André Boris est né le 23 août 1878 à Toul (Meurthe et Moselle). Son père, Paul Léon Boris, était notaire de profession et sous-lieutenant d’infanterie, attaché à la trésorerie de l’armée des Vosges en 1870. Par sa mère, Gabrielle Alexandre, il était le neveu du général René Alexandre (1864-1932), polytechnicien, général de division, et neveu de l’ingénieur des Ponts et Chaussées, Paul Alexandre. Il était lié à la famille de Paul Léon par son mariage avec la fille de Paul Alexandre et Jeanne Lévy, Madeleine Alexandre.
André Boris est cousin de Georges Boris, directeur de cabinet de Léon Blum en 1938. « Les Boris sont patriotes, républicains et résolument laïques ». Il a épousé Marguerite Blum le 20 mai 1912 au Consistoire israélite de Paris.
Élève au collège de Toul, il obtient les premiers prix de version grecque, histoire et géographie. Son livret scolaire mentionne à plusieurs reprises « élève intelligent studieux, a fait les efforts les plus consciencieux, progrès remarquable, travail méthodique, bon élève, sérieux, avec plus de réflexion et de maturité, fera de bonnes études ». Il intègre l’École Polytechnique en 1895, puis l’École supérieure de guerre en 1910. Il connaît dans l’armée une ascension rapide devenant en 1940 Général de corps d’armée au Service de l’inspection générale de l’artillerie.
À son décès en 1946, le colonel Fort, colonel d’artillerie en retraite, écrivit : « De passage à Paris, je n’ai pas manqué de faire une visite au Val de Grâce à mon ancien et vénéré chef le Général Boris. C’est avec une grande douleur que j’ai appris que le Général était décédé le 30 juin 1946. Croyez bien que je suis très affecté par la disparition prématurée d’un chef bon, juste et particulièrement qualifié pour les postes les plus élevés et qui avait toujours été pour moi d’une grande bienveillance. La France a perdu un chef que la trahison vichyste a essayé d’humilier. Mais le dévouement et l’affection des anciens subordonnés du Général l’ont toujours soutenu dans l’épreuve. Fort, Colonel d’Artillerie en Retraite, Metz. ».
Au Journal Officiel du 2 septembre 1915, André Boris est cité en tant que « capitaine à l’état-major d’une division : depuis le début de la campagne, montre une activité, une initiative, un mépris du danger au-dessus de tout éloge. A su, en toutes circonstances, et particulièrement à l’occasion des combats dues mois de mai et juin 1915, assurer de jour et de nuit tous les services. Continue à se dépenser sans compter et apporte une aide précieuse au commandement en exécutant fréquemment des reconnaissances sur les points les plus dangereux du front. »
Le capitaine Boris au cours de cette même période, est cité à l’ordre de l’état-major de l’armée en ces termes : « Officier d’État-Major de grande valeur, collaborateur précieux du Commandement par ses connaissances étendues, par son jugement sûr et éclairé. A rendu les plus grands services au cours de l’offensive des Flandres, aussi bien dans l’État-Major que par les renseignements qu’il a fournis sur la situation des troupes au cours de ses liaisons à l’avant ».
Le général Boris est mis d’office à la retraite en raison de son appartenance à la race juive le 1er avril 1942. En réponse, le général Boris rédigeait une note, le 10 novembre 1940, adressée au maréchal Pétain : « Je ne connais pas d’autre exemple, dans l’histoire de France, de sanctions collectives de cette gravité, prononcées sans que la défense ait été entendue… Bien que je ne sois le mandataire de personne, j’associe par la pensée à ma protestation tous les camarades de combat qui ont versé leur sang pour la patrie en 14-18 et 39-40.
J’estime avoir le droit et le devoir d’élever cette protestation. Le droit, parce que j’appartiens à une famille française depuis des siècles et qui a donné à la France nombre de fonctionnaires et d’officiers honorables et honorés ; parce que j’ai servi moi-même, pendant quarante-quatre ans, avec une dignité qui, je crois, a été reconnue par tous ; parce que j’ai pour ma patrie, qui fait partie du patrimoine de mon cœur (et) de ma pensée. »
André Boris est mort le 30 juin 1946 à Paris.
Carrière militaire :
1906 Lieutenant
1910 Capitaine à l’état-major d’une division.
1914 État-major 70e division Infanterie de réserve
1916 État-major 3e armée
1918 Chef d’escadron, E.M. 4e armée
1918 État-major 4e armée
1919 État-major 20e régiment
1924 Lieutenant-colonel
1927 Colonel
1931 Général au Brigade, le 15 août 1931
1933 Directeur de l’Artillerie au Ministère de la Guerre
1938 Commandant de la 4e région militaire
1939 Général du corps des armées, 2 septembre 1939, 4e CA
1940 Général de Corps d’Armée, service Inspection Générale de l’Artillerie
1942 Mis d’office à la retraite le 1er avril 1942 « en raison de son appartenance à la race juive ».
1944 Réintégré le 30 octobre 1944 en vertu de l’ordonnance « en qualité de Juif »
Décorations (principales) :
Légion d’Honneur :
Commandeur de la Légion d’Honneur, le 30 juin 1938.
Officier de la Légion d’Honneur, le 23 décembre 1927.
Légion d’Honneur attribuée en 1919.
Chevalier de la Légion d’Honneur 4 août 1915, la présente nomination comporte l’attribution de la Croix de Guerre avec palme.
Décorations étrangères :
Croix de Guerre Belge, 17 avril 1920, Royaume de Belgique, Le Ministre de la Défense Nationale.
Croix Militaire conférée par le Roi de Grande-Bretagne, 22 octobre 1920, Grande Chancellerie de la Légion d’Honneur, Ordres Étrangers.
Décoration de 5e classe de l’ordre impérial du Soleil Levant (Japon), 16 mars 1921.
Nommé au troisième rang de Commandeur de l’Ordre du Ouissam Alaouîte Chérifien, le 28 décembre 1929.
Sources :
1. Collège de Toul, Livret scolaire de l’élève Boris André Pierre Louis, années scolaires 1890-1894.
2. Lettre manuscrite du colonel Fort, Metz le 14 août 1946 – archives de la famille Léon.
3. J. Joffre, ordre no. 12461912 État-major 20è corps.
4. Extrait de la note du Général Boris reproduite dans le journal Le Monde, dans l’article de Daniel Daniel Amson, « Vichy promulgue le statut des juifs », Le Monde, 7 et 8 octobre 1990.
Une partie des archives du général Boris sont déposées au Service historique de la Défense à Vincennes, cote 13 YD 320.