Créée en 1676 par l’ancien réformé Paul Pellisson, la caisse des conversions a pour objectif d’acheter les conversions et les consciences des protestants. Il s’agit de séduire les huguenots par des primes, obtention de charges, faveurs et autres avantages pour eux-mêmes et leurs enfants.
Pour financer la caisse, Pellisson utilise les revenus royaux de la régale (notamment les revenus des abbayes vacantes de Cluny et de Saint-Germain-des-Prés).
Les conversions sont réalisées par des commis acheteurs de conscience. Ceux-ci sont payés à la pièce de converti (en moyenne 10 livres chaque conversion, souvent beaucoup moins).
François Appy précise que " l’abjuration doit être certifiée par l’évêque ou par l’intendant. Les curés doivent tenir des registres de conversion et remplir un état portant les noms, âges, métiers, ainsi que l’emploi envisagé pour la somme. On avait même pensé à un moment demander au ministre un certificat prouvant que l’individu au départ était bien huguenot. Une déclaration du roi du 10.10.1679 ordonne que les actes d’abjuration seront remis au procureur du roi du siège royal de l’évêché où se fait l’abjuration. Mais tout cela reste théorique, la pratique se révèlera difficile. "
Ce système douteux est aussi la porte ouverte à toutes sortes d’abus et de détournements : Des nécessiteux abjurent deux, trois et même quatre fois... et retournent ensuite écouter le ministre chanter les psaumes. Françoise Appy souligne que "parfois même, des catholiques se disant protestants font une fausse abjuration ".
Au final, la caisse des conversions ne ramène à l’Eglise que quelques milliers d’individus (10 048 selon Janine Garrisson). Emile G. Léonard précice que " les listes, périodiquement soumises au roi, comprenaient, sur la fin de 1682, 58 130 noms "... Mais Janine Garrisson précise que " les listes sont fausses ou abusivement allongées ".
Pour en savoir plus :
Aux archives :
Les listes et les " actes d’abjuration " se trouvent parfois dans les B.M.S (archives départementales ou communales).
Dans les registres notariés (série E des archives départementales), il est possible de trouver des quittances qui attestent de versements de la Caisse des conversions.
Voir aussi les archives des Intendances de provinces (série C des archives départementales) et les séries G (dossiers de pensions des convertis) et TT (affaires et biens des protestants) des Archives nationales.
Bibliographie :
- Léonard Émile G., Histoire générale du protestantisme. P.U.F., Paris 1961 (3volumes).
- Garrisson Janine, L’Édit de Nantes et sa révocation. Histoire d’une intolérance. Seuil, Paris 1985.
- Garrisson Janine, L’homme protestant, Paris, Hachette, 1980.
- Gildas Bernard, Les familles protestantes en France, XVI°siècle-1792, Paris, Archives nationales, 1987.
Sur le web :
- Lire la remarquable étude de Françoise Appy sur Paul Pellisson (page 13 et suivantes, notamment la bibliographie sur le sujet).
- Voir également le site de Françoise Appy consacré à l’histoire du protestantisme provençal sous l’Ancien Régime.
Paysage sonore :
- Ensemble vocal Sagittarius, Psaumes français à l’époque de l’édit de Nantes, sous la direction de Michel Laplenie, St-Trojan, Lira d’Arco, 1999.