de Chaumont-en-Bassingy, par un méchant et désespéré garnement, nommé La Mare ; lequel, pour un procès de néant qu’il avait contre un habitant dudit Chaumont, le tua, dans son lit, avec sa femme et une sienne tante. Il y avait, dans ledit lit, une petite fille couchée entre eux d’eux, qui, pour n’avoir été aperçue de ce tigre, s’était coulée aux pieds, et par ainsi évada la mort qui lui était certaine, ayant été trouvée cette pauvre petite créature toute trempée dans le sang de ses père et mère. Le meurtrier fut roué vif, et confessa que s’il eût su que dans la chambre auprès il y eût eu des enfants et une servante, comme il y avait, qu’il eût fait tout passer au fil de son épée.

En même temps, fut constitué prisonnier à Paris, et mis aux prisons de l’Abbaye, le prieur des Fratti Ignoranti, pour avoir forcé une petite fillette, âgée seulement de cinq et sept mois, fille d’un corroyeur des faubourgs St-Germain-des-Prés.

Quelque temps auparavant, s’était commis un acte prodigieux, surpassant en abomination tous les précédents ; qui était d’un homme, lequel, ayant eu compagnie d’une jument, en avait eu deux enfants. Pour laquelle abomination ayant été condamnée à être brûlé tout vif avec sa jument, en ayant appelé à Paris, la sentence confirmée par arrêt du Parlement, fut renvoyé sur les lieux pour y être exécuté, et pour le regard des deux enfants, fut ordonné que la Sorbonne s’assemblerait pour résoudre ce qu’on en aurait à faire.

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3 Messages

  • Quelques cas de violence ordinaire au début du XVIIe siècle 1er décembre 2013 09:18, par André Bregéras

    Comme abomination, c’est le mot,je ne sais si on peut faire mieux !!! Mais c’est encore plus horrible que le fait que j’ai trouvé en Creuse,qui dit ceci : A tué sa femme par incendie de feu avec de nombreux batiments et leur contenu...!Cordialement,AB

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  • Quelques cas de violence ordinaire au début du XVIIe siècle 29 novembre 2013 20:15, par Paul Evelyne

    Bonjour
    Comme quoi rien n’a changé et ne changera jamais !!! quelque soient les lois et les moyens de châtier...
    En revanche je doute (en souriant) que ce pauvre "aimant" une jument n’avait certainement pas pu faire beaucoup d’enfants avec elle....En ce temps là encore beaucoup d’ignorance !!! qui faisait moult dégâts.
    Merci pour ces histoires que j’attends avec plaisir tous les vendredis, à raconter auprès d’un feu..la saison est propice..
    Très cordialement
    Evelyne Paul

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  • Quelques cas de violence ordinaire au début du XVIIe siècle 29 novembre 2013 10:34, par Jean Marie Desbois

    Merci pour ces anecdotes, Thierry. Voit-on bien là l’extrême violence de cette société d’Ancien Régime qui ne pouvait sans doute rien envier à la nôtre ! Et la publicité médiatique faite à ces horreurs était pourtant bien moindre.

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